XV de France: Le calice jusqu’à Chouly

Un mois après l’une des tournées les plus meurtrières de l’Histoire, Saint-André a donc décidé de se débarrasser des lâches et des encombrants sans pour autant féliciter les héros. Il a donc jeté Trinh Duc dans les toilettes et tiré la chasse une bonne fois pour toutes. Et comme le veut la tradition c’est avec des jeunes qu’il partira à la guerre se faire massacrer par les Pictes. Avant de prendre ses 3 semaines de vacances mensuelles notre spécialiste avait laissé à PSA ses ultimes recommandations.

rubyp

 Par Peyo Greenslip Jr

Le spécialiste rugby reprend peu à peu conscience, il a l’esprit embrumé, séquelles des combats et de ce qui s’en suit pour les oubliés. Il réussit à s’extirper du charnier, cet amas de chair, boue, de molaires et de la pelouse, continuellement  dégueulasse depuis 16 ans, du Stade de France. Il s’interroge, combien faut-il perdre de batailles pour enfin perdre la guerre?  Il en profite pour méditer sur le Sens de la Vie d’un international français de rugby. Le brasier est encore fumant, mais l’ennemi est heureusement déjà loin.

Les images des trois matchs de cette désastreuse tournée de Novembre, repassent en boucle dans la tête du rédacteur traumatisé. Son état psychologique, déjà instable depuis quelques semaines, s’est rapidement dégradé pour finalement sombrer dans l’hystérie la plus totale. Refusant de s’alimenter, de sortir de sa chambre et d’écrire un article tant que Pat Chouly aurait le droit de faire des passes 4 mètres au dessus de Brice Dulin et de rester sur le terrain, il n’a finalement consenti à regagner la civilisation qu’en échange de la promesse de son rédacteur en chef de ne plus lui donner à commenter autre chose que la Fédérale 3, niveau à partir duquel de tels gestes anti-techniques sont tolérables.

On a chargé. On a morflé. On s’est fait éparpiller façon puzzle pendant 80 minutes. Tous nos joueurs sont vivants et on sait même pas si c’est une bonne nouvelle. Ne vous laissez pas abuser par le score relativement serré des Boks (10-19), c’est une illusion digne des plus grands prestidigitateurs. Il faut en déduire que M. Ian Ramage, l’arbitre vidéo de la rencontre, a fait du music-hall dans sa jeunesse : à deux reprises en 10 minutes, il a réussi à faire croire à son chef que l’essai des Boks n’était pas valable. Ce tour de magie a des effets extrêmement puissants car Thierry Dusautoir arrive à se convaincre qu’il y a du positif dans cette défaite particulièrement désespérante. Pire, il a l’impression qu’on progresse. Avis à ceux qui pensaient que seul Florian Fritz jouait raide bourré, ils se sont bien trompés.

Avants de partir:

Les problèmes sont partout mais il va bien falloir commencer quelque part. En rugby, en général, on commence devant, alors allons-y. Nicolas Mas est le prototype du pilier français: athlète complet, il sait faire des mêlées, des mêlées mais aussi des mêlées. Yannick Forestier, moins fort en mêlée que son compère, est quant à lui un excellent joueur de ProD2. A la vitesse à laquelle progresse le rugby français, il y a fort à parier qu’avant la coupe du monde 2027 au Kenya, nous parvenions à former des piliers qui ne soient pas complètement inutiles sur les phases offensives.

Yoann Maestri, quant à lui, est le joueur le plus lourd du XV de France et il recule à chaque impact. Cherchez l’erreur. Il joue au rugby depuis 22 ans et il n’a pas encore compris que la dernière chose qu’on lui demande de faire sur un terrain, c’est prendre la balle et se lancer dans une course en travers en offrant ses côtes à la défense adverse qui n’en demandait pas tant.  Dans n’importe quelle école de rugby digne de ce nom, un gosse de 9 ans fait une charge aussi ridicule se prend une torgnole par son entraineur. Je suggère donc que Yannick Bru cède sa place à Thomas Lolo, qui sait visiblement y faire avec les grands deuxièmes lignes. Personne n’ira jamais traiter Pascal Papé de virtuose du rugby, mais il réussit davantage de gestes techniques en un match que Maestri en deux carrières.

J’ai déjà les larmes aux yeux, faut-il vraiment parler du cas de Damien « Gaston Lagaffe » Chouly ? Ce qu’on demande à un troisième ligne centre, c’est de l’assurance, de la constance. Avec Damien, on est servi : par des gestes techniques approximatifs savamment distillés, il gâche avec une régularité remarquable tous ses efforts pour dynamiser les phases offensives. J’ai le souvenir d’un temps lointain, où le poste de numéro huit était occupé par un Picamonstre qui mettait à lui tout seul le pack français dans le sens de la marche. C’était il y a une éternité.

