Quelle belle sortie, quel panache, quel talent. Il faut bien s'appeler Guy Roux pour saborder autant un début de saison en se faisant passer pour un homme de parole. Il a bien joué le coup : Gervais ne lui en veut pas.
Comme nous vous l'annonçions le 22 août, Guy Roux semblait mal barré au RC Lens. Hier, il a tout simplement jeté l'éponge, sans que personne ne l'attende aussi vite. Une défaite de plus à Strasbourg, un fond de jeu inexistant, un recrutement médiocre sur lequel sa responsabilité est engagée, et il part par la grande porte, soutenu par un président qui s'est mis Martel en tête sur ce coup-là. « Je n'ai jamais entraîné pour me façonner une image, et tant pis si l'on me critique. J'espère juste que mon honnêteté sera reconnue », a-t-il déclaré sitôt le match fini à Strasbourg, avant très certainement de prendre le train pour la Bourgogne, où son poste de consultant sur Europe 1 l'attend confortablement. Son honnêteté s'est exprimée une seule fois hier soir : « Je ne veux pas entraîner Lens avec moi. » Véritable aveu : Roux n'y arrive pas, et il a préféré le dire avant que tout le monde ne finisse par le voir. Par là-même, il entretient le mythe d'une carrière sans tâche.
Une image de Guy mauve
Alors, son image, parlons-en. N'importe quel entraîneur aurait du mal à justifier un tel début de saison. Son recrutement d'anciennes valeurs auxerroises est déjà un échec. Kalou et Akalé n'apportent rien, pas plus qu'un Pieroni qui n'a jamais été, au mieux, qu'un joueur passable. Les deux Ivoiriens, eux, sont hors de forme. Carrière, qui a fait toute la préparation, l'a dit et s'est fait rembarrer : il n'était pas dans le groupe en Alsace. Alors, oui, son image risque d'être écornée. Car, ne nous y trompons pas, ce sont bien les résultats qui ont poussé Roux à la porte, même s'il s'en défend. On aimerait croire que Martel lui a laissé le choix de partir de lui-même, avant de le virer. Mais non, le président lensois était comme les supporters : aveuglé.
« Mon état de santé est excellent, clamait Guy Roux sur France 2 . On est venu me chercher. Je n'avais plus dans l'idée d'entraîner. Alors que j'avais un problème d'existence à Auxerre, deux offres s'étaient présentées à moi : Bordeaux et Lens. J'ai accepté Lens. » Sans y penser, par passion… Ben voyons. Son passé, « les bétabloquants pour mon coeur », l'ont rattrapés, et lui ont fait sentir que la flamme avait disparu… La belle affaire ! Mais comment expliquer alors tout ce foin fait pour entraîner malgré son âge ? Fin juillet, il se sentait comme un jeune homme. Vieillir d'un coup, quel vacherie.
Lens va déroux-iller
Regardons les choses en face : Guy Roux a connu son premier gros échec en Artois et ne l'a pas supporté. Et là où un autre tenterait de défendre son poste, lui se casse purement et simplement. Et laisse Lens dans une situation difficile : avec 2 points en 4 matches (contre des adversaires abordables), les Nordistes sont 18e. Leur saison est déjà plombée, comme la confiance d'un groupe qui ne comprend ni de n'avoir pas réussi sous Guy Roux et encore moins son départ (Dindane béguayait encore plus que Martel, hier, après l'annonce), et sur le strict plan du jeu, les lacunes sont nombreuses. Etonnant, car ce RC Lens n'a pas tant changé par rapport à la saison passée. Il faudra bien du courage à JPP, le successeur de Roux, pour remettre à flot un navire qui a chaviré sans raison. Une chose est sûre : Roux devait être un capitaine confirmé pour faire voguer paisiblement un RC Lens qui surfe sur une vague positive depuis plusieurs saisons. Aujourd'hui, le club est cassé, et c'est de sa faute.