Gasquet, le dernier chant du coke :
Tokyo cocktail

Ritchie n’ira pas à Londres pour les Masters. Sur eBay non plus, il n’y avait plus de place .

« Dans le deuxième set, Richard m’a poussé hors du court. Je n’avais plus beaucoup de réponses, il jouait vite, frappait de gros coups. Donc au début du troisième set, je n’étais pas très confiant sur l’issue du match. »
Reconnaître la supériorité adverse est la marque des grands. Tursunov doit donc sûrement en être un. Le 1-6 du deuxième set ne veut rien dire. Sauf peut-être pour Gasquet, qui a appris une nouvelle ligne du règlement ATP : gagner 6-1 la seconde manche autorise quand même à perdre  la troisième.

Richard n’est pas le seul, l’histoire du tennis est truffée d’exemples de ce genre. Mais Richard n’est pas très fort pour retenir les leçons d’histoire. « Je le sais [que je suis trop passif], mais c’est dur, c’est dans la tronche et je me crispe quand j’y pense… » Saloperie de calcul mental, son 4 au contrôle lui avait déjà coûté la moyenne générale en CM1.

« Mais lui n’a quand même pas fait beaucoup de fautes avec les risques qu’il a pris. » Markus avait bien songé à lui laisser un PowerPoint avec quelques mémos sur les avantages et inconvénients à rester à cinq mètres de sa ligne de fond. Mais c’était courir le risque que Deblicker ne confisque l’ordinateur portable. Le cerveau n’est pas un muscle, il ne répond pas toujours comme on l’espère, Ritchie non plus. « C’est chiant, j’avais la rage de gagner. » Les expressions apprises dans la cour de récré ne sont pas toujours d’une syntaxe parfaite. « C’est du délire cette surface, ça va à dix mille à l’heure. » Ah, les enfants.

Private junk

Pourtant, Richard a de quoi être content de son mois de début d’automne. A Metz, il n’avait cédé que face à une angine. Ça lui rappelle quand papa l’envoyait courir 18 km pour fêter le réveillon du 31 afin de préparer le marathon du jour de l’an.  «Vous croyez qu’on renonce à une demie face à Zverev sans rien avoir ? La semaine suivante, je suis resté quatre jours au lit. » A croire que le pharmacien du coin n’était pas un Champion. Mais c’est logique : à force de tirer sur la machine, elle casse. « Je reviens d’une semaine de Coupe Davis et même si je n’ai pas joué, même si ce sont de supers moments, c’est un peu usant. » Avant de monter à 38,2°, Richard avait quand même battu Robredo. Aux forceps – « de manière générale, on était un peu tendus tous les deux au premier set » – donc « c’était un beau match. » Il n’en oublie pas l’essentiel. « C’est bien d’avoir pu gagner. »

US Open : Gilbert beau dard

A l’occasion du triomphe français à New York, Le Vestiaire rend hommage au plus grand expert de L’Equipe.fr.

Régulièrement, Rodolphe Gilbert éclaire de son œil avisé la vie tennistique sur L’Equipe.fr. A ceux qui se demanderaient de quel droit un ancien 61e mondial coaché par Tulasne débite des conneries pendant un Grand Chelem, Le Vestiaire démontre aujourd’hui qu’au contraire, il est incontournable. Et ce, même si le 5 juin, « qui peut contenir Nadal ? » et le 6 juin « Nadal est en danger ».

Nous sommes au début des années 1990. Rodolphe Gilbert est à l’orée d’une brillante carrière, du moins le croit-on. Ce n’est pas une vanne, d’ailleurs, Julien Jeanpierre ne rigole pas. Il ne faut pas longtemps à Rodolphe Gilbert pour trouver sa voie sur le circuit pro. Dès Brest en 1990, puis Miami en 1991, il donne la leçon à Thierry Champion, donc un peu à Monfils. Pour Forget, le capitanat de Coupe Davis est encore loin, mais le voir gagner contre Sampras achève de le convaincre.

