Federer-Tsonga : Les francs Suisses

 Bon, Tsonga qui gagne le tournoi c’est plus possible. On va dire Federer et on verra dans deux jours.

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C’est encore un superbe duel que se sont livrés le Suisse qui parle français et le Français qui vit en Suisse. Du tennis champagne qui accouche toujours d’un futur vainqueur de Grand Chelem. L’an dernier en Australie Federer avait gagné le quart, le prélude à sa renaissance. Puis à Roland Garros Tsonga avait mis une branlée à Roger en quart, et il devenait favori face à Ferrer. Et au petit jeu de la revanche, Federer a de nouveau bombé l’ego pour torcher Tsonga, le prélude à sa renaissance mis cette fois c’est vrai. Tout a changé : cette fois c’est un 8e de finale. Et ce n’est pas Mauresmo qui le trouve fit, très en jambes et impressionnant parce qu’il n’a pas perdu un set avant son quart de finale, c’est Bartoli.

Mais revenons au match de la renaissance. Roger revient à un très haut niveau. En mettant des taules à tout le monde, y compris à un top 10 français blessé le tiers de la saison l’an dernier, il prouve qu’il est de retour. Être de retour ça veut dire qu’il est magnifique à voir jouer, qu’il sert comme un Dieu, qu’il défend super bien quand l’attaque de Tsonga passe au milieu de dix fautes directes. Être de retour ça pourrait vouloir dire qu’il va tenir l’intensité de Nadal et Djoko facilement, qu’il va défendre et jouer tous les points à fond pendant 4h, et pourquoi leur apprendre le tennis parce qu’il est meilleur que jamais. En plus son coach c’est Edberg maintenant, et tout le monde sait que les deux autres ne savent pas faire un passing.

Ou alors Edberg est pas vraiment coach, Tsonga est pas vraiment bon et Federer est simplement remis de sa blessure au dos, donc tout est normal. Mais il est toujours vieux, ce qui ne dispense pas de battre Murray en quart. Mais de nos jours personne ne peut aller en demie sans devenir le plus grand joueur de l’histoire ; ça vaudra une nouvelle photo avec Rod Laver, tout au plus.

Evidemment il y a une contrepartie à tout ça : Jo-Wilfried a été pas mal mais en retour de service c’était pas ça, et puis le jeu de jambes non plus, et puis la concentration ça aurait pu être mieux, et puis ses volées dans le bas du filet ça suffit pas pour surprendre Federer. Par contre la coupe à la Eboué c’était sympa, surtout pour balancer ses balles au-dessus du toit ou balancer sa raquette au changement de côté. Ça sent pas la victoire en Grand Chelem mais ça ne change pas l’essentiel : Tsonga reste le meilleur joueur français depuis Noah.

Pendant ce temps-là, Nadal a aussi mis trois sets à un Japonais qui avait éliminé Tsonga en 8e il y a deux ans. Mais il inquiète tout le monde.

Open d’Australie : Tu ne seras pas Monfils

Ce fut un match extraordinaire, et Monfils a pris une branlée. La même que Tsonga. Serait-ce le retour des mousquetaires ?

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Il faut se rendre compte : qui, dans le tennis mondial, est capable de se créer des balles de break sur le premier jeu de service de Nadal et de l’ennuyer pendant plus de dix minutes ? Toni Nadal avait raison, Monfils est le plus bel athlète que le circuit ait connu. Et comme le disaient les avisés commentateurs d’Eurosport durant la première demi-heure de jeu, Nadal est nerveux parce qu’il sait que Gaël est indébordable et qu’il est ultra-puissant. Attention, il ne s’agit pas d’instruire le procès de gros nuls qui n’y connaissent rien. C’est d’ailleurs plutôt vrai : Monfils est indébordable et il est ultra-puissant. Le seul hic est que Nadal a gagné 6-1, 6-2, 6-3.

A vrai dire, on l’a senti venir quand, à 4-0 dans la première manche, les-dits commentaires avaient un peu changé : « Gaël fait de supers coups mais il va falloir les enquiller pour faire un jeu ». Avec une telle clairvoyance pour expliquer le tennis, le monsieur doit avoir des diplômes d’entraîneur. Mais là encore il n’a pas tort : Monfils a proposé des points fantastiques à Nadal qui a sué beaucoup plus rapidement que d’habitude. C’était magnifique, à pleurer, d’une intensité folle, et neuf fois sur dix Monfils perdait. La clé de ce mystère porte un nom : les fautes directes. Monfils en a commis 57, Nadal 18. La différence de niveau est moins une vitesse de premier service qu’une attaque de coup droit qui est dans le court quand elle est espagnole ou deux mètres hors du court quand elle est française.

Si l’on veut résumer, il suffit de remettre la balle cinq ou six fois dans la moitié de court de Monfils pour qu’il se déborde tout seul. C’est le sens des quatre victoires de Simon en cinq duels. Quand Simon s’appelle Nadal, il tape juste un peu plus fort, un peu plus vite, un peu plus longtemps. Mais c’est vrai que Monfils en remet un paquet avant de saloper le balle en milieu de court ou de la mettre mais de ne pas monter à la volée parce qu’un pas de twist avant d’envoyer un parping dans les tribunes c’est mieux. Ca fait lever les foules, un peu moins les points ATP.