En Arrières tous:

Si les avants n’ont pas réussi à donner de l’élan à l’attaque française, on ne peut pas dire que les arrières aient fait mieux dans ce domaine. Jean de Villiers rigole encore des charges furieuses du petit zébulon bleu qui portait le numéro 13. On aurait dit une mouche qui essayait de briser une baie vitrée. Quand on lui a dit que Florian Fritz est considéré comme une terreur en championnat de France, Jean a cru à une farce. Mais le clown de l’histoire, c’est bien Philippe Saint-André : choisir d’utiliser Fritz pour briser la défense sud-africaine quand on a Mathieu Bastareaud sur le banc, c’est quand même une belle blague.

Mais au fond, me direz-vous, est-ce vraiment si grave de ramasser nos dents face aux nations du sud ? Après tout  il en a toujours été ainsi, on prend régulièrement des branlées lors des tests,  et ça nous empêche pas de sortir un gros match tous les 12 ans en coupe du monde pour éliminer les All Blacks. Et je serai d’accord avec vous : vu le niveau de jeu actuel de l’équipe de France, il n’y a pas de raisons pour qu’on arrête de réaliser de rares exploits sans lendemain au milieu de cruelles désillusions sous la pluie face aux Anglais.

Bref, là tout de suite j’ai envie de me flinguer, mais je le ferai plus tard parce que d’abord je dois flinguer Morgan Parra. Rien de personnel dans tout ça : j’admire son courage en défense, il a fait de son mieux pour diriger un pack plus faible que celui d’en face et ce n’est pas de sa faute si Philippe Saint-André n’arrive pas à voir que Doussain lui est supérieur dans tous les domaines. Mais c’est la seule façon de l’empêcher de devenir le nouveau parrain du rugby français et de s’auto-nommer titulaire à vie.

Pendant ce temps-là, les Irlandais ont fait mieux que nous face aux Blacks. Pour la prochaine charge, on est mal. On est très mal.

Angleterre-France : Baiser son frog

Ce n’est pas le quinze de France le plus nul de tous les temps mais on en n’est plus trop loin désormais.

Pourtant, les organisateurs de la branlée tricolore hebdomadaire avaient bien fait les choses: un arbitre un tout petit peu moins corrompu qu’en finale de coupe du monde, 6 placages anglais ratés sur la seule action française du match, un ouvreur mal peigné sur une jambe et Michalak remplaçant. Mais il faut croire que s’auto persuader qu’on joue mieux quand on a pris deux raclées ne suffit pas toujours à mieux jouer même si le cul de Bastareaud fait 200 kilos. Tout avait pourtant bien commencé, Lartot et Galthié semblaient décidés à dire moins de conneries que d’habitude. Ca partait d’une bonne intention, ensuite le match a débuté. Mêlée faible, touche ridicule, défense catastrophique, individualités défaillantes : n’importe qui aurait passé 50 points à ces Anglais-là. Mais ça aurait été trop facile. Trop facile de réussir une passe sans interception, de ne pas lâcher le ballon sur chaque impact, de ne pas se faire pénaliser dès qu’un joueur allait au sol, voire d’avoir un buteur correct à ce niveau. Dommage, à un moment les bleus ont mené, c’était sur la fameuse fois où ils sont entrés dans le camp adverse. Une action exceptionnelle : 3 minutes de circulation de balles sans interruption, 95 passes, deux passes au pied millimétrées. La quintessence du rugby. Un rêve.  Et oui un rêve, parce qu’en vrai c’est juste Fofana qui a défoncé 10 mecs.

Sky Fall

Heureusement qu’il y a eu ça sinon Lartot aurait eu du mal à justifier ses « les Anglais doutent« , « les Français font mieux que résister« . Il lui sera sans doute plus compliqué d’étayer cette « domination stérile » des rosbifs qui ont marqué sur chacune de leurs actions et passé toute la rencontre à camper sous les couilles de l’armée de Saint-André. Richard Escot y verra sans doute une équipe courageuse, qui n’a jamais baissé la tête et qui a bien défendu puisqu’ils n’ont pris qu’un ridicule petit essai. Après tout l’essentiel dans 23-13 c’est peut-être ni 23 ni 13.

Tout le monde aura évidemment vu les Français craquer à 20 minutes de la fin. La 48ème minute c’était bien à 20 minutes de la fin ?

Nouvelle-Zélande-France : Les vaches Kiwis

Et dire que quatre millions de Néo-Zélandais ne sauront jamais qui est le père de l’enfant de Michel Polnareff.

