Italie-France : Rome charrettes

 

Quelle mouche avait donc piqué Le Vestiaire pour oser demander la tête de Lièvremont il y a trois ans ?

On se doutait bien que cette équipe-là allait finir un jour par rentrer dans l’histoire. Ca n’était pas passé loin, en novembre, contre l’Australie (16-59), mais une équipe de France avait déjà eu l’idée de prendre une valise encore plus grosse (61-10 contre la NZ en 2007). Les salauds. Aucune équipe de France n’avait par contre jamais encore perdu dans le Tournoi contre l’Italie. Et ça, personne ne pourra plus l’enlever à Lièvremont.

Il faut dire que le frère de Thomas Lièvremont avait bien préparé son coup en titularisant Chabal pour faire souffler Harinordoquy, qui n’avait pas joué en club la semaine d’avant. On est jamais trop prudent. Servat, lui, n’a pas eu le droit aux mêmes états d’âme, mais on a vite compris pourquoi après l’entrée en jeu de Guirado. Se faire prendre en photo par Midol devant son centre de rééducation permettra-t-il à Swarzeski de guérir plus vite ? Pas sûr. Regardez Marconnet : voilà quatre ans maintenant qu’il s’est pêté le tibia au ski et il court toujours sur une jambe.

Welcome to Parisse

Heureusement, Huget a fait fumer les siennes pour marquer un essai d’anthologie, sur 80 mètres. C’était une semaine trop tôt. Et contre Toulouse. Mais comment voulez-vous qu’il s’y retrouve avec tous ces doublons et Bayonne qui joue aussi en bleu ? Avant de se barrer claquer son fric au Stade français avec Bernard Laporte, Afflelou pourrait lui offrir une paire de Tchin-Tchin ou une copie des règles du rugby pro. Au choix. Amener volontairement un ballon en touche dans ses 22 à dix minutes de la fin pour donner le lancer aux Italiens, même Traille et Poitrenaud n’y auraient pas pensé. Mais de quoi pouvait donc bien parler Lièvremont quand il soulevait la gestion catastrophique de ses Bleus contre l’Ecosse et l’Irlande ?

Cette défaite à Flaminio, c’est d’ailleurs bien de leur faute à ces jeunes cons. Lui ne s’est « pas passé aujourd’hui de joueurs providentiels ». C’est son boulot. Il ne va pas en plus se faire chier à expliquer à ceux qu’il a pris la façon de jouer ensemble. Ils sont bien assez grands pour ça. Et puis, après tout, les Français ne sont pas passés si loin de l’exploit à Rome. A deux points près, ils étaient encore en course pour le gain du Tournoi, mais Rougerie a cru bon devoir montrer à ses potes pourquoi Clermont s’y est repris à quinze fois avant de gagner le championnat.

L’absence de seconde ligne, Chabal, la vitesse d’exécution de Parra, Chabal, les 32 ans de Jauzion et Chabal ont aussi rasuré les Tonga et le Canada sur leurs chances de jouer un jour les quarts de finale d’une Coupe du monde. Nos Bleus ont au moins eu une chance dans leur malheur : le match n’a pas été diffusé au Japon.

France-Ecosse : Le Guirado de la méduse

Les champions d’Europe en titre ont fait boire la tasse à l’Australie du Nord. A quoi bon défendre ?

Ceux qui arrêteront cette équipe de France ne sont pas encore sortis des bourses écossaises. C’est simple, elle n’a plus perdu un match dans le Tournoi depuis le 15 mars 2009. C’était en Angleterre (34-10) et Le Vestiaire avait alors été bien dur avec Marc Lièvremont et ses deux faire-valoir. Notre spécialiste sports régionaux doit aujourd’hui se faire une oraison : le tryo de Marcoussis a accouché d’un rouleau-compresseur taillé pour l’hiver. Si la Coupe du monde se jouait en février ou en mars, Yoann Huget verrait sûrement que Webb-Ellis n’est pas qu’une marque de chemises.

La grande Ecosse, celle là même qui n’avait pris que 49 points contre la Nouvelle-Zélande, à l’automne, avant d’en coller 3 aux Samoans, n’a pas existé dans le chaudron de Saint-Denis. Tout juste a-t-elle pu marquer trois essais ; une première sur ses dix-huit dernières sorties internationales. Il faut dire qu’elle avait en face une formidable machine offensive, qui a marqué en un seul match autant d’essais que sur tout le mois de novembre. Fidji compris.

Guilhem le suive

Comment donc expliquer une telle montée en puissance ? Palisson, Estebanez, Andreu et Porical n’ont pas trouvé de réponse, samedi soir, devant leur télé. Ca aurait peut-être été plus simple si Huget, Mermoz et Traille avaient pu se joindre à eux. On est en tout cas rassuré sur la capacité de nos Bleus à jouer sans ce dernier à l’ouverture. Le réservoir de talents est tel dans le Top 14 qu’on pourrait aussi sans doute s’en passer à l’arrière.

Parce que le XV de France aujourd’hui, ce n’est pas qu’un ouvreur champion de Tomate ou une demi-douzaine d’avants qui ne tiennent pas un ballon. C’est aussi des remplaçants si solides que toute l’équipe du Vestiaire est allée pour la première fois à la messe, dimanche, prier pour que Servat soit épargné par les blessures jusqu’en octobre. Soyons juste, quand même, avec Guilhem Guirado : il n’a pas fait une plus mauvaise entrée que Chabal ou Ducalcon.

Pendant ce temps-là, on devrait bientôt en savoir un peu plus sur la dangerosité des tables de nuit néo-zélandaises.