Chpts d’Europe, Ladji Doucouré :
La lésion d’honneur

Par notre spécialiste en Ladji Doucouré, Patrick Mataule

Mérite-t-il d’être sélectionné ? Détrompez-vous, cette question ne concerne ni Bascou, ni Darien. Car aux championnats d’Europe, tout est permis.

Ladji Doucouré a-t-il ses chances ? La question aurait été saugrenue il y a une semaine. Elle est désormais aussi sérieuse que la retraite de Medhi Baala. Et pourtant, son meilleur temps se situe au-delà de la douzième place, au-delà même du Grec Douvalidis. Oui, le Grec Douvalidis. Le Grec Douvalidis. Et pourtant, Doucouré est derrière Bascou et Darien. La légende raconte que Dan Philibert aurait attenté à ses jours pour moins que ça. Mais Dan Philibert n’est pas Doucouré, même s’il se réservait lui aussi régulièrement une des huit places de finalistes en compétition planétaire.

Car Doucouré s’est déjà réservé une première place et peut-être le chrono propre le plus rapide de l’histoire. Une raison largement suffisante pour le dispenser à jamais des critères de sélection. Car Ladji a trois particularités qui le placent loin devant les autres : il se blesse régulièrement comme un être humain normal qui ferait du sport de haut-niveau, il a le mental et le talent naturel pour revenir au sommet et son entraîneur casse les couilles à tout le monde.

Alors, peut-il d’ores et déjà s’échauffer pour la finale et préparer ses larmes pour le podium ?

Au regard de la concurrence, il est certain qu’il n’y aura pas vraiment de lutte. Ses plus coriaces adversaires seront Bascou et Darien, quant au meilleur performeur européen, il n’a fait que 13″27. En d’autres temps, c’est le meilleur Français qui partait avec aux Jeux Olympiques. Les quinze meilleurs se tiennent donc en trente centièmes, Doucouré (13″54) a une semaine pour en gagner dix. Ce sera plus simple pour lui de le faire, que de voir un jour Bascou et Darien courir régulièrement en 13″30, le temps autour duquel se jouera sans doute le titre. Le podium sera donc accessible pour tout le monde, pour les anciens champions du monde comme pour les champions de France.

Allen et les garçons

Il restera cependant un obstacle à franchir, celui du physique. Entre le 3 et le 11 juillet 2008, Ladji Doucouré est descendu de 13″64 à 13″51. Le 18, il atteignait 13″35 pour monter en puissance jusqu’à sa quatrième place pékinoise un mois plus tard. Il sait donc faire descendre les chronos dans un laps de temps aussi réduit que les places d’honneur de Coco-Viloin en grand championnat. Mais à l’époque, il enchaînait les courses et cela n’avait pourtant pas suffi pour revenir au top. Comme Jean Alesi, il n’avait pas la caisse. Doucouré ne l’aura pas cette année non plus, encore moins alors qu’il n’aura couru que deux fois. Ça n’arriverait pas à David Oliver, qui se jetterait sur les nuggets de Bolt pour compenser. Il y a champion et champion.

Mondiaux : Faure âge en eaux profondes

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Patrick Montel a tellement aimé la performance de Philippe Delerm à Pékin, qu’il a pris Boyon pour occuper le siège en trop. A quand le commentaire à dix abbeba ?

Si Bilalian ne veut pas lui faire présenter Stade 2, Stade 2 viendra à lui. Berlin 2009, Patrick Montel a débuté son terrible dessein, rassembler toute l’équipe des sports de France télévisions dans sa cabine de commentateur. Après avoir débauché les reporters de seconde zone qui n’auront jamais droit à la cabine, la première grosse victime est Alexandre Boyon. A force de l’entendre se vanter de savoir qu’Allen Johnson avait été aligné sur 4×400 à Athènes ou de reconnaître Juantorena avec 30 ans de plus, Montel s’est dit qu’il pouvait bien venir parler de ce qui n’intéresse personne. L’heptathlon, les lancers et un peu du reste des concours quand les types sont pas connus. Une fois Tamgho éliminé, Alex le nageur a tout loisir de commenter les sauts enregistrés de Nelson Evora. En plus, on peut le bizuter jusqu’à le faire chialer.

