Brésil 2014, Equipe de France : Zinedine aux aurores

Devant l’optimisme ambiant, et avant que Ribéry ne provoque un clash, il est plus que temps de mesurer le pedigree des nos onze futurs champions du monde. 

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Lloris : Il convient de rester juste : la 6e place de Tottenham et les 51 buts encaissés en 38 matchs ne sont pas entièrement de sa faute. Maintenant c’est vrai qu’à bien y repenser, qui se souvient d’un de ses arrêts en 2010 et en 2012 ?

Debuchy : Sur son flanc droit, il a trois manières de s’en sortir indemne contre les grandes nations : ne pas révéler qu’il joue à Newcastle, jouer comme un ailier parce qu’on dit qu’il est meilleur contre-attaquant que défenseur, ou laisser Sagna se démerder.

Varane : Dans toute l’histoire, la Coupe du Monde a-t-elle déjà tenu à un genou ? Elle lui a déjà coûté sa saison, hormis la finale de Ligue des Champions et France-Ukraine, ce qui est déjà mieux que Koscielny qui n’a qu’une Cup.

Sakho : Il est à peine plus titulaire à Liverpool qu’à Paris. Ca suffit pour jouer en bleu. Ca suffit pour gagner le Mondial ?

Evra : Il s’en sort toujours par une flou juridique. Il est pas bon mais il est capitaine à Manchester. Il était capitaine à Knysna mais Deschamps l’a eu à Monaco et les autres l’aiment bien. La faille des Français ce sont les latéraux mais Debuchy est à droite. Donc en fait on sait jamais rien sur lui à l’avance. A part qu’il est cramé.

Cabaye : Xavi lui enviera sans doute son statut de remplaçant en club : il sera frais.

Pogba : La pépite. Le phénomène. S’il réussit son Mondial, il découvrira peut-être les quarts de finale de C1 la saison prochaine, et des matchs contre des grandes équipes.

Matuidi : Il présente au moins l’avantage de ne pas jouer à la Juve. Et grâce à Cavani, il a pu se reposer depuis fin avril. S’il pouvait marquer des buts et couvrir Sakho, Evra et Debuchy, il serait l’homme parfait.

Valbuena : Le meilleur, et de loin. Il a déjà réussi son Mondial en empêchant Nasri de venir. Le reste, ce sera du bonus.

Benzema : Toute nation prétendant au titre a besoin d’un buteur de classe mondial à 0 but en 2 phases finales.

Ribéry : Si personne ne lui dit qu’il ne pourra pas gagner le Ballon d’or même en cas de victoire finale, ça peut passer. D’ailleurs il a déjà rempli une part de son contrat en déclarant forfait. La suite c’est le petit Griezmann qui s’en chargera et quoi qu’il advienne il ne méritera pas ça.

Pendant ce temps-là, juste au cas où, s’ils la gagnent, Ruffier aura droit de la toucher ?

PSG-Real : L’effet pas si beau

Ce n’est pas parce que BeIN dépense son pognon sur des matchs d’avant-saison qu’il faut y prêter de l’attention.

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La télé tournait pour elle seule en plein cœur d’une après-midi moite et orageuse. Rien ne justifiait vraiment le fait de regarder le meeting de Londres. A part peut-être les bientôt traditionnels essais à 6,16m de Lavillénie qui cette fois n’a pas encore pu hisser son énorme teston par-dessus. Ou la simple envie d’étaler son pognon à la face de Canal. BeIN avait aussi choisi d’envoyer Boumsong commenter Rennes-Nantes. Sacré derby breton. Rien ne pouvait donc laisser présager d’un papier PSG-Real sur le Vestiaire dans la fureur et l’insomnie de 1h du matin. Mais voilà, Josse a dit sa connerie. Il a pourtant attendu une bonne vingtaine de minutes. « Pas de doute ce match ressemble à de la compétition. » On pourrait en vouloir à Crevoisier de pas lui en avoir collé une si on était sûr que c’était bien Crevoisier avec lui, mais comment savoir. Et après tout, peut-on en vouloir à Josse ? Il parle avec le cœur, comme quand il faut s’insurger parce que Pastore rate ses coups de pied arrêtés alors que les tireurs du Real les réussissent. C’est un vrai problème ça.

