Le roman du Bordeaux Blanc : Jaro gorille

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9 janvier 2010 : le club est en tête du championnat de France et qualifié pour les huitièmes de finale de Ligue des Champions. Trois mois après, rien n’a changé. Chronique d’une descente aux enfers annoncée.

Promis, le temps de l’arrogance est révolu. Son équipe en crise, Laurent Blanc fait profil bas. « Depuis 2010, il y a un peu de suffisance. C’est un vilain défaut. » Sa collection d’écharpes crème et de Levis sont au placard,  juré, il dira bonjour aux entraîneurs adverses, en tout cas à ceux qu’il reconnaîtra.

Pour l’instant, il y a une Coupe d’Europe à gagner, l’humilité est donc de retour. « C’est marrant parce que, bientôt, on va s’excuser d’avoir marqué à l’aller en Grèce. On peut le considérer comme un piège mais je crois qu’on a bien fait d’avoir ce piège-là. » Les journalistes sont sous le charme, le ton est à la confidence et à la séduction : « Si vous croyez que je vais répondre à cette question… (Rires) Vous voulez que je vous donne l’équipe ? »

Triaud de choc

Affronter l’Olympiakos est donc loin d’être le cadet de ses soucis, mais l’inquiétude n’est pas loin.  « Oui, on doute. Il n’y a qu’à voir notre manière de jouer. » « On » est un con, c’était après avoir vu sa réserve face à Auxerre. Mais Blanc n’est pas du genre à être agressif, la tape amicale à Bilic en témoigne. Quelques minutes après avoir été voir jouer la réserve au match suivant, et après avoir serré la main de l’entraîneur adverse, un moustachu qu’il avait déjà vu quelque part, Blanc a cette fois félicité ses joueurs. « On ne pouvait pas espérer beaucoup plus, mais ce point nous fait plaisir car dans la période délicate que nous traversons, il était important de rapporter quelque chose de Monaco. Au niveau de l’état d’esprit, de la rigueur et du respect des consignes, je suis très satisfait. » Gouffran a reçu le message : « J’ai été déçu de ne pas jouer, ça se passait plutôt bien pour moi depuis le début de l’année 2010. » C’est bien le principal.

20e journée, Bordeaux – OM : 1-1

Bordeaux a du mal à se remettre en jambe et n’a que 70% de la possession de balle en première mi-temps, heureusement ce n’est que Marseille en face et Bordeaux ne mènera que jusqu’à la 82ème minute. Déchainés, les Marseillais forceront le destin sur une belle action initée par Chalmé et relayée par Planus, rouge de fierté. Blanc ne fera jouer Gouffran et Ramé qu’une mi-temps chacun. Les relations humaines c’est son truc, la poignée de main qui tourne mal avec Bilic était un accident. Le titre s’éloigne.

22e journée, Bordeaux – Boulogne : 0-0

Le titre s’éloigne, Bordeaux est incapable de dominer l’avant-dernier. Ambitieux, Blanc remplace pourtant Diarra par Cavenaghi. Un buteur de plus n’a jamais fait de mal, surtout si c’est un Argentin qui sort d’un triplé contre Ajaccio. Bédénik tient le choc, c’est à se demander comment.

23e journée, Rennes – Bordeaux : 4-2

Le titre s’éloigne. En pleine crise, Bordeaux enchaîne les défaites, la première depuis le 21 novembre. Rennes est trop fort : titularisation de Gouffran, but de Marveaux, blessure de Diarra. Transparent, Bordeaux n’a que 10 occasions d’égaliser.

Coupe de France, Bordeaux – Monaco : 0-2

Monaco créé l’exploit chez un champion en plein doute. Ciani, Tremoulinas, Fernando, Plasil et Gourcuff évoluent à leur niveau ; Ramé, Henrique, Jurietti, Jussiê, Cavenaghi et Bellion aussi. Blanc n’est pas du genre à s’en foutre.

27e journée, Bordeaux – Montpellier : 1-1

Le titre s’éloigne. Bordeaux est bousculé par son dauphin, inexorablement lancé vers la succession.  Blanc qui ne sous-estime pas son adversaire remplace Sané qui remplace Diarra toujours blessé par Cavenaghi. Comme Boulogne, Montpellier vient de Ligue 2, il n’y a pas de raison de ne pas prendre un point contre les onze mêmes Bordelais, même à la 94e minute. Ce n’est pas comme si la charnière type n’avait joué que jusqu’à la 31ème. Montpellier s’envole.

25e journée, Bordeaux – Auxerre : 1-2

Le doute s’installe, le titre s’éloigne. Bordeaux n’y arrive plus et ne mène que jusqu’à la 64ème minute. Pourtant jusqu’à la 32ème c’est la charnière type, jusqu’à la 45ème Diarra est encore là, Henrique, Jussiê, Sertic, Bellion, Sané et Cavenaghi jusqu’à la 90ème. Blanc n’est pas du genre à s’en foutre.

28e journée, Monaco – Bordeaux : 0-0

Le titre s’est éloigné mais après la gifle auxerroise, Bordeaux promet une réaction. Blanc aligne donc logiquement Sertic, Sané, Gouffran et Bellion, qui fête sa quatrième titularisation. Mais la défaite est impossible, en face c’est Monaco et Gourcuff recommença à courir. Dans la phrase « Gouffran rate l’immanquable », il y a Gouffran et immanquable. Blanc n’est pas du genre à s’en foutre.

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