Formule 1 : Vettel a pris qui croyait prendre

Vous avez attendu longtemps et vous avez bien fait. Voici enfin un nouvel opus de la formidable saga de notre spécialiste formule 1. Y-aura-t-il un bonne vanne ? Apprendra-t-on quelque chose ? Rien n’est moins sûr, mais au moins dans quelques jours vous découvrirez son analyse du film Rush qu’il n’a pas vu alors qu’il est déjà sorti. A quand la critique de Michel Vaillant sorti en 2003 ?

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BR Driven (2)Par Henri Carl

On a parfois l’impression d’écrire toujours le même papier et c’est peut-être vrai. En même temps il se passe toujours la même chose. Serez-vous surpris d’apprendre que Vettel est déjà champion du monde ? Serez-vous étonnés que je vous raconte que plus personne ne pourra le priver du titre, si ce n’est son meilleur ennemi : lui-même ? Mais celui que je taxais de feignasse est, sans trop forcer son talent, toujours là dans les bons coups. Et si vous imaginez que je vais continuer à affirmer qu’il est moyen alors qu’il écrase tout, vous avez raison. Les résultats parlent d’eux-mêmes : 115 points sur les 5 derniers GP, 76 points pour Alonso. Il en est de même pour Red Bull qui sera également primée à la fin de la saison. Quelle est la valeur ajoutée de mon expertise ? Aucune. Je me contente de constater tout en affirmant des trucs indémontrables mais c’est ma patte. Et c’est déjà bien d’en avoir une.

Derrière Raïkko semble déjà ailleurs et pourquoi pas au pays des pizzas et de la Mafia. Alonso-Raïkkonen : une équipe qui aura décidément une belle paire. Celle-là je crois que je vous l’ai faite la semaine dernière. Mais je vais pas mettre 15 jours pour ecrire un article et en plus renouveler mes blagues. Red Bull ne sera pas à la hauteur l’an prochain. Ca aussi je l’ai déjà dit, mais je suis un des seuls à penser que si Vettel reste le champion que l’on connaît, Ricciardo va devoir se faire violence car il tarde à confirmer et ne le fera pas. Ce n’est donc pas lui qui poussera Vettel dans ses retranchements. Si j’ai tort, je risque de devoir manger beaucoup de coquillettes dans les années qui viennent.

Coté tricolore, ca sent le moisi. Pic se fait régulièrement distancer par Van Der Garde depuis quelques courses. Attention au carton rouge. Vergne a du mal et encaisse mal le fait de ne pas avoir été choisi par Red Bull. Comme s’il avait eu une chance. C’est à partir de maintenant qu’il peut faire n’importe quoi. Et Bianchi aura probablement une Sauber l’an prochain : merci Ferrari. Grosjean n’est pas qu’un kamikaze mais n’est pas forcément non plus un champion en puissance.

On a en fait l’impression d’être déjà un peu en vacances et moi au chômage comme à l’époque où je touchais le RSA. L’impression que tout est joué. Que certains comme Massa, Sutil, di Resta ou même peut être Bottas ne seront jamais les champions dont on se prenait à rêver. Que la F1 est un monde cruel, dans lequel Hulkenberg se démène pour marquer avec sa Sauber et pour se trouver un nouveau volant, et où Williams, équipe historique s’il en est, n’est plus que l’ombre d’elle-même.

Pour la peine, on ira voir Rush au cinéma pour se replonger dans la glorieuse histoire de la Formule 1 même si c’est Ron Howard qui tient la caméra.

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GP de Malaisie : Red Bull vous donne Vettel

Redbull

Les conférences de presse de la seconde ère Schumacher se font désormais en Allemand. Et pourquoi pas en Australien ?