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Il y avait alors une occasion toutes les trois minutes. C’est typique de la compétition, en particulier d’une demi-finale de Ligue des Champions puisque c’était un peu la pensée de notre pertinent confrère : les défenses centrales aiment admirer les combinaisons plein axe des attaquants adverses. Et puis physiquement quel rythme entre deux équipes qui sont à l’aube de leur premier match officiel, ou presque : deux semaines pour le PSG et trois pour le Real, pour deux équipes qui visent leur pic de forme pour le début de la C1. Rappelons qu’elle démarre cette année encore mi-septembre. Sauf pour Lyon bien sûr, ce sera en août, mais c’est déjà très bien.

Affûté et prêt à en découdre, Ibra en aurait dégueulé sur le terrain s’il avait couru, d’ailleurs il a failli. Mais il a préféré s’économiser pour tenter un lob à deux minutes de la fin parce qu’il jouait en Suède. Tout Vestiaire que nous sommes, il faut parfois savoir mettre sa fierté de côté et de reconnaître une erreur : Ibra est aussi capable d’être nul à chier en match amical. Ça ne l’empêche pas d’insulter ses jeunes coéquipiers quand ils oublient de lui filer le ballon, surtout chez lui en Suède. Eh oui, un PSG-Real en Suède ça ressemble bien à de la compétition.

Mais alors faut-il s’inquiéter que Paris se soit créé aucune occasion en deuxième mi-temps, que Motta soit toujours pas bon, que Lavezzi soit toujours mauvais, que Lucas soit toujours remplaçant même quand il est titulaire, en un mot qu’on n’ait vu que Sirigu ? Valdo, Kombouaré et Zamorano absents, ça donnait presque envie de voir Cavani. Ça fait peur, un peu comme Josse qui commenterait le Tour de France.

Pendant ce temps-là, Guardiola en a pris une comme Heynckes n’en prenait pas, et avec les mêmes joueurs plus Thiago Alcantara et une bonne gifle. Mais il était pas amical ce match-là.

Le grand requin Blanc : Satyre Nasri

Carte blanche au requin Blanc cette semaine, qui nous a dicté une belle légende Nasri en conférence de presse, sans un mot à changer.

Il ne supportait déjà pas ses petits sourires en coin dans L’Equipe du dimanche. Alors, voir Samir Nasri dire que Manchester City c’est « the club of the future, a big project », avec non seulement l’impression de valoir ses 28 millions, mais surtout d’être parfaitement bilingue, c’était la provocation de trop. Le requin l’avait déjà mis en garde.

Marseille, Arsenal : le requin ne lui a rien épargné. Le sens du message est assez simple : lui a joué à Montpellier, mais il s’est rattrapé. « Un grand joueur se mesure à son nombre de titres. Pour l’instant… » La Coupe intertoto n’existe plus, ça fait donc zéro en comptant les coupes des villes de foire. Il y a bien quelques finales de Coupe, mais Zidane aussi les a toutes perdues. Le « mais ça va venir… » n’a pas tardé, et il a bien été prononcé sur le ton auquel Matuidi a droit quand il tente une passe vers l’avant.

Le pince William

Zidane oblige, le Minot a un bon gros boulard, alors le requin va parler de Zidane. « En 1998, il y avait un super joueur et de bons joueurs. Ce n’est plus le cas. » Evidemment, le requin s’étonne que toutes les questions tournent autour de Nasri, c’est pour ça qu’il s’est préparé un dossier de presse. « Nasri, c’est 26 sélections je crois ? C’est vous les statistiques. Ah, 23. Bon, et combien de buts ? Deux. » Contre la Géorgie et le Maroc, la précision n’était pas inutile.

Comme ça il sera déjà content d’être convoqué pour porter les bidons de Martin, qui non loin de là s’apprête à en prendre quatre contre Karkov. Nasri est bien sûr le plus fort, mais à quoi bon si Martin marque autant en un match ? « La patience, la patience… A un moment il faut agir. » Ce genre de conneries qui n’apporte rien, c’est juste pour être humiliant.