Il n’y a décidément aucune justice dans ce sport de voyous. Cette équipe de France qui nous a tant fait rêver depuis un mois et demi a échoué à un point du Bonnaire au terme d’une empoignade monstrueuse. Les chiffres parlent d’ailleurs d’eux-mêmes : quinze points, un essai à un et cinq coups de pied ratés, on a bien vu ce matin la « finale de rêve » promise par les généalogistes de L’Equipe.

Paul Guarrigues et Marco Simoncelli ne se sont même pas levés pour voir ça. Et pourtant, pour la première fois depuis 2007, les Bleus n’ont pas avancé que sur le haka. Damien Traille a même récupéré une chandelle et Maxime Mermoz a eu le droit de toucher le ballon. Il faut dire que les All Blacks ont été grands seigneurs : pour remercier la France de leur avoir laissé leurs maillots noirs, ils ont joué tout le match sans charnière. Piri Weepu n’a réussi qu’un coup de pied, pour dégager le ballon en touche à la mi-temps, et Aaron Cruden a poussé le mimétisme avec Dan Carter jusqu’à se péter le genou.

Sons of a Hore

Malheureusement, la Parra-dépendance était trop forte dans le clan tricolore, qui après avoir marqué zéro point en deuxième mi-temps contre le Pays de Galles a marqué zéro point en première mi-temps contre la Nouvelle-Zélande. Belle régularité. Avec quatre victoires pour trois défaites, la France termine malgré tout la compétition avec un bilan positif. Il ne faudrait pas l’oublier à l’heure de se demander si le rugby n’est pas finalement le seul sport qui a régressé avec le professionnalisme. Les yeux humides pendant que ce tricheur de McCaw soulevait la coupe aux petites oreilles,  Marc Lièvremont aura au moins eu plus de chance que Cruden : après s’être laissé pousser la moustache et coupé les cheveux, il n’aura pas à se raser les poils des couilles.

France-Tonga : Pas très Finau

Aurélien Rougerie sera forfait pour l’Angleterre. C’est trop bête.

De notre correspondant à Lower Hutt

Curieusement, Vincent Clerc a contenu sa joie après son essai, comme Maxime Mermoz l’avait fait contre les Blacks. Le travail de sape des Français venait pourtant de porter ses fruits une fois de plus. Passés tout près d’une défaite humiliante contre un archipel qui compte moins d’habitants qu’il n’y a de licenciés dans le comité d’Armagnac-Bigorre, ils se sont arrachés dans les arrêts de jeu pour aller prendre le point de bonus défensif. Et dire que personne n’était levé pour voir ça.

Aussi libérés en début de match qu’un marathonien qui a la gastro, nos Bleus avaient donné jusque-là l’impression d’une équipe sans âme, ni plan de jeu. On a même cru un moment qu’elle se sabordait pour montrer à son sélectionneur combien elle l’aime, mais on était en fait très loin du compte. Il n’y a jamais eu de cassure dans le groupe et sa solidarité transpire sur le terrain. Les joueurs se sont même parlé pendant vingt secondes, en cercle, à la fin du match.

Maka waka

Face aux All Reds du Pacifique, la France a surtout géré son bonus d’avance comme une équipe de foot défendrait à 1-0. Il ne fallait pas prendre quatre essais, alors, elle n’a donné que des pénalités. Qu’on arrête une bonne fois pour toutes de lui reprocher sa trop grande discipline. On pourrait par contre lui reprocher sa passivité chronique, son absence de leaders et son incroyable manque d’orgueil. Mais Le Vestiaire a suffisamment annoncé le désastre depuis trois ans pour tirer aujourd’hui avec tout le monde sur l’ambulance Lièvremont.

Fallait-il attendre qu’il mouche deux plumitifs en conférence de presse pour comprendre enfin à quel illuminé on avait à faire ? Depuis qu’il a arrêté d’entraîner des juniors, Saint Marc pense avoir raison contre le reste du monde et tant pis s’il faut sacrifier sans raison le seul joueur qu’il a réussi à installer depuis sa prise de fonction. Donner un maillot bleu à la moitié du Top 14 ne lui a pas suffi à trouver une équipe-type et ce n’est pas sur le champ de ruines tongien qu’il va en trouver.

Marc Lièvremont : « Quelque part, le XV de France rentre dans les annales de la Coupe du monde. » Ca fait effectivement bien mal au cul de voir jouer son équipe.

L’Edito : A poor Lansdowne cow-boy

Si seulement le rugby ne se jouait qu’avec une troisième ligne.
J-206.