Il embrasse le Guy à Bordeaux. Lionel Roux y passera à son tour à Marseille en 1993, le staff est au complet. Escudé, terrassé à Contrexeville en fin de carrière, lui offre les droits de la Fed Cup. Un dernier baroud d’honneur qui aurait pu se transformer en coup de maître au tour suivant, mais Olivier Malcor était le plus fort : il n’a donc pas d’avis sur Paulo. Winogradsky a aussi eu de la chance à Thessalonique en 1988, donc « Jo a répondu présent ».

On brade Gilbert

A ceux qui pensent aussi que Rodolphe Gilbert est un nul qui n’a récolté que deux titres en double et qui ne le reconnaissent pas quand il passe sur L’Equipe TV, il ne faut pas oublier qu’à Roland-Garros 1993, il fut le dernier Français en lice. Un troisième tour, en battant Becker, ce n’est pas donné au premier venu. Mais Dosedel était le plus fort.

Gasquet, le dernier chant du coke : L’Amphet au village

L’US Open approche et le nouveau Richard est encore bourré, mais cette fois juste d’ambition. « Je n’avais jamais été en huitièmes de finale ici, le fin fond des Etats-Unis ne m’a jamais réussi, je ne sais  pas pourquoi. » Pas de master géographie à l’horizon.

« Je ne sais pas comment qualifier la chose. » C’était à Roland-Garros, Richard ne confiait pas ses problèmes intimes, mais parlait du métier qu’il voudrait faire plus tard. Les conférences de presse, c’est comme chez le psy. « Oui, c’est possible de parler de deuxième carrière. » Ca fait du bien de partir sur quelque chose de nouveau, comme une blessure à l’épaule, une au dos ou une finale. Gstaad était très coté du temps de Muster, on ne l’appelait pas 250 Series. Rien de surprenant si Richard y a perdu « contre l’un des meilleurs joueurs du monde sur terre battue ». Le compliment va droit au cœur d’Almagro, il ne s’y attendait pas du tout. Les défaites à Monte-Carlo et Madrid contre Tsonga, un autre des plus grands sur terre battue, font un peu moins mal désormais, les services de Papa pour fêter ses huit ans aussi.

Le Mikhail d’échine

Le nouveau Richard a aussi trouvé de la régularité : son épaule abandonne contre Vliegen le 4 août, son dos enchaîne le 9 contre Stakhovsky. Pour un peu, on croirait qu’il a mal, mais heureusement il rassure tout le monde cette semaine à Cincinatti. Contre Youzhny, « j’ai démarré très doucement, c’était même terrible, je n’étais pas bien. J’avais eu des douleurs à un bras ces derniers jours ». Richard est un guerrier, il vainc la souffrance et un joueur qui ne gagne pas plus de deux matches par tournoi depuis trois mois. La machine est lancée, le lendemain, la douleur s’est envolée.

Et il bat Berrer, en réussissant à servir, jouer des coups droits, des revers et mêmes des volées. « J’ai eu six balles de break à 1-1 et trois à 3-3, ça commençait à faire beaucoup… » Dix balles de break pour en faire un, il est agacé, c’est le début du perfectionnisme. « Mais je n’ai pas cogité. » Ca peut éviter de se contredire, mais pas à chaque fois : « C’était bien de breaker à ce moment-là, j’ai breaké quand il fallait. » Tout est question d’attitude et Richard sait qu’il doit être irréprochable. Plus question de penser à Miami et ses virées de Champion, il en fait la promesse. « Ce n’est qu’un huitième de finale, on ne va pas s’envoyer en l’air. »

Il y a aussi la Coupe Davis dans le cœur de Richard. « J’ai tout vu, du premier au dernier point. » Richard fait les bons constats, « cette équipe est belle, elle a tout pour aller au bout. Tout ça donne envie d’y aller ». Il a déjà demandé des places à son autre papa, le gentil, Deblicker pour la demi-finale.

Roland-Garros, Bartoli : Jeremy love Hewitt

c-fou

Luyat no stress sur la terrasse, Golovin au balconnet, Monfort avec Rufin et Sylvette, Mauresmo qui se coltine un mauvais stagiaire avec un cheveu sur la langue : tout le monde est à sa place.

