Rugby, Coupe du Monde, Equipe de France : Déflorer la Rose

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Les Français n’ont battu qu'une seule fois leurs éternels voisins du Nord en phase finale de Coupe du Monde. C'était en 95 et ça comptait pour du beurre. Moins étincelants que les trois autres demi-finalistes, les Anglais n’en sont que plus menaçants.

Par Peyo Greenslip

La rumeur est montée depuis la Canebière. Plus ou moins amplifiée par ce mistral chantant aux vents légèrement déformants. L’Ohème est sorti de sa crise puisque de crise il n’est point. Tout juste une malédiction un sort qui fait jaillir des pieds même les plus habiles une soudaine imprécision lorsqu’ils viennent à fouler le Vélodrome. Les cas Cissé, Zenden et Bamogo demeurent toutefois inexpliqués. Mais le mal couve et a déployé ses tentacules sur le 10 à marier Wilkinson, dont les stats au pied ont rarement été aussi près du niveau de la mer que samedi dernier. Sauf que contrairement à l’OM, le XV de la Rose jouit d’un soupçon de caractère jadis carctéristique des formations méridionales. Là où l’OM sombre sous l’acharnement des déferlantes, les Anglais ont su trouver, dans une embarcation perméable et semblant voguer à volo, la force de sortir les rames pour contre-barrer d’inquiétants courants.

fralogo.gifWilkinson, ça rase

Dans l’adversité, les Anglais, portés par leur mental et leur flegme, savent mieux que quiconque courber l’échine. Cela depuis des décennies. La recette est la même, à base de conquête, d’abnégation et d’un pied souvent magique. Car Wilkinson qui n’a pas l’âme d’un général n’est pas un chef d’orchestre. Tout juste un simple soldat à la mire avisée. Un sniper dont le pied gauche vaut comme vigie pour une rose qu’il tire régulièrement de la torpeur. Dans ce match à élimination directe (ces do or die dont raffolent les Anglo-Saxons), le rôle de Wilkinson se résumera grossièrement à sa botte, tant l’ouvreur de Newcastle n’a pas retrouvé son niveau de 2003 et ne dispose pas d’une ligne de trois-quart susceptible de troubler une défense française intraitable sur les extérieurs. Non pas d’envolée pour les joueurs de sa majesté. À la place, de la mêlée, du combat et le pied qui va avec.

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Mais l’Angleterre a-t-elle réellement les moyens de surclasser les Bleus? Certainement pas. Sheridan tout meilleur pilier britannique qu’il soit depuis le clown Ubogu, ne peut soutenir la différence avec Woodcock. Easter a eu beau se révéler au couloir durant ce Mondial, parés de Corry et Moody, il ne soutient guère la comparaison de la troisième ligne Black. Non, les Blancs d’Angleterre n’ont pas les moyens de surclasser les Bleus de France. Mais les champions du Monde (ce n’est pas un hasard de les retrouver là) pourraient bien les surprendre si ces derniers se plient à la tragédie que joue le rugby français depuis 87 et le prive du trophée Webb Ellis : cette incapacité chronique d’enchaîner plusieurs performances de haut niveau.
Cette fois, pas d’excuse car l’Angleterre se présentera sur le pré dionysien avec un capital fraîcheur davantage entamé (la route pour la qualif fut pénible).

La clé pour les Français résidera essentiellement dans leur faculté à ne pas se retrouver prisonnier du rythme de jeu britannique. En enchaînant les temps de jeu et les actions de mouvement, les Laporte Boys useront un pack anglais déjà émoussé et surtout peu mobile. À ce titre, la rentrée de Michalak ou Poitrenaud aurait été intelligente tant les Anglais présentent un profil éloigné de celui des Néo-Zélandais. La paire toulousaine devra parer à toute éventualité.Tout comme Harinordoquy, basque rebondissant sans prénom, qui se tiendra prêt à contrebalancer l'irresponsabilité de Betsen (comment lui en vouloir néanmoins). On ne se remet pas aussi facilement d'un KO. Asloum, Tiozzo, Charpentier ou encore Ribery peuvent en témoigner.
Le sentier de la gloire s’est dégagé après Cardiff (celui de Magloire est lui toujours obstrué). Mais il ne faudra pas s’avancer sur la piste de Saint-Denis en roue libre, sous peine de laisser un boyau et une constellation d’illusions sur la couronne d’épine tissée par Ashton.

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