C’est alors l’heure du grand final. Est-ce un assistant de l’attaché de presse ou une âme innocente qui ose soutenir que l’équipe de France a été dépendante de Nasri comme de Ribéry ? Peu importe, c’est le marchepied vers la gloire. « L’équipe de France dépendante de Samir ? Que lui l’ait cru, peut-être, mais c’est qu’il y a une erreur quelque part. » Au choix, cette interview commandée à L’Equipe Mag, ce brassard au Luxembourg, ce camouflet à Gallas, ce titre de champion d’Europe des moins de 17 ans avec Menez, Benzema et Ben Arfa.

Pendant ce temps-là, Hoarau « pourrait nous rendre quelques services« . Qui veut un café ?

Ligue 1, PSG : Le Doha d’honneur

Bientôt 85 millions dépensés : la patte gauche de Leonardo sévit toujours au Parc des Princes et elle semble toujours aussi gauche.  Le PSG doit tout gagner c’est pourquoi il se donne les moyens de tout perdre.

Parce que la Ligue 1 c’était plus facile avant

Qu’il est loin le temps où le PSG survolait la Ligue 1,  quand les matches au Parc étaient gagnés d’avance, quand un septuple champion de France rendait les armes trois fois par saison, quand Paris dominait physiquement et techniquement. C’était l’année dernière. Sur l’instant, des ajustements auraient suffi, autant tout changer. A ce stade de l’été, difficile de dire dans quel mur s’arrêtera le PSG. Si le béton n’a pas encore été livré, les briques sont déjà là.  Non content de s’intéresser à tous les nouveaux Pelé et Maradona de moins de 20 ans pouvant justifier d’une sélection, le club qatari a aussi acheté. Et pas dans n’importe quel club : en équipe de France. Matuidi, Menez, Gameiro sont venus garnir les fauteuils de stars à côté de Sakho et Hoarau. Il ne manque que Cabaye, M’Vila et Rémy, Blanc pourra venir entraîner ses remplaçants au Camp des Loges plutôt que de tous les rassembler pour faire briller un Sochalien en Ukraine. Sébastien Mazure et les quelques abonnés de CFoot n’ont pas fini de vibrer.

Parce que Chantôme n’est pas arrière droit

Comment se passer de son meilleur joueur ? Autant il a toujours été simple de trouver un autre poste à Bodmer, autant il serait dommage de mettre Chantôme à droite, quand bien même  Ceara n’a jamais su ecrire C1 sur son CV. Makélélé-Chantôme au milieu, c’était la clé de voûte du système parisien. Pour mieux profiter de ses arrières-petits enfants, Makélélé a décidé d’arrêter. Chantôme aussi, sagement conseillé par Leonardo, par Sissoko qui a presque joué une saison complète en trois à la Juve et par Matuidi, qui, si ce n’est le palmarès, la technique, l’aura et la science de Makélélé, n’a rien à envier à Makélélé. Nênê a hâte de savoir lequel des deux viendra, comme Chantôme, combiner en une touche. Jusque-là, une touche ne voulait pas dire que l’adversaire remet le ballon en jeu avec les mains.

Parce que Pastore a la rage

Le recrutement de Pastore obéirait à une triple exigence : dépenser du pognon, piquer un joueur auquel le banc de Chelsea faisait les yeux doux et réunir toutes les garanties pour que le joueur reparte libre dans son club formateur à l’hiver 2012. Des rares images obtenues de Palerme, des matches amicaux de l’Argentine, de ses 39 minutes jouées au Mondial 2010 et des vieilles photos d’Huracan, on voit que Pastore sait faire des petits ponts. Autant dire le geste qu’il faut pour réussir en Ligue 1. 45 millions, c’est à peine trois fois plus qu’Okocha. S’il réussit trois fois plus que lui, c’est-à-dire s’il réussit trois lucarnes au Parc Lescure avec un équivalent de Giresse sur le banc, il ne sera qu’un demi-échec.

