Edito : L’homme qui valait 120 millions

gasquet

Pendant que L’Equipe Mag essaye de concurrencer sa mère à Bwin, Ibanez et Pires commencent à comprendre ce qu’ils représentent dans leurs sports respectifs, qui ne les respectent pas.

C’était en février 2008, Le Vestiaire, qui ne s’appelait pas encore Le-Vestiaire.net, trop occupé à fêter la presque victoire de la star du tennis français à Melbourne, n’avait pas pensé à vous prévenir que la domination de l’homme était fragile, nous n’en avons parlé que dans une petite cinquantaine d’articles. Depuis, il ne s’est blessé que trois fois sérieusement pour six mois d’absence à la louche, c’est quand même pas énorme. Hélas, c’est bien à cause de ses deux mois de jeux effectifs qu’il a évité les nominations aux Brahim d’Or en individuel.

Récompense que son vieux prédécesseur remporte haut la main, coiffant au poteau un monsieur courageux qui n’en a pas vu depuis longtemps, et le Sebastien Loeb du pauvre. Et puisque Gasquet sera le prochain bleu à remporter un Grand Chelem, c’est donc que le tennis est une science exacte. Le Vestiaire a logiquement enquêté pour savoir où et quand le miracle se produirait et apparemment Tsonga aurait déjà réservé la place. La même que Savidan soulevant un trophée à Rome.

Magne et Pelous ont eux découvert qu’ils avaient la leur en équipe de France. C’est sûr que par rapport à Lièvremont, même Francis Rui et ses bouts carrés aurait eu la sienne. Entraîneur, ne serait-ce qu’adjoint, ne serait donc, comme le journalisme à Issy-les-Moulineaux, pas un métier. Charly est pardonné, il a joué les Blacks en 1999 avec Lamaison, Soulette et Dominici. Mais la plus vilaine poutre du grenier n’aurait même pas servi à allumer un feu.

Pendant ce temps-là, Jean-Baptiste Grange est cité pour la cinquième fois dans nos colonnes depuis le 30 novembre. Il n’a plus que Govou comme concurrent, qui lui-même concurrence Tsonga, qui concurrence Gasquet, qui concurrence Michalak, qui ne concurrence personne et depuis bien longtemps déjà.

Ligue 1 : Hoarau qui rit

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Quand le PSG marque quatre buts en un match, combien en marque le nouveau Trezeguet ? Et le nouveau Benzema ?

Si t’as le pedigree, ça se reconnaît au débit, disait le poète. Si Christophe Sanchez n’a jamais vraiment aimé le rap, Guillaume Hoarau oui. En tout cas, suffisamment pour être programmé comme l’avenir de l’équipe de France. Dix buts en 18 matches, six matches corrects et un très bon à Marseille, la nouvelle star affole les compteurs. A 24 ans, un ratio de 0,57 but par match, c’est du jamais vu. Nicolas Ouedec lui-même avait attendu ses 22 ans pour enchaîner 38 buts en 72 matches de D1. Ca n’arrive donc pas à n’importe qui.

Et puis, Hoarau, c’est aussi ce geste technique de haut vol à Auxerre. Double roulette, crochet, frappe… Baptisons-là la Hoarau. Ca ressemble à la Gourcuff, le but en moins. Cette fois, c’est sûr, il vaut mieux le sélectionner lui que Benzema, de toute façon le petit prétentieux n’y arrive pas en Bleu. Il n’est plus meilleur buteur en L1, et même s’il a inscrit ses neuf buts en 12 titularisations, ses 0,73 buts par match sonnent comme la retraite anticipée.

L’Eto’o se resserre

Les experts étaient pourtant formels : la Ligue 1 serait un championnat de merde. Ils font moins les malins aujourd’hui. Hoarau, Savigol, et même le rafraîchissant Gignac, font un sacré pied de nez aux sceptiques. A l’étranger, toutes les ligues pros se renseignent sur le rapport Hidalgo. 18 buts en 17 matches pour Ibisevic, 15 en 15 rencontres pour Eto’o, 14 en 17 pour Anelka, c’est à croire que Christian n’était pas le bon joueur à lui associer au PSG. Qui suggérait David Bellion à Domenech en début de saison passée ?