Pendant ce temps-là, Nadal est monstrueux. Le frigo était à la bonne température cet automne pour ses genoux.

Tsonga-Ascione : Thierry en rit

Et en plus Jo-Wilfried Tsonga a été éliminé par Nishikori après avoir raté des balles de matchs. Le choc psychologique comme on dit.

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Un jour, à Roland-Garros, Roger Federer attendait Thierry Ascione. C’était en 2008, à l’époque les deux hommes jouaient au tennis. Pour Roger c’était un 2e tour comme un autre, enfin pas tellement plus dur. Pour Thierry en revanche, c’était le jour d’une vie. Un peu grâce à Federer, beaucoup grâce au 2e tour parce qu’il n’en avait jamais joué et qu’il n’allait jamais en rejouer. Ah si, même un 3e, mais qne qualifications le samedi avant le tournoi.

Jouer Roger, c’était de loin sa meilleure performance de la saison, perturbée par un accident de scooter, l’ironie de l’histoire quand on provoque tant d’accident porte d’Auteuil à cause de coups droits égarés. Pourtant, les plus éminents spécialistes tennistiques ont toujours cru en lui, tel Guy Forget qui déclarait en 2004 sur la sélection de Thierry en Coupe Davis : Qu’est-ce qui vous a séduit en Thierry Ascione ? « D’abord sa force de frappe. Aujourd’hui, il frappe au moins aussi fort que Ljubicic. J’aime bien aussi l’attitude de Thierry sur le court. C’est quelqu’un qui ne montre aucune émotion. C’est déjà la preuve d’une certaine maturité chez lui. » Ljubicic tapera effectivement un peu moins fort pour gagner en 3 sets pour la seule apparition de Titi sous les drapeaux jusqu’à aujourd’hui.

Et c’est effectivement sans aucune émotion qu’il avouera à François Brabant d’Antenne 2 « je ne sais pas ce qui s’est passé » après une défaite contre le très poivre et sel Sanguinetti. Pourtant Brabo n’avait pas prononcé les mots qui s’imposaient : « Thierry, c’est con non ? » La magie des courts annexes. Espérons que désormais Thierry sache transmettre le goût de son art, car comme il l’a déclaré après le match et sans savoir qu’à 32 ans il donnerait des conseils avec un triple menton,  » j’ai passé six mois et demi à ne rien faire du tout, parce que d’une part je n’avais plus le goût, et d’autre part parce que je ne pouvais plus. »

L’Edito : Sherif fais moi Spurs

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L’équipe de France féminine de basket cartonne tout le monde et joue à domicile. En général ces histoires-là finissent mal.

Qui eut cru qu’un jour Boris Diaw soit ici non seulement connu, mais loué ? Alors qu’hier soir il s’approchait du sommeil, à l’ombre d’un Harlan Coben qui prouve qu’il est comme tout le monde, notre spécialiste intérimaire edito était inhabituellement nerveux. Qu’allait-il écrire le lendemain sur Andy Murray ? Le seul sujet qui vaille dans son esprit n’en était pas un mais il se mentait à lui-même. Par défaut, il fallait donc trouver comment faire croire que le Queen’s était un tournoi où se pressent les meilleurs. Fallait-il insister sur Tsonga et cette malédiction, seule explication plausible des défaites qui s’enchaînent contre le plus Ecossais des Lendl ? Ou plutôt insister sur Lendl qui entraîne le plus Ecossais des Lendl en n’ayant lui-même jamais gagné Wimbledon ? Le rêve de Tim Henman est en marche, surtout que Nadal et Djoko étaient en vacances et que Federer a gagné à Halle. Trop de questions, et une mauvaise nuit. Mais voilà : parfois de la nuit jaillit la lumière. Aucune allusion à la confession Zahia-Demaizière dans une chambre d’hôtel. Zahia a pleuré, Demaizière on sait pas, de toute façon c’est entre adultes qu’on s’entend.

Parker ne perd jamais

La nuit en question était celle de Bobo Diaw. Et peut-être de Parker, qui a finalement attendu son grand âge pour choisir d’être décisif uniquement dans les grands matchs, il en reste encore quelques uns pour en être sûr. A ce rythme, il sera MVP,  De Colo le vouvoiera, il finira avec des bagues à tous les doigts et peut-être même qu’Eva Longoria nue n’appartiendra plus uniquement aux moteurs de recherche de nos plus fidèles lecteurs. Que lui manquera-t-il pour entrer dans la légende à part faire du cinéma ou choper le VIH ? Quand tout ça sera fini, quand la gloire sera venue, il fera peut-être comme les autres : il contactera Laudrup ou Villas-Boas pour continuer à faire rêver les gens. A ce sujet, plutôt championnats d’Europe d’escrime ou coupe des confédérations cette semaine ? Si vous êtes gentils, il y aura les deux.

Pendant ce temps-là, le week-end prochain c’est le pesage. On n’a pas dit que Bartoli serait en finale à Eastbourne, juste que les 24h du Mans approchent.