Nicolas Mahut avait donné rendez-vous aux médias à l’issue de son premier tour. Une victoire, disait-il. De quoi foutre un nouveau coup aux places boursières du monde entier, qui avaient tout envisagé sauf ça. Vérification faite, nous n’avons pas affaire à un mythomane. Thierry Champion était même là pour assister au triomphe, avec une pointe de jalousie : lui aussi aurait aimé réussir à passer un tour avant ses 29 ans. Le sympathique et disponible Nicolas l’était presque autant lorsque son sourire de Kevin Bacon s’est figé au deuxième tour au moment de s’adresser à un ramasseur de balles récalcitrant. « J’ai un coup à jouer », affirmait-il avant la rencontre. Le service, probablement, mais ça pourrait ne pas suffire à chaque fois (6-1, 3-6, 7-6,6-4).

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A l’origine, nous devions rencontrer Marion Bartoli. Malheureusement, le maître d’hôtel ne mit pas assez de lait pour couvrir ses Cheerios miel-amandes, du coup, elle a tout dégueulé sur Rezai. Peut-être lui reproche-t-elle d’avoir volé son certificat autorisant à ne taper que des demi-volées, mettre des mines des deux côtés et servir comme une mule. Ou même pourquoi pas  d’être meilleure et plus jolie.

Gaël Monfils aurait pu aussi avoir le droit de jouer le troisième tour, mais il a été victime du syndrome Patrice Dominguez. Ce phénomène qui transforme les gros nuls en joueurs top niveau, manque de chance, il se manifeste toujours face à des joueurs français. Ainsi, Vliegen l’avait utilisé contre Gasquet, Brands s’en est servi en début de match contre Tsonga, au point qu’au bout de deux jeux, Dominguez le comparait déjà à Soderling, et hier soir c’est Fognini qui a activé le système pour conclure face à Monfils. Chardy aurait aimé avoir cette excuse : « A 5-5, je fais un mauvais jeu de service … J’ai senti un petit vent de panique et Hewitt a su en profiter. Sur le Central, le coup de panique défile très vite. » Pas mieux, Le Vestiaire va  avoir du mal à lutter.

Quel est le point commun entre Jim Courier et Cédric Pioline ? Pas le nombre de Grand Chelem gagnés, mais la reconversion : les deux interrogent les vainqueurs de grands matches sur de grands courts de Grand Chelem, en anglais, sans traduire au public. Heureusement, tous les spectateurs de Roland-Garros parlent anglais.

Gasquet, le dernier chant du coke : Markus, Rochus, Pocus

c-fou

« Aujourd’hui, je ressens toujours le besoin de me reconstruire. » Plus un mot sur l’affaire, ou presque. Le Richard nouveau est arrivé.

Ça y est, c’est l’heure de Roland-Garros. Depuis un mois, Richard bouffe de la terre battue. Une façon de parler que Papa accompagnait parfois du geste. Parfois, il lui servait aussi un verre d’eau avec : « L’argile, ça peut pas te faire de mal ! »  Le voir battre Federer à 19 ans en mâchant du chewing gum à côté de Deblicker était à ce prix.

Mai 2010. A 16 ans désormais, Richard sait que tout se complique, sexuellement aussi bien-sûr, mais sa carrière débute vraiment maintenant. La Villa Primrose et Verdasco n’étaient qu’une passade, les cinq 6-1 collés à Rochus cette saison aussi. « Contrairement à la plupart des joueurs, je n’ai pas d’ego. Peut-être que c’est une faiblesse. Mais je n’oublie pas qu’il y a pile un an, pour moi c’était la mort complète. » Une façon de ne plus ressasser le passé sans doute. Mais les enfants exagèrent souvent, ou alors la vodka pute de Miami était rudement chargée.

Starace anémie

Aujourd’hui, ce sont les grands tournois qui attendent Richard et il est prêt. « Je veux faire quelque-chose de beau à Roland-Garros. Je suis simplement très heureux d’y retourner. Par contre, je n’espère absolument pas y prouver quelque chose. Je vais me régaler. » Le plaisir, tout sauf un sentiment naturel, Richie a enfin cessé d’écouter ses conseillers en communication. Désormais, il parle librement, comme un grand, sans balancer des banalités vides de sens : « Je le répète, ce qu’il me faut maintenant c’est accumuler les rencontres et les répéter à ce niveau. Et par expérience, je sais que chacun a sa vérité. Le tennis c’est un combat, il faut donner 100% de soi-même. » Prendre du recul et lire le club des cinq, ça change un homme.

