Zurich : Jimmy organique

« J’étais très fort, je sais que je pouvais gagner (…) Je préfère prendre du repos, terminer mes soins et partir en vacances. La saison est terminée. » Ça ressemble à un joli début de carrière, tout ça.

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2011, Daegu. Jimmy n’a pas 20 ans, il se retrouve en finale des Mondiaux. C’est pas mal, c’est même très bien car personne ne l’attend. 6e c’est prometteur, et même si personne ne remarque qu’il fait son moins bon temps de la semaine (10’27) et qu’avec celui des demies il aurait été sur le podium, le temps où Jimmy n’était pas attendu est révolu.

2012 est encore une année sympa, car tout le monde attend encore Lemaitre plus que lui. Ca ne durera pas, mais pour l’instant le champion de France a toujours un cheveu sur la langue. Et c’est tant mieux qu’on n’attende rien de Jimmy : il est un 2e honorable aux Europe et le 6e temps de sa demie aux JO en 10’16 passe plutôt pour une perf logique que merdique. 10’05 deux mois avant, 10’02 deux semaines après, ça veut pourtant dire merdique.

2013 va changer les choses, sauf évidemment pour son palmarès. Mais les Mondiaux c’est dur. 10’01 en demie, ça ne passe pas derrière Lemaitre (10’00), qui ne cache pas qu’il est content. Vicaut court plus vite, sa progression est plus logique que catastrophique. 9’95 un mois avant, 9’98 deux semaines après, ça veut pas dire catastrophique ?

Arrive donc 2014 et le seul véritable titre qui manque à son palmarès : la blessure en séries, après les blessures tous les deux mois. 9’95 et un 9’89 non homologué en mai à Eugene, au pays des Américains, les esprits étaient pourtant marqués. Tout le monde craint quand Jimmy accélère, même ses cuisses.

Allez, on compte : une médaille d’argent européenne en individuel, mais oui. C’est à ce prix qu’on devient le meilleur Français sur 60m.

Pendant ce temps-là, attention à Martinot-Lagarde : « Nous, Français, on est assez forts. Donc, en séries, il ne faut pas faire autre chose que se qualifier. »

Dopage en Jamaïque : Rase ta roquette 2

Voici une question que se posent souvent les sportifs de haut-niveau : est-ce que ça vaut le coup de se mettre une poche d’urine dans l’anus ? En Jamaïque même pas besoin. Un seul test urinaire hors compétition l’année dernière. Pas le moindre test sanguin.

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Par notre spécialiste athlétisme Christophe Bourrin

La Jamaïque ne serait donc pas très à cheval sur les contrôles.  La nouvelle aurait de quoi surprendre un commentateur de France Télévisions, voire un sponsor d’Usain Bolt mais qui d’autre ?  Surement pas Carl Lewis qui en connaît un rayon sur la question puisque cobaye lui-même et qui avait déjà fait part de ses doutes. Voilà qui donne un sacré coup dans les clarinettes au fameux refrain préféré des champions « Je suis le sportif le plus contrôlé au monde« .  Lance Armstrong a dû le répéter sans doute autant de fois que les seringues des contrôleurs sortaient de ses veines et que celles de ses médecins personnels y rentraient.  C’est pourtant vrai, des contrôles, il y en a partout, tout le temps et dans la plupart des sports.

En athlétisme par exemple ça faisait 10 ans qu’Asafa Powell était contrôlé 50 fois par an, 10 ans que tout le monde savait qu’il était impossible pour un être humain normal de courir régulièrement entre 9″70 et 9″80, et pourtant ça faisait 10 ans qu’il le faisait tranquilou sans qu’on le lui interdise. Il a eu pour lui la chance de se chier dessus lors de toutes les finales auxquelles il a participé comme ça le jour où on a découvert qu’il avait comme chaque dopé un nutritionniste malfaisant on s’en tapait un peu, puisque la star c’est Bolt, il court tous les ans en 9″60. Mais Bolt c’est naturel, il a des aptitudes physiques exceptionnelles qui lui permettent de le refaire sans arrêt. Armstrong aussi les avait, il travaillait même plus dur que Bolt qui passe son temps à manger des nuggets.

Quand la Jamaïque aura appris à faire des contrôle, Bolt aura eu le temps de devenir président de l’agence mondiale antidopage. Et il ne restera alors que notre grande enquête réalisée dès 2008 avec 1,2 et même 3 parties pour dire ce qu’était vraiment Usain Bolt au moment de son éclosion publique. Un type beaucoup plus fort que Tyson Gay dont les aptitudes n’étaient finalement pas si naturelles, qu’Asafa Powell dont on connait désormais les aptitudes et Justin Gatlin dont les aptitudes n’ont jamais été très naturelles mais qui est revenu plus fort qu’à l’époque où il se chargeait. Il restera aussi un entretien très intéressant mais inutile du Monde où il répond toutes les conneries qui lui passent par la tête. A-t-on déjà vu un athlète dopé répondre par l’affirmative quand on lui pose la question ?

