C’est sur la route de l’auberge Pere Tares que nous avons croisé Thierry Bisounours dans les faubourgs andorrans de Barcelone. Contador était alors encore maillot jaune.
Bonsoir Thierry, vous avez annoncé, dès l’arrivée, la prise de pouvoir d’Alberto Contador et le maillot à pois de Riblon. Pourquoi est-ce si difficile de donner les bons classements en fin d’étape ?
Vous savez, je crois que c’est Bilou, mon patron, qui a la réponse. Il dit toujours : « Thierry, c’est non seulement le plus con, mais en plus c’est le plus nul. » N’y a-t-il pas un fond de vérité là-dedans ? Alea jette ta tête, comme on dit dans le jargon.
Vous avez parlé aujourd’hui d’une coalition espagnole Sastre-Contador pour battre Armstrong, avant de rappeler que Sastre connaît bien Schleck pour envisager une alliance. Etait-ce une blague ?
Non, non, mais j’ai dit aussi que grâce au nouveau maillot Ag2r, le cyclisme allait se moderniser.
En effet. Pensez-vous que les téléspectateurs en ont quelque-chose à branler du surnom de Feillu quand il était gamin, ou de l’amour des pâtes et du vin rouge de Nocentini ?
C’est vous ou moi le journaliste ?
Pas faux. Si on part du principe que le terme « intrinsèquement » signifie « inhérent, qui appartient à l’objet en lui-même, indépendamment des facteurs extérieurs » : que vient-il faire à l’arrivée de la première étape du Tour dans la phrase : « intrinsèquement, le meilleur grimpeur s’appelle Contador » ?
Ecoutez, j’ai peut-être pas fait Hachopé ou iéna (ndlr, HEC ou l’ENA), mais je peux encore m’enthousiasmer devant une si belle lutte intestine, et me faîtes pas la vanne de la gastro.
Pas de problème, mais plutôt qu’une salve de Contador contre Armstrong, on a eu l’impression que les Astana n’ont fait qu’appliquer une tactique d’équipe en faisant attaquer leur leader désigné dans la montée finale. Qu’en pensez-vous ?
Avec vous, on a l’impression que je ne dis que des conneries, mais chacun voit Thierry à sa porte. Par exemple, mon copain Christian, journaliste à TF1, il me trouve très pertinent.
Possible. Feillu est déjà comparé à Virenque, n’est-ce pas une charge un peu trop forte ?
Il est pas sur secteur quand même ? (Il explose de rire et trois de ses dents volent en éclat. Il s’adresse alors à son pote Stéphane Goubert, qui se fait frire une andouille à quelques pas de là). Tu me la fais saignante !
Peut-être que Thierry avait regardé sur l’Equipe à l’arrivée de l’étape pour savoir qui avait le maillot. A moins que ce ne soit l’inverse. Du bon boulot de journaliste.