Cantona : « Banking for Eric »

A quelques heures de l’effondrement du système bancaire international, notre spécialiste économie a (presque) rencontré l’outremangeur dans la file d’attente du Crédit agricole de Carquefou.

LE VESTIAIRE : Vous appelez les gens, dans une vidéo filmée par un stagiaire de Presse Océan avec son téléphone portable, à retirer tout leur argent des banques pour faire écrouler le système. Est-ce bien raisonnable ?

ERIC CANTONA : Quand les hirondelles suivent le fourgon blindé, c’est parce qu’elles pensent qu’on va leur jeter des billets.

Cette « révolution » financière est-elle réalisable ?

Si les trois millions de chômeurs français vont tous fermer leurs comptes à découvert, ce mardi, on n’aura aucun mal à faire sauter la banquière. Mais ce n’est qu’une première pierre à la destruction de l’édifice : les gens devraient aussi arrêter d’aller bosser et d’acheter de la bouffe.

Allez-vous vous-même suivre le mouvement que vous avez initié ?

I’m not a man, I’m Cantona.

Est-ce le rôle d’un ancien sportif d’intervenir dans les questions économiques ?

Yannick Noah est bien chanteur. Et puis ce n’est pas parce que j’ai appelé mon fils Emir et que j’ai trois comptes en Suisse que je n’ai pas le droit de l’ouvrir. Je sais ce que c’est la misère, moi. J’ai vu tous les films de Ken Loach.

Qu’allez-vous faire une fois le système bancaire écroulé ?

Il faudra décapiter la classe politique à coups de crampons dans la gueule. Un grand leader comme Amado Guevara ou Gonzalo Castro prendra alors le pouvoir pour éliminer tous les sacs à merde.

Que pensez-vous de l’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar ?

C’est simple, il faudrait arrêter de cuisiner au gaz et ne plus faire le plein de sa voiture pendant douze ans.

Finale de la Coupe Davis : Saga à friquer

Pour ceux qui n’auraient pas encore compris.

santo

Douze ans après ses débuts, neuf ans après son seul titre, le capitaine est toujours là. Plus positif que jamais, voilà pourquoi Guy Forget est presque l’homme de la situation à trois jours de Yannick Noah.

Parce qu’il n’a plus de résultats depuis huit ans

Trois finales en quatre ans, dont un titre, avec des joueurs qui jouent le match de leur vie, ça forge un capitaine intouchable. C’était avant la campagne 2003. Effectivement, depuis, il y a eu un cinq quarts, une demie, un premier tour. Il y a aussi eu pas mal de Français dans le Top 10, mais une équipe, ça se construit sur le long terme, comme un CDI à la FFT. « Un jour, cette équipe gagnera la Coupe Davis. » C’était après la République tchèque en 2009.

Forget n’a pas menti. En 2007, « franchement, je crois que l’on est parmi les quatre meilleures équipes du monde. Avec un potentiel intéressant pour les années à venir ». En 2006, « cette équipe, je veux la voir dans deux ans » et en 2005 « cette équipe est nouvelle, elle est jeune. Ce week-end, on a eu sous les yeux exactement le schéma du type de travail qu’on doit adopter pour nous améliorer. » Heureusement, en 2010, le capitaine n’est plus qu’un spécialiste du sommeil : « Je pense que Ferrer va passer une nuit en se posant des questions. »

Parce qu’il enrage de tomber contre les grands joueurs

Le tirage au sort est impitoyable avec les Bleus. A chaque défaite, un point commun : la France est tombée sur des joueurs du Top 20. Hasard de la malédiction, c’est toujours le même qui prend. Ce n’était évidemment pas une raison de ne pas le faire jouer. « Paulo a été dominé par un Andy Roddick encore une fois très solide » En 2008, « autant sur le match de Paul-Henri, il n’y a rien à dire, on est dominé 7-6, 6-3, 6-2 par Marat Safin, un adversaire qui nous est supérieur dans tous les domaines ». En 2007, « avec Tursunov on a découvert un futur grand, encore un Russe ». En 2006, « quant à Paulo, Andreev l’a surclassé dans tous les domaines ».

En 2004, c’était différent, « Nadal était franchement très très fort », mais cette fois « il y en a un qui a gagné beaucoup de choses ici, ce week-end, c’est Paulo. Au-delà de la défaite de l’équipe, je pense qu’il a vraiment franchi un cap et ça, ça me fait plaisir pour lui. Je pense qu’il va faire parler de lui très, très vite. »
Heureusement en 2010, le capitaine a de l’ambition : « Je crois vraiment que quand Djokovic joue bien il est un petit peu au-dessus de nous quand même », mais cette fois ça sera pas grâce à Paulo.