Il n’avait pas 4 ans quand Schumacher a pointé pour la première fois le bout de son menton de prognathe dans le grand cirque de la F1. Le destin et l’arrogance naïve du Daron Rouge les ont réunis cette saison sous le même chapiteau, mais le gamin est le seul, pour l’instant, à fouler la piste aux étoiles.Vettel est avec Kubica le pilote le plus régulier du plateau. Un seul des deux a une voiture compétente et il ne parle pas Polonais. Presque gêné d’avoir battu Webber en roulant pendant deux heures le coude hors du cockpit, le jeune Allemand aurait déjà pris 75 pions si les ingénieurs de Red Bull savaient dessiner autre chose que des canettes en alu.

Vettel avive

C’est un miracle, derrière, si Ferrari passe la campagne asiatique avec un tel bilan comptable. Ses deux pilotes sont en tête du classement sans rien avoir montré d’autre que leur flair en qualif’ et la supériorité évidente des Red Bull et des McLaren. S’il avait su, Ross Brawn aurait de son côté repris Barrichello pour porter les plateaux-repas de Schumacher. La comparaison aurait sans doute été moins cruelle. Volontairement réservé, jusqu’ici, sur les performances du quadra-dégénère, le gérontologue du Vestiaire doit bien se faire raison : ce n’est plus la moitié du pilote qu’il vénérait jadis. Combien de temps encore va-t-il supporter l’humiliation ?

L’argent Malaisie

La F1 a en tout cas retrouvé son visage habituel après le remue-mais nage de Melburne. Un podium figé dès le premier tour et des dépassements à la pelle sur les attardés : la saison va être longue jusqu’au sacre de Vettel. Il ne peut pas pleuvoir tous les week-ends. Quoique. Bernie a bien inventé les Grand Prix de jour en pleine nuit, il n’y a qu’un pas maintenant pour faire tomber la pluie sous le soleil. On arrose bien les terrains de foot. Et comme dirait Button : plus ça mouille, mieux c’est.     

Pendant ce temps-là, le rallye est tombé encore plus bas que la Formule 1. Et pourtant, il y avait de la marge.

GP d’Australie : Ecclestone et Charden

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La saison de Robert Kubica s’est terminée en Australie avant même que celle de Vettel commence. Lequel des deux sera champion du monde le premier ?

Retenu à Melburne pour des raisons professionnelles, notre spécialiste bolidage a bien failli ne jamais livrer son analyse du Grand Prix le plus passionnant de la saison. Des pluies torrentielles, John Travolta et une lutte acharnée pour le point de la dixième place : que pouvait attendre de plus le public australien, si ce n’est peut-être un pilote national compétent ? Aussi prompt à s’enflammer que le réservoir de Niki Lauda, Le Vestiaire était même prêt à faire pénitence, sur les genoux, jusqu’aux faubourgs de Sepang  : comment avait-il osé douter du bienfait des nouvelles règles ?

Le chemin de croix attendra pourtant un peu. Les rediffusions ne pardonnent rien : doubler sous drapeau bleu une Lotus qui a trois tours de retard  ne gonfle pas forcément les statistiques de dépassements. La remontée fantastique d’Alonso s’est ainsi curieusement achevée une fois passée en revue toutes les épaves qui rendent huit secondes au tour à sa Ferrari. La manoeuvre de Button sur Vettel, elle, était imparable : l’Allemand n’a pas bougé du bac à sable, les freins hors service, quand l’Anglais lui a pris les commandes de la course.

Melbourne supremacy

A part ça, le monde de la F1 aura sans doute eu le week-end dernier moins d’enseignements à tirer que Jenson dans son motorhome. Si personne ne peut savoir qui de Webber, de Barrichello ou de Trulli prendra le premier sa retraite anticipée, Kobayashi a tout de même confirmé qu’il était dans la droite lignée des grands pilotes japonais : jamais les oreilles de Buemi n’avaient eu si chaud, et pourtant, ses parents ont dû avoir la main lourde.

Une nouvelle fois trahi par sa mécanique, l’ancien nouveau Schumacher commence lui sa saison comme Frank Williams : avec handicap. Ca aurait pu profiter à l’ancien nouveau Tiger Woods de la F1, mais ce dernier ne sait plus quoi inventer, depuis que sa Pussycat l’a largué, pour ramener trois blondes dans sa Merco. Button pourrait quand même partager.