Roland-Garros : Les huiles à la Noah

On comprend mieux pourquoi ils gagnent aussi souvent la Coupe Davis

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Le Vestiaire l’écrivait dès 2008, Tsonga n’est pas Français. Ce n’est une allusion raciste de plus c’est un constat sans appel qu’ont appuyé à l’unisson Monfils, Gasquet et Simon.

On ne peut pas être une seule personne et perdre après avoir manqué quatre balles de match contre Robredo, mené deux sets à un contre Federer et craqué physiquement au cinquième set contre Wawrinka. Par contre, on peut être de la même nationalité et on peut le faire devant un ancien DTN qui découvre en 2013 que Tsonga fait moins de fautes dans les moments importants.

Notre spécialiste bwin s’est laissé surprendre mais il ne faut pas exiger sa démission en plus de sa carte de presse. Gasquet aurait pu gagner en trois sets si Wawrinka n’avait pas foutu la merde sciemment ; c’est ce qu’on fait quand on sait qu’on est moins bon. Mais être moins bon n’a jamais empêché de rêver de dépasser les 3h de jeu contre Gasquet, autrement dit de gagner. Brabant s’en est retrouvé tout triste pour Richard qui avait vraiment l’air triste en sortant du cours. Mais une fois sa peluche retrouvée dans les vestiaires, il a été dire à la presse que tout allait bien, qu’il avait connu bien plus dur et qu’il ne pouvait pas plus. On l’avait compris depuis pas mal d’années. Si un jour l’ATP veut bien organiser un tournoi du Grand Chelem où il n’y aurait aucun roublard qui casse le jeu, aucun joueur qui se bat parce qu’il veut gagner, un tournoi où il faudrait juste mieux jouer au tennis que les autres, Richard sera là.

Gilles Sigmund

Une fois ce constat fait, faut-il en vouloir à Gilles Simon ? Evidemment parce que ne pas battre Federer pour un top 30 va vite devenir une honte. Pour l’instant le flou juridique préserve Gilou, mais le Vestiaire a vu ce que personne n’a vu : il était bien plus fort. Grâce aux moyens techniques de notre époque, que l’on appelle communément pluzz, le Vestiaire s’est procuré, ou plutôt farci, le jeu où Gilou a respecté à la lettre la tradition française. Flash back dans le quatrième set, Chamou vient de dire qu’on assiste à un grand moment, Federer tourne toujours à 5 fautes directes par jeu. Il y a 2-2, 30A sur le service de Federer, après deux retours envoyés dans la gueule du maître. Euphorique, le public scande encore « Gilou, Gilou ». La chanson n’est pas encore terminée qu’il y a déjà 6-2. Que s’est-il passé ? Sans doute effrayé par un « come on » de Roger, le dénommé Gilou ayant choisi d’expédier ses coups d’attaque deux mètres dehors plutôt que dedans comme depuis deux sets. Ca fait 0-30, ça fera pourtant 30A parce que Roger ne fait toujours pas un retour correct, mais la troisième faute directe de Simon, qui n’en faisait alors aucune, est fatale. Le temps de corriger ça que Roger lui offre déjà le champagne dans les vestiaires.

Il reste donc Monfils à qui en vouloir mais on lui en veut pas. N’accepter de gagner que quand on revient de blessure, qu’on a défendu pendant 5h et que les petites culottes volent sur le court, c’est la grande classe. Tant pis pour les Grand Chelem.

Roland-Garros : La coulée de Slave

Nadal n’a jamais été aussi fort, Djokovic aussi mauvais. Facile de deviner qui va gagner.

Nadal et Boetsch ont toujours su faire court. C’est donc sans trop attendre que Djokovic et Federer ont joué au jeu du plus nul, avec le concours de Brabant et Di Pasquale évidemment. Il n’est pas uniquement question de savoir qui a sa place en Coupe Davis ou non, l’orgueil compte aussi dans ces moments-là, par-delà le nombre de fautes directes, de double fautes ou de breaks blancs.

Mais Djokovic n’avait pas laissé deux sets d’avance à Seppi pour rien. Ni tenté quatre fois Tsonga pour finalement l’envoyer chez Denisot le lendemain. Mal jouer c’est une chose, ça dure d’ailleurs depuis un bon mois, mais ça n’a jamais empêché Federer de gagner. Etonnant : c’est justement contre Federer que Djokovic est devenu Federer. Et oui c’est triste, il n’a pas arrêté les tournois ATP.

Nadal gore

Djokovic en finale, c’est sans doute le plus bel exploit depuis que Boetsch a servi deux premières à plus de 160 en plein sur Kulti un dimanche soir dans un radio réveil. L’effet est le même, dévastateur. Jamais un joueur aussi chroniquement loin de son niveau n’avait réussi à avoir ces résultats. Retours de service, attaques de coup droit, défenses de revers, régularité : il a tout perdu. Sauf les trois quarts des balles de break et des balles de set et les quatre quarts des balles de match contre lui. Djokovic est essoufflé, dominé, il porte un tee shirt Uniqlo mais c’est Tsonga qui craque et Federer qui perd ses deux breaks d’avance. Pioline rêvait pourtant que Roger lui tape dans la main comme l’an dernier, ça lui rappelle les diarrhées d’avant-finale contre Sampras. Lui au moins, il ne comptait pas sur les grands-pères des autres pour redevenir numéro un.

