Tennis, Masters : Djokovic et Nadal sont-ils humains ?

Ils se nourrissent l’un de l’autre et malgré leur apparence humaine ne sont plus que des egos avec des raquettes. Elles pourraient être en bois ou cordées avec les testicules de Gasquet ça ne changerait rien. Bientôt ils ne voudront plus jouer que des finales l’un contre l’autre. Ce qu’ils font déjà depuis la retraite de Federer et la mort du dentiste de Murray. Autopsie des deux plus beaux monstres de l’Histoire du tennis.

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Une enquête de notre spécialiste tennis Titi Lardé

Que signifie le terme monstre ? On en trouve trois acceptions au moins et chacune colle parfaitement avec les biceps ultraprotéinés de Nadal ou la perruque incoiffable de Djokovic. Au choix, les monstres sont des êtres fantastiques de la mythologie populaire. Des animaux, personnes ou objets de très grande taille ou effrayant ou bien des personnes inhumaines qui suscitent l’horreur.  A l’évidence personne ne serait surpris de voir la photo de l’un ou de l’autre pour illustrer ces définitions. Et pourtant rien à voir avec le fait qu’ils puissent taper toujours plus fort durant 5 heures. Le tout avec un mental et une technique plus solides que le coffre-fort suisse de Guy Forget. Alors qu’en est-il de la saison des monstres ?

Novak Djokovic avait commencé la sienne très doucement en gagnant comme d’habitude l’Australie après un 12-10 au 5e set, en 8e contre Wawrinka. Etre passé si près de la défaite contre un type prénommé Stanislas peut effectivement susciter l’horreur. Puis Novak a gagné à peu près tout ce qui se présentait comme tournoi pas intéressant sans même perdre ni son grand-père, ni sa grand-mère. Un vrai progrès, presque mythologique. Il n’avait pas prévu de perdre contre Del Potro et Haas dans la foulée. Inhumain. Mais quelle importance cela pouvait-il avoir ? Tout le monde ne parlait alors que de la rivalité du futur, celle entre lui et Murray. Certains ont pris leur retraite pour en avoir enduré moins que ça. Et puis Nadal est revenu et il est arrivé à Djoko ce qui pouvait lui arriver de pire : battre Nadal à Monte-Carlo en finale. Ce n’était pas important pour Nadal mais lui seul le savait.

Après ça, le Serbe était quasiment assuré de rester numéro un mondial à vie : il jouait assez mal, perdait contre Dimitrov et Berdych sur terre battue sans se rendre compte que s’autodétruire n’était pas nécessaire : Nadal n’avait pas besoin de ça pour savoir qu’il allait revenir. Ca a donné 9-7 au 5e à Roland et quatre sets en finale à l’US Open le tout en ne voyant mourir que Federer, les derniers espoirs de Gasquet et une espèce de mère spirituelle. Mais en fait il n’a jamais été aussi heureux de perdre car grâce à ça il a gagné les 20 matchs joués depuis.

Il est redevenu Djoko : un premier set parfait, un deuxième foutu en l’air, et quand viennent les moments importants il ne laisse rien : quand il faut torcher Del Potro au 3e il le torche, quand il faut humilier Federer il l’humilie, quand il faut lui faire comprendre qu’il ne court plus assez vite ni assez longtemps Djoko n’hésite pas, et il fait ça sans suer. Pour le battre il faudra encore tuer un membre de sa famille, s’il en reste, car la guerre en ex Yougoslavie a quand même fait des dégâts. Ca ne l’empêchera jamais d’avoir la classe de dire que Ferrer est un adversaire à prendre très au sérieux. Par contre quand il faudra tweeter « congratulations Andy » à Murray pour son deuxième Wimbledon, il n’aura plus tellement envie de le refaire.

Quant à Nadal, on l’a assez dit : il a passé son année à soigner un genou, battre tout le monde hormis Djoko, battre Djoko, prendre la place de Djoko et garder la place de Djoko et comme d’hab s’inoculer des trucs dégueu sans qu’on soit au courant. Rasmussen avait essayé le sang de chien. Pourquoi pas après tout, nous sommes tous des animaux. Du coup Djoko a dit que c’était mérité, en pensant qu’il lui mettra le manche, les balles et le cordage pour se venger l’année prochaine. Mais Nadal n’est pas homme à se laisser piquer si facilement, enfin à ce qu’il en dit.

Ca donne donc les plus grands matchs de l’histoire du tennis : quatre ou cinq heures de tennis total, à plus de dix coups de moyenne par échange et avec des défenses incroyables. Nadal balance des vamos avec ses tendons rotuliens déjà passés de date, Djokovic réplique avec son régime au gluten, c’est du jamais vu et pourtant ils sont encore meilleurs qu’avant. Arracher leur t-shirt d’une seule main ne leur suffit plus, tenter de filer le VIH à l’autre, à grand coups de revers dans la diagonale de Djoko ou de coup droit long de ligne de Nadal, non plus : ils se sont déjà mangés le cerveau à tour de rôle, à l’escabèche pour l’un, en tourte Gibanica pour l’autre. Les autres n’ont évidemment plus aucune chance en Grand Chelem, même à deux points du match, jusqu’à nouvel ordre.