Parce que Hoarau ne sait plus où donner de la tête

Etonnant constat. Paris a recruté une moitié d’équipe de France A’, ce qui à une époque voulait dire Déhu, Monterrubio, Gava et Vairelles. Paris veut aussi une méga-star, aussi appelée jeune et cher Sud-américain dont Thouroude a entendu parlé par Mourad Zehidi. Sans compter les joueurs de complément mieux payés que Sakho. Le PSG se résumera donc à : deux gardiens qui vont se tirer dans les pattes, Sakho qui rattrape les conneries de Tiéné, Nênê devant. Tout change : au milieu, il y a Makélélé en moins. Devant, il y a Gameiro en plus, qui peut rêver d’un destin à la Loko, à deux différences près : il n’arrive pas au PSG comme champion de France et il la garde dans le pantalon quand il rencontre des représentants de l’ordre le soir. Hoarau aussi est toujours là et il n’est pas seul : Erding reste, Menez est arrivé, avec Pastore ça sent ce que les entraîneurs appellent une saine concurrence six mois avant leur licenciement. Pauvre Bahebeck, finir sur un but contre Le Mans en Coupe de France.

Il y a aussi l’ancien enfant chéri de la Roma et son sacré CV : des matches de Ligue des Champions, ami avec Totti, un superlatif de la Gazzetta dello Sport, ami avec Benzema, une passe décisive contre le Brésil de la Copa America. Quatre buts, trois passes décisives au total : il faut désormais réussir une saison pleine pour signer au PSG.

Le grand requin Blanc, France-Brésil : Brazil de fous

Si le requin Blanc s’est fait piquer son France-Brésil au Stade de France par Leboeuf, pourquoi Koscielny n’aurait pas le sien ?

Qui sait ce qu’il serait advenu si André n’avait pas signé à Bordeaux. Football365.fr nous aurait-il précisé que le joueur appartenait à un club russe et qu’il jouerait France-Brésil ? Le poisson cartilagineux s’en fout : un Russe qui joue France-Brésil, ça classe un France-Brésil, puisque ses Bleus ont battu l’Angleterre de Carroll et Beckford. Il voudrait gagner du temps et construire une équipe, mais Rami et Mexès sont toujours dispos, contrairement aux équipes types adverses.

« Cette période est longue, trop à mon sens entre deux matches de l’équipe de France. » Attendre l’Euro 2012 pour jouer son premier match alors qu’il a signé son contrat en juillet 2010, c’est vrai que c’est long. Alors il peut bien raconter les mêmes conneries une fois de plus. « Le Brésil, on n’a pas tant d’occasions de les jouer en dehors des phases finales. » Il faudra donc attendre la prochaine. « D’ailleurs, la France a plutôt gagné les dernières fois. Ca va vous faire sourire, mais c’est la meilleure façon de préparer le Luxembourg. » Au pays des tanches, le requin est roi.

Evra nuit

Et le prince, c’est toujours le même, en plus il a du bol Nasri s’est blessé. « Effectivement, certains ont des passages à vide depuis longtemps. » Même si la précision est inutile, Gourcuff était bien cité dans la question, avec Diarra. « Oui, il y a Loïc Rémy aussi. » La politique de la main tendue, c’est pour redonner confiance. « J’ai voulu adresser un signe fort à des joueurs qui sur leur forme actuelle sont discutables. Je sais qu’ils sont capables de choses qu’ils ne font plus depuis longtemps. » Voilà qui ne ressemble pas tout à fait à une avant-dernière chance.

Voilà qui ne conduit pas non plus tout droit à Koscielny, et pourtant. « Il fait des progrès constants, il est bon dans la relance et il est intelligent. Il mérite de prendre la température comme on dit. » Ce ne sera pas celle d’Evra, qui pourtant n’en est plus à une humiliation près : « C’est un choix sportif, la prestation d’Abidal en Angleterre a été très bonne. » Mais que le bizuth lorientais se rassure, il reste toujours des tâches ingrates pour les nouveaux. La preuve, Payet reste six mois de plus à Saint-Etienne, mais pas en équipe de France. « Je ne cautionne pas son attitude et du coup il n’a pas changé de club. Il ne s’est pas facilité la tâche. » Matuidi et Cabaye se poseront-ils la question sous leur couverture chauffante ?

Pendant ce temps-là, Chantal Jouanno « a essayé de m’appeler, mais on n’arrive pas à s’avoir ».

