Rugby, Palmarès : Les demi de mêlées

Yachvili se retire de l’élite en même temps que le Biarritz Olympique. Sans lui, le vitrine du BO et la panse de Blanco, seraient sans doute moins garnies . Il ne reste que deux matchs à Dimitri pour intégrer la liste suivante, il n’en sera de toute façon pas très loin.

yachvili

Le rugby ne se jugeant que sur deux compétitions, l’une européenne, que la France a déjà perdu, l’autre mondiale, que la France a déjà perdu, il ne suffisait pas d’avoir brillé en Currie Cup, Super 12 ou Top 14 (ça existe) pour y figurer. Voici les cinq meilleurs numéros 9 de ces vingt dernières années.

5. Ruppert Moon

Ceux qui n’ont pas vu le Tournoi des 5 nations 1994 ne savaient même pas qu’il existait. Les autres savent qu’il l’a gagné tout seul avec Scott Quinnell et un Pays de Galles cuillère de bois en 1993. Un des plus grands Quinze tricolores de tous les temps battu. La Coupe d’Europe n’existait déjà pas.

4. Justin Marshall

S’il n’y avait qu’une seule raison pour justifier sa présence, ce serait Byron Kelleher. Oublier ce que signifie jouer au rugby n’est pas condamnable à 36 ans. Il n’a pas gagné la Coupe du monde, mais ce n’est pas que de sa faute.

3. Fabien Galthié

Quatre Coupes du monde qu’il n’a pas gagnées. Une fin de carrière au niveau exceptionnel, voire jamais vu, à la tête d’ un Quinze de France sans équipe, ni jeu. Bernard Laporte était là.

2. George Gregan

L’Australie, c’était plus lui que Larkham ou Horan. Niveau égal toute sa carrière, un peu de génie dans son jeu lui aurait donné la première place. Il a failli se retrouver troisième, mais Bernard Laporte et Boudjellal étaient là.

1. Joost Van der Westhuizen

Le génie des 9. Le plus physique, la plus grande gueule. Une Coupe du monde qu’il gagne seul et un peu avec les organisateurs. Une efficacité hors norme. Une créativité inégalée et une technique inégalable dans le jeu, le sexe ou la drogue. Et en plus il va crever avant Gareth Edwards mais après Jacques Fouroux. La classe.

Egalement cités

Farr-Jones : fin de carrière. Troncon : Italien. Pichot : Argentin. Edwards, Gallion, Berbizier, Fouroux : on a dit vingt dernières annéesCarbonneau : Jean-Claude Skrela ?

Rugby, ProD2 : La Perezina

Il y a 5 ans, une affiche USAP-BO avait une allure de finale du Top 14.

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Par notre correspondant occasionnel à Aimé Giral, Paul Goze-Toujours

Samedi dernier, c’était la finale pour l’accession à la Pro D2. Le rendez-vous qui fait saliver les amateurs de petits tas, d’en-avant repris hors-jeu et de piliers en surpoids de 30 kg (autre genre de petits tas). Un de ces matchs magiques où l’équipe qui joue sa survie peine à battre, à domicile, une équipe pour qui les biarrotes sont cuites depuis plusieurs mois. Entre ces deux finales, Mourad Boudjellal et Jacky Lorenzetti ont fait leur apparition dans le paysage rugbystico-médiatico-financier et les riches d’hier sont devenus les pauvres d’aujourd’hui.

Du côté de Perpignan, beaucoup de choses ont changé. Nicolas Mas, l’enfant adoré et adorable du pays, s’est auto-délocalisé en terre gavatx (prononcez gabatch) et a sous-traité son travail à une brute de Géorgien qui n’a de gentil que le nom. Damien Chouly s’est transformé en Dan Leo, il a gagné 10 cm et 10 kg mais a perdu deux mains et joue avec des moignons. Il parait que c’est gênant pour jouer numéro 8. Dan Carter a pris du poids et s’appelle désormais Camille Lopez. On le reconnait encore à la fréquence et à la gravité de ses blessures. Les Catalanes, le (ni)cœur brisé, doivent se consoler dans les draps James Hook : voilà qui s’appelle descendre en deuxième division. Nicolas Durand le génial demi de mêlée s’est transformé en Nicolas Durand le demi de mêlée qui foire un jeu au pied d’occupation facile puis un autre dans la minute qui suit pour montrer que ce n’était pas un coup de chance, qui se trompe systématiquement de côté pour ouvrir le jeu alors que c’est pourtant pas compliqué, quand tu fais 1m20 et que tu peux pas aller tout droit, c’est soit à droite soit à gauche, t’as 1 chance sur 2 de faire le bon choix, mais y’a des soirs (des saisons ?) comme ça où  ça veut pas, t’as toujours tout faux.