Pendant ce temps-là, Nadal joue plus long que jamais, fait encore moins de fautes que quand il n’en faisait pas et il court comme s’il avait des genoux. Et puis Djokovic n’est plus vraiment sûr d’aimer le tennis, ni qu’il va coller trois sets à Nadal. Pourtant, un doute subsiste : Djokovic parle-t-il déjà mieux français que Monfort ne parle espagnol ?

Monte-Carlo, Murray : Andy sur le Ivan

Pendant que Nadal et Djokovic passent le temps au casino, Numéro 4 travaille dans l’ombre. Encore un effort et le court 17 de Roland lui réservera un bel accueil.

Quand les machines à sous et Jo Tsonga font du bruit, Guy Forget n’est jamais loin. Dix jours après son départ, il est déjà de retour mais il ne travaille que l’après-midi et certainement pas en regardant Benneteau, tout n’a pas changé non plus. Murray aussi est passé à travers la maille, ce n’est pas faute d’être entraîné par Lendl.

Lendl, nous y voilà. Même si le tennis ne reprendra pas avant le Challenger du TC Primrose, où Serra fera comme d’habitude de beaux desseins, le Vestiaire reste en alerte, même dans les contrefaçons de Masters 1000 qui programment et Tsonga et Simon à la même heure un jour de quart de finale. Il a suffi à notre spécialiste tennis d’entendre Julien Boutter, ou Lionel Roux, ou les deux, affirmer que Lendl c’est une bonne chose pour Murray, puis d’entendre Lendl dire que Murray avait les armes pour battre Berdych, pour se farcir le duel de 2h50, à l’aube pourtant d’une importante journée de Ligue 2. Et il n’avait pas échappé non plus au Vestiaire, dès le début de semaine, que Murray avait impressionné son monde contre Troicki pour son premier match sur terre.

L’effet Lendl, c’est aussi que Benneteau se blesse à 5-5 en huitièmes. Devenu intouchable, Murray allait donc coller une bonne branlée à un Tchèque, restait à déterminer lequel : le Tchèque sur le terrain ou l’Américain dans les tribunes ?

Coup droit Berdych, revers merdique

Le 100% de réussite sur balle de break est une première réponse. Murray sera bientôt 15/2, et gagner le premier set 7-6 en s’accrochant uniquement à son service, c’est même digne d’un numéro 1. C’est d’ailleurs en imitant le regard sûr de Djokovic et la démarche de Federer qu’il a regagné son banc. A côté, Berdych et son petit 5/16 sur ces mêmes balles de break n’a guère que la victoire pour se gausser. Il verra les demi-finales mais Murray, lui, a trouvé ce qu’est un numéro 1. Il faut trouver les solutions. Voyant bien que le coup droit de Berdych était inarrêtable, Murray a décidé d’imposer quelques smashes et volées hautes à son adversaire. Plus constant, l’Ecossais ne s’énerve plus uniquement entre les points, mais aussi pendant. Pas une attaque, que des remises défensives, il a même corrigé son principal souci : sa qualité de retour. Lendl est en train de régler durablement le problème de Murray : les finales de Grand Chelem.

Balles à mi-court, fautes directes, amortis trop longs et même un ou deux services extérieurs : Murray a tout tenté. Et si Berdych était imbattable, comme un ancien capitaine de Coupe Davis l’avait constaté en caressant les cheveux de Simon ?

L’édito Forget : Se faire prendre Hlasek

C’est l’événement sportif de l’année, peut-être de la décennie.

Ca vous prend comme une gastro en plein week-end familial, au détour d’une alerte sur votre Iphone, vous découvrez avec stupeur que l’équipe de France s’est faite virer comme une merde de la Coupe Davis. Sans Pete Sampras, sans Agassi, sans Fish, mais avec Courier. Ca fait au moins une excuse même si depuis Bruguera a aussi gagné Roland. Et Harrison. Déjà qu’en triple saut c’est  pas énorme, alors en tennis.

Bref, on se dit que c’est pas passé loin, on est surpris, mais finalement pas tant que ça. Un choix pourri par-ci, une blessure par-là et le conseil avisé qui ne vient jamais. C’est la panoplie d’une équipe qui gagne. Elle ne l’aura plus. C’est comme une surdose d’imodium, après plus rien ne sort et ça fait mal au derrière. Sur les 14 derniers trophées en jeu, la France en aura pris 1, excusez du peu. Noah en avait pris 2 en 3 participations, mais à l’époque il fallait battre Edberg, Enqvist, Kulti, Agassi et Sampras avec Pioline, Forget, Leconte ou Boetsch. Forget n’a eu que Grosjean, Mathieu, Monfils, Tsonga, Gasquet ou Simon et toujours le meilleur double du monde sauf quand tu fais comprendre à Llodra que t’as confiance en lui, mais que jusqu’en quart.

