Coupe de France, Rennes : Attention Danzé

Peut-on devenir un grand club quand le parking du stade est celui du Flunch qui jouxte un Leclerc ?

C’était il y a 25 ans à peine, la saison 90-91 aurait dû être la dernière du Stade Rennais. Pas seulement à cause de leur entraîneur dont le nom Kéruzoré faisait faire des cauchemars aux aux débutants de district, mais surtout à cause de leur 20ème et dernière place qui signifiait alors descente en division 2. Mais le foot était ainsi fait que les dirigeants faisaient parfois de regrettables erreurs de jugement et se retrouvaient à confondre leur dernière bagnole avec le compte courant associé du club. La moitié du championnat pouvait se retrouver en D2 juste à cause d’un manque d’éducation financière. Courbis y ajoutait parfois quelques décharges de chevrotines dans son derrière. Rennes attendra donc un an de plus pour enfin descendre après un joli 4-1 encaissé contre Strasbourg en barrages. L’équipe était horrible, pour ne parler que de Baltazar et Delamontagne. La moustache de Didier Notheaux n’a rien pu faire. C’est sur ce champ de ruine que va se bâtir le nouveau Stade Rennais espérant éloigner à tout jamais cette malédiction qui vous oblige à voir Pandurovic plonger chaque week-end de la même façon.

T’as le look Ekoko

Lorsque le beau-père de Salma Hayek décide de prendre sa retraite route de Lorient, il sait que ses vieux jours passeront par un peu de déchets. Ils leur donnera de jolis noms : Frei, Lucas, Turdo, Luis Fabiano qui aurait finalement pu rapporter un peu de pognon et même Gourcuff qui bénéficiera du gentil piston de papa pour intégrer la maison Pinault. Ca se reproduit ces bêtes-là. 10 ans après, en novembre 2008, c’est l’aboutissement d’une génération : Paris se déplace à Rennes et perd le choc. Rennes est deuxième, aux portes de l’histoire. Deux nuls plus tard la Bretagne est rassurée. 6 mois plus tard la France l’est à son tour.  Rennes arrache la 7e place finale en encaissant 4 buts de plus que l’OM au Vélodrome. L’ambition est née, elle ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Boulogne va le comprendre en août 2009. 3-0, le Stade est 2e, encore. Cette fois, les Rennais ont retenu la leçon : il faut être régulier.

Ils vont l’être : le 28 août 2010, ils retrouvent cette deuxième place qui leur appartient presque. Pour la première fois Rennes pense clairement au titre de champion de France. Si le championnat s’était arrêté en octobre cette année là, il l’aurait même été. Montano est inarrêtable, Brahimi le nouveau Zidane, Marveaux le Malouda du riche. Le premier s’arrêtera finalement, le second se blessera, le troisième aussi avant de signer à Newcastle. Alors en mars, pour ceux qui n’auraient pas encore compris la différence entre une grande équipe et une moyenne, L’Equipe se demande si la Ligue des Champions est déjà venue en Bretagne. Une superbe série de neuf matches sans victoire débute alors. Le dixième est le bon et assure la 5e place ou presque. Il restait deux défaites à jouer : 6ème. La saison reste belle et le monde ne s’arrête pas de tourner. A quoi bon déclencher une crise ou s’en prendre déjà à Antonetti ? Jérôme Leroy est toujours un esthète, Kembo ressemble encore à Will I am et Féret menace de signer quatre ans. Effectivement certains esprits mal tournés pourraient voir une corrélation entre les résultats et le nom des joueurs.

Le Guen a dû

Car ce n’est pas que Rennes n’aime pas le haut niveau, c’est qu’il ne le connaît pas. Même plongé en Europa League, Rennes hésite. Marquer deux buts à l’Udinese ? Un seul suffit pour perdre 2-1. Dans Atletico Madrid il y a Madrid ? Juanfran égalise à la 86e. Le Celtic Glasgow c’est différent, ils ont dominé l’aller. Mais au retour non. Deux Rennais n’étaient donc pas de trop pour suivre le centreur écossais, sinon comment le buteur aurait été seul dans l’axe ? Peu importe le score était déjà de 2-1. M’Vila n’a pas eu à regretter son expulsion.