Klasnic, Gyan Asamoah, Erding, Kezman, Piquionne, Pjanic, Larsen, Moreira… Le championnat pululle d’internationaux malgré le départ de Kluivert. Que demande le peuple ?

Domenech show, Saison 5, épisode 5 : Céleste et bobards

Après 2002, l’Uruguay est décidément la bête noire de l’équipe de France, un peu comme la Roumanie, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Italie, le Paraguay ou l’Espagne. Mais après tout, les Boliviens avaient été aussi rudoyés par cette même Celeste (2-2).

Même L’Equipe s’en est aperçu, il n’aura fallu qu’un seul match. Mieux, il n’aura fallu que 45 minutes pour que le monde entier comprenne, hypocrites inclus, que l’équipe de France est au moins aussi forte qu’à l’Euro. Constat assez étonnant après un remaniement de staff aussi important. « Mais bon sang, qu’est-ce qui cloche ? », se demande « Maître Courage » Escalettes. Hier soir, il n’y avait pourtant pas que onze nuls, il y en avait vingt-deux, mais l’équipe de France, transfigurée depuis deux matches, n’a pas réussi à développer son jeu, comme depuis deux ans. C’est quand même bête.

C’est Escalettes qui va être content. Son choix est payant. Le match d’hier ressemble à s’y méprendre aux 42 derniers de l’équipe de France. Anelka, Henry, Ribery, Benzema ou Gourcuff. Est-ce si faible que cela ? Quoiqu’il en soit, Domenech est maintenant assuré de conserver sa place jusqu’à l’élimination de la Coupe du Monde 2010. Ce n’est pas maintenant qu’il va réussir à faire ce qu’il n’a jamais su faire. En plus, Maître Courage avait vu juste au lendemain de France-Tunisie : la naissance d’une vraie équipe. Hier, c’est zéro but marqué, comme contre l’Italie ou la Roumanie. Les temps changent.

Les papinazes de Savidan

« Savidan, c’est notre nouveau JPP », lance Larqué entre deux coups de lèche de Christian. Savidan vient alors de tenter sa 32e reprise de volée. Cette fois, elle est passé à 20 mètres, ça va bien finir par rentrer. Ainsi, Papin avait 30 ans lorsqu’il a débuté en Bleu. Et il était aussi connu pour tenter des gestes ridicules sans en planter un. L’histoire se réécrit sans cesse.

Domenech n’avait pas attendu la première minute tricolore de Stèèèève pour le flinguer : « Pour Savidan, c’est ce soir… Ou jamais ». L’ancien adversaire de Ribery en National, comme inscrit sur les fiches de Christian, a compris le message : il va essayer de marquer sur chaque action. Son contrat pour le Domenech Show passe par là. Gomis en avait mis 2, comme la Ligue où il évolue désormais. Prometteur.

Défense de gagner

Les latéraux se sont mis derrière au niveau des centraux. Fanni, c’est normal : il n’a que 26 ans, jouer avec les adultes, c’était pas prévu. Pour Evra, ça va bientôt s’appeler une habitude. Et Anelka va se faire appeler David. C’est ça de réussir toutes ses occasions en club, les prestations en équipe de France se remarquent. Lancé coté gauche, il repique dans l’axe pour se remettre sur son pied droit, mais au moment de frapper, c’est la chute.

Christian, conquis : « Anelka ! A côté… C’est pas idiot, c’est vraiment pas idiot. » Astorga, en pleine émulation, a dû frapper fort. Entre trois questions condescendantes, il jette son pavé à la gueule de Vieira. Comme tout le monde, excepté Escalettes, il a bien compris que la qualification serait un chemin de croix qui conduirait à l’enterrement de la génération Benzema-Ribery. Alors, il refuse pour la première fois d’obtempérer aux consignes de sa production. Hannezo n’a pas fait le déplacement, David joue cartes sur tables : « Patrick, vous allez vous qualifier pour la Coupe du monde 2010 ? » La réponse ne serait donc pas si évidente que cela. Qu’en pense Maître Courage ?

Escalettes se souvient de l’histoire de ce club qui descendit de division avec le même effectif et le même entraîneur. Le fameux électrochoc ne vint jamais. Il y avait des joueurs, mais pas d’équipe. Il ne trouva jamais le coupable. De toutes façons, il s’en foutait, JPP était de retour.