Bîmes beau

On ne verra plus Guy Forget déverser son flot de compliments après les défaites, ou tout mettre sur le dos de ses poulains qu’il n’a pas su dompter. Pour un peu on pourrait croire que c’est un connard incompétent qui n’a toujours pensé qu’à sa gueule et à son pognon, protégé par un système. Un Domenech du tennis, un Laporte du tennis, un Pascal Boniface du tennis ? Il était bien plus que tout ça. C’était Guy Forget, le type qui n’a jamais atteint une demi-finale de Grand Chelem, qui n’a entraîné que des joueurs meilleurs que lui.

Être bon n’est pas un préalable immuable mais quand ça ne marche pas 5 ans, c’est pas certain que ça le fera en 10, mais peut-être en 14 qui sait ?

Coupe Davis : Such a nice Guy

Tout a commencé contre Sampras et Agassi, tout a fini contre Isner et Harrison. Bravo et Bercy pour tout.

Ils n’ont tous connu que lui, et seul Roger-Vasselin a pleuré. Treize ans de franche camaraderie, les victoires avec Escudé, les défaites avec Gasquet, les Paulo mal taillés, ça valait bien une der chez lui, le résident suisse, à Monte-Carlo.

« Triste » pour Monfils, Forget a été « impressionné » par Isner. Contrairement aux apparences pourtant, il ne s’est pas contenté de sortir les mêmes merdes que d’habitude et de poser avec persuasion et compétence les serviettes sur la chaise de Simon vendredi en évitant soigneusement de le vexer d’un conseil malvenu, bref d’un conseil. Guy ne pouvait pas partir à Bercy, le tournoi pas le ministère des Finances, en laissant planer le doute sur son véritable métier. On peut être consultant et meneur d’hommes.

Rien ne sert de Courier

Alors, Guy a tout dit. Notamment ce qu’il n’a jamais osé dire à Pioline, Mathieu, Monfils ou Llodra peut-être, mais au moins c’est dit et c’est Tsonga qui prend. « On a tous des devoirs. Jo est notre leader, il est 6e mondial, il souhaitait jouer contre Isner sur terre battue. » Il ne souhaitait sans doute ni perdre, ni entendre ce genre de conneries dans la bouche de son capitaine la veille, mais il a perdu. Aussi honteux que de perdre contre un jeune Agassi 10e mondial quand on est 7e.

Que Tsonga se rassure, ça n’empêche ni de réussir la suite de sa carrière, ni de réussir dans la vie. On peut même devenir un bon mec ou un vrai connard. « On nous a vendu les Mousquetaires il y a quatre ans. On est face à nous-mêmes et face à des joueurs qui sont à notre portée. Ce n’est pas Nadal non plus. Si on ne gagne pas, c’est qu’on n’est pas assez bons et qu’on n’a pas notre place. » On n’écrirait pas plus belle lettre de démission.

Pendant ce temps-là, personne n’a dansé Saga Africa à la fin du match. Ils ont perdu ?

Llodra : « La coupe des vices »

Mickaël Llodra nous a donné rendez-vous dans un restaurant cambodgien du 13e. Il vient de finir sa séance de massages.

Mickaël, pourquoi avoir traité une spectatrice américaine d’origine coréenne de « Fucking Chinese » lors de votre premier tour du tournoi d’Indian Wells ?
Comment j’aurais pu voir qu’elle était Coréenne ? Ils se ressemblent tous ces gens-là.

Comment justifiez-vous de tels propos racistes ?
Mes mots n’étaient pas contre la Chine. J’aime les Chinois. Je pourrais tout à fait faire l’amour à une Chinoise.

C’est une ligne de défense un peu maladroite…
Mais il n’y a pas plus sinophile que moi ! J’y vais quatre fois par semaine grâce à la carte UGC illimitée. J’ai d’ailleurs vu tous les films de Jackie Chan.

Vous avez déjà connu l’année dernière des problèmes similaires avec un arbitre marocain auquel vous aviez rappelé qu’il n’était pas « au souk » en train de vendre des tapis…
Mes mots n’étaient pas contre le Maroc. J’aime le couscous. Je pourrais tout à fait faire l’amour à une Marocaine si elle enlève sa burqa.

Ces incidents à répétition risquent de ternir votre image…
On chercher à me faire passer pour ce que je ne suis pas. Il n’y a pas plus ouvert que moi. J’aime les latinas, les noires au gros cul et les filles de l’Est aussi. Mais avec l’amende que je viens de prendre, il va falloir que j’arrête les Roumaines pendant quelque temps.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

L’Edito : La vérité si je mens 3

Imaginez si Tessa Worley était un homme, si Remi Garde ne s’appelait pas Remi Garde et n’avait jamais joué à Arsenal, et si Gourcuff était meilleur acteur. Il aurait peut-être joué aux côtés d’Aure Atika ou d’Amira Casar comme Hanouna et Dany Brillant. A condition que Ciprelli, Ullrich et Contador ne se présentent pas au casting.