Pendant ce temps-là, qui a oublié la mémorable finale de Coupe de France 2009 ? La Bretagne monte à Paris, Bocanegra offre la Coupe à Rennes. Mais pour une fois l’arbitre a laissé jouer au delà de la 70ème minute. Eduardo s’est chargé du reste. La Coupe passera bien par Rennes, mais dans la voiture de Le Graët qui la ramène à Guingamp. Finalement rien n’a changé.

Rennes : Breizh anatomie

Voilà pourquoi Rennes sera favori contre Saint-Etienne.


Vous pensiez qu’une équipe de Coupe qui fait trois demi-finales et deux finales en quatre ans est une équipe de Coupe ? Que l’expression une « équipe de Coupe » serait une fumisterie de plus pour les esprits faibles ?  Ce serait bien mal connaître la Bretagne et ses équipes de Coupe.  Rennes par exemple, un club qui a été élu, plusieurs années de suite, meilleur centre de formation. Les critères sont fiables : si Yoann Gourcuff n’est pas encore au Barça c’est sans doute parce que son père l’a pistonné. Si Danzé n’est pas encore au Real Madrid c’est sans doute parce qu’il veut soulever la Ligue des Champions avec son club de cœur. On y apprend à jouer plus ou moins bien au foot et à bien accueillir les attaquants de Montpellier ou Lens qui finissent inévitablement par ajuster l’effectif conseillés de temps en temps par Charles Biétry. En même temps quel club ambitieux pourrait résister : ils ont pour eux d’avoir réussi une bonne demi-saison. Ceci explique cela, et ça explique peut-être aussi les quatre buts d’Evian le week-end dernier. Qu’on mette un Roumain, un Corse ou un Breton sur le banc, ça finit pareil : les enfants du club prêtent leur Rolex à des amies qui n’en étaient pas. Trop gentils. Dalmat il a pas beaucoup joué, mais au moins il conduisait bourré. Rennes s’avance vers son dixième top 10 en 10 ans. Mais le mardi et le mercredi c’est toujours tennis ballon.

La route de Lorient

Il y eu aussi, avant, l’époque où ne se posait la question de savoir si Rennes faisait une bonne ou une mauvaise saison quand ils finissaient dixièmes. Ils finissaient 20èmes. C’est l’époque où Rennes était la seule équipe à recruter des stars brésiliennes, c’était avant Lucas, elles s’appelaient Baltazar. Ca garantissait du spectacle avec parfois des 0-0, en crypté sur Canal pendant 90 min et souvent des défaites en clair dans Telefoot pendant 3min, la veste trop large de Jaillant en bonus. Aujourd’hui, Rennes est donc devenue la meilleure équipe de Coupe bretonne, à part Lorient bien entendu qui avait réussi à en gagner une en 2002 l’année où Gourcuff se faisait virer de Rennes tout en ayant profité de l’occasion pour  fourguer son gosse au centre de formation. Après avoir perdu en finale contre une Ligue 2 en 2009, ils ont perdu en demi à Quevilly en 2012. C’était du National ce coup-ci, mais c’était CFA lors de l’élimination de 2010, alors du calme. Au cas où il y aurait encore un doute sur l’irrésistible mentalité rennaise, Reims avait sorti Rennes à Rennes en marquant 4 buts en 2011. Vous savez, 2011, quatre ans après 2007, quand Rennes avait pris un but à la dernière seconde du dernier match de la saison, qui lui évitait les sueurs d’un tour préliminaire de Ligue des Champions. Ca n’arrivait jamais avec Le Millinaire, mais c’était de la D2.

Pendant ce temps-là, Saint-Etienne a quand même de bonnes chances de descendre Delamontagne.