Avant de faire semblant d’analyser le Roumanie-Namibie d’hier après-midi, rappelons pour ceux qui en doutaient que Bordeaux est bien de nouveau entraîné par Ricardo. La dernière fois qu’ils s’étaient fait voler comme ça, c’était Lyon, il y a trois ans. Par ailleurs, le point d’orgue de ce week-end étant la remise des Mag d’or, nous y reviendrons prochainement, le temps de comprendre pourquoi Arnaud Romera n’a pas digéré son dernier voyage au Laos à la rencontre de l’équipe de France de karaté bouddhiste.

Tsonga la bomba

Marc Lièvremont et ses apprentis ont donc une nouvelle fois révolutionné l’histoire du jeu. Jouer avec une seconde ligne, se faire des passes pour avancer, donner de la vitesse, avoir un plan de jeu qui dépasse le premier temps,  n’est désormais plus indispensable dans le rugby moderne. Rassurez-vous, Nallet, Pierre et Thion font bien référence en club. Parra aussi et pas seulement à cause de son super nom et de son prénom assez classe, à quoi bon insister sur sa lenteur. C’est pas comme si Yachvili, en deux passes, avait rappelé que le haut-niveau n’est pas que mettre un coup de pied dans le ballon. Yachvili a arrêté en 2005. Trinh-Duc s’impose enfin comme le patron, mais du bar-tabac d’en face où il n’y a plus de boum. Trois mots sur Traille, Jauzion et Poitrenaud pour finir:  ils jouent encore ? Il n’y a personne d’autre auraient répondu Huget et Médard. On plaisante, il y a Médard.

Parra vent

A part ça, quinze bonhommes verts vont avoir du mal à se regarder dans la glace et pas qu’à cause de leurs oreilles chouflues couvertes par d’épais cheveux rouges. Car après avoir écrasés de costauds Italiens de plus d’1 point, on pouvait logiquement s’attendre à leur réveil face aux coqs décharnés. Et pourtant, ils leur ont quand même laissés 25 points. Il ne vaut mieux pas qu’ils apprennent que le Chardon en avait mis 22, sinon ils ne se présenteront même pas face à leurs cousins roux.

Pendant ce temps-là, les médias ont trouvé la solution pour faire aimer le ballon ovale au plus grand nombre : continuer à commenter en utilisant « pick and go », « première main » et « ruck ». Et dire qu’on s’était débarrassé d’up and under.

France-Ecosse : Le Guirado de la méduse

Les champions d’Europe en titre ont fait boire la tasse à l’Australie du Nord. A quoi bon défendre ?

Ceux qui arrêteront cette équipe de France ne sont pas encore sortis des bourses écossaises. C’est simple, elle n’a plus perdu un match dans le Tournoi depuis le 15 mars 2009. C’était en Angleterre (34-10) et Le Vestiaire avait alors été bien dur avec Marc Lièvremont et ses deux faire-valoir. Notre spécialiste sports régionaux doit aujourd’hui se faire une oraison : le tryo de Marcoussis a accouché d’un rouleau-compresseur taillé pour l’hiver. Si la Coupe du monde se jouait en février ou en mars, Yoann Huget verrait sûrement que Webb-Ellis n’est pas qu’une marque de chemises.

La grande Ecosse, celle là même qui n’avait pris que 49 points contre la Nouvelle-Zélande, à l’automne, avant d’en coller 3 aux Samoans, n’a pas existé dans le chaudron de Saint-Denis. Tout juste a-t-elle pu marquer trois essais ; une première sur ses dix-huit dernières sorties internationales. Il faut dire qu’elle avait en face une formidable machine offensive, qui a marqué en un seul match autant d’essais que sur tout le mois de novembre. Fidji compris.

Guilhem le suive

Comment donc expliquer une telle montée en puissance ? Palisson, Estebanez, Andreu et Porical n’ont pas trouvé de réponse, samedi soir, devant leur télé. Ca aurait peut-être été plus simple si Huget, Mermoz et Traille avaient pu se joindre à eux. On est en tout cas rassuré sur la capacité de nos Bleus à jouer sans ce dernier à l’ouverture. Le réservoir de talents est tel dans le Top 14 qu’on pourrait aussi sans doute s’en passer à l’arrière.

Parce que le XV de France aujourd’hui, ce n’est pas qu’un ouvreur champion de Tomate ou une demi-douzaine d’avants qui ne tiennent pas un ballon. C’est aussi des remplaçants si solides que toute l’équipe du Vestiaire est allée pour la première fois à la messe, dimanche, prier pour que Servat soit épargné par les blessures jusqu’en octobre. Soyons juste, quand même, avec Guilhem Guirado : il n’a pas fait une plus mauvaise entrée que Chabal ou Ducalcon.

Pendant ce temps-là, on devrait bientôt en savoir un peu plus sur la dangerosité des tables de nuit néo-zélandaises.