Du coup, qu’a fait Federer cette année ? Il a joué avec passion, pas mal perdu, et peut-être qu’il s’est approché de son meilleur niveau en fin de saison. Comment savoir ? De toute façon ça n’aurait pas suffi.

 

 

 

US Open, Gasquet : Le huitième jour

Une qualification en seize 8es de finale : Richard peut-il échouer dans sa quête de record ce soir ? Au cas où ça dépendrait de Raonic, le Vestiaire a enquêté. Nous sommes en mesure de vous révéler que Richard aime bien le deuxième set, qu’il a remporté six fois sur seize. Mais voilà ce que Richard n’aime pas dans un 8e de finale.

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1. Les autochtones

C’est un fait : Richard n’aime pas faire mal au public quand il joue à l’étranger. Tout remonte à son premier US Open, en 2005. Il affronte Robby Ginepri, que la presse américaine rechigne à surnommer Mozart et elle ne le regrettera pas. Mais quand il s’agit de mettre la casquette à l’envers, Ginepri soutient la comparaison, d’où le 6-0 au 5e set. Richard découvre les joutes universitaires américaines, même si la coke lui est encore étrangère. Quand il rencontre Murray sur ses terres de Wimbledon, il mène deux sets zéro en 2008 mais n’ose pas aller au bout de la démonstration. En 2011 il a retenu la leçon, il se permet d’emmener Murray au tie-break mais pas plus loin. Même problème en Australie face à Tsonga qui a un coach australien en 2013. Foutue politesse.

2. Les top 100

C’est le point commun le plus évident de tous. Gasquet n’a gagné qu’un huitième de finale. C’était à Wimbledon 2007, avant d’en perdre onze de suite. En face c’était Tsonga, celui aux genoux rabotés qui commence à refaire surface. Ritchie s’était imposé en trois sets, pas plus impressionné que ça par la 100e place mondiale de son ami Jo dont la photo jouxtait encore la vitrine dédiée aux interclubs d’Angers Tennis club. Si seulement il avait connu la suite à l’avance, il se serait sans doute abstenu.

3. Les joueurs plus forts que lui

C’est une troublante révélation que Richard a confessée en juin. Poussé dans ses retranchements par Luyat, il avait mis le doigt non pas sur Golovin assise pas loin mais sur  les raisons du syndrôme. « Je suis tombé sur des joueurs plus forts, souvent Ferrer, souvent Djokovic, souvent Murray, c’est ça qui m’a fait mal. » Vérification faite, c’est arrivé six fois pour six défaites effectivement. Comme d’habitude Richard voit juste. Et c’est vrai qu’en plus six fois sur seize c’est souvent. Mais qui sont les autres ?

4. Les autres

Qu’est-ce qui rassemble Tsonga (8e mondial en Australie 2013, 38e en Australie 2008), Robredo (6e en Australie 2007), Wawrinka (10e à Roland 2013), Mayer (29e à Wimbledon 2012), Nalbandian (19e à Wimbledon 2005), Monfils (19e à l’US Open 2010, Hewitt (17e à l’US Open 2006) et le fameux Ginepri (46e à l’US Open 2005) ? La réponse est simple : pas grand-chose voire rien du tout. Il y a du puncheur, du joueur de fond de court, de l’attaquant, du défenseur, du serveur-volleyeur, du joueur nul à chier, du français, du pas français et même de l’allemand, du droitier, du gaucher. Ils ont pourtant tous l’air d’avoir aimé un jour de leur vie les matchs en trois sets gagnants contre Richard.

5. Mener deux sets zéro

Ce n’est pas arrivé si souvent, c’est vrai. Mais Richard l’a fait contre Wawrinka et Murray et ça lui est revenu dans la gueule. Alors très peu pour lui, ça marche pas.

6. Revenir de deux sets zéro

Revenir quand on est mené d’un set c’est dur, alors de deux c’est l’exploit et puis il faut se bagarrer. C’est arrivé encore moins souvent à Richard, une seule fois en 8e contre Hewitt à l’US Open 2006 et ça lui est revenu dans la gueule au 5e. Alors très peu pour lui, ça marche pas non plus, sauf en quarts contre Roddick à Wimbledon mais c’était un quart, c’était Roddick et ça arrive qu’une fois dans une vie, enfin il paraît.

La bonne nouvelle, c’est que Richard n’a jamais affronté de golgoth qui mesure 2 mètres 50 et qui sert à 500 à l’heure en 8e de finale. La mauvaise, c’est que quand il a joué Raonic ou Isner cette saison il a perdu. Par contre il a battu Querrey mais Querrey il va pas en 8e de finale, il perd contre Mannarino au 2e tour.

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