Daegu 2011 : Marrie Myriam

Ce ne sont pas les pires championnats du monde depuis la création (1983 ans après JC), mais ce ne sont pas les meilleurs non plus.

C’est un peu comme Diagana. Il y a six mois, il faisait très peur. Désormais, on sursaute dès qu’il apparaît, mais pas davantage que lorsque Boyon déclame, sans notes, le bulletin de notes d’une athlète polonaise à l’université. Si Nikki Lauda et Yohan Diniz avaient la bonne idée d’aimer l’athlé, Wes Craven serait surement déjà en Corée. Mais le film d’horreur le plus réussi cette année est sans aucun doute celui de Ghani Yalouz, qui ne perd jamais une occasion de passer à la télé pour venir expliquer à Montel que l’athlétisme c’est un sport universel et que les journalistes français ne gagnent pas non plus à chaque fois le Pulitzer. Il a raison.

Aristophane Diagana

Myriam Soumaré ne peut pas courir toutes ses courses à fond, autant choisir de le faire en série quand les 5 premières places sont qualificatives et que la dernière qualifiée s’appelle Fukushima, « ce qui nous rappelle la folie des hommes« . C’est vrai que des Japonais qui font du sprint, ce n’est pas très responsable.  Ce fut un tremblement de terre lorsque Myriam fit en demi-finales 30 centièmes de plus que son temps du premier tour qui  lui aurait offert le 5ème temps des engagées en finale. Pour résumer, elle a merdé, même si Patrick Montel a réussi la prouesse de s’interroger sur la forme des Américaines et des Jamaïcaines sans prononcer une seule fois le mot dopage.

La transition vers le steeple est toute trouvée pour conter la fabuleuse histoire du fair-play à la Française. Quand Mekhissi comme d’habitude bien supérieur à Tahri est venu arracher le bronze, Montel n’a cessé de réclamer la disqualification du Kenyan car il se trouvait devant Mahiédine. Diagana est parvenu in extremis à lui expliquer que finir en tête ou deuxième d’une course n’est pas toujours éliminatoire. Si Mehdi Baala pouvait comprendre ça maintenant qu’il a compris qu’on pouvait être sympa et modeste en même temps. Il paraissait même presque sincère quand il a parlé de ses potes Mahiédine et Bob. En tout cas pour la première fois depuis ses quatre esquives de juillet si on parle Ultimate fighting et depuis 2003 si on parle de 1500m, l’ancien futur El Guerrouj a semblé facile quand il s’est agi d’enlever son survêtement. Et remonter tout le peloton pour passer en finale aussi. Borzakovskiy a du apprécier, Bernard Faure on ne sait pas trop.

Mekhissi / Baala : Mes directs du droit

C’était le 19 août 2008. L’intrépide Mehdi, qui n’a pas encore rencontré Mike Tyson termine quatrième du 1.500 m pékinois dans le retentissant chrono de 3’34″21, à peine cinq secondes au-dessus de son record personnel. Ce temps lui offrira même une médaille de bronze un an et demi plus tard. Plus que deux tricheurs à débusquer et il deviendra le premier champion olympique français du demi-fond. Le jeune homme, d’à peine 31 ans, présenté depuis 2000 comme espoir, depuis 2002 comme successeur d’El Guerrouj, depuis 2003 comme principal adversaire du même Hicham et depuis 2006 comme le patron du 1.500, est enfin à la hauteur de son statut de favori. Voici les 3 conditions sine qua non pour devenir le meilleur miler du monde et avant de se faire humilier un vendredi soir à Monaco.

Courir régulièrement au dessus de 3’30 »

Entre 2000 et 2011, Baala n’est parvenu que lors de la fameuse saison 2003 à descendre sous les 3’30 », ce que l’on pourrait arbitrairement et injustement qualifier de limite du top niveau. Poussé par un public, aspiré par un lièvre et en forme, il est donc capable de courir en 3’28″98 maxi. C’est pas mal, mais certains, grâce au dopage ou au talent, comme on veut, seraient capables d’un tout petit peu mieux, un tout petit plus souvent. Comme Morceli et El Guerrouj pour n’humilier personne, ou Lagat. Certains osaient même le faire pour gagner.
Désormais, il est 22ème performeur mondial, Florian Carvalho est devant lui et Mekhissi ne l’a pas touché une seule fois en 4 tentatives.

Ne pas remporter de titres planétaires

En Europe, Medhi Baala était le boss. Le premier continental des bilans derrière lui s’appellait Juan Carlos Higueiro, il avait le même âge et beaucoup de mal à descendre sous les 3’32 ». Sans même avoir recours à une tactique monstrueuse, Mehdi n’avait qu’à avoir la forme et courir vite, il finirait toujours premier. Lorsqu’il a fallu affronter le niveau mondial, être favori fut un statut plus difficile à assumer quand on est moins rapide que les autres et que l’on ne gagne quasiment jamais de meeting ou de compétitions officielles. Parfois, c’est la stratégie qui flanche, sans doute la faute au dopage, parfois il est en finale quand même mais le dopage le coince, parfois il peut aussi monter sur le podium, le rôle du dopage est plus difficile à circonscrire dans ce cas-là. Faut-il le montrer du doigt ou s’en réjouir ? Souvent aussi il est juste nul.

Ne pas trop réfléchir

Avant lui, Jan Ullrich et Hicham El Guerrouj, de temps en temps, usaient de la même tactique : ne pas en avoir. Après lui, Andy Schleck a repris le flambeau. Baala a professionnalisé la méthode au point de construire sa saison au diapason. Peu de meetings, impasse sur les championnats de France, quatre courses suffisent largement. La Fédé, habituée à ses non-résultats, lui fait confiance et c’est parti.  En course, il ne court donc jamais comme un favori mais davantage comme un débutant avec une confiance équivalente, ce qui lui permet de se faire parfois sortir en demi-finale. Et quand il est en finale, on cherche toujours le patron, mais le patron a pris sa retraite.