Springboks-France : La carabine Aplon

taille

 

Par notre spécialiste rugby Peyo Greenslip Jr

Le Super 14 est finalement un tout petit peu plus fort que son homonyme français, pourtant au Top. Les champions d’Europe sont finalement un tout petit peu plus nuls ques les champions du monde. Mais y a-t-il vraiment du rugby en Europe ?

Quarante-neuvième minute, le nouveau petit prince du rugby français, accessoirement demi d’ouverture, assure parfaitement sa passe aux mollets de son capitaine, qui rate de peu son aile de pigeon, mais parvient quand même à servir un ailier sud-africain, qui n’a alors que 90 mètres à parcourir. Poitrenaud, bien placé en couverture, peut tranquillement admirer la fréquence de son vis à vis au moment de déposer le ballon dans l’en-but tricolore. Quel plus beau symbole que les trois meilleurs joueurs français donnant leur pleine mesure à l’unisson ?

Spring boxe

Il ne faut pas s’y tromper, à une grosse quinzaine de conneries près, les Français ont joué à leur meilleur niveau, le même qui leur fit dominer les grosses équipes européennes il y a quelques mois. Samedi, Irlandais, Anglais et Gallois auraient encore pris une volée par les Bleus, pour la simple raison que ces nations ne valent plus rien ogive entre les mains. Curieusement,  notre spécialiste avait cru bon de ne pas se réjouir d’un Grand Chelem acquis contre personne par une équipe sans âme et autant de joueurs valides. Il reste un peu de temps pour renaître, pour se souvenir qu’il y a longtemps, un homme que l’Hexagone a oublié malgré ses lunettes, bâtissait des murs avec les paupières de Betsen et la prostate de Pelous. Ça jouait pas, ça gagnait peu, mais ça évitait les branlées. Désormais, ça essaie de jouer, mais c’est naïf comme Bastareaud dans une soirée table de nuit.

Le Crabos pince dort

Puisque conquête, défense et discipline sont redevenus des mots tabous, comme en 1992, peut-être que le Midol n’aurait pas dû faire croire que les Bleus étaient une grosse équipe. Ça aurait évité aux tricolores de se Reichel, mais au moins Lièvremont n’est pas dépaysé et continue d’entraîner les moins de 21 ans. Pas de joueur par joueur donc, Parra et Millo-Chlusky pourraient mal le prendre, Szarzewski se ferait surnommer Gonzo et  Domingo chercherait des Poux à Mas. Pas un mot de plus, non plus sur Mermoz et Marty, ni sur Sella, Glas, Traille, les Boniface ou Jean-Pierre Lux d’ailleurs. Vincent Clerc va finir par apprendre à jouer du Vuvuzela.

L’instant Top 14 : Brock back mountain

Après quatre ans à attendre la victoire des Jaunards, notre parrain auvergnat et un peu lempdais a enfin gagné quelque chose, mais il a perdu ses congés. Voici ses mémoires, à défaut de son mémoire.

montagne2

C’était le coupable idéal. Trois finales perdues de suite, le syndrome Brock James tombait à point nommé pour Clermont. Et si en fait la vérité était simple comme un en-avant de Rougerie, voire un schéma tactique de Vern Cotter ?

29 mai 2010, le jour du seigneur. Brock James peut lever les bras au ciel, il a enfin vaincu le signe indien. Jusque-là, tout avait été noir, all in black. Lui l’Australien qui a percé en Nouvelle-Zélande aurait pu prendre ça comme un hommage. Des sélections en rugby à 7, Vern Cotter avec un survêtement tous les matins pendant cinq ans, des mitaines à chaque main : il était le coupable tout désigné pour le rôle du saboteur. Il a même fini par y croire, un soir de pluie au Leinster, où les drops étaient aussi laborieux à enfiler que des Néo-Zélandaises en pleine tournée estivale.

Wallabuse

Mais Brock a connu son grand soir. Les 15 points réussis contre Paris en finale 2007, les 10 contre Toulouse en finale 2008 et les 8 contre Perpignan l’an dernier sont bien loin. Oubliés aussi cet essai offert à Rougerie en 2007 et cette offrande pour Nalaga en 2009. Cette fois, le pied n’a pas flanché. Brock n’a raté qu’un petit drop au pied, pour le reste ça a été du 100% face aux poteaux et ce n’est pas seulement parce Parra lui a été préféré pour buter et que le seul drop clermontois a été réussi par Floch. Brock peut soulever son Brennus bien haut.

En plus de sa réplique, la Ligue peut lui fournir une photocopie de la feuille de match et quelques photos, au cas où.

VI Nations : Chelem à mourir

chemin

Intouchable contre la Géorgie saxonne, le XV de France a réalisé le premier Grand Chelem de l’Histoire du rugby à huit.