C’est un nom qui ne vous dira peut-être rien et pourtant, il y a quelques années il avait occupé une bonne partie d’un de vos dimanches après-midi. Ceux qui pensent à Gilbert Melki et son costume de milliardaire mal luné ressorti du placard pour la troisième fois dans un scenario mal écrit, mal joué, mal inspiré ou plutôt sans surprise n’en auront pas pour leur argent. En revanche si vous passez par Rotterdam vous aurez des nouvelles de Paul-Henri Mathieu, soumis désormais au même traitement psychiatrique que Richard Gasquet. Et oui, c’est Julien Benneteau, le même que le « Julien, Julien!  » de Soderling sur le Lenglen qui a eu les honneurs de découvrir la diaspora yougoslave par -600 degrés. Paulo et Richard n’ont pourtant pas à se plaindre. Ils n’ont pas seulement évité les contre-emploi de Solo et Anconina ou les mimiques de Vincent Elbaz, ils auraient aussi pu se retrouver en Autriche à tenter de sauver une place aux JO comme l’expatrié néracais Pierre Duprat qui regrette peut-être parfois les changements de nom du Mambo. Pour ne pas avoir froid ce week-end, il fallait donc porter la barbe et les cheveux longs, propres ou non. Il y en a un qui a bien senti le coup, comme d’habitude c’est Chabal. Toujours en avance d’un coup, l’Enfoiré, qui économise le coiffeur et la douche depuis 7 ans, n’a rien foutu sur un terrain depuis 10 pour éviter de se les geler même 5 minutes à tenir Harinordoquy par les hanches au Stade de France. France télé a perdu 130 000 euros dans l’affaire, Chabal rien rassurez-vous. Longo pourrait perdre au moins sa dignité, son mari s’en passe avec aisance. Messi aussi, le Vestiaire vous en reparlera bientôt.

Pendant ce temps-là le Real a enfin gagné quelque chose depuis 3 ans. Curieusement le seul truc qui a changé s’appelle Benzema. Un hasard sans doute, parce qu’un Hazard ça ne change plus grand chose.

L’Edito : Le casque dort

Bonne nouvelle, L’Equipe pourra titrer toute la semaine sur la crise au PSG, comme les trois derniers mois.


Il y a quelques semaines nous vous parlions de ces millions de Français qui s’étaient enrichis sur le dos d’un championnat de France de Ligue 1 devenu trop prévisible et on ne parle pas que de Bazdarevic. Et puis ce week-end tout s’est écroulé, la crise les a rattrapé et, comme toujours à ce jeu, ceux qui ont l’habitude d’être dans la merde se débrouillent le mieux. Dijon, Nancy, Evian, Valenciennes, Brest. Il y a 3 jours on ne savait pas les situer dans le jeu des villes sur Facebook désormais ils ont même gagné un match. Dans le même temps Rennes et Montpellier montraient qu’ils avaient passé l’éponge sur les années ZioberBaltazar, on ne sait plus lequel a joué où, mais on sait qu’on n’aimait pas ça. On n’aimait pas non plus voir Pascal Légitimus sur scène faire un sketch sur les Antillais, mais apparemment il ne sait faire que ça. C’est comme quand Federer affronte Tsonga, il ne sait faire que gagner.

Antoine adulé rit

Alors le seul coin de ciel bleu dans ce week-end grisâtre ne pouvait se trouver qu’en Espagne sur la Costa machin. Entre une paella et 2 copines bon marchés, ou tout ensemble, Benzema s’est encore amusé à être le meilleur joueur du monde, quand le co-titulaire du poste Ronaldo lui a à peine fait sentir qu’il ne pourrait pas le blairer avant un petit moment : « C’est donc vraiment un bon joueur, très talentueux. C’est mon amiOn a une très très bonne connexion. » On dirait du Benzema quand il parle de Ronaldo. C’est sincère comme un compliment à François Cluzet sur son jeu d’acteur. C’est vrai que pour Intouchables, il ne pouvait pas être mauvais, son rôle consistait à être paralysé, sa mâchoire coincée n’était donc plus un handicap. Par contre, Lagisquet pourrait en être un pour Saint-André, même si on aimait bien les voir marquer des essais à l’époque où la Coupe d’Europe n’existait pas mais que le rugby n’était pas encore réservé à ceux qui ont juste le temps de se soigner ou de le regarder à la télé une fois tous les quatre ans. Intouchables ?

Pendant ce temps-là Contador va tenter de remporter le Tour de France 2010.

Coupe Davis, saison 13 : Saga à friquer

La treizième saison du Guy show est déjà terminée.  La production aura-t-elle les moyens d’en supporter une quatorzième ?

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Treize ans après ses débuts, 10 ans après son seul titre, le capitaine est toujours là. Plus positif que jamais, voilà pourquoi Guy Forget est presque l’homme de la situation.

Parce qu’il ne sait plus gagner

Trois finales en quatre ans, dont un titre, avec des joueurs qui jouent le match de leur vie, ça forge un capitaine intouchable. C’était avant la campagne 2003. Effectivement, depuis, il y a eu un cinq quarts, une demie, un premier tour, le fameux chef-d’oeuvre de la dernière finale et désormais Guy offre aussi ses légendaires coups de poker aux demi-finales.  Il y a aussi eu pas mal de Français dans le Top 10, mais une équipe, ça se construit sur le long terme, comme un CDI à la FFT. « Un jour, cette équipe gagnera la Coupe Davis. » C’était après la République tchèque en 2009.