Chpts d’Europe, Ladji Doucouré :
La lésion d’honneur

Par notre spécialiste en Ladji Doucouré, Patrick Mataule

Mérite-t-il d’être sélectionné ? Détrompez-vous, cette question ne concerne ni Bascou, ni Darien. Car aux championnats d’Europe, tout est permis.

Ladji Doucouré a-t-il ses chances ? La question aurait été saugrenue il y a une semaine. Elle est désormais aussi sérieuse que la retraite de Medhi Baala. Et pourtant, son meilleur temps se situe au-delà de la douzième place, au-delà même du Grec Douvalidis. Oui, le Grec Douvalidis. Le Grec Douvalidis. Et pourtant, Doucouré est derrière Bascou et Darien. La légende raconte que Dan Philibert aurait attenté à ses jours pour moins que ça. Mais Dan Philibert n’est pas Doucouré, même s’il se réservait lui aussi régulièrement une des huit places de finalistes en compétition planétaire.

Car Doucouré s’est déjà réservé une première place et peut-être le chrono propre le plus rapide de l’histoire. Une raison largement suffisante pour le dispenser à jamais des critères de sélection. Car Ladji a trois particularités qui le placent loin devant les autres : il se blesse régulièrement comme un être humain normal qui ferait du sport de haut-niveau, il a le mental et le talent naturel pour revenir au sommet et son entraîneur casse les couilles à tout le monde.

Alors, peut-il d’ores et déjà s’échauffer pour la finale et préparer ses larmes pour le podium ?

Au regard de la concurrence, il est certain qu’il n’y aura pas vraiment de lutte. Ses plus coriaces adversaires seront Bascou et Darien, quant au meilleur performeur européen, il n’a fait que 13″27. En d’autres temps, c’est le meilleur Français qui partait avec aux Jeux Olympiques. Les quinze meilleurs se tiennent donc en trente centièmes, Doucouré (13″54) a une semaine pour en gagner dix. Ce sera plus simple pour lui de le faire, que de voir un jour Bascou et Darien courir régulièrement en 13″30, le temps autour duquel se jouera sans doute le titre. Le podium sera donc accessible pour tout le monde, pour les anciens champions du monde comme pour les champions de France.

Allen et les garçons

Il restera cependant un obstacle à franchir, celui du physique. Entre le 3 et le 11 juillet 2008, Ladji Doucouré est descendu de 13″64 à 13″51. Le 18, il atteignait 13″35 pour monter en puissance jusqu’à sa quatrième place pékinoise un mois plus tard. Il sait donc faire descendre les chronos dans un laps de temps aussi réduit que les places d’honneur de Coco-Viloin en grand championnat. Mais à l’époque, il enchaînait les courses et cela n’avait pourtant pas suffi pour revenir au top. Comme Jean Alesi, il n’avait pas la caisse. Doucouré ne l’aura pas cette année non plus, encore moins alors qu’il n’aura couru que deux fois. Ça n’arriverait pas à David Oliver, qui se jetterait sur les nuggets de Bolt pour compenser. Il y a champion et champion.

L’édito : Le podium Andy sport

cujn2

Devinette : quatre athlètes visent une finale mondiale. Deux ont des crampes, le troisième une pubalgie, le quatrième se plaint de douleurs sciatiques. Pour quel pays concourent-ils ?

Les Girondins de Bordeaux seraient-ils la meilleure maison de correction du pays ? Après avoir récupéré, très jeune, une petit frappe de la délinquance lot-et-garonnaise, le club en a fait un des meilleurs joueurs de foot européens. Puis, au lieu de l’envoyer passer son service militaire au bled, ses geoliers ont préféré lui fixer un salaire de prolo, et lui faire jouer la compétition la plus relevée au monde. La victime, âgée de 25 ans, est alors devenue indispensablement décisive. Mais on n’abandonne jamais totalement son caractère retors. « Je veux visiter Londres, sinon je me casse ! » La logique n’est jamais loin du caprice. Privation de Ipod, humiliation dans les douches, baisse de salaire, rien n’est exclu pour tenter de finir à 45 buts, dont douze en Ligue des Champions. Il pourrait y retrouver un élève d’un ancien gang rival buteur d’une équipe à peine plus huppée que West Ham, mais pas assez doué pour viser une place de titulaire chez les Bleus. Anelka brillant avec Chelsea, Gignac scoreur avec Toulouse, comment espérer jouer, quand on ne marque qu’avec le Real ? Ne plus avoir le buteur de Fluminense à ses côtés est évidemment un gros handicap.

Batum sans Robin

Sinon, il y avait une journée de L1, la même que les treize dernières. Pendant que Bordeaux inquiète toujours, Marseille explose l’adversaire malheureux des Lorientais après avoir écrasé l’épouvantail grenoblois. Un autre épouvantail est arrivé d’Ecosse. Tout juste 22 ans et déjà aucun titre en Grand Chelem, pour quatre masters series. Rien d’illogique à ce qu’il vole la place de Nadal, qui n’a remporté que 21 titres majeurs. Aucun doute, un grand joueur est né, une mononucléose pour Roger et la première place ne sera plus très loin. Il n’est jamais aussi fort que quand Federer et Nadal reprennent juste la compétition.

Pendant ce temps-là, l’équipe de France de basket a torché l’Italie et Le Vestiaire en est le premier surpris.