Un drop, trois pénalités et quarante minutes sans marquer : en Anglais, on appelle ça un « ugly win ». Allez savoir pourquoi, ces grands connaisseurs du Midol ont entendu eux « la 9e symphonie » dans la cuvette de Saint-Denis. La traduction est un métier. Le journalisme aussi, n’en déplaise à Delpérier.

Peut-on sérieusement se contenter d’une victoire pareille ? Aucune ambition, pas plus de panache et un projet de jeu oublié sur le baby-foot de Marcoussis. Les Bleus en avaient samedi autant sous la ceinture que Tony Marsh après l’opération. Lièvremont fait en tout cas des miracles : on n’aurait jamais cru pouvoir un jour regretter les années Laporte.

Liévremont émerveille

Le Vestiaire se fatiguerait presque à répéter une fois encore ce qu’il avait déjà écrit ici ou . La mêlée est solide, il n’y a rien dire, mais a-t-on déjà vu des lignes arrières aussi peu inspirées ? Combien de ballons Morgan Parra, si autoritaire quand personne ne l’écoute, a-t-il tapé pour rien au-dessus de la mêlée ? Combien de pigeons Trinh-Duc a-t-il descendu dans le ciel du 9-3 ? Pourquoi Bastareaud a-t-il pris Tindall pour une table de nuit ?

Le coup était pourtant parfait : jouer tous les ballons au pied vers un ailier d’1m50, qui aurait pu y penser ? Mais voilà, les Anglais ont des grands bras, encore heureux qu’ils ne savent pas quoi en faire. On nous ressort finalement l’excuse de la pluie. Ca tombe bien, il n’y en a que quatre jours sur cinq au mois de septembre en Nouvelle-Zélande.

Pendant ce temps-là, Boudjellal assoit comme il peut la domination mondiale du pack tricolore.

VI Nations, Galles-France : Shane on you

shane

Si le rugby se jouait sur 90 minutes, le Pays de Galles serait toujours en course pour le Grand Chelem. Heureusement pour la France, un match ne dure que 40 minutes.

De notre ancien envoyé spécial à Cwmbran

Les chandelles de Trinh-Duc ont dissipé vendredi soir les derniers nuages qui flottaient encore au-dessus de l’équipe de France. Trois matches, trois victoires, sans même jouer l’Italie : l’horizon est aussi dégagé que les tempes de Michalak. Et Dieu sait où la série des nouveaux Invincibles va bien se terminer.

Le Vestiaire avait sûrement eu tort de jouer la prudence après le jubilé d’O’Gara, quand tous ses confrères et sœurs louaient en chœur la maestria de la doublette Parra-Trinh-Duc. Les tôliers tricolores ont tant pesé sur la nuit galloise qu’il a fallu que le plus jeune des deux sorte pour que la France marque ses premiers points de la deuxième mi-temps. C’est ça aussi les grands joueurs, savoir s’effacer au service du collectif. Jauzion a oublié que ça ne le poussait pas forcément à se cacher derrière Bastareaud.

Que du Bonnaire

A 30 ou 40 minutes près, les Bleus ont donc rendu une copie parfaite à Cardiff. Ils ont su mettre de côté leur suffisance habituelle et matérialisé avec brio le discours du trio fédéral : mouvement, soutien, initiative. A quelques semaines du Bac blanc, Palisson se demande encore ce que toutes ces abstractions veulent bien dire.

Notre ancien chroniqueur Peyo Greenslip aurait presque avalé sa trousse à pharmacie si Lièvremont n’avait pas eu l’excellente intuition de titulariser Lee Byrne à l’arrière. Ses joueurs ont montré à la face du monde du rugby qu’on pouvait marquer deux essais sans rentrer une seule fois dans les 22 adverses. Pas mal pour une équipe qui a joué 80 minutes sans trois-quarts (Dernière minute : les caméras de surveillance du Millennium montrent que Malzieu était bien dans le stade entre 21 et 23h).

Pendant ce temps-là, on ne s’embête plus à défendre dans le Super 14. Ca fait moins mal aux épaules.

VI Nations : Dublin, du vin et du bourrin

driscoll1

L’équipe de France a signé contre les champions d’Europe des 6 Nations en titre sa plus belle victoire de la décennie. Toute l’Italie tremble déjà.

Une démonstration. Un récital. Une leçon de rugby. Après le Pays de Galles en 2009, la Nouvelle-Zélande en 2009 et l’Afrique du Sud en 2009, le XV de France a connu samedi contre l’Irlande son quatrième match référence de l’ère Lièvremont. Il a surtout porté sa série d’invincibilité à deux victoires – un record – et a enfin conforté le trio fédéral dans ses choix : qui donc pourra maintenant priver la charnière magique O’Parra-Trinh-Duc du trop fait Webb-Ellis ?