Pendant ce temps-là, le nouvel ancien Schumacher a virtuellement pris le leadership de la deuxième séance d’essais libres malaisienne. Le huitième titre lui tend les bras.

GP de Bahreïn : Lotus et bouses couillues

lotus

Parti élever des buffles malgaches en Mayenne, notre spécialiste F1 avait accepté de faire son retour cette saison pour les deux ou trois amateurs de sport auto qui savent lire et écrire. Malheureusement, la première course a été reportée.

Ça avait pourtant l’air, comme ça, d’une bonne excuse pour ne pas aller voter. Trois champions du monde et demi, un borgne brésilien, Schumacher, le nouveau Schumacher, Senna et le nouveau Senna : le casting était aussi bandant qu’un dimanche de David Coulthard au coin du feu. Après quinze années de réformes stériles, de luttes intestinales et de partouzes extrémistes, la FIA allait enfin avoir du spectacle. Pourquoi a-t-il phallus qu’elle vienne y mettre son grain de sel ?

Le plateau se suffisait largement à lui-même, Häkkinen et Damon Hill en moins, mais une nouvelle saison de F1 n’en est pas vraiment une sans une flopée d’innovations. Passe encore le barème de points. Au moins, tout le monde est content, on se croirait à l’Eurovision. Par quel miracle, par contre, l’absence de ravitaillements pouvait-elle favoriser les dépassements ? C’était depuis dix ans le seul moyen de bouleverser la hiérarchie des qualifs. Autant donc les supprimer : bourrées à plein, les bagnoles ont une belle marge de manoeuvre pour attaquer. Il fallait y penser.

Sakhir royal

Le monde de la F1, de Kuala Lumpur à Abu Dhabi, a donc vécu ce week-end le Grand Prix le plus chiant depuis la première retraite de Schumacher. On a d’ailleurs longtemps vu un Allemand en tête pour un doublé Ferrari à l’arrivée : l’histoire que reniait jadis Oswald Mosley n’est après tout qu’un éternel recommencement. Ca ne veut pas forcément dire que Jenson Button sera encore champion du monde.

Pour une fois, L’Equipe.fr pose en tout cas les vraies questions : comment lutter contre l’ennui ? Le débat est ouvert. Il y a bien le scrabble ou le sudoku, mais on l’a déjà dit, le taux d’alphabétisation des fans de F1 dépasse rarement celui des rédacteurs des magazines de tuning. La procession bahreïnienne a finalement soulevé plus de doutes qu’il y avait de spectateurs dans les travées de Sakhir : Bruno Senna a-t-il un lien de parenté avec Sacha Baron Cohen ? A quel âge peut-on devenir conseiller régional ? Lequel des deux Schumacher était dans le Bas-Rhin dimanche ?

Pendant ce temps là, trente pèlerins prêchaient dans le désert, aux tréfonds d’un pays sans autre culture automobile que les millions de réservoirs qu’il remplit à travers le monde. Et si Raikkonen avait eu raison d’aller faire des tonneaux au Mexique ?

L’actu du week-end

Le retour de Batum

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Nicolas Batum reçoit un coup de main avant les play-offs.

Shaq jour suffit sa peine

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Toute à sa joie de rejoindre Twitter et le « 21e siècle », l’animatrice télé noire la plus riche des USA, Oprah Winfrey, s’est faite bâcher par Shaquille O’Neal comme une vulgaire Fred Weis. « ur caps r on, btw », lui a répondu le Shaq, ce qui fait en bon Anglais : « Your caps are on, by the way » ou « arrête d’écrire en capitales avant de te la péter, pauvre conne ».

Laconique

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Qui a dit que Régis Laconi était une chèvre ?