Parce que le psychologique, c’est pas son truc

Si Mathieu a fini avec Courteau si jeune, c’est en grande partie grâce à son capitaine. Il n’a probablement pas pensé à Forget au moment de changer de coach, mais sûrement à la Russie de 2002, 2005 et 2007. Andreev était trop fort, à moins que ce ne soit Youzhny bien sûr. Peut-être aussi a-t-il songé aux deux matches de Winston Salem 2008 : « J’ai aligné Paul-Henri Mathieu, qui, de toute évidence, était beaucoup plus marqué par sa défaite du premier match que je n’avais pu l’imaginer. »

On ne connaîtra jamais la date du premier match de Mathieu, mais il n’en a vraiment joué qu’un seul. Gasquet, qui jouait avec son portable non loin de là ce même jour, devait « être soutenu par tous ceux qui l’aiment pour le pousser à devenir plus fort », mais « je ne suis pas là pour disséquer les problèmes de Richard Gasquet. Je suis là pour aider les joueurs. » Au top de sa forme, Simon a apprécié le coup de main, au moins autant que sa première sélection au cœur d’une période où il ne gagnait plus un match. C’était différent pour Monfils, qui était en pleine bourre, mais c’était De Bakker en face. Heureusement, en 2010, le capitaine a Llodra. Non ?

Parce que, joueur, il était déjà un loser

Personne ne peut dire que Forget n’a pas prévenu. Meilleur français et quatrième mondial en mars 1991, Top 10 pendant un an et demi, il en a profité pour garnir son palmarès comme personne : Bercy et Cincinatti 1991, qui rejoignent le doublé à Toulouse (trois fois), Bordeaux (deux fois) ou Nancy, une belle collection de tournois qui ont marqué sinon l’histoire, au moins la vie de Fontang, Guardiola et Gilbert. Sinon, il y avait aussi les Grand Chelem. Toutes les jeunes générations peuvent en tirer une grande leçon d’humilité : on peut ne jamais aller plus loin que les quarts de toute sa carrière et atteindre le Top 5. Le corollaire suivant a été paraphé par Gachassin : on peut n’avoir joué qu’un grand match et coacher douze ans en Coupe Davis. Mais ça oblige à passer des coups de fil à Noah toute sa vie. Noah est sur répondeur.

« Après, je crois que c’est plus la capacité des joueurs de l’équipe de France à relever le défi que mes choix stratégiques qui fera vraiment la différence. » On avait comme un petit doute.

Le JaGuy show : En voiture Simon

mouss

Une victoire et deux finales en 10 ans : le parcours serait presque honorable si on n’attendait pas une performance depuis 7 ans. Domenech aurait-il trouvé son maître ? « C’est en tout cas très positif. » Voici l’histoire d’un tennisman moyen devenu un capitaine moyen, consultant moyen, fouteur de gueule professionnel, qui ne démissionne jamais, qui n’est jamais viré pour manque de résultats. Le JaGuy Show, premier épisode : Forget signe un tchèque en blanc à la Fédération.

C’était il y a moins d’un an, en quart-de-finale, à Winston Salem. L’équipe de France la plus prometteuse de l’histoire accrochait les Etats-Unis, sans son nouveau Noah. Une défaite honorable, et pour une fois, ce n’était pas la Russie. Guy était aux anges. « On peut tous faire des progrès. C’est ce qui nous poussera l’année prochaine à être encore plus forts. »

Mars 2009, le capitaine peut souffler, sa meilleure équipe de France de tous les temps a évité l’écueil tchèque. Elle courait le risque de se planter, de passer à côté de son premier rendez-vous commun entre Mousquetaires dans un vulgaire premier tour. Il n’en est rien, comme prévu par le cap’tain, Tsonga a joué et gagné le cinquième match. L’aventure continue, place aux barrages. Une équipe est en train de naître. « C’est très positif. »

Capitaine femmes

Septembre 2004, la France atteint pour la dernière fois de l’ère Forget une demi-finale. Une édition boudée des Dieux, Escudé et Clément jouent en simple. Depuis, Guy le friqué s’est vu offrir Richard Gasquet, qui malgré ses 22 ans, compte déjà presque 25 ans de carrière. Dont quatre ans de Coupe Davis, des matches au couteau sur le circuit. C’est sans doute un peu juste pour être aligné en simple face à deux joueurs aussi insignifiants que Berdie et Stepa. Simon est numéro un, il en touche pas une depuis le début de saison, n’a jamais joué en équipe. Au cas où, il prévient quand même son capitaine. Guitou n’a plus le choix. Simon jouera et avec un peu de chance, il aura même droit au match décisif. De toute façon, on lui reprocherait de ne pas le faire jouer.

C’est là qu’intervient la grande nouveauté de ce show 2009. Que faire du jeune Richard ? L’écarter ? Non, Guy n’aime pas Gaël Monfils. Après tout cette saison, l’ex-nouveau Noah n’est pas bien. Une finale, deux demies (dont celle de la semaine dernière) en cinq tournois, il manque encore un peu de confiance. Il sera remplaçant. « C’est très positif. »

Génération endort

L’idée fait son chemin dans l’esprit du capitaine : et si Gasquet faisait le double ? C’est pas si con, Gasquet n’est pas un joueur de double (60 matches depuis 6 ans), pas un seul match cette année, il ne joue jamais avec Llodra. « Ca peut faire des étincelles ». D’autant que la meilleure paire du monde n’est pas Française. Santoro a pris sa retraite depuis plusieurs années. Dommage, Guy se serait bien vu serrer la pogne pleine de blé de Fabrice, mais il aura d’autres occasions. Forget n’est-il pas son voisin en Suisse ?