Ce n’était finalement que pour brouiller les pistes que le mieux sapé des frères Lièvremont, enfin tacticien, avait sélectionné depuis deux ans tous les boiteux hebdomadaires de l’équipe-type du Midol. Aussi perspicace que Twitter Chabal, Le Vestiaire n’avait rien vu venir après la performance Italienne du week-end dernier. Et pourtant, c’était gros comme Lamaison. Les quarante pions néo-zélandais ? Un leurre, rien de plus. Et l’entame poussive de Murrayfield un écran de fumée.

Le bar, c’est là

Comme fou et moi, Driscoll et Connell sont tombés dans le panneau. Pouvait-on vraiment prendre au sérieux une équipe qui n’avait pas gagné trois matches de suite depuis la Coupe du monde, Namibie et Géorgie inclues ? Et puis la France d’O’Dusautoir s’est réveillée ce week-end devant tout ce que le pays compte de supporters. Elle a retrouvé Lilian entre ses lignes, un vrai buteur et un pack qu’on n’avait plus vu aussi dominateur depuis la semaine dernière en Ecosse. Et dire que le meilleur pilier du monde n’était pas là.

Le Grand Chelem tend désormais les bras aux vainqueurs des Wallabies du Nord. Entre des Gallois sur le déclin et des anglo-italiens à la dérive, la France est en position de force, surtout quand on sait sa capacité à enchaîner les bons résultats. Mais la prudence, rappelle Marc Cécillon, est peine de sûreté. Tout arrive dans le rugby, la preuve : O’Michalak a planté un drop ce week-end. Ce n’était ni contre Albi, ni contre Connacht. Quoique.

Pendant ce temps-là, notre archiviste se demande s’il serait vicieux de rappeler qu’en 2008 la France avait battu l’Ecosse et l’Irlande avant de perdre à domicile contre l’Angleterre ?

VI Nations : Lucide Ecosse

coussins

Tous les voyants sont au vert pour Lièvremont : sans l’arbitre et une dizaine de joueurs français, son équipe aurait facilement pu passer quarante points aux Samoa du Nord.

De notre envoyé spécial permanent à Palmerston North

Si les réceptionnistes des hôtels de Wellington savaient parler, ils vous raconteraient sûrement ces histoires de meubles qui flottent parfois la nuit à travers les chambres, le sort de ces blondes éméchées qu’on y ramène à la sortie des boîtes et l’insécurité terrifiante dont tout le pays souffre. Mathieu Bastareaud en a fait les frais, un soir de juin, et on a alors bien cru ne plus jamais le revoir sur le calendrier des Dieux.

Mais le centre des débats est sorti renforcé de sa lutte contre le mobilier néo-zélandais. Il a servi l’intérêt général et les gosses des cantines franciliennes pour chasser enfin ses vieux démons au pays des fantômes. Quand on a frôlé la mort sur une table de nuit, se faire plaquer par deux Ecossais c’est un peu comme une troisième mi-temps sans Ouedraogo et Picamoles : on en sort les pommettes intactes.

Fall est pas l’invité

Le Caucaunibuca du Val-de-Marne a donc conduit les siens vers une victoire qui a au moins eu le mérite de satisfaire son sélectionneur à l’extrême. Chacun ses plaisirs. On se demande quand même qui des placages ratés ou du manque d’ambition offensive aura été le plus orgasmique ? N’Tamack en a pris tellement plein l’œil gauche qu’il a réussi à perdre Benjamin Fall sur blessure diplomatique. L’homme sans cou, lui, se l’est encore froissé, en moins de cinq minutes, et voilà la France forcée de jouer les All Greens avec Palisson et sans charnière.

Parra n’a plus pour lui l’excuse de ses 20 ans et les salades de Pierre Martinet. Il est finalement aussi limité que son prédécesseur à Clermont, qui n’avait jamais rien montré avec les Bleus si ce n’est une capacité rare à viser systématiquement les chaussettes de ses coéquipiers. Le cas Trinh-Duc, lui non plus, n’a pas changé depuis deux ans, mais Lièvremont pense sûrement depuis le temps qu’une bonne mêlée et trois tables basses suffisent à gagner la Coupe du monde.

Pendant ce temps-là, O’Driscoll se souvient qu’il y a dix ans à peine il plantait trois essais au Stade de France.

L’Edito du Vestiaire : Jonah le mou

bimbo

Les sportifs nostalgiques ont souvent horreur de la fin de saison en Ligue 1. Pourtant, Canal retransmet la Coupe de Bretagne et la Ligue Mondiale bat son plein. Vivement le Tour du renouveau.

