Ligue 1, Bordeaux : Le triomphe Modeste

Trois jours après qu’une ancienne équipe de Lorient ait décroché un bon 2-2 à Lorient, Bordeaux va décider s’il est européen ou relégable. Le niveau du championnat importe peu, celui de ses ex-futurs champions d’Europe aussi.

Ciani : Mars 2010, c’était France-Espagne, il était le buteur de Bordeaux. Février 2011, il retrouve Lorient et en prend 5. Ca lui était déjà arrivé mais à l’époque il jouait pour Lorient. Qui faut-il remercier, Blanc, Domenech, Sané ou les trois ?

Planus : Mort pour la patrie un soir d’été 2010. 8 matches et quelques autres à regarder Savic repasser en boucle du banc : ça vaut bien une Pierre commémorative. Juste pour ne pas oublier qu’un jour de quart de finale européen contre Lyon, il était le héros de Chaban et que même Ciani applaudissait.

Chalmé : Il n’a jamais menti sur la marchandise : le Parisien a beau l’avoir traité de « patron du vestiaire » en 2009, lui n’a jamais promis qu’Issiar Dia ne le prendrait pas de vitesse en avril 2010. Ni qu’un des frères de Lormont ne lui emprunterait pas sa place. De toute façon, c’est la faute de Tigana . Patron du vestiaire quand même.

Trémoulinas : A force de faire des passes décisives à Chamakh, qui prêta attention à celle qu’il fit au Manceau Dossevi il y a un an ? 3 passes, zéro sélection : Tremoulinas retrouve ses jambes de 20 ans.

Diarra : On peut tout lui reprocher, mais il est capitaine de l’équipe de France aujourd’hui. Pas question, donc, de lui reprocher sa suspension de six matches, l’expulsion contre Lens, ou d’avoir été le capitaine lors des défaites à Angers, Lorient, Sochaux, Caen et Monaco. Ce serait suspecter qu’il n’en a plus rien à foutre. Alors qu’au fond, il est toujours prêt à aller sur le plateau de Mathoux dire que son entraîneur, qui n’est ni Tigana, ni Bedouet, n’est pas raciste.

Fernando : Lui a eu un complice, qui l’a replacé en défense centrale, et un alibi, une blessure qui l’a privé de la fin de saison 2009-2010. En fait, si, il était revenu perdre 3-2 à Lens.

Wendel : Demander à se faire naturaliser ne fera revenir ni Blanc ni son pied gauche.

Carrasso : Couvrir les conneries de Ciani, ça va un moment, alors quand Ciani met alternativement les maillots de Sané et Savic, il n’y a plus rien à faire.

Plasil : Osasuna était une belle expérience, il y a appris qu’il vaut parfois mieux compter sur soi-même que sur Ludovic Delporte pour marquer 4 buts et faire 10 passes.

Gourcuff : Une passe décisive pour Ciani et une victoire 2-1 au Parc des Princes. Il a déjà confirmé 2009-2010, Bordeaux ne pourra pas le retenir longtemps.

La morale de l’histoire, racontée par Modeste et Ben Khalfallah, c’est que Gouffran a beaucoup manqué et que Cavenaghi n’avait pas les cheveux si sales finalement. Qui aurait pu prédire ça ?

L’Edito : Un Real trop Kaka

La Ligue 1 a repris, pourquoi pas Le Vestiaire ?

Inutile de s’appeler Marco Simone pour deviner que n’importe qui peut travailler à Canal ou que Marseille conservera son titre. Ce ne sera pas tant grâce aux talents comiques conjugués de Gignac et Brandao qu’à la faveur des arbitres qui ont revêtu leur tenue de printemps. Le fameux apparat qui permet de valider des buts hors-jeu et surtout d’appliquer la règle des mains dans la surface. Marseille sera donc champion malgré le Barça du Nord, qui n’a toujours pas remporté un match important depuis cinq ans. C’était le 4 mars 2006, Le Mans s’était incliné de justesse, 4-0. Bodmer avait marqué.

Mais cette année est exceptionnelle, il n’y a pas de match important. Quand Marseille affronte Bordeaux, c’est la relégation qui se joue et la ligue 1 compte une petite vingtaine de Bordeaux, mais il n’y en aura plus jamais  comme celui de dimanche soir. Celui qui laisse Triaud rêver d’attaquer Blanc ou Domenech au Pénal. La poule ou l’oeuf ? Est-ce Ciani qui est mort un soir au Stade de France et qui a tué un par un ses partenaires ou est-ce le gourou Blanc qui a commandité un suicide collectif  un soir de Noël 2009 ? Nul ne le saura jamais. Il ne restera que des espoirs assassinés. Tremoulinas, Gourcuff, Ciani, Chalmé, Plasil, Fernando, Diarra et Chamakh n’avaient peut-être que trop humilié le Bayern, la Juve et dix-sept clubs Français entre septembre et decembre.