Oh pas de télé Thomson

A part ça, Patrick a récupéré sa bouillotte et Diagana a le droit d’en placer une de temps en temps quand le patron décide qu’il peut apporter un oeil intéressant, mais jamais sur les haies, ça serait trop facile. Du coup, Montel peut se lâcher avec la certitude de ne pas être contredit. Il ressort les classiques : Jamaïque, Ethiopie, Kenya. On n’a pas la télé, on court sur les hauts plateaux et surtout on a les mêmes parents puisque l’on est tous frères. Bob et Mahiedine ne l’étaient pas depuis six mois, il le seront probablement l’année prochaine aux Europe de Barcelone grâce à l’indispensable Nelson Monfort, qui a découvert que la zone mixte ne signifiait pas que l’on pouvait mélanger les hommes et les femmes. Nelson aime les petites Ethiopiennes et n’hésite jamais à associer Montel à sa passion, les nuits n’en seront que plus animées. Personne ne reprochera à Patrick d’avoir dit « fureur » pour vendre des tee-shirts allemands, par contre les spectateurs les plus tendus pourront se plaindre de Déborah la guide, aussi sexuelle que la moustache de Jean-Pierre Durand, le photographe pote de Montel de passage dans la fameuse cabine.

Décastar ou Fréquenstar ?

Si démagogie a un sens, il ne s’applique pas à Patrick et ses autres potes, ceux de Facebook, persuadés qu’ils auront des places gratuites pour le prochain Sotteville-lès-Rouen. Il n’y ajoute pas le foutage de gueule quand il propose aux téléspectateurs plus mauvais les uns que les autres de prendre sa place, pour finir sur un gros plan de Diagana à deux doigts de l’apoplexie. Montel est encore là pour un long moment et heureusement car sa naïveté sincère nous manquerait. Quand Bolt méprise et humilie ses adversaires, ce n’est pas de l’arrogance, quand Tamgho crâne entre deux sauts mordus, ce n’est pas un frimeur et quand Fraser égale Christine Arron avec un appareil dentaire, c’est une grande championne. On ne lui en veut pas, c’est le meilleur même s’il appelle William Motti « Bill » et qu’il l’expédie en 1’30 après un mot sur l’athlétisme est-allemand et Talence. Bilou est dans la place.

Pendant ce temps-là, Tahri a montré qu’un champion doit battre son record en finale. Si son pote Baala a compris la leçon de Jean-Mi, il sera au pire deuxième, mais cette fois ce sera sans Hicham.

Mondiaux : Berlin l’enchanteur

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Les guerriers de l’athlétisme français n’arrêtent plus leur terrible dessein. Aujourd’hui, Doucouré ne passe pas sous les 13″.

Friture de perche

Avec 5m70, Dossevi a validé son billet pour Berlin. Et si on rappelait Vigneron ?

Ladji tonique

Avec 13″44, Doucouré a validé son billet pour Berlin. Il a réédité son exploit à Villeneuve d’Ascq, Coco-Viloin n’a fini qu’à 10 mètres. Et si on rappelait Philibert ?

Sdiri cantonné

Les 8 mètres ne sont plus un fantasme. Pic de forme en juin, pas d’or dans les mains.

Djhone cocu

Avec 45″80 en course de rentrée, Leslie ne réalise pas les minima. A sa deuxième course, il retrouve son passeport. Et s’il avait du mal à ne pas être en finale à Berlin ?

Muriel ermite

Pour l’étape nordiste de son tour d’adieux, Hurtis est descendu sous les 24 secondes. Après vérification, ce n’était pas un 400 mètres.

Menue Manuela

On n’attendait pas grand chose de Manuela Montebrun. On n’a pas eu grand chose.

Les autres

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Sinon, Tahri a couru sur 2.000 mètres, puis 1.500. Hélas, le futur champion du monde du steeple était là.

La loi Martial

M’Bandjock qualifié, mais c’est sur 100 mètres.