Gourcuff : Samba do breizhil

Treize ans après, la France retrouve le Brésil au Stade de France. Désormais, Zidane joue à Lyon.

C’est fou comme le temps passe. Il fut une époque pas si lointaine où Laurent Blanc aurait refusé une interview à un vulgaire site espagnol baptisé Don Balon. Aujourd’hui, il convoque Matuidi et Hoarau, les codes ont changé. Ce n’est pas une raison pour mentir aux gens : « Il n’y a pas si longtemps que cela, la France dominait le football mondial car les Bleus avaient un phénomène, un footballeur exceptionnel nommé Zinédine Zidane. Désormais, une nouvelle génération de bons joueurs arrive, mais il nous manque encore ce footballeur exceptionnel. » Après tout, Franck Gava cherchait peut-être lui aussi son successeur.

Le foot ascète

Un but et trois passes décisives en seize matches, mais surtout 59 longues minutes à Valenciennes, il n’en fallait pas plus pour que Yoann Gourcuff replonge dans l’humilité, comme le jour où il a conseillé à Astorga de tenter Eurosport : « Puel a une philosophie différente de Laurent Blanc. C’est vrai que ma façon de voir le football s’approche de très près de celle de Laurent Blanc. » Mais probablement pas autant que celle de son père, Lorient aura bientôt quelques liquidités, Lyon quelque passif à colmater, et pas uniquement Lovren-Diakhaté dans deux semaines.

Blanc bec

Sept tirs cadrés sur 35 depuis son arrivée, 800 ballons joués soit à peine moins que Cissokho et Kallström, l’influence de Gourcuff sur le jeu lyonnais ne se dément pas, d’ailleurs plus personne ne parle de Lisandro. Tracté par ses 25 millions, Lyon est redevenu une redoutable machine à gagner, et même capable d’inquiéter l’Hapoël Tel-Aviv. Comme en plus Gourcuff a la vitesse, la justesse, le sang-froid dans les grands matches, il ne lui reste pas seulement les coups francs pour exister. Ce serait un coup à les chier aussi, à attaquer 2011 en faisant encore pire qu’en 2010 et à dire à Sud-Ouest que « mon apport offensif est insuffisant. La presse en a beaucoup fait sur moi quand tout allait bien. Les louanges d’alors m’avaient gêné. Mais dans le sens inverse, cela me gêne tout autant. Il y a un juste équilibre à trouver. » Justement, Lorient est 10e ex-aequo. Brest sinon.

Pendant ce temps-là, Laurent Blanc tend la main autant à l’homme qu’au joueur. Il les a pas volées ces deux-là.

Le grand requin Blanc : Bosnie and crade

Que voulait dire Laurent Blanc à ses joueurs en s’attifant d’un costume si mal ajusté ? Quoi que ce soit, ils ont eu pitié, mais le requin est-il pour autant à l’abri de renfiler un jour ses apparats de clochard ?

La réponse est non. Les enseignements de la rencontre d’hier soir sont en effet aussi étroits que la fissure sur une pomme d’Adam croate en demi-finale de Coupe du monde. Heureusement, il n’est pas dans la nature des observateurs d’un pays entier de s’emballer dès que la France bat la plus faible nation du monde. Certes, la France n’avait jusqu’ici jamais battu la Lituanie et l’Irlande ou explosé les Iles Féroés et l’Autriche. Certes, L’Equipe n’était pas du genre à voir un rayon de soleil après une victoire 2-1 face au Costa Rica. Certes, c’est la première fois que la France tombe dans un groupe de qualifications aussi faible.

La Bosnie avait pourtant été présentée comme un Brésil en puissance, ce terrible monstre à deux tête entrainé par le Maradona du pauvre, celui du PSG. Pourtant, il y avait bien du Maradona en Susic hier soir, dans cette capacité à prendre la France de haut, à finir par croire que même des Bosniens se promèneraient devant Adil Rami. Mais non, des Bosniens restent des Bosniens et Diaby a pu bouffer du Chinois comme à la belle époque. Même Méxès ne s’est trouvé que six fois en difficulté alors que Suker jouait exclusivement pour la Croatie et qu’en plus il avait pris sa retraite il y a une bonne centaine d’années.