La vodka commis d’office

Les sensations du haut niveau reviennent petit à petit. « Je serai à Roland avec une bonne pression. Contre Murray, ce n’est que du plaisir, je n’ai pas de pression. » Comme pour encourager un repenti, le tirage au sort de Roland a donc été clément. Plus facile même, puisque c’est contre un inconnu qui n’a pas battu un Top 30 depuis février que Gasquet débutera. Des informations contradictoires circulent à son sujet : il jouerait au tennis avec la nationalité écossaise. Il aurait aussi été quart de finaliste à Roland en 2009 mais Eysseric lui aurait pris deux manches en 2008. Ca sent le match déclic, mais pour lequel ?

Pendant ce temps-là, Thierry Champion mettrait une pièce sur Gasquet. « Il joue du très bon tennis actuellement. »

ATP, Gaël Monfils : Le Noah de pécan

santo

La confirmation d’une finale à Bercy ne tarde malheureusement jamais à venir. Thierry voulait tellement en faire un Champion que ça va bien finir par payer.

En perdant à la régulière contre Sheila il y a cinq jours, Richard Gasquet a tiré un trait sur son passé de tennisman. A peine remis de son combat de coke avec la justice, il a laissé son costume de Mozart à Monfils. Ca aurait pu être pire, avec un peu de Pau le désormais nouveau Gasquet aurait attendu le cinquième tournoi de sa saison pour gagner un match. Déjà 11 victoires pour 5 défaites, déjà deux demi-finales et deux quarts. Mais pourquoi Llodra n’est pas impressionné ?

L’aventure débute à Brisbane, dans ces tournois d’avant-saison que Ma Chaîne Sport est contente de diffuser. Dent, Serra, Blake : l’entrée en matière est musclée. Tomber sur Stepanek en demi-finale est effectivement un cadeau, mais c’est le Tchèque qui l’a déballé. Trois jeux marqués, c’est une promesse pour la suite et la suite, c’est l’Open d’Australie. Monfils n’avait d’ailleurs jamais connu les qualifications, avec n°251 et n°224, c’est fait, cette année ça rapporte quand même un 3e tour, ça n’arrive donc pas qu’aux autres, qu’ils soient magiciens, consultants, écrivains, multimillionnaires ou dotés d’un coup droit à deux mains. Tomber sur Isner au 3e tour quand on est 12e mondial n’est pas non plus un cadeau, par contre en huitième, oui, Murray n’allait pas s’emmerder à lui laisser un set.

Gaël le forestier

La confirmation va arriver, c’est à Johannesburg d’ailleurs. Le tenant du titre est un grand Kooyong français. N°154, n°121, n°125, les éliminés des qualifs en Australie ont donc monté leur propre structure en Afrique du Sud cette année. Feliciano Lopez, lui, est n°39, et ce n’est pas parce qu’il a pris 6-1, 6-4 contre Gasquet deux semaines plus tôt que c’est une merde. Monfils flanche, Stéphane Robert aussi mais le lendemain. Le finaliste est toujours le plus connu ?

A Rotterdam la semaine suivante, le nouveau Gasquet retrouve deux bons joueurs du Future, Rochus et De Bakker, qui connaissent sans aucun doute Stéphane Robert. Le contrat est rempli, pas besoin de battre Youzhny en quart. La défaite contre Benneteau en quarts à Marseille cette semaine ? D’accord, mais Gaël a battu Seppi la veille et le Benneteau qui n’a marqué qu’un jeu contre Soderling dix jours plus tôt était un homonyme.

Parce qu’on a la technique, la puissance, le physique, le jeu de défense, le jeu d’attaque et la régularité, on est obligé d’avoir le mental et la constance d’un Top 3 et d’arrêter de faire la mobylette, le signe de croix ou le boxeur dès qu’on gagne ?