Du côté de Biarritz, il faut beaucoup plus de 5 ans pour que quelque chose change. Dimitri Yachvili s’appelle toujours Dimitri Yachvili, il est toujours le 9/buteur/gagneur/mentor de l’équipe et le sera pour l’éternité, sa coupe brossée n’a pas bougé d’un millimètre, tout comme son sourire qui fait craquer les biarrotes comme les bayonnaises même si ces dernières ne l’avoueront jamais. Julien Peyrelongue est toujours ce demi d’ouverture irremplaçable dont aucun autre club ne voudrait dans son équipe Reichel. Damien Traille sert toujours d’arrière/centre/demi d’ouverture de dépannage. Imanol Harinordoquy est toujours blessé. Vous l’aurez compris, Serge Blanco ne déteste rien de plus que le changement, surtout lorsqu’il s’agit du fauteuil de président dans lequel son large fessier est vautré depuis des siècles. Lorsqu’il annonce que « des têtes vont tomber », il s’agit bien entendu de têtes de veau sauce gribiche, de têtes d’agneau à la tunisienne, etc… qui vont tomber dans sa panse. Toutefois, si Serge aimerait conserver tous ses chers joueurs-cadres pendant 20 ans encore, il est certain qu’il vendrait père(longue) et mère pour que Biarritz ne tombe pas de sa falaise. S’il persiste à ne toucher à rien, Blanco va peut-être devoir changer de Kampf : le mécène biarrot, qui ne supporterait plus qu’un vendeur de BD  le fasse passer pour un sans-le-sou et un looser, envisagerait d’imiter son homologue de l’Aviron Bayonnais et de réduire sa participation financière au budget du Biarritz Olympique. Cap ou pas Cap Gemini ?

 

Le destin du Biarritz Olympique, écrit il y a de longs mois, porte officiellement le sceau de la ProD2 depuis samedi dernier. Celui de Perpignan est en ballotage. Condamnée à recevoir Oyonnax pour un match décisif le weekend prochain, l’USAP se Tichit dessus. A raison : tout au long de ces 22 journées de championnat, les avants oyonnaxiens ont pris le temps d’expliquer au Top14 comment ils sont devenus champions de ProD2 l’année passée : en marchant sur la gueule, sur le ventre, sur les oreilles de leurs adversaires, en mangeant leurs doigts arrachés avant qu’on ne les recolle. Nous avons procédé à un rapide micro-trottoir en pesage à Aimé-Giral afin de recueillir des pronostics, dans le but d’affiner notre expertise et de se refaire une santé au Cote &Match après quelques weekends désastreux. Compte tenu de la septimanie qu’a leur équipe de s’échapper quand le jeu se durcit, les supporters catalans s’attendent à une boucherie. On ne peut qu’applaudir une telle démonstration de lucidité.

Marc Delpoux, à la recherche d’une solution pour éviter le désastre qui s’annonce, a passé la semaine à s’arracher les cheveux qu’il n’a plus depuis longtemps. Christophe Porcu refuse de sortir de sa retraite une deuxième fois, tout semble perdu. La vérité, c’est qu’il n’existe qu’une seule solution. Elle est sanglante. Furieuse. Insoutenable. Maudite. Conscients de l’atrocité que représente une telle extrémité, nous ne consentons à écrire cette horreur dans les lignes à venir que parce que nous avons la CERTITUDE que Marc Delpoux ne sait pas lire et ne pourra donc pas la mettre en œuvre. Il faut faire jouer Jean-Pierre Perez sans muselière, sans camisole et sans lui injecter de sédatifs. Nous pouvons d’ores et déjà annoncer le résultat du match : ce sera la Pérezina pour Oyonnax. Il y aura alors davantage de sang que d’or sur les maillots catalans.

Pendant ce temps-là, Guilhem Guirado a déclaré qu’il « s’en voudrait toute sa vie si l’USAP descendait ». Il n’y a vraiment pas de quoi : il est l’un des rares joueurs de l’équipe à être au niveau. Lorsque Guilhem pleurera dans le Corail Intercités à destination de Toulon, ses larmes seront absorbées par le bandeau qui lui recouvre en permanence la moitié des yeux. 

France-Angleterre : Un maigre Buttin

Thierry Dusautoir devrait bientôt reprendre son rôle de sélectionneur.

William Servat, Julien Bonnaire, Lionel Nallet et Julien Dupuy ne l’avaient pas invité à leur jubilé, dimanche, et pour un peu son intrusion serait passée inaperçue. La fiche technique est pourtant formelle : Maxime Mermoz a bien remplacé Vincent Clerc à la 36e minute. C’est sa grand-mère qui a dû être contente.

Celle de Wesley Fofana aussi, mais pour d’autres raisons. Le petit a marqué contre le XV de l’arrose son quatrième essai en quatre matches. Promis, il essaiera aussi de faire des passes la prochaine fois.

L’indulgence Ouedraogo

Mais ne soyons pas trop dur avec ce XV de France encore en rodage. Les deux-tiers de l’équipe ne jouent ensemble que depuis quatre ans. Comment voulez-vous qu’elle trouve des automatismes dans ses lancements avec aussi peu de vécu ?

Contre les athlètes écossais, nos Bleus ont d’abord appris l’endurance. Puis la conservation du ballon contre l’Irlande et les coups de pied de plus dix mètres contre l’Angleterre. A Cardiff le week-end prochain, Philippe Saint-André leur montrera peut-être comment taper un drop. Les placages attendront la tournée d’été. Chaque chose en temps.

Fritz au four

Le moustachu sans moustache est toujours aussi sympathique avec les journalistes et c’est surtout ça qui compte. Pour leur faire plaisir, il a même été jusqu’à reconnaître ce lundi qu’il lui avait fallu un mois et demi pour se rendre compte que certains de ses joueurs n’avaient pas le niveau international. Patience, le jour viendra peut-être où il offrira à Rougerie la même sortie grandiose qu’à Lionel Nallet.

C’est à se demander ce qui est le plus inquiétant aujourd’hui. Que Clément Poitrenaud soit le meilleur arrière depuis deux matches ? Que les Anglais sachent jouer au rugby quand ils ne finissent pas leurs concours de lancers de nains à cinq du mat’ ? Que même Rhys Priestland est meilleur que Trinh-Duc au pied ? Ou que sept millions d’imbéciles continuent à regarder de telles daubes chaque week-end ?

Pendant ce temps-là, Yachvili se demande quelle excuse il va bien pouvoir trouver cette fois pour retourner sauver Biarritz.

Serge Blanco : « C’est pas du Lux »

Le responsable éditorial de notre service pelote basque a profité du dernier week-end sans rugby pour aller voir Toulouse-Biarritz et s’offrir quelques jours de thalasso à Hendaye. Il y a partagé son jacuzzi avec Gareth Thomas et Serge Blanco.

LE VESTIAIRE : Serge, vous avez demandé la semaine dernière à nos confrères de L’Equipe ce que vous pourriez bien « aller foutre à l’IRB ». Pourquoi ne pas vouloir étendre votre influence dans le monde du rugby ?

SERGE BLANCO : Je suis déjà à la tête d’une maison de retraite, d’un hôtel de Lux et du casino de Gujan-Mestras. Tous les trous du cul de la Sorbonne portent mes polos à 90 euros et je suis président à vie de la Ligue nationale. Vous comprendrez que je lâche pas tout ça pour aller me faire Lapasset.

GARETH THOMAS : Et pourtant, il est bien conservé.

LE VESTIAIRE : Vous préférez peut-être la présidence de la FFR ?

SERGE BLANCO : Je viens de te dire que j’en avais rien à branler de toutes ces conneries (Gareth Thomas sort les mains des poches de son short de bain). Pierre Camou fait du super boulot à la Fédé. Il trouve jamais rien à redire à ce que je lui demande.

LE VESTIAIRE : Camou est-il une marionnette ?

SERGE BLANCO : Je ne crois pas l’avoir déjà vu aux Guignols. Ni au musée Grévin.

LE VESTIAIRE : Il a récemment préempté les voix de la Ligue à l’ERC pour faire réélire Jean-Pierre Lux au nom de « l’intérêt national du rugby ». Qu’est-ce que ça vous inspire ?

SERGE BLANCO : (Il prend une grand bouffée d’air) Je m’en bats les couilles. Il n’y a que le terrain qui m’importe. Après, si Lux rajoute encore deux places pour les clubs français en H-Cup la saison prochaine, ça pourrait peut-être permettre à Biarritz de la jouer.

LE VESTIAIRE : Que penser des deux premiers matches de l’équipe de France dans le Tournoi ?

SERGE BLANCO : A l’époque, Marc Cécillon se serait tiré une balle si on avait gagné en Irlande en marquant deux essais de moins qu’eux. On a aujourd’hui une génération de tarlouzes.

GARETH THOMAS : (En sortant la tête de l’eau) Qu’est-ce qu’il y a, Serge ?

SERGE BLANCO : Rien, rien. Continue à faire des bulles, Alfie.

LE VESTIAIRE : Le French flair est-il mort ?

SERGE BLANCO : Foutaises ! J’y ai encore mangé un croque la semaine dernière.

H-Cup : les fils à Jo Maso

Le RC Doumiac jouera-t-il un jour un quart de finale de Coupe d’Europe en Espagne ?

La branlée australienne de l’automne n’était donc qu’un accident. Et nous qui osions railler, il y a deux jours encore, le « Maso schisme » du rugby français. Tout le monde fait des erreurs. Damien Traille en sait quelque chose.

La dernière journée de poules de la Coupe Heineken a réveillé nos coqs : quatre clubs français verront les quarts de finale. Rien que ça. Le public espagnol va se régaler. Ceux qui voudraient comprendre pourquoi nos fleurons du Sud Ouest sont obligés de délocaliser leurs matches dans un pays du Tiers-Monde peuvent aller voir Le Fils à Jo. Les autres se féliciteront avec nous et l’AFP de l’embellie du rugby tricolore. Vivement la Coupe du monde que ces tarlouzes d’All Blacks voient de quelle table en bois Mathieu Bastareaud peut se chauffer.

Paume Fritz

Ceux qui auraient voulu faire passer pour une gentille foire d’empoigne cette compétition sponsorisée par le premier brasseur de Hollande, grand pays de hockey sur gazon féminin, en sont pour leurs bières au frais. Prendre la moitié des équipes du Top 14 et toutes les franchises galloises ne fait pas forcément de vous un rassemblement régional. La preuve, ces deux Biarritz-Toulouse et Perpignan-Toulon font déjà saliver dans toutes les chaumières écossaises.

Et que dire du prestigieux Challenge européen et de ces Stade Français-Montpellier et La Rochelle-Clermont qui nous changeront un peu de la monotonie du Top 14 ? Espérons seulement qu’une telle réussite continentale ne tire pas trop sur la corde de nos internationaux avant le Tournoi des Six Nations. En rugby peut-être plus qu’ailleurs, on ne peut pas courir deux Lièvremont à la fois.

Pendant ce temps-là, Florian Fritz a prouvé aux supporters des Wasps qu’il savait quand même bien faire quelque chose de ses mains.

L’Edito : Les Français sont des Vaulx

Pendant que Le Vestiaire goûte quelques congés bien mérités en période de soldes, une Grange reprend feu et c’est toute la campagne qui s’embrase grâce à la Coupe de France.

La magie de Dame Coupe de France n’est donc pas qu’une légèreté de journaliste de presse régionale. Comment expliquer sinon que l’OM va mieux depuis qu’il s’est débarrassé de la Coupe à Evian et que François Clerc n’était pas aussi heureux que ses victimes, dimanche soir, au Ray ? Si vous n’avez pas compris la vanne, contentez-vous de lire la presse espagnole, qui a trouvé un successeur à Higuain, le même que toutes les trois semaines. On se retrouve dans trois semaines. En Espagne comme ailleurs, c’est donc l’année où jamais pour les petits, manque de bol c’est du foot. Sinon, l’Open d’Australie serait truffé de Français, peut-être même qu’il y en aurait encore pendant le week-end des huitièmes de finale.

Hache Cup

L’avenir finira bien par sourire puisque le petit Mozart est redevenu le leader du tennis français, tout le monde n’ayant pas eu le mérite de perdre contre Berdych. Et pourtant même Guy le friqué a déjà connu la deuxième semaine à Melbourne, ça doit pas être plus compliqué que d’aligner Llodra contre Troicki alors qu’on a battu Djokovic deux semaines avant et d’aligner Simon contre Djokovic alors qu’on met tout le temps des branlées à Troicki. Le tout en reconnaissant qu’on a fait une connerie, mais foutre en l’air la carrière de cinq  joueurs ça ne vaut cas de rupture de contrat même quand il y en a eu sept avant.

Mais tout le monde n’a pas eu la chance de tomber sur des Français entraînés ou non par Guy Forget. Ou plutôt si, mais c’est dans un sport où les autres nationalités ne sont pas représentées. Sinon il faut croire que l’Irlande, le Pays de Galles, l’Ecosse et l’Angleterre ont aussi prévu de réussir une belle Coupe du monde. Les deux quarts seront d’ailleurs joués en Espagne, quand on tient son public on ne le lâche pas.

Il y a aussi du hand, mais le Mondial est encore reporté à dimanche prochain et le Tour de France à jamais.

L’Hommage du Vestiaire : Munster & Cie

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La finale du Top 14 se jouera cette année au Stade de France sur deux matches aller-retour.

Il faut parfois se rendre à l’évidence. Accepter l’indiscutable. Dans la foulée de son Grand Chelem triomphal, la France a envoyé ce week-end deux de ses fleurons sur le toit de l’Europe. N’en jetez plus, la H-Cup est pleine. Si la Coupe du monde se jouait cette année, Lièvremont découvrirait sûrement que Webb Ellis n’est pas qu’une marque de ballons.

Les clubs français ont écrasé le rugby européen avec les mêmes méthodes que la sélection nationale : une grosse mêlée, des avants conquérants et un pack surpuissant. Si la Nouvelle-Zélande a quinze arrières, nos Bleus, eux, ne jouent qu’avec les gros. Le sport, c’est comme la mode après tout, on revient toujours à ce qui se faisait dans les années 1960.

La quéquette Driscoll

Les All Forwards biarrots ont tellement dominé leur sujet dimanche qu’ils n’ont même pas eu besoin de marquer un essai pour passer en finale. A quoi bon tenter le diable quand on a avec soi le meilleur buteur géorgien de l’histoire ? Le meilleur buteur irlandais de l’histoire n’avait en face que ses 33 ans d’expérience, dont 33 au plus haut niveau, à lui opposer. Ca n’a pas suffi, quand bien même le staff du Munster s’offrait en fin de match le luxe de faire rentrer sa petite merveille, Peter Stringer, 32 ans et demi.

Rappeler que Wallace, Quinlan, O’Callaghan, Horan, Hayes, Flannery, Berne, Cullen, D’Arcy, Fogarty, Hines, Horgan, Jennings, O’Kelly, Wright et O’Driscoll ont tous connu l’âge d’or de Keith Wood serait faire un bien mauvais procès au rugby irlandais. Toulouse a aussi ses trentenaires. Dire que le Munster et le Leinster n’ont qu’une seule compétition à jouer n’explique pas non plus leur présence en demi-finale : c’était quand même plus facile, cette année, sans les clubs anglais. Perpignan en regretterait presque son impasse.

Pendant ce temps-là, Toulon, avec deux Français dans son XV de départ contre Connacht, récolte enfin les fruits de son travail de formation.

H-Cup : Plus que Malzieu pour pleurer

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Erratum : Le Vestiaire est en mesure de confirmer, après enquête en Corrèze, qu’il existe bien une Coupe d’Europe de rugby.

Une demi-finale de H-Cup tient parfois à peu de choses, à ces petits détails qui font basculer un match. Trop longtemps victime de l’arbitrage, Clermont pensait enfin tenir sa chance cette saison, mais les quatre pénalités, la transformation et les trois drops ratés de Broke James en ont décidément autrement. Le rugby est décidément cruel au pays des volcans, et dire que le parrain du Vestiaire sacrifie chaque printemps ses deux jours de congés annuels pour monter à Paris.