Balèze Blaise

Il y avait pourtant une différence entre Raymond Domenech et Laurent Blanc, autre que celle de flinguer son axial à la première merde pour aligner un vieux et un nul. Il osait faire débuter Benzema. Ça aurait dû suffire, ça a suffit. Et pourtant, il a vraiment pas été bon, mais quand on s’appelle Benzema on ne demande qu’une chose. Guillaume Hoarau regrette de s’appeler Hoarau et d’être aussi lourdement blessé depuis le début de sa carrière.

Une première victoire pour le requin Blanc, c’est beau comme un pardon à Bilic. Hier soir il s’appelait Susic, il a juste eu droit à une poignée de main, mais le mal est le même. « La Bosnie est certainement l’équipe la plus solide du groupe. » En tout cas celle qui a permis à Clichy de faire une passe décisive. Il restait juste quarante-cinq secondes de boulot derrière. Puis Blanc a présenté Matuidi au peuple de Sarajevo. Et oui, Pjanic n’avait pas triché depuis trois ans et si Spahic n’a toujours pas dénoncé son contrat avec Montpellier, c’est que ça doit lui convenir. Les agents biélorusses précisent qu’ils sont joignables à toute heure.

De tout temps, les Espoirs ont su faire tourner la balle, s’approcher des buts et même en marquer parfois. Ca arrive donc encore, mais à l’époque ça ne voulait pas dire que les Espoirs allaient se qualifier, ni qu’ils étaient bons. Jérémy Menez peut crier au procès d’intention, on ne va pas délocaliser les matches en province pour lui.

Le blanc de touche

Lloris. Juninho a tenté de le surprendre d’un coup franc lointain, mais il a mal vieilli : ce n’était pas cadré. C’était la Bosnie en face.
Sagna. Il a bien combiné avec le gardien adverse, mais l’ailier bosniaque a aussi souvent sollicité son aide. Evidemment, on ne juge plus ses passes. Et puis, c’était la Bosnie en face.
Rami. Il a été impérial, sans faire son habituelle connerie : Dzeko va vraiment finir par quitter Wolfsburg pour signer en Allemagne. A moins qu’Ibisevic n’ait joué à Dijon, prêté par le PSG. C’est aussi ça la Bosnie.
Méxès. Les Autrichiens ne sont plus ce qu’ils étaient. Le plus dangereux, c’est que ça va finir par lui donner confiance. Heureusement que ce n’était pas la Bosnie.
Clichy. Tout le monde n’est pas aussi doué qu’un Biélorusse. Une belle première passe décisive qui aurait aussi bien pu ne pas être dans le dos et obliger son destinataire à une roulette pour se retourner. Mais la Bosnie, c’est la Bosnie.
Diarra. Blanc lui avait demandé comme à Bordeaux : mettre le brassard, tout prendre de la tête et passer à Plasil et Gourcuff. Les ouvertures dix mètres trop longues pour Benzema ne comptent donc pas. Face à la Bosnie en tout cas.
Mvila. « Il a du culot, il est très bon. » Ferreri a toujours été impressionné par la Bosnie, les demi-volées de trente mètres, même au-dessus, et le travail de Christian Jeanpierre.
Diaby. Dribbler trois mecs au milieu à 0-0 est une chose, faire la passe dans le tempo en est une autre, mais ça permet quand même de finir par en mettre un autre à la Bosnie.
Valbuena. Le haut niveau ne l’aime pas trop, mais quand c’est la Bosnie, il a pu obtenir des fautes et même faire une passe décisive en se cassant la gueule. Ca doit être ça la générosité, Menez va regretter toutes ces années de sport études.
Malouda. Pendant soixante-dic minutes, il n’a rien réussi et finalement impliqué sur les deux buts. Il commence à comprendre. Bosnie ou pas Bosnie.
Benzema. Il a fanfaronné après son but et au coup de sifflet final, même pendant que Blanc lui rappelait qu’avec un peu plus d’implication et un peu moins de kilos il en mettait six. Avant le match il était annoncé comme le héros contre le Brésil, il a été le héros mais c’était contre Malte. Pas de hasard. Du moment que tout le monde a compris le principe.