Nasri : Ex in the City

Insulter tout le monde, faire une saison de merde et recommencer à ouvrir sa gueule pour postuler. Aucun doute, il est le meilleur des 87.

gene (3)

Qui a dit, il y a quelques semaines sur BeIN sport, avec un accent marseillais et le sourire arrogant de tout repentant sincère, « il y a beaucoup de talent dans la génération 87, mais il faut que la tête suive » ? La réponse ici.

Trop souvent, tout commence à Châteauroux. C’est là-bas, le 15 mai 2004, que Nasri a été pour la première fois un joueur hors du commun, capable de faire avec un boulard ce que Maradona faisait avec un sachet de sucre en poudre. Il avait 17 ans, son permis ne lui avait pas encore été retiré, il ne devait pas d’argent à la fédé et aux sponsors de l’équipe de France, aucun fils de pute de l’AFP n’était dans les tribunes. Il n’y avait guère que Bergeroo sur le banc pour le faire chier, et encore : « Je me rappelle que Nasri avait dit que la Coupe était pour nous. » A la 78e minute, d’une frappe de 20m, la Coupe était à eux, et surtout à Nasri. Comme quoi, il aura réussi à faire vibrer Marseille une fois.

Fous ta cagole

De ce jour, Nasri a toujours voulu être devant les autres, à part Golovin. C’était normal, il était Zidane en plus jeune, en plus marseillais, en plus beau, et puis Zidane il savait pas garder la balle aussi longtemps sans la passer aux autres. Le foot, c’est beau comme une profonde amitié pour Djibril Cissé. Avec Malouda, c’était différent : il voulait sa place et se prenait pour Pelé juste parce que la Guyane c’est pas loin du Brésil. C’était au sélectionneur de lui faire comprendre, mais il a préféré dire que « Nasri, il a gagné quoi ? » C’était quand même pas futé à dix mois d’un premier match d’Euro, où les caméras peuvent facilement filmer les doigts d’honneur et lire sur les lèvres. D’un autre côté, le méchant article de presse avait ému maman Nasri. Tout s’explique : conduire dix ou vingt fois au-dessus de la limite autorisée, c’est la même chose, pourvu qu’on ne paie jamais l’amende. C’était sans doute la bagnole de Menez, de Ben Arfa, ou d’Alou Diarra : il avait pas été très bon contre la Suède lui non plus.

Après l’Euro, il était temps de fermer sa gueule, donc Nasri n’allait pas se priver de twitter quelques conneries. Mais en constatant que Deschamps n’en avait rien à foutre d’un remplaçant à Manchester City, il a consenti à préparer son come back. Tous les agents le savent, surtout Abd Al Malik : sans l’équipe de France, t’es personne. A part Cantona. Dans le doute, Nasri a tenté un truc sur le front d’un joueur de Norwich, mais un bon vieux plan media était plus sage.

L’école de conduite française

Pour une interview en avril, Bernès prévoit toujours une phrase fin décembre : « Je l’ai moins au téléphone, il s’est un peu isolé. Il peut ressentir des sentiments de souffrances intérieurs, parce que les critiques ne sont pas justes. Il ne faut pas être excessif, dans un sens ou dans l’autre. » Il avait aussi écrit la suite à Nasri. « J’aurais dû sortir de mon silence plus tôt. Au lieu de m’ouvrir et de faire mon mea culpa, j’étais dans un esprit négatif, je me disais : « Ils sont tous contre moi. » » On n’en fait jamais trop, surtout au cas où Ruiz ne comprendrait pas pourquoi il est venu : « Venir ici est un soulagement, c’est la preuve que j’ouvre mon esprit. »

On peut aussi retenir  de ce beau moment de vérité qu’Askolovitch était là, et pas uniquement pour se faire Nasri d’un violent « Mancini veut te coller des baffes parce que tu es le meilleur et que tu ne l’es pas tout le temps. Toi-même, quand tu vois ta dernière partie en Angleterre, tu te dis que tu es un bouffon de pas le faire tout le temps. » Sur ce terrain miné, Nasri a donc fait amende honorable. « Un journaliste m’a dit casse-toi, j’ai réagi et je n’aurais pas dû. » La fierté dans les yeux ne veut pourtant pas dire qu’il cartonnera la première salope venue dans un hôtel, ou qu’il insultera prochainement un arbitre. Mancini a d’ailleurs confirmé que Nasri entendait la critique : « Parfois un joueur pense qu’il en a fait assez l’année précédente et ne comprend pas qu’il doit progresser chaque jour. Parfois, vous avez des joueurs qui pensent que ce n’est pas important de travailler, c’est la pire des erreurs. J’aimerais lui mettre des baffes. »

Pendant ce temps-là, Menez continue à jouer en bleu. Pour une fois, il a été plus malin : il a commandé un Téléfoot dès septembre. Et Riolo enfonce les portes ouvertes. Si au moins elles pouvaient se fermer sur sa tronche en lui pétant la mâchoire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *