Dortmund-Marseille : Eculés de Sammer

Dortmund a réussi l’un des plus beaux exploits du football français.

Mai 93, Didier Deschamps entame un tour d’honneur, la bave aux lèvres bien avant que les médecins de la Juve ne s’en mêlent. C’était le temps de l’émotion, de la gloire et du foot français au sommet, l’avant Houiller en somme. Presque vingt ans plus tard, c’est à nouveau le temps de l’exploit et du tour d’honneur : Gignac est enfin blessé. L’OM n’a donc pas volé ses branlées en février, avec un peu de chance c’est même Nicosie qui s’en chargera. L’Allemagne a décidément quelque chose contre la France, et l’imagination débordante qui va avec même quand Goebbels n’est plus là.

Boli à baldaquin

Nkoulou venait de passer 90 minutes à distribuer un ballon du match à chaque spectateur, il y avait bien de quoi entamer un tour d’honneur. Diawara impérial sur le premier but allemand, Mbia spectaculaire sur le second, avec Nkoulou et Diarra ils étaient au moins quatre Marseillais à se disputer le Ballon d’or, comme en 1993. Ayew ne savait pas, sinon il aurait été bon. Après tout en 93, déjà il n’avait pas empêché l’OM de gagner. Depuis des mois, on pressentait que refaire d’un Abedi Pelé un titulaire indiscutable, et parfois même lui laisser être le meilleur joueur de l’équipe, aurait des conséquences irréversibles. Il a donc fallu lui adjoindre le soutien de Djimi Traoré deux fois de suite pour voir les vérités en face : Jimmy ça s’écrit pas Djimi et Marseille n’a pas besoin d’un adversaire bon pour être mauvais.

Mais, et c’est la seconde bonne nouvelle après le beau match de merde de Lucho, voir la vérité en face c’était surtout voir Dortmund deux mi-temps, ce que même l’Europa League s’épargnera au printemps. Le mur jaune, Kohler, Sammer : les photos dans le couloir du Westfalenstadion qui n’est plus le Westfalenstadion rappellent que ce club a gagné la C1 pas plus tard qu’il y a quinze ans. Qui aurait pu penser qu’Amalfitano fasse si mal à un si grand d’Europe ?

Un paquet de Klopp

Ianetta et ses grappes de raisins aux oreilles ont tenté de le faire croire à Deschamps après le match mais, contrairement à Margotton au garde-à-vous, il n’écoutait plus. Valbuena non plus n’a rien écouté avant de rentrer, comme d’habitude, et c’est ainsi qu’il est le meilleur. Perdre des ballons, penser à sa gueule, ça ne l’a jamais empêché d’être la star. Une star ça peut se la raconter jusqu’à prendre le numéro 10 de Zidane en équipe de France pour sa première sélection, ça peut aussi scénariser sa joie avec un rictus d’épuisement on ne peut plus logique après 16 minutes d’effort. Ca peut tout oser tant que ça marque le but décisif, et que Diawara soit très mauvais ou juste à chier, l’OM en revient toujours au même point. Personne n’aurait demandé ça à Gignac de toute façon.

Pendant ce temps-là, Margotton demande à Houiller comment battre le Barça.

OM : Deschamps et du blé

Alors que Brandao n’a aucune raison de ne pas revenir, les frères Ayew peuvent s’interroger. Ils joueront, mais est-ce une bonne chose ?

Avec 4 nouveaux joueurs, si l’OM n’a pu conserver son titre, le club compte bien récolter les fruits de son recrutement de l’été dernier. Et pourtant d’après nos informations, Gignac aurait décidé de rester une saison de plus. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, Lucho est toujours là, alors qu’il aurait très bien pu être fatigué et parti après la Copa America. Heureusement celle-ci est déjà finie pour la pire Argentine de l’histoire. L’OM ne sera donc pas privé de son stratège. De toutes façons, le stratège ne l’a pas jouée car le stratège n’est pas un stratège. C’est donc reposé, rasé et toujours tatoué au mollet comme les grands que l’Argentin a pu enrouler un coup franc contre Montpellier en amical. Montpellier a gagné 1-0. Les propositions ne vont pas tarder. 