Même nos amis du Midol, la plume chargée de compassion, n’ont pas trouvé les mots pour expliquer la déveine de l’ouvreur australien. C’est aussi sûrement un mauvais concours de circonstances si le buteur clermontois est passé depuis trois ans à travers tous les matches à enjeu de l’ASM et qu’il n’a trouvé son salut qu’en France après un début de carrière anonyme, comme ces basketteurs américains trop nuls pour la NBA.

Une bande de Connacht

L’exploit n’est donc pas passé loin pour Clermont face à la meilleure équipe d’Europe du monde, qui ne l’est pourtant plus vraiment depuis le départ de Contepomi et la retraite d’O’Driscoll. Les Auvergnats auraient dû coller quarante pions au Leinster, mais quand bien même Merceron est en rééducation sur la côte Atlantique, ils se confondent à s’y méprendre avec la mascotte de leur mécène pneumatique : sympathiques, rondouillards, mais vraiment mous du slip.

Le week-end européen a en tout cas confirmé le renouveau du rugby français. Le Vestiaire s’était peut-être inquiété un peu vite au lendemain des Six Nations : les trois-quarts tricolores peuvent aligner trois passes sans faire tomber le ballon et Malzieu sait bien courir. La Coupe Heineken est pleine de révélations. Lyon-Bordeaux a cette fois été gagné par Toulouse et sa nouvelle petite merveille, Yannick Jauzion. Le réservoir de talents est inépuisable dans la ville rose, qui n’est pas Paris, malgré ses maillots. Le centre toulousain est néanmoins soumis à forte concurrence avec la jeune pépite biarrote, Damien Traille, 31 ans. Lequel des deux gagnera le match pour la troisième place ?

Pendant ce temps-là, Mourad Boudjellal se demande bien comment se prononce Connacht.

Hémisphère Sud : La Super manne

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Les VI Nations et le Stade Français ayant fait relâche ce week-end, notre spécialiste rugby a quitté Cardiff en voiturette de golf pour aller voir un match de Super 14.

De notre correspondant spécial à Whakapapa Village

Peyo Greenslip, comme son père, gendarme, n’avait pas encore de moustache sur le torse quand le professionnalisme a accouché, comme sa mère, porteuse, de cet assemblage bancal d’abord baptisé le Super Douze (prononcez « twelve »). Le petit bigourdan se levait alors la nuit, au milieu de ses rêves mouillés, admirer ces hommes d’un autre monde pratiquer un sport qui ne serait jamais le sien. Et puis, Peyo a grandi, aussi sûrement que l’élastique de son unique culotte. Quinze ans après, le Super est toujours Super, mais se joue à quatorze (prononcez « fourteen »), et Le Vestiaire, qui ne compte plus ses frais de déplacement, a donné à son analyste, sanguin, l’occasion d’aller jeter son œil de verre sur ce qu’il se passe, là bas, au pays des All Blacks et des kangourous.

Goode mourning

Finalement, s’assoir dans les tribunes d’un match de Super 14, c’est un peu comme regarder un film porno avec le décodeur : on y perd une part de magie. Les gars ont deux bras, deux jambes et Andy Goode à part, tous font des passes vers l’arrière. Si les placages y étaient autorisés, on pourrait presque croire qu’ils jouent au rugby. L’organisation en moins. Le Super 14, c’est en fait la fusion improbable d’Albi et du Stade Français : aucune âme, pas de défense, mais un lot de gamines à moitié nues et des pétards mouillés pour faire passer la pilule.

Max Guazzi l’amoureux a longtemps rêvé que les présidents du Top 14 se donnent la main pour dessiner ensemble un monde sans relégation ni enjeu où les maillots sont en fleur et les CD d’Hermes House Band partent aussi vite que les calendriers de mecs à poil. Ce monde existe et même Michalak l’a trouvé. Il n’a pas d’histoire, pas de passé. On y marque un essai toutes les trois minutes, c’est beau et rapide, ça passe bien à la télé, mais le public a compris depuis longtemps qu’on lui vendait juste des maillots et des rasoirs jetables à la mi-temps.

Pendant ce temps-là, nos banquiers fédéraux rêvent d’imposer un jour en France ce modèle franchisé plein de pognon et d’équipes aux noms ridicules. Le service marketing est déjà sur le pont : Vachettes de Biarritz ou Saucisses de Toulouse ?