Peu à peu, les rôles de chacun Safin. Tsonga est incontournable, Simon est numéro un, Llodra est bien là. Il ne manque qu’une seule clé, propre à la Coupe Davis : un capitaine décisif. Curieusement, jamais Forget n’a pu inverser par ses conseils la tendance d’un match, ou permis à une demi-portion de se sortir les doigts du cul. Mais bon, tant pis, cette fois l’équipe peut s’en sortir toute seule, elle est si forte. Ne les appelle-t-on pas les Mousquetaires en référence à leurs glorieux aînés ? Mais pourquoi Lacoste, Borotra, Cochet, Brugnon étaient-ils affublés d’un tel sobriquet ?  Quoi, six victoires en Coupe Davis ?  « C’est très positif. »

Ostrava grand

Les esprits chagrins souligneront que Gilles Simon s’est fait torcher par Berdych. Guy a de l’expérience, il savait que le stress pouvait jouer pour une première. Mais il est malin, donc il a compensé en s’appuyant sur sa toute nouvelle équipe de double : Gasquet-Llodra. Il n’a pas été déçu, l’avenir s’annonce radieux : « Cela conforte ce que je pensais de cette composition. Richard et Mika peuvent jouer à un très haut niveau ensemble. » Il a pourtant vu le même match que tout le monde : « Sur tout le match, c’est bon, le potentiel est là, mais deux ou trois petits points par çi par là nous coûtent le match. » Deux ou trois petits points qui en font à ce moment-là deux pour les Tchèques et un pour la France. Tout repose sur Gilles Simon, ce qu’il fallait éviter pour que Monfils ne le surnomme pas Paulo dimanche soir.

Mais Guy, c’est un grand fan du travail de Loïc Courteau. Alors, il tente le coup de poker : appliquer la recette dite de Roland Garros. « Gilles, il faut qu’il se sorte de l’esprit l’enjeu, le monde, le public hostile pour jouer son meilleur tennis. » En Coupe Davis, ça veut dire s’échauffer contre un mur ou Clément. Mais pour Nathan Lesermann comme pour tous les Mousquetaires, le temps est un allié. Lancer un gamin qui ne sait pas nager dans le grand bain, il peut s’en sortir, foutez lui des loups, il vous rendra le saladier. Surtout quand il vous prévient qu’il le sent pas, mais alors pas du tout. JaGuy n’avait vraiment plus le choix, il devait l’aligner.

Guy Forget se souvient, il avait lui aussi perdu ses premiers matches de Coupe Davis contre la Tchécoslovaquie. Il  gagnera un autre saladier, il en est persuadé. A l’ancienneté, ça peut passer ? Ou peut-être bénéficiera-t-il d’une wild-card, on ne sait jamais.

Fabrice Santoro peut-il ne pas gagner l’Open d’Australie ?

magicien

<i>Le Vestiaire</i> avait tout faux depuis le début. Le Magicien vient de sortir deux des meilleurs joueurs du monde. Pour son 750e tournoi du Grand Chelem, son heure est-elle venue ?

Ferrero et Servan-Schreiber peuvent en témoigner. Fabrice Santoro est sur une autre planète en ce début d’Australian Open. Les mauvaises langues diront chez le kiné, parce que des crampes dès le deuxième jeu, ça ne part pas comme ça. A 36 ans, le Français a appris à gérer ses efforts. Il ne joue plus que quelques tournois et entretient son record de participations en Grand Chelem. Les mauvaises langues diront qu’il s’en fout surtout plein les poches dans des tournois lucratifs où les meilleurs joueurs ne viennent pas.

Guerlain l’enchanteur

Aujourd’hui, Santoro n’a plus rien à apprendre. Les mauvaises langues diront que ça tombe bien, il n’en a rien à foutre. Il est le meilleur français. Il a plus de coups de magicien que Gasquet, qui est aussi admiratif de lui que de Noah. Il a plus de mental que l’arrogant Simon. Il ne vendange pas deux sets d’avance comme Mathieu parce que des supporters bourrés imaginent que son adversaire est bosniaque comme eux. Il a fini par appeler tout le monde Youzhny, et ça, ça n’arriverait jamais à Santoro.

Surtout, il volleye bien mieux que Tsonga en double et a déjà servi aussi fort que Monfils en deuxième balle. Il est un peu leur père à tous. Même Federer s’est prosterné devant son immense carrière, probablement jaloux de ses amortis. Les mauvaises langues diront que c’était avant de lui mettre 6/0, 6/1 comme Nadal, qui se damnerait pour jouer des deux mains comme l’enchanteur. A part un retour de Ronald Agenor, qui pourrait arrêter Fabulous Fab ?

Pendant ce temps-là, l’effet Noah retard serait en train de faire effet. Et l’effet Pierce ?