Forget n’a pas menti. En 2007, « franchement, je crois que l’on est parmi les quatre meilleures équipes du monde. Avec un potentiel intéressant pour les années à venir ». En 2006, « cette équipe, je veux la voir dans deux ans » et en 2005 « cette équipe est nouvelle, elle est jeune. Ce week-end, on a eu sous les yeux exactement le schéma du type de travail qu’on doit adopter pour nous améliorer. » En 2010, le capitaine n’est plus qu’un spécialiste du sommeil : « Je pense que Ferrer va passer une nuit en se posant des questions. » Avant d’ajouter en décembre de la même année  « Ça va le faire » pour conclure quelques jours plus tard par « Je pense que cette défaite aura plein d’effets bénéfiques« . Mais ce n’était pas eux qui jouaient vraiment : »Nous avons sous-estimé le travail sournois de certains spectateurs ». Dont acte. Heureusement, en 2011 on se dit que « cette équipe peut devenir énorme. » Pourquoi pas après tout.

Parce qu’il enrage de tomber contre les grands joueurs

Le tirage au sort est impitoyable avec les Bleus. A chaque défaite, un point commun : la France est tombée sur des joueurs du Top 20. Hasard de la malédiction, c’est toujours le même qui prend. Ce n’était évidemment pas une raison de ne pas le faire jouer. « Paulo a été dominé par un Andy Roddick encore une fois très solide » En 2008, « autant sur le match de Paul-Henri, il n’y a rien à dire, on est dominé 7-6, 6-3, 6-2 par Marat Safin, un adversaire qui nous est supérieur dans tous les domaines ». En 2007, « avec Tursunov on a découvert un futur grand, encore un Russe ». En 2006, « quant à Paulo, Andreev l’a surclassé dans tous les domaines ».

En 2004, c’était différent, « Nadal était franchement très très fort », mais cette fois « il y en a un qui a gagné beaucoup de choses ici, ce week-end, c’est Paulo. Au-delà de la défaite de l’équipe, je pense qu’il a vraiment franchi un cap et ça, ça me fait plaisir pour lui. Je pense qu’il va faire parler de lui très, très vite. »
En 2010, le capitaine a de l’ambition : « Je crois vraiment que quand Djokovic joue bien il est un petit peu au-dessus de nous quand même »,  mais « il n’est pas imbattable. »  C’est vrai contre Llodra mais c’était Monfils et Simon sur le court. Il n’a même pas pu s’en prendre à Paulo. Heureusement en 2011, Paulo est à l’abri, du coup « on peut bousculer les Espagnols ». C’est vrai avec Tsonga, mais c’était Simon et Gasquet sur le court.

Parce que la psychologie, c’est pas son truc

Si Mathieu a fini avec Courteau si jeune, c’est en grande partie grâce à son capitaine. Il n’a probablement pas pensé à Forget au moment de changer de coach, mais sûrement à la Russie de 2002, 2005 et 2007. Andreev était trop fort, à moins que ce ne soit Youzhny bien sûr. Peut-être aussi a-t-il songé aux deux matches de Winston Salem 2008 : « J’ai aligné Paul-Henri Mathieu, qui, de toute évidence, était beaucoup plus marqué par sa défaite du premier match que je n’avais pu l’imaginer. »

On ne connaîtra jamais la date du premier match de Mathieu, mais il n’en a jamais vraiment joué qu’un seul, 6 ans auparavant. Gasquet, qui jouait avec son portable non loin de là ce même jour, devait « être soutenu par tous ceux qui l’aiment pour le pousser à devenir plus fort », mais « je ne suis pas là pour disséquer les problèmes de Richard Gasquet. Je suis là pour aider les joueurs. » Au top de sa forme, Simon a apprécié le coup de main, au moins autant que sa première sélection au cœur d’une période où il ne gagnait plus un match. C’était différent pour Monfils, qui était en pleine bourre, mais c’était De Bakker en face. En 2010, le capitaine avait Llodra en pleine bourre. Autant relancer Simon. Heureusement en 2011, Tsonga fait la saison de sa vie. Ca tombe bien, ce sont les Espagnols en face. Jo jouera donc le double. Habile.

Parce que, joueur, il ne gagnait déjà pas

Personne ne peut dire que Forget n’a pas prévenu. Meilleur français et quatrième mondial en mars 1991, Top 10 pendant un an et demi, il en a profité pour garnir son palmarès comme personne : Bercy et Cincinatti 1991, qui rejoignent le doublé à Toulouse (trois fois), Bordeaux (deux fois) ou Nancy, une belle collection de tournois qui ont marqué sinon l’histoire, au moins la vie de Fontang, Guardiola et Gilbert. Sinon, il y avait aussi les Grand Chelem. Toutes les jeunes générations peuvent en tirer une grande leçon d’humilité : on peut ne jamais aller plus loin que les quarts de toute sa carrière et atteindre le Top 5. Le corollaire suivant a été paraphé par Gachassin : on peut n’avoir joué qu’un grand match et coacher treize ans en Coupe Davis. Mais ça oblige à passer des coups de fil à Noah toute sa vie. Noah est sur répondeur.

