Coupe Davis : Mâcher du Guy mauve

Notre spécialiste comptait vous écrire la légende Melzer avant Autriche-France. Plus la peine, Simon et L’Equipe s’en sont chargés.

 

Monfils et Tsonga, blessés, ont été rejoints par Gasquet. Llodra redevenu leader de double, il ne restait donc plus que Simon pour expliquer quel genre d’homme de la situation est Forget.

Décembre 2010, Belgrade. Mickaël Llodra pleure, humilié. Troicki vient le réconforter, Forget aussi, les bourreaux sont sans pitié. Quelques jours plus tard, sa prolongation de contrat de 14 ans est signé par un ancien rugbyman de petite taille. Deux mois plus tard, Monfils a mal au poignet et Tsonga s’est enfermé chez le médecin. Gasquet, lui, a retrouvé son Nokia de Winston Salem au fond d’un sac, ça lui a rappelé qu’il a mal à l’épaule. « La blessure n’est pas diplomatique, il a vraiment mal » affirme Forget. C’est d’ailleurs dans le deuxième set que son physique l’a lâché contre Federer (6-2, 7-5).

La farce de Vienne

Du coup, il reste Simon de valide. Et heureux de revenir sur sa décision de ne plus revenir. « Qu’il ne me parle pas de mon jeu quand il est sur la chaise et moi sur le terrain. Ou alors qu’il passe plus de temps à regarder comment je gagne. » On a connu des joueurs plus amènes avec les stagiaires de Frédéric Viard, quand bien même ils ne seraient pas amis avec Noah. En même temps on ne la fait pas à Simon, qui cash aussi sa joie d’être un Mousquetaire de Canal. On ne le verra probablement pas dans l’épisode du dernier Melbourne, mais ils ont parlé.

Les Petits Nazes de Tarbes

Et Simon est là, tout est aplani, la méthode Forget suscite même des éloges : « J’arrive en sélection dans l’idée qu’il faut absolument se plier aux règles. Et qu’est ce que je vois ? Je vois que chacun arrive à l’heure qu’il veut. » La fameuse liberté qui a permis d’aller en finale avec cette génération exceptionnelle de Tops 30. Il faut juste leur donner confiance et apprendre à leur parler. « Quand tu entends toute l’année que le meilleur mec pour gagner tel ou tel point c’est pas toi, tu n’es pas préparé à jouer le simple d’une finale. » Llodra a fini par bien le comprendre.

Forget a retenu la leçon : « Sans la blessure de Richard, lui et Simon étaient tous les deux n°1 au départ de ce premier tour de Coupe Davis. » Il n’est plus cet indéfectible optimiste :  » Jérémy Chardy n’est pas mal sur terre battue. Il s’est imposé à Stuttgart il n’y a pas si longtemps (juillet 2009). »

Coupe Davis : S’embraser sous le Guy

Forget avait décidé de ne pas compter sur Llodra. Comme prévu, il n’a pas pu compter sur Llodra.

Samedi soir la Serbie et ses deux sets d’avance en double pensaient bien être les Français de cette finale et Obradovic se prenait pour Forget. Il est vrai que se passer de Djokovic pour le double, c’était pas mal. Mais les Français restent les Français et Forget reste Forget, faut pas le provoquer sur son terrain. Être capitaine de Coupe Davis, c’est influer sur le cours d’un match, notamment sur le mental et la stratégie. C’est même la spécificité de la Coupe Davis. Forget-Obradovic était donc la finale rêvée et comme dans toute finale, il faut attendre le dernier jour pour savoir qui est le maître. Quelques éliminations au premier tour, des branlées mémorables, un relationnel à la carte, un seul titre, Forget n’avait pas encore assez prouvé pour justifier que onze ans c’est déjà pas mal. Il visait plus haut, pour prouver enfin que Mathieu à Bercy n’était pas un coup de chance.

La gloire de Monfils

Cette fois, Mathieu s’appelle Llodra. Il est le joueur le plus en forme, il vient de battre Djokovic en indoor et si la France est en finale c’est grâce à lui. Forget ne peut pas s’en passer. Il va faire mieux : s’en passer. L’objectif est simple, reposer Llodra et fatiguer Djokovic. Pari gagné : Llodra est brisé sans jouer un seul point et Simon pousse le numéro trois mondial jusqu’au troisième set. Le plan aurait pu être parfait si Obradovic n’avait pas eu lui aussi de bonnes idées comme aligner Tipsarevic plutôt que Troicki, auteur d’une fin de saison énorme, en simple, si Zimonjic n’avait pas 50 ans et deux sets d’autonomie et si Clément n’était pas le seul grand joueur de la bande. 2-1 pour la France après le double, il faut agir.

Monfils a toutes les chances de prendre une taule contre Djokovic s’il fournit le même match que d’habitude dans les grands rendez-vous. Mais là, c’est la Coupe Davis, Forget saura trouver les mots. Après Soderling en finale à Bercy, Gaël avait compris tout seul qu’il ne fallait pas passer son temps à défendre et être solide au service. Forget sera là pour le lui rappeler au passage. Cette fois c’est une finale, Monfils passe son temps à défendre et chie ses jeux de service : « Guy m’a proposé plusieurs stratégies. » La bonne aurait suffi.

Paul-Henri Llodra

Llodra comprend rapidement qu’il va falloir jouer. A peine entamé par ses merdes de la veille, il a la bonne surprise de découvrir Troicki, son compagnon d’infortune. « On ne va pas trahir de secret, Tipsarevic va jouer. » Au dernières nouvelles, Chamoulaud ne serait pas recherché par Interpol. 6-2 au premier set, Llodra aimerait tellement s’appeler Simon. La suit,e c’est le chef d’œuvre du capitaine. Mika, qui ne sait plus en quoi consiste son jeu et reste bloqué comme la veille à 20% de premières balles, Chamoulaud qui trouve Troicki injouable comme Youzhny et De Bakker avant lui. Boetsch n’avait, lui, pas attendu la fin du simple précédent pour  rappeler que si Llodra perdait ce n’était pas grave tellement il a apporté à l’équipe. Et pour finir, les larmes du champion, qui savoure le pire moment de sa carrière.

Finalement, tout le monde était au courant depuis longtemps, même Forget, qui a servi ses habituelles conneries d’après défaite. Le groupe prometteur en construction, la supériorité de l’adversaire et ses choix assumés. Ça servait à quoi de jouer la finale ?