Comme quoi, le travail il n’y a que ça de vrai comme dirait Bolt ou son entraîneur qui pense qu’on n’aime pas la Jamaïque. Plus que jamais on pense à Ladji Doucouré qui déclarait curieusement l’été dernier qu’«il y a ceux qui courent et qui galèrent, qui montent et qui descendent, qui se font mal à l’entraînement et qui essaient de revenir. Et puis il y a ceux qui braquent des banques. C’est chiant à dire mais c’est comme dans le cyclisme. On sait comment ça se passe mais les gens aiment bien fermer les yeux et regarder le spectacle.»  On serait tenté d’ajouter que le spectacle finit parfois par une mort naturelle dans un hôtel à 20 ans au début d’une affaire puis par une indemnisation de la famille du sportif à la fin de l’affaire puisque la mort était si naturelle qu’on a trouvé des responsables.

Pour résumer de façon simpliste, on peut remarquer que le plus fort est souvent beaucoup plus fort car c’est vraiment le plus fort et du coup il est très difficile à prendre. Que lorsqu’un athlète explose du jour au lendemain on peut saluer la performance de son nutritionniste. Et qu’un athlète présent chaque année au rendez-vous, au top niveau, qui ne connaît jamais de creux, est sans doute un grand champion mais avant tout un gros tricheur. Qu’un mec qui se dope n’arrête jamais même après une suspension. Que les contrôles servent à quelque chose mais pas à beaucoup plus. Mais c’est vrai qu’on se ferait grave chier avec que des Vicaut. Ou pas.

Christophe Lemaitre : Un diamant, zéro Carraz

Diagana et Doucouré doivent doucement rigoler dans leur barbe. Hélas comme disait Pagnol, ils n’ont pas de barbe et ne rigolent pas du tout.

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Pourtant ils ont longtemps hésité entre le rire et les larmes face à la blessure de PML. Eux aussi ont connu ça dans leur temps mais ils avaient déjà pris l’habitude de figurer dans quelques finales mondiales et olympiques dès leur plus jeune âge. On va finir par croire que les analyses du Vestiaire sont pertinentes et qu’ils existe vraiment des lois du haut-niveau et qu’il n’est pas permis à tout le monde de les franchir. S’il ne faut pas accorder plus d’importance que ça à l’accident Lemaitre une nouvelle fois finaliste (c’est bien ça l’accident), certains l’imaginaient plus régulièrement bronzé lors de ses débuts il y a 3 ans déjà. Côté bronzage, Jimmy Vicaut n’aurait rien à apprendre de Silvio Berlusconi mais son plantage est extrêmement inquiétant pour la suite. Il était le plus fort depuis le début de saison, il est hyper musclé, et même pas qu’en salle. Et puis le jour J plus tant que ça. L’essentiel c’est qu’il se trouvait détendu avant la course.

Tout ça était avant la vraie blessure, celle du champion. Ce n’est pas donné à tout le monde : sauter de joie pour un centième dans la gueule de Vicaut à 18h, sauter sur un brancard à 19h50, faire sauter le pacemaker de Pierrot à 21h au moment d’annoncer qu’il a foutu en l’air le 200, le 4×100 et la durée de vie de son entraîneur. Pourtant Lemaitre avait tout pour lui : des départs pourris, des temps pourris et une confiance pourrie. Du coup en finale il a pris un départ pourri, il a fait un temps pourri et il avait tellement confiance qu’il a forcé sur ses ischios ou son quadri, enfin un muscle qui pète. Peu importe, tant que Bolt et Gay continuent à dire que s’il travaille bien et qu’il reste compétiteur il sera un redoutable concurrent dans les années à venir. Pour ceux qui ont vu l’Intérieur sport encore remarquablement senti sur la langue au cheveu d’or, qui venait de battre Gatlin à Rabat ou un truc comme ça qui a de la valeur, Pierrot disait aussi que si la saison se passait mal pour la deuxième fois de suite, il faudrait songer à changer quelque chose. Ce quelque chose s’appelle-t-il Pierrot ? Vicaut, lui, est dégoûté : être sorti de la finale pour un centième c’est cruel. Espérons que Pessonneaux et Sangouma se soient mieux échauffés.

Pendant ce temps-là, Robert Michon nous a fait rêver même si Montel ne croit toujours pas Boyon sur le jet à plus de 65m, c’est vrai qu’elle donne pas envie d’y croire. Une médaille à Lesueur de son front. Bosse sera-t-il le Mayer ? On n’espère pas pour lui.