Le reste n’a que peu d’intérêt, même pour un saladier d’argent récupéré hors délai par Gilles Simon, hors territoire Serbe. On aurait aussi pu parler de la Coupe d’Europe de rugby, de handball et de ski, mais on a un travail à côté.

Pendant ce temps-là, le remplaçant de Kaka a fait une passe décisive. Le Barça a eu moins de mal face à son Almeria.

Bordeaux, Lyon, Gourcuff-Aulas :
Prime à la casse

Comment réaliser une plus-value sur son plus mauvais joueur ?

Jean-Louis Triaud est-il le plus fin tacticien de l’histoire du football français ? La question aurait fait rire il y a dix jours, l’hypothèse de voir un jour Ben Arfa porter des lunettes aussi. Mais tout arrive. Même Berlusconi prend une leçon, certains vices lui sont donc encore inconnus.

Tout commence en septembre 2008, le jeune entraîneur bordelais Laurent Blanc décide de remporter le titre. Pour cela, il construit une équipe imbattable à partir de la 27e journée et les débuts de son nouveau meneur de jeu, venu directement des tribunes de San Siro après des essais concluants face à Toulouse et au PSG. C’est un prêt, avec une option d’achat fixée à 15 millions d’euros. Une simple sécurité au cas où il fasse trois matches corrects, Milan récupérerait alors la star pour le revendre 40 millions à Manchester City. Car  jamais Bordeaux n’achèterait un joueur aussi cher. Mais la Une de L’Equipe va faire son oeuvre et la demi-saison de Gourcuff contient suffisamment d’espoirs pour que Triaud paye. Le proprio s’en fout, il a du pognon et n’y connaît rien.

Triaud de choc

Sur ce coup, Triaud a encore raison, l’impact psychologique de Gourcuff est tel que ses coéquipiers sont en addiction, certains connaissent même leur première fois. Ils ne savent même plus jouer sans lui, bientôt ils ne sauront plus jouer avec lui. Blanc est évidemment d’accord, les orgies n’ont jamais été un problème et si ça se trouve il pourrait même faire une saison complète pour tout gagner. Mais la suite ressemblera davantage à un polar d’Harlan Coben, publié après l’adaptation de « Ne le dis à personne« . La révélation de l’arnaque, le fameux complot rossonero et la chute du grand Bordeaux. Le président bordelais fait re-signer tous les mauvais, ne ramasse rien sur Chamakh, n’a plus une tune et Gourcuff sur les bras.

Triaud lance alors son plan machiavélique. Il pourrait facilement s’en débarrasser entre deux et sept millions. Il en veut dix. Habilement, il parle donc d’une clause de 25 millions, un prix jugé par tous hors réalité, scandaleux pour un joueur de ce niveau et surtout qui ferait de lui le transfert de l’année. Dans le jargon, on appelle ça la « compensation milanaise ». La clause est caduque ? Habilement, Triaud accepte de descendre de trois millions, ce sera sept millions d’euros TTC. Aulas est séduit, c’est à peine plus cher que Lisandro et, qui sait, il réussira peut-être à faire jouer la clause en juin prochain auprès du Barça ?

City banque

Triaud, qui aime vendre le même joueur plusieurs années de suite, se fait promettre quatre millions et demi à la revente, juste en fronçant ses épais sourcils, arguant que Gourcuff sait tirer les penaltys. Un pieu mensonge n’a jamais fait de mal, mais Aulas ne marche pas, c’est trop gros. Alors, Triaud a l’idée du siècle, un jour il se souvient avoir vu Gourcuff tirer correctement un corner. Il ne résiste pas à l’envie de partager l’anecdote avec son homologue, qui sourit. A la 94e minute de PSG-Bordeaux, c’est Triaud qui sourit. Lyon aura du mal à toucher quelque chose en juin prochain.

Sur le plan sportif, en revanche, Gourcuff fait le meilleur choix. Un joueur de son calibre ne peut se passer de la Ligue des champions, même si Blanc préfère assister à PSG-Bordeaux, allez savoir pourquoi. Abidal n’est pourtant pas suspendu. Ce n’est pas un mauvais présage, même si Zidane n’aimait pas trop priver son équipe de C1 deux ans de suite. Peu importe, Gourcuff est un calibre tel que les grosses cylindrées n’ont pas hésité à faire monter les enchères. Manchester City ici, Manchester City là, et finalement Lyon a emporté le magot. Gourcuff aurait même promis dix bons matchs, allez cinq.

Pendant ce temps-là, Triaud pleure déjà l’enfant du pays rennais : « On a dit à Jean Tigana voilà ce qu’il se passe et voilà ce que l’on pense. Il nous a répondu qu’il pensait la même chose que nous. J’ai parlé ensuite avec Yoann et nous gardons de très bons contacts. » Avec Lyon aussi : « C’est une bonne opération financière. »

L’Edito : Pour quelques taulards
de plus

c-fou

Le Prince Charles n’est pas mort-né. Il a mutiné dans l’Arsenal. Mais dans ce cas, qui a rupiné ? Et tapiné ? Pas Thierry Bisounours, quand même.

