L’instant judo : Darcel, deux saillies

Dans deux ans c’est promis on fera un article sur Clarisse Agbegnenou. Elle le mérite maintenant qu’elle a trouvé la solution pour gagner les finales à chaque fois contre sa rivale au nom imprononçable. Essayez pour voir : Trstenjak. Alors que Agbegnenou c’est facile. Maintenant Clarisse n’a plus qu’à devenir à Tokyo l’une des plus grandes championnes françaises de l’histoire. Sinon pour les autres, les filles pas les garçons tout mauvais, il faudra les revoir à l’échelon du dessus. Parce que champion d’Europe ça veut toujours rien dire. La preuve.

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19 ans, tout est possible quand on est le meilleur. On peut être déjà champion du monde senior, comme Teddy Riner, ou champion d’Europe senior et médaillé de bronze mondial, comme Darcel Yandzi.

Leurs similitudes ne s’arrêtent pas là. Ce sont des garçons avec un nez, une bouche, des yeux et des oreilles. Nous sommes en 1993, l’objectif est clair pour Darcel Yandzi : devenir l’un des plus grands sportifs de l’histoire et pourquoi pas champion olympique à l’occasion. Sauf que Darcel fait du judo, il le comprendra beaucoup plus tard, en attendant il tente une impasse sur les trois années suivantes. Habile.



Atlanta, 1996.
Rarement l’équipe de France de judo ne s’est présentée avec autant d’arguments. Même si Larbi Benboudaoud semble encore trop timide pour espérer quelque chose cette année-là et si Franck Chambily semble encore trop timide pour espérer quelque chose durant toute sa carrière. Mais à part ça, Gagliano et Bouras peuvent aller loin, pourquoi pas jusqu’à Koh Lanta. Traineau et Douillet sont déjà arrivés. Darcel Yandzi aussi.

Yandzi gang

Sa démonstration au tournoi de Paris, quelques mois auparavant, est encore dans toutes les mémoires. 11 secondes pour écraser son adversaire d’un jour, l’insignifiant Djamel Bouras, soulevé puis balancé sur le sol, il n’y aurait pas eu de tapis c’était pareil. Sauf que c’est du judo. Te guruma ajoutera Djamel en soulevant la paupière qui lui restait. Un « T’es gourou man! » apprécié par Darcel. Sauf que, bien sûr, c’est du judo et que c’est Ura nage, Yandzi fut pris d’un doute en regardant le seul Djamel Bouras en or à Atlanta, car la septième place n’offre à l’époque aucune récompense. Franck Chambily connaîtra le même sort jusqu’à la fin des temps, les fées sont parfois rieuses. Elles le seront à peine moins avec le reste de la bande. Benboudaoud finira champion du monde et vice-champion olympique en 2000. Gagliano, troisième à Atlanta, ajoutera l’argent mondial. Traineau fera fortune dans le commerce du bronze, et Douillet en politique et dans le show-business.

La révolte de Canu

Pour autant, Darcel n’est pas inapte au haut niveau, loin de là. Il va s’atteler à le prouver. Peut-être pas à Sydney, qui arrive trop vite, peut-être pas à Athènes, qui est un peu trop loin. Yandzi demande cinq ans, car il commence à comprendre : c’est peut-être du judo. C’est donc en 2001 que Darcel retrouve le haut niveau. Pour fêter ça, il redevient champion de France et se paye le luxe d’une septième place aux Europe, car évidemment le judo reste du judo.

Les stages et les entraînements de Fabien Canu ne servent pas à grand-chose quand on est surdoué, le mental et le physique non plus.  A 27 ans, la question d’Athènes se pose une nouvelle fois, il y répondra dans deux ans, à quoi bon faire ses preuves à l’avance, quand on est surdoué. Mais c’est du judo, Yandzi le comprend enfin en 2003 quand il perd la finale des championnats de France en se blessant. Un premier tour sur des béquilles en Grèce, ça aurait eu de la gueule non ? Sauf que c’est du judo.

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