Le Vestiaire n’échappe pas à la règle. Après une saison « la tête dans le Guesdon », comme dit le jargon de notre consultant vélo, c’est le temps des congés. Visionnaire, Le Vestiaire avait gardé un oeil sur le monde du sport ce week-end. Il y avait quelques matches de rugby, mais c’est pourtant la victoire des Bleus chez les Blacks qui a retenu notre attention. Longtemps Marc Lièvremont gardera en mémoire le triomphe bleu dans l’enfer de Dunedin. Il pourra en retenir que ses joueurs ont poursuivi sur leur irrésistible lancée d’Italie-France. Quel peut donc être le point commun entre ces deux matches ? L’Angleterre et l’Irlande ont une petite idée, Tillous-Bordes ne voit pas.

Pietrus de talent

Canal+ aussi avait flairé l’événement, en invitant sur son plateau l’un des meilleurs joueurs du monde du Top 14, le presque champion du monde et d’Europe Byron Kelleher. « Byron, est-ce que cette victoire peut donner un ascendant psychologique aux Français sur les All Blacks, qui seront dans le même groupe en 2011 ? » Il fallait oser. « Médard et Picamoles vont devenir des piliers de cette équipe. » On va quand même pas se foutre de leur gueule à chaque fois sans qu’il réagissent.

Réagir, c’est justement ce que Peugeot a fait face à Audi. Pour mettre tout le monde à l’aise, Le Vestiaire n’en dira pas pas plus. De là à bifurquer vers le demi-finales de Pro A et l’incroyable retournement de Villeurbanne made in Foirest face à Nancy, il n’y a qu’un pas que Le Vestiaire ne franchira pas non plus. La Coupe des Confédérations, le frère Pietrus du riche, Valverde, Grumier, pourquoi pas un premier tour Razzano-Cornet à Bois-le-Duc tant qu’on y est ? Faute de triomphe de Santoro à Halle, le vainqueur est bien sûr le championnat régional d’Auvergne d’athlétisme.

Pendant ce temps-là, un ancien président de fédération française d’un sport de raquette bien connu et sa Bîmes-bo trouvent que la réception de TF1 n’est pas bonne. Le Lay pasteurisé, c’est bon pour la Santé.

Marchons ensemble à Twickenham

allez

Ce n’était pas une demi-finale de Coupe du monde, mais ça y ressemblait. Ce n’était pas non plus un Australie-Portugal. C’était quoi, alors ?

De notre envoyé spécial permanent dans les faubourgs de Bristol

Faudra-t-il que Le Vestiaire réserve à Marc Lièvremont le même traitement qu’à Domenech et Forget pour que les instances dirigeables du rugby tricolore prennent enfin conscience de son manque de légitimité à la tête de l’équipe de France ? Ses deux haltères ego ont davantage de vécu, il n’y a pas de quoi en faire un Show, mais on a sûrement vu dimanche la pire sortie des Bleus depuis que les Six Nations se jouent à cinq et demi.

Le XV de France a pris la campagne publicitaire de Nike un peu trop au sérieux : à force de vouloir marcher sur Twickenham, il en a oublié qu’il était aussi parfois utile de courir un peu. A son manque d’engagement se sont en plus ajoutés les deux pieds gauches de Parra et des lacunes défensives plus vues depuis la petite finale argentine. Il n’y a bien que le niveau jeu de son équipe que Lièvremont a réussi à faire reculer.

Pour Wilkinson le Glas

Dans son hommage à William Gallas, Le Vestiaire avait évidemment refusé de céder à la facilité il y a deux semaines, après une victoire en trompe l’oeil contre la Nouvelle Zélande d’Europe. La France, dans son chaudron de Saint-Denis, venait alors d’humilier de cinq points la meilleure équipe du monde. Son Tournoi était fini. A quoi bon aller risquer une blessure en Angleterre alors que les phases finales du Top14 approchent ?

Le trio fédéral parachuté à Marcoussis a su trouver les mots pour motiver ses troupes. Il aurait peut-être pu y ajouter quelques abstractions : dignité, envie, combativité. Placage et replacement n’auraient pas non plus été de trop sur la fiche de Chabal : il a plaqué en première mi-temps trois fois moins d’Anglaises que Cipriani au lycée.

La pluie et le pied de Wilkinson n’y sont cette fois pour rien. Le fond de jeu français est si bien en place qu’on en craindrait presque les rouflaquettes de Griffen. Espérons seulement que le résultat en Italie, quel qui soit, n’influence pas la seule issue logique de ce Tournoi : l’éviction de Lièvremont.

Pendant ce temps-là, le premier qualifié de la zone Asie tremble déjà. Il ouvrira sa Coupe du monde contre la France de Fabien Galthié, le 10 septembre 2011.