Fernando Torres blessé,  Higuain mono buteur malgré vingt occasions de but (deux tirs en 83 minutes, un cadré) contre David Villa un poil moins en réussite. A la fin du Mondial, l’histoire retiendra-t-elle la question qui s’impose : le football international sera-t-il aussi fort que la C1 ? Les joueurs de l’équipe de France aimeraient y répondre, à condition qu’ils le putes, Ribéry et Govou n’ont d’ailleurs aucun avis sur le sujet. Du coup, Domenech a provoqué un show, prévu dimanche prochain sur un canapé rouge.

On l’aura compris, il ne manque pas grand-chose aux Bleus pour éviter le bordel. En Ligue 1, c’est pareil, l’OM est devenu intouchable malgré les arbitres et l’opposition des grosses cylindrées. Comme un symbole, c’est Taiwo l’homme décisif. Autre symbole, Auxerre est un intouchable deuxième, c’est à croire que le meilleur buteur de la saison dernière peut à tout moment se faire voler la vedette par Kazim Kazim.

Un meneur à 2 francs Zizou

Il ne faut pas se plaindre, si on était en Liga la défense de Nancy trouverait la solution pour empêcher Niang de marquer et tout le monde verrait le Sénégal champion du monde quand même. On aurait aussi pu vous raconter que Chelsea avait réussi a mettre un but à Tottenham, que le géant Scholes avait marqué de la tête sur une passe d’Evra et que cela pourrait être le même homme que le médiocre latéral de l’équipe de France. Mais personne n’aurait cru que le Barça pouvait être accroché par l’ancien club de Ouedec. En revanche, Bordeaux a bien été accroché par Lyon, oui par Lyon, mais Triaud a fini par révéler le montant des offres faites à Gourcuff. Faute avouée ?

Sinon, il y avait aussi les championnats de France de natation, avec les fameuses nouvelles combinaisons chair beaucoup moins chères, mais apparemment moins efficaces aussi puisque les 100m ne se nagent plus en 46 secondes et le 50m en 20 sec. Pour fêter ça, on laisse Chavanel dédicacer sa seizième place à Joubert et Asloum : « Il ne me manque pas grand-chose, mais je n’y arrive pas. » Pareil pour Loeb, à chaque fois il laisse de l’avance aux autres, mais ça ne suffit jamais.

Pendant ce temps-là, il y avait aussi du tennis en France. Nadal, c’était à Monaco et quand on joue tout seul ce n’est pas du tennis. On parle donc bien des victoires de Patience à Angers et de Jeanpierre à Cholet.

L1, Bordeaux : Les Bleus marinent

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Istanbul est un joli port de pêche. Parfois, ça sonne aussi Ligue des Champions, mais pas cette année. Bordeaux pourrait bien faire mieux qu’en 95, mais rien n’est jamais gagné d’avance.

Sans Aucun Doute et son juriste à l’œuf de poule sur le crâne n’auraient même pas vu le subterfuge. En prédisant « l’exploit de Bordeaux », il y a un mois, quiconque aurait volontiers imaginé un but de Gourcuff ou un quadruplé de Cavenaghi, voire un titre de champion de France déjà assuré fin mars. Et pour cause : Bordeaux survolait le championnat, en montrant même l’étoffe d’une bonne équipe. Comme le précisent Hoarau et Gignac, il faut croire que la Ligue 1 est un miroir déformant. Ca n’est pas une excuse pour Pedretti.

Ciao Menegazzo

Mais l’exploit girondin est encore plus grand. L’énoncé a quelque chose d’effrayant, de mythique. Bordeaux a réussi à se faire éliminer par Galatasaray. Les prémices avaient commencé il y a dix jours. 0-0 à Chaban Delmas, on pressent qu’il se passe quelque chose, en l’occurrence plus rien. Blanc parvient à s’en satisfaire, il ne regrettera pas la confiance accordée à son groupe. Toutes les grandes équipes connaissent un jour leur chef-d’oeuvre. Les Turcs étaient faibles, si faibles que le terreau était idéal. Le 1-0 miraculeux offert à Bellion dès la première minute, de 1-3 à 3-3 et finalement le quatrième but sur une énième offrande de Fernando dans les dernières secondes. Comme tous ses compatriotes brésiliens, ce dernier tutoie l’excellence cette saison, mais elle préfère visiblement être vouvoyée.

Fernando est donc le vrai mentor de cette équipe, Gourcuff est trop beau pour être un gourou. Comme lors du 1-1 à domicile contre Grenoble et les défaites 1-0 à Marseille, Paris et Valenciennes… Triaud a gueulé et réclamé l’arrêt immédiat de telles performances. C’est le dernier dernier avertissement, puisque le dernier datait de Paris. Mais cette fois, Bordeaux ne s’est même pas fait voler. Chamakh regrette l’ambiance des cross UNSS de Tonneins.

A l’intersaison, Wendel n’intéressait que Naples. Inquiétant, mais il y avait pire : Wendel s’intéressait aussi à Naples.