Laurent Blanc : Le gâteau de Varsovie

Au solstice d’automne, le requin Blanc migre vers des courants chauds cévenols. Il emmène parfois Henri Emile mais il ne ramènera plus de binationaux.


C’est vêtu d’un grand manteau noir puis d’une cravate rayée que le requin a quitté l’année 2011. Il n’est pas le Père Noël et pourtant, c’est encore lui qui régale. « Je vais être très court. Quand on vient voir un match, on veut voir des buts, alors quand il n’y en a pas on s’ennuie un peu. » C’était donc ça la rentrée de Giroud, s’amuser un peu. Etre l’adjoint de Gasset, même si les chaussures cirées sont pour lui et le survet’ dégueu pour l’autre, n’est pas un métier à privilèges. On voit ses joueurs à peine plus de jours que Planus en vit sans béquilles, et en plus ils s’appellent Rami, Réveillère ou M’vila. « La jeunesse a ses limites au haut niveau. Les jeunes ne peuvent pas jouer comme des joueurs expérimentés. » Kaboul et Cabaye ont 25 ans, Réveillère 32, voilà qui explique les pipis culotte albanais et bosniens. On comprend mieux certains soirs, comme mardi, la tentation d’aligner le tandem Remy-Martin, mais le mercredi matin on comprend aussi Olivier Missoup.

Ainsi donc, Gasset a du travail, et fissa parce que le requin n’est pas patient. « Quand on dit qu’on n’a pas assez de temps, c’est vrai. » Le on, c’est Jean-Louis, et il a pas intérêt à oublier que donner une consigne à Benzema c’est un bon job. « Sur paperboard, tout est facile. » Pas de condescendance, le requin a déjà expliqué vingt fois qu’il ne se caillerait pas sur un banc jusqu’à 60 ans : entraîner le fait chier, comme la formation et toutes ces conneries. Dans ce boulot, il reste la gloire, le pognon et la possibilité deux ou trois fois par an de conseiller à Thuram de la fermer. Pas si mal.

A qui pampers gagne

A part ça, 2011 a permis d’avancer la reconstruction. Rien à voir avec un rendez-vous d’orthodontie de Ribéry, d’ailleurs ne dit-on pas : Ribéry qui parle français c’est repoussé au Calenge grec. Alors en attendant que Rémy ressemble à Henry ailleurs que dans Mein Kampf ou dans la bouche de Jeanpierre, que Gameiro sorte de sous le sommier avec son doudou, ou que Gourcuff sorte de sous le sommier de Lloris, le requin fait le métier et prépare l’Euro du mieux possible. Comme tonton Aimé avait su le faire avec Pedros et Lamouchi. Il avait quand même fini par gagner en Allemagne avec Angloma et Guérin et sans De Lattre de Tassigny. C’est vrai que Bismarck n’était pas là non plus. La méthode est simple : trouver une défense, ne plus perdre, vendre des grosses conneries – « Il y a des joueurs qui sont blessés et que l’on surveillera pour être soit dans l’équipe soit dans le groupe pour l’Euro. Nasri, Diaby, Gourcuff oui, et il faut ajouter Mexès » – et bien sûr expliquer ce qu’est un tirage au sort : « Il va être déterminant pour la suite, vous savez sur qui vous allez tomber, les possibilités au niveau de notre groupe. » Il aurait aussi pu se foutre de la gueule du monde en répondant à tous ceux qui trouvent que l’équipe de France ne progresse pas, donc Duluc, et qu’il est en train de se planter. Il l’a fait, c’était toute la conférence de presse. Le buddha Blanc voulait la ligue des champions avec Sané titulaire, le requin Blanc doit bien être au courant que s’il ne va pas en demi, il passera pour un con même avec Rami titulaire.

Aussi, 2012 est placé sous le signe de l’ambition. « Les joueurs, on ira les voir en Ligue des Champions. » On peut jouer l’Euro à 5 ?

Pro A : Bercy d’être venu

final

Des pom-pom girls habillées, Mickels et Joanna pour chanter la Marseillaise : les play-offs de ProA se sont achevés par un show à l’Américaine. Une équipe NBA a-t-elle déjà marqué 41 points en finale ?

Depuis la cellule psychologique de notre envoyé spécial à Bercy

Le terrible derby de la diagonale du vide entre Poitiers et les restes de Limoges n’avait curieusement pas suffi à combler l’appétit des supporters de Bercy. Trois distributions de tee-shirts, 15.000 jambon-beurres sous cellophane et 40 minutes de basket amateur freinaient à peine la fringale collective : Orléans et l’ASVEL défendront bien les couleurs tricolores, l’an prochain, au premier tour de l’Euroligue.

Des préliminaires s’imposeront néanmoins aux cinq majeurs de la cité de Jeanne-d’Arc, qui, elle au moins, n’en n’avait jamais eu besoin. Mais le hasard, et un système de licences plein de bon sens et de cohérence sportive, a voulu que Mariupol, Charleroi et le BK Ventspils soient logés à la même enseigne que nos finalistes des As. On aurait donc déjà joué au basket en Belgique.

Collet serré

La grand-messe parisienne a en tout cas conclu embêté le printemps radieux du basket tricolore. Jugez plutôt : l’ASVEL championne de France, les filles de Bourges championnes de France, Alain Koffi meilleur joueur français du championnat de France… La France attaque les rattrapages des qualifications de l’Euro avec la même confiance que Ronny Turiaf dans la salle d’attente de son cardiologue.

Le score de gonzesses de la finale de ProA (55-41) n’a même pas entamé celle du maestro villeurbannais Vincent Collet. Il a presque pris tout ce que la NBA comptait d’expatriés, sans même savoir s’il arrivait aux nouveaux Parker de voir un ballon de temps en temps. Moerman et Curti seront aussi utiles à l’équipe de France que Petro et Ajinca dans leurs franchises respectives. Qu’importe, la belle saison orléanaise a été récompensée de deux noms sur la liste élargie. Comme quoi une mairie complaisante et la moitié des impôts fonciers de la ville suffisent parfois à faire des miracles.

Foirest Gump

Et puis, il y a l’arbre qui cache le Foirest. L’aide-mémoire d’outre-tombe. Le champion de France 1991 « est sur les rotules et se pose des questions ». Ce n’est pas Le Vestiaire qui le dit, cette fois, et pourtant, Collet veut en faire le « guide » des Bleus en Pologne. La région de Kraków n’a sans doute aucun secret pour l’autre Laurent, mais quitte à avoir un strapontin dans le bus pour l’Euro, le nouveau staff aurait pu y faire asseoir un vrai leader : Rigaudeau. Ou Dubuisson.

Pendant ce temps-là, l’enjeu de la finale de ProA était si pesant que le président de la LNB a préféré la regarder au restaurant.