Welsh Welsh

Le Stade toulousain, qui à l’heure où nous écrivons est en train de confirmer au Vélodrome sa grande forme actuelle, n’a finalement pas à rougir de son élimination à Cardiff le week-end dernier. Les Blues ont passé cinquante points à Gloucester (50-12) cet aprem à Twickenham pour gagner la prestigieuse Coupe anglo-galloise. La femme de l’arbitre n’habitait pourtant pas au Pays de Galles.

Fier de Lens

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Notre jeu-concours du week-end : qu’est-ce que peut bien dire à son voisin le troisième gardien de la réserve de Liverpool, Charles Itandje, pour s’amuser autant pendant la cérémonie commémorative de la boucherie d’Hillsborough (96 morts) ?

Le roi de la jungle

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Essais qualificatifs du Grand Prix de Chine : le diffuseur arrière de la nouvelle monture de Jenson Button ne lui suffit pas à aligner une troisième pole consécutive.

Khalilou ? Oui, c’est moi

Plus fort encore que Fiorèse et Ravanelli ? C’est possible. Qui peut par contre bien être ce fameux Khalilou qui court trop vite ?

Ricky la belle vie

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Le boxeur anglais Ricky hatton aime tellement Manchester City et les tatouages qu’il s’est fait ajouter la devise de son club préféré sur les omoplates. Ricky aime par contre un peu moins le latin : le Superbia In Proelia original a été traduit en Anglais pour ne pas trop dérouter les fans. Il ne manquerait plus qu’il passe pour un intello.

Termine à tort

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Allez, on profite du week-end et de cette pub de David Beckham pour Motorola pour donner un peu de rêve à nos lectrices. Il doit bien y en avoir quelques-unes.

GP de Malaisie : Orage et désespoir

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Toute l’Europe s’est donc levée à 11 heures pour rien : Button n’a jamais été pilote de offshore. La course amputée, comme Zanardi, Le Vestiaire n’écrira qu’une moitié d’article.

D’aussi loin que les archivistes du Vestiaire se souviennent, ce n’est pas la première fois qu’une course est arrêtée avant son terme pour quelques gouttes de pluie. Une averse monégasque avait même coûté à Alain Prost le titre mondial 1984 (ndlr: sa victoire ce jour-là ne lui avait rapporté que 4,5 points au lieu de 9), abandonné pour un demi-point au côté gauche de Niki Lauda.

Ce n’est pas non plus la première fois que la FIA  doit essuyer les plâtres de ses décisions commerciales : la course aurait sûrement pu repartir si son départ n’avait pas été différé cette année pour permettre aux téléspectateurs européens de se lever un peu plus tard le dimanche. Pourquoi donc aller se fourvoyer de nuit dans le Tiers-Monde si la F1 n’intéresse que BBC One, la ZDF et Jacques Laffite ?

Menteur, menteur

Vainqueur de sa troisième moitié de Grand Prix consécutive, Jenson Button lui-même n’aura pas plus d’enseignements à tirer que d’anciens mannequins dans son motorhome. Les écuries aux extracteurs litigieux (Brawn GP, Toyota et Williams) sont encore au-dessus de Massa, mais on n’est, après tout, plus à un déclassement près. Lewis ‘I’m not a liar’ Hamilton a pleuré le sien toute la semaine dans la presse britanique : il a menti à l’insu de son plein gré, sous la torture, mais on ne l’y reprendra plus.

Septième, le champion du monde est sorti du chaos malaisien pour récupérer deux points, qui n’en font qu’un, et revenir à hauteur de ses adversaires directs en qualif, Buemi et Bourdais. La voix chevrotante sous le déluge – « It is undrivable, it is undrivable » – le Manceau garde malgré tout son avance, au classement, sur les deux Ferrari et la BMW de Kubica. Mais la saison de Vettel est encore longue : celui qui peut donner aujourd’hui le nom du champion 2009 est aussi visionnaire que les lecteurs de L’Equipe.fr.

Pendant ce temps-là, Sébastien Loeb est toujours en course pour le Grand Chelem que Le Vestiaire lui a promis.