France-Mexique (3/3) : Papy fait de la résistance

Voici venu le temps du procès du football français. Qui est responsable ? Faut-il vraiment trouver des coupables ? Quel est exactement le problème ? Après avoir entendu les témoins directs, après avoir célébré le courageux comportement de la presse, Le Vestiaire livre le verdict de quatre années de foutage de gueule généralisé.

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En dehors de son âge, Escalettes a-t-il une circonstance atténuante ?

Ils étaient trois. Trois entraîneurs à rêver un jour de devenir sélectionneur de l’équipe de France. Ils allèrent à la même école, celle de l’incompétence. Mais ils savaient que ce critère serait loin d’être rédhibitoire pour arriver au sommet. Ils avaient raison. Deux d’entre eux allaient y parvenir. Le plus mauvais y restera six ans, l’autre près d’un an et demi. Le troisième visera pendant quinze ans la Ligue des Champions avec Arsenal. C’est en 1993 que le deuxième est banni à jamais de l’équipe de France A. Il s’appelle Gérard Houiller et se promet qu’un jour il prendra sa revanche. Sa seule revanche ressemblera à une punition de plus, travailler avec Jacques Crevoisier à Liverpool. En juillet 2008, Gérard Houiller est sur le point de remettre la main sur ce qu’il a un jour contribué à détruire en écartant France 1998. En prolongeant Domenech, quel que soit le prix à payer, Escalettes et son escadron de la mort évitent ainsi le retour du fossoyeur. Jacquet, Platini, Houiller en faisaient partie. Garder un fossoyeur pour en éviter un autre, pourra-t-il être plaidé en sa faveur ?

Domenech a-t-il la moindre responsabilité dans l’échec ?

Ce qui était vrai jusqu’en 2008, ne l’était plus après. On pouvait alors reprocher à Domenech de ne pas savoir faire jouer les joueurs ensemble, de n’avoir aucune notion tactique, de prendre n’importe qui pour le faire jouer à n’importe quel poste, de se foutre du monde sans arrêt, d’avancer sans cohérence, de virer des mecs juste parce qu’il ne les aimait pas, de faire du coaching au hasard, d’humilier par petites touches, de n’avoir aucun crédit auprès des joueurs. On le devait même. C’était ce qu’on appelait le Domenech Show.

On pouvait aussi, pourquoi pas, lui reprocher l’échec de l’Euro 2008. On le devait même. Mais lui signer un nouveau contrat, c’était accepter qu’il continue comme avant. Il avait prévenu, ça faisait quatre ans qu’il n’avait pas changé à l’exception de quatre matches de Coupe du monde 2006. Le dicton est connu : si tu ne veux pas que l’alcool te tue, tu ne fais pas la fête avec Marc Cécillon. Peut-on reprocher à Raymond Domenech de ne pas avoir pallié les défaillances physiologiques de Papy, quitte à  garder sa place et le pognon qui va avec ?

Le football français pouvait-il s’en sortir ?

Ceux qui voudront défendre Domenech, et auront aucun doute raison de le faire, pourront aussi arguer de la faute des joueurs sélectionnés. Leur boulard est une chose, leur dégoût les uns des autres en est une autre. Mais cela n’est pas nouveau, en 1998 comme en 2010. Même si entre temps les joueurs sont devenus des rayons de supermarché. Les joueurs se détestent, détestent leur sélectionneur, qui le leur rend bien. Mais tout ça n’a aucune importance car la seule vérité qui compte, au-delà des qualités de Domenech et de l’homme qui l’a maintenu, c’est celle de la génération de joueurs. Si poste par poste chacun fait partie techniquement des meilleurs du monde, ils ne le sont pas assez pour gagner sans former une équipe. C’est bien la raison pour laquelle n’importe quel collectif a pu battre la France.

Abou de farce

Evra et Sagna sont de bons joueurs de clubs, par intermittence, et sans fiabilité ni sur la durée, ni sur la qualité de centres. Abidal a toujours fait des conneries dans l’axe. Gallas est fini depuis trois ans. Diaby, L. Diarra et A. Diarra n’ont jamais existé à ce niveau. Toulalan n’est utile que quand l’équipe n’a pas le ballon. La saison bordelaise de Gourcuff a montré qu’il n’avait aucun avenir national comme international. Govou n’a jamais servi à rien de toute sa carrière. Anelka et Ribéry ont tendance à trop intellectualiser les événements pour briller en société, en compétition et au baccalauréat. Il en va d’une grande équipe comme d’un grand joueur : il faut du talent et un mental, optimisé par un entraîneur. Il manque deux éléments à la génération actuelle. On ne reparlera pas des tauliers, d’une grande défense, ni de Zidane, tout a disparu avec le capitanat d’Evra. Le reste, on vous l’a déjà raconté.

« Au conseil fédéral, il n’y a pas de marionnette, pas de béni oui-oui. Il y a des gens compétents qui prennent des décisions mûrement réfléchies sans être soumis à une pression quelconque. Laissons le bateau avancer. » J.-P. Escalettes, 15 octobre 2008.

2 réponses sur “France-Mexique (3/3) : Papy fait de la résistance”

  1. C’est vrai que le Domenech show a souffert de la comparaison des spectacles offerts par la Fédération ou les joueurs ces derniers jours. Il n’empêche. Evra capitaine, ça a de la gueule ; Domenech avait senti le coup venir et avait heureusement frappé fort avec cette nomination. Reste un match pour finir en beauté. Pourquoi ne pas mettre Gallas sur le banc, Toulalan à sa place pour bien le faire enrager, titulariser Valbuena dont la légitimité est naturelle, et faire rentrer Henry à la 88ème à 1-1 ?

    Je réagis rapidement sur le troisième paragraphe. On a manifestement affaire à des gens qui ne s’aiment pas. Mais ça n’empêche pas de faire un bon tournoi si le patron tient la baraque. L’Allemagne a déjà eu ce genre de problèmes et ils étaient restés compétitifs. Que des types aient pas le béguin entre eux, qu’en fait, ce soient pas des types qu’on appelle sympa, c’est finalement assez logique, une équipe de foot est aussi un échantillon de la population française, mais qu’un sélectionneur n’arrive pas à contrôler cela ou alors qu’il choisisse les hommes adéquats pour éviter ce genre de situation, c’est une erreur d’amateur et Domenech en est bien un. Les joueurs qu’il a eu ou a écartés n’étaient même pas en porte-à-faux de l’équipe, c’était bien plus personnel.

    Snif, une simple photo d’Escalettes. La deuxième partie affichait une belle une de l’Equipe où on pouvait lire « Dernière valise pour Monfils ». Imparable. Paris en balade en Irlande, on parle bien du PSG ?

    PS : Tiens, au moment où j’écris ces lignes, j’entends Luyat et Petit affirmer sans foutage de gueule aucun que Slovaquie-Pargauay était un bon match. Anelka peut continuer à se foutre de la gueule du monde mais en y mettant les formes désormais, Petit lui donnera sa bénédiction.

  2. Devant la demande populaire, nous avons rajouté à la photo, un morceau de la colonne de droite de la une de L’Equipe du 12 février 2005. A la santé de Claude Simonet et Romanée-Conti.

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