Dinamo-Lyon : Décidément, Zagreb les yeux

Le miracle lyonnais écrit désormais la légende du football français. Mais c’est quoi au juste un miracle ? Avant seul Bernard Tapie savait en créer.


Même Wiltord n’avait pas pris autant son pied à Lyon et pourtant la famille Fred y avait mis du sien. L’improbable s’est produit, Lyon a remonté sept buts de handicap, Gourcuff a toujours le sien. Décisif à aucun moment, il a mis la pédale douce. Pourtant c’était la soirée parfaite où rien n’a perturbé la marche en avant d’une équipe qui croit en son destin. Le Dinamo n’y pouvait rien, harassé comme si on leur avaient pompé leur énergie tout l’après-midi. Un festival de passes que seuls les virevoltants Lyonnais pouvaient leur envier. Ils ont profité de l’aubaine et de cette force intérieure des grands clubs qui écrivent leur légende pour multiplier les coups de boutoir dans le solide 2-3-5 croate. Et bientôt 2-2-5 puisque Leko avait choisi ce match pour tester la patience des arbitres de football sur les plaquages à retardement. M. Clattenburg n’avait pas le choix, ce fut l’expulsion dès la première mi-temps, avec cette assurance décidée de l’homme qui connait par cœur ses identifiants Bwin. Grisés, les Lyonnais s’en remettaient aux Dieux. Marquer sept buts en trente-deux minutes à Raon l’Etape est une chose, il n’y a par contre que la prière pour espérer que des Hollandais marquent deux buts tout en perdant 3-0. Les soirs de grandeur n’empêchent pas Lyon de prendre un but, ni Cissokho de reculer, reculer, reculer, se retourner et tomber pris dans une feinte qui n’existait pas. Zagreb c’était quand même costaud. Presque autant que le Milan 1996, qualifié au coup d’envoi du quart de finale retour de C3 mais plus à la fin. L’ancien Gourcuff jouait aussi. Un exploit ?

En même temps, quand tu es éliminé, que tu n’as plus rien à jouer et que tu perds, rien n’interdit d’arrêter de jouer. Et de toutes façons, on continue tous de regarder le Tour de France.

Dortmund-Marseille : Eculés de Sammer

Dortmund a réussi l’un des plus beaux exploits du football français.

Mai 93, Didier Deschamps entame un tour d’honneur, la bave aux lèvres bien avant que les médecins de la Juve ne s’en mêlent. C’était le temps de l’émotion, de la gloire et du foot français au sommet, l’avant Houiller en somme. Presque vingt ans plus tard, c’est à nouveau le temps de l’exploit et du tour d’honneur : Gignac est enfin blessé. L’OM n’a donc pas volé ses branlées en février, avec un peu de chance c’est même Nicosie qui s’en chargera. L’Allemagne a décidément quelque chose contre la France, et l’imagination débordante qui va avec même quand Goebbels n’est plus là.

Boli à baldaquin

Nkoulou venait de passer 90 minutes à distribuer un ballon du match à chaque spectateur, il y avait bien de quoi entamer un tour d’honneur. Diawara impérial sur le premier but allemand, Mbia spectaculaire sur le second, avec Nkoulou et Diarra ils étaient au moins quatre Marseillais à se disputer le Ballon d’or, comme en 1993. Ayew ne savait pas, sinon il aurait été bon. Après tout en 93, déjà il n’avait pas empêché l’OM de gagner. Depuis des mois, on pressentait que refaire d’un Abedi Pelé un titulaire indiscutable, et parfois même lui laisser être le meilleur joueur de l’équipe, aurait des conséquences irréversibles. Il a donc fallu lui adjoindre le soutien de Djimi Traoré deux fois de suite pour voir les vérités en face : Jimmy ça s’écrit pas Djimi et Marseille n’a pas besoin d’un adversaire bon pour être mauvais.

Mais, et c’est la seconde bonne nouvelle après le beau match de merde de Lucho, voir la vérité en face c’était surtout voir Dortmund deux mi-temps, ce que même l’Europa League s’épargnera au printemps. Le mur jaune, Kohler, Sammer : les photos dans le couloir du Westfalenstadion qui n’est plus le Westfalenstadion rappellent que ce club a gagné la C1 pas plus tard qu’il y a quinze ans. Qui aurait pu penser qu’Amalfitano fasse si mal à un si grand d’Europe ?

Un paquet de Klopp

Ianetta et ses grappes de raisins aux oreilles ont tenté de le faire croire à Deschamps après le match mais, contrairement à Margotton au garde-à-vous, il n’écoutait plus. Valbuena non plus n’a rien écouté avant de rentrer, comme d’habitude, et c’est ainsi qu’il est le meilleur. Perdre des ballons, penser à sa gueule, ça ne l’a jamais empêché d’être la star. Une star ça peut se la raconter jusqu’à prendre le numéro 10 de Zidane en équipe de France pour sa première sélection, ça peut aussi scénariser sa joie avec un rictus d’épuisement on ne peut plus logique après 16 minutes d’effort. Ca peut tout oser tant que ça marque le but décisif, et que Diawara soit très mauvais ou juste à chier, l’OM en revient toujours au même point. Personne n’aurait demandé ça à Gignac de toute façon.

Pendant ce temps-là, Margotton demande à Houiller comment battre le Barça.