Brésil : La république de Neymar

L’allusion à l’Allemagne dans le titre n’est pas complétement fortuite mais qui la comprendra avant 2014 ?

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Après dix ans passés à comprendre que le Brésil éternel n’est qu’une vaste connerie, l’année 2013 remet le foot dans le sens de l’histoire. Avant de parler de quelques phénomènes brésiliens, il faut rappeler qu’un Mondial organisé au Brésil  aura le Brésil en finale.

A partir de là, la question n’était déjà plus pourquoi, mais comment. Avec le Brésil, c’est simple : le sélectionneur importe aussi peu que le gardien, pourvu qu’il révèle un Pelé. Avant Scolari, Menezes en a essayé une cinquantaine et il a compris ce que Laporte, Lièvremont, Saint-André, Domenech et  Blanc ont sans doute compris, fini par comprendre ou pas : quand une génération est nulle, elle reste nulle si on a pas la star, même si on a trois ans pour travailler, quels que soit ses défauts d ‘entraîneur.

Scolari s’est posé moins de questions depuis novembre. Neymar joue à chaque fois, il a marqué 13 buts, de toute façon ça ne pouvait pas être quelqu’un d’autre. Autour, il fallait essayer de trouver ceux qui lui étaient le plus utiles. Il fallait s’appeler Jacquet pour penser à Guivarc’h, Scolari, pour penser à Fred. Benzema avait pourtant laissé un indice en répétant qu’il avait aimé jouer avec lui, mais il a aussi répété que Houiller était un grand entraîneur ; dans le doute, personne n’a rien retenu. Mais voilà, ce que Milan n’a pas vu en 2006, le Brésil le découvre : Fred marque des buts, et pour être plus précis il ne rate aucune occasion.

Luiz fait flipper Scolari

Pour trouver le bon système et la bonne place du Pelé à crête, Scolari a sorti les grands moyens : Ronaldinho, Luis Fabiano et Kaka ont été successivement convoqués. C’est vrai qu’il ne restait qu’un an et demi à Neymar pour apprendre ce qu’il faut faire ou absolument pas faire pour être Pelé. Robinho aussi était dispo, mais le gamin n’est quand même pas un abruti. Mais il reste un gamin, qui est émerveillé de jouer avec son Hulk en plastique. Le reste était déjà en boutique : des défenseurs qui s’arrachent à prix d’or et qui font parfois des passes décisives aux attaquants uruguayens, ce qui peut arriver n’importe quand durant un Mondial contre n’importe qui, un milieu de terrain pas connu qui joue au pays et dont le nom finit en inho. A côté de lui, il suffit juste de mettre un joueur qui décide de tout, donc qui ne soit plus Zé Roberto.

Décider de tout, c’est filer le ballon à Neymar quand il faut. Ca demande pas de dominer tout le match, mais le Brésil l’a jamais fait, juste d’accélérer de temps en temps et d’en mettre entre deux et quatre à tout le monde. Scolari a un an pour ne pas faire oublier le mot pressing à Neymar et interdire à Robinho d’emmener ses jeunes successeurs faire des passements de jambes avec les copines de Ronaldinho. Müller l’apprendrait, Xavi aussi, et ça les arrangerait beaucoup.

Pendant ce temps-là, Neymar n’a jamais eu un match important à jouer et Scolari envoie un à un tous ses titulaires en Europe. Sans doute un hasard. Parce qu’évidemment la Coupe des confédérations on en a rien à foutre, ça sert juste à dire que la grande Espagne est morte mais ça le Vestiaire l’avait dit il y a plus d’un an.