Alou, ah l’huile

C’est visiblement pour combler le départ de Mamadou Niang que l’OM est passé à l’action très tôt : deux défenseurs, deux milieux. On peut aussi dire un relégué, un champion de France 2009. Et surtout deux Lorientais : malin, Abriel pourra leur expliquer comment on passe le temps à Marseille. On n’est jamais à l’abri d’une bonne pioche : Amalfitano était quand même suivi par Séville. Le voilà le stratège.

L’OM l’an dernier, c’était avant tout une défense, quand Mbia était d’accord. Le recrutement clot désormais le chantier de l’attaque. Diarra et Nkoulou sont grands, ils mettront bien quelques coups de tête. Finis les 1-1 contre Auxerre sous les sifflets du Vélodrome : Gignac, Valbuena et Rémy n’auront plus aucune raison de trouver la pelouse du Vélodrome gigantesque, en cherchant un attaquant qui sait faire ce qu’eux ne savent pas, c’est-à-dire à peu près tout. Au cas où, Valenciennes a aussi de bons attaquants qui n’ont jamais joué la Ligue des Champions.

Pendant ce temps-là, le Vestiaire a dépêché un émissaire à Lorient pour comprendre comment Gourcuff a gagné son premier titre : multi-millionnaire.

Les questions interdites : Le départ de Gerets est-il une bonne nouvelle pour l’OM ?

gila

L’entraîneur belge attend toujours une bonne offre de son actionnaire. Elle ne viendra pas, comme quand une direction ignore son gros nul d’entraîneur.

Saccomano ne s’en remettra probablement pas. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe : Eric Gerets s’en va, sans même fêter le titre de champion que l’OM n’est pas sûr d’avoir puisque comme Le Vestiaire le craignait, Zidane fait quelques piges à Bordeaux. Manœuvre désespérée pour donner encore un peu de mental à une équipe qui n’est pas la meilleure de France ? Ce serait bien vu, mais ce n’est pas ça. Gerets vient juste de comprendre que prendre une décision comme celle-là à Marseille ne pouvait pas être tenu secret. C’est comme pour le vrai niveau de Zubar : quand la vérité éclate, tout le monde en profite.

La vraie question est donc celle-ci : être un bon client pour les médias, pour les joueurs (surtout les mauvais), sortir des phrases choc ou la moitié de son équipe à la mi-temps quand elle fait n’importe quoi suffit-il à faire d’un entraîneur un grand entraîneur ? Une victoire à Liverpool pour le baptême du feu avec un but de Valbuena est-elle un exploit, nullement rendu suspect par un 0-4 au retour, qui donne un crédit illimité ? Eric Gerets a façonné son OM. Il l’a tellement changé qu’Albert Emon met machinalement son survêtement tous les matins et qu’il engueule M’Bami dès qu’il le voit.

Tapie dans l’ombre

L’OM était une équipe de fin de saison, ça n’a pas changé. L’OM était habituellement en crise l’hiver, il a réussi l’exploit d’encaisser trois buts nancéiens dans son stade le 21 décembre dernier. Seul Le Havre pouvait s’en vanter. L’OM était largement plus fort que le Zénith Saint-Pétersbourg, mais a choisi de faire l’impasse sur le match retour il y a un an. Le Shaktior Donetsk a rejoint l’URSS cette saison. On n’ira pas jusqu’à écrire qu’emmener l’OM en finale d’UEFA avec Drogba fait d’Anigo le meilleur entraîneur marseillais des 20 dernières années, ça s’appelerait de la cruauté.

Pour Sacco et ses amis, pour l’ancien spécialiste foot du Vestiaire, l’incapacité chronique de l’OM à aller au bout de ses épopées est restée un mystère. L’entraîneur n’a rien à voir là-dedans. Par contre, Hilton, Erbate, Koné, Mears, les 25 matches de Zubar, les contrôles orientés de Brandao, Samassa, Kaboré, Wiltord, c’est lui et Dreyfus n’avait rien demandé. Le niveau Ligue des Champions, lui, demandait une équipe capable de bien défendre et de bien attaquer dans le même match. La réponse marseillaise est dissimulée derrière le nombre de huitièmes de finale. Pour dépanner, Civelli est remonté de la cave en pleine saison, c’est futé. Lorient en a beaucoup souffert. Qui a dit que ça coûtait aussi l’UEFA ?

Pendant ce temps-là,  le Vélodrome a oublié que Papin et Boli ont joué dans la même équipe et que l’entraîneur belge, c’était pas Gerets. Pour la nouvelle crise, on dit merci qui ?