« Après, je crois que c’est plus la capacité des joueurs de l’équipe de France à relever le défi que mes choix stratégiques qui fera vraiment la différence. » On avait comme un petit doute.

L’Edito : Bâle trappe

Dans la foulée de France-Japon, Bernard Laporte va retrouver un club. Lièvremont est vraiment si fort que ça alors.

Au royaume du dollar, deux happy-ends valent mieux qu’une. Un an après, la saga Federer s’offre un coffret revival des 10 et 11 septembre. Mêmes acteurs, même scénario et à la fin les jumelles sont contentes que papa rentre si vite. A 59 fautes directes près, on se dirait qu’on a revu le grand Suisse, ses beaux coups droits et son déplacement souple et aérien. Parce qu’on perd après avoir servi pour le match, mené deux sets zéro, raté deux balles de match avant de lâcher et se faire breaker, est-on fini ?

Tsonga ne devait pas mentir, alors, en disant qu’il n’était pas dans un bon jour en quarts. Djokovic n’était pas forcé d’être aussi humiliant : contraindre le plus grand de tous les temps à dire devant tout le monde : « J’aurais dû gagner. » Avant il ne serait même peut-être pas contenté de le dire, il l’aurait fait. Comme tout le monde, Federer va finir par se lasser de regarder les finales des autres. Arrêter à temps ou perdre son temps, tel est le dilemme.

Brest friends

A l’aube du grand retour de la Ligue des champions, la France est elle aussi face à un choix : vaut-il mieux des individualités pour gagner à Dijon ou un collectif pour perdre contre Rennes ? A défaut, autant s’en remettre au Hazard. Dans tous les cas, Gignac n’y est pour rien et il n’a pas son mot à dire. Pastore aimerait en être mais chaque chose en son temps : d’abord Brest, ensuite l’Europa League. A l’impossible, nul n’est tenu et même pas Palerme qui a battu l’Inter. C’est comme perdre contre des Belges en volley, ou des Espagnols en basket ça passe inaperçu.

Pendant ce temps-là, Puel et Aulas jouent à un jeu : qui a été le plus mauvais dans son rôle ? Lacombe aussi voulait jouer.

US Open : Fous d’Irene

Ils avaient tellement hâte de bien se préparer pour le tournoi de Metz.

Il fallait avoir le nez creux et l’œil particulièrement acéré pour ressortir du placard la théorie des quatre Mousquetaires. Quatre Français dans les treize premiers mondiaux, du jamais vu, la deuxième semaine est quasiment offerte aux quatre. Si Gilles Simon attend quelques jours pour abandonner à cause de son torticolis bi-hebdomadaire, ils seront bien deux. Peut-être trois, on n’est jamais à l’abri d’un retour en forme de Benneteau.

Perdre contre un numéro un mondial n’a rien de déshonorant, même quand il ne l’a été qu’en 2003 et qu’il est actuellement 105e. Juan Carlos Ferrero a toujours son coup droit dévastateur, il suffit juste qu’il prenne bien appui sur ses jambes de bois pour déclencher la foudre. Les 81 fautes directes de la Monf ont fait le reste, ça valait le coup d’applaudir le vainqueur à la fin. Le fair-play à la française.

Richard IV

« Je savais ce qui m’attendait au service, mais il m’a surpris du fond du court. » Richard Gasquet, lui, n’en est plus à un exploit près. Il devient le premier joueur à encaisser un 6-2 de Karlovic. Impressionné, Gasquet : « Il joue bien mais il ne gagnera pas le tournoi non plus. » Et non. Quand on lui parle de frustration, il retrouve sa cohérence. « T’as envie de tout péter, mais ça va. »

Bien sûr que ça va, il a connu tellement pire qu’il se régale et en plus il a appris un mot : « J’ai fait deux premiers sets ignobles. Karlovic est assez ignoble à jouer. » Un ignoble qui collectionne les top 20 en 2011 : Ferrer à Indian Wells, Ferrer à Indian Wells et surtout Ferrer à Indian Wells. Pour Ritchie, voilà une vraie chance de titre qui s’envole. Dans les Masters 1000 de la tournée américaine, le mousquetaire talentueux a toujours fait deux bons premiers tours et perd contre un top 20 au 3e. L’ambition en prend un sacré coup.

Pendant ce temps-là, Llodra a marqué six jeux contre Anderson. L’Espagne aimerait jouer la demi-finale de Coupe Davis à New York.

L’Edito : La symphonie Pastore aïe

Basket, judo et athlé, c’est pour bientôt. Profitons une dernière fois des sports mineurs.

Le sport a de passionnant qu’il détient des énigmes impossibles à élucider. A tout seigneur, tout branleur, L’Equipe en a offert une belle en Une vendredi dernier avec le « splendide isolement » de Leonardo. Que venait faire un tel adjectif dans le titre ? Est-ce la faute d’un SR malveillant, d’une attaque informatique de grande ampleur ou d’une incompétence rare  ? A moins que la rédaction ait voulu envoyer un message fort au nouveau maître du PSG, lui signifiant que ce qu’il faisait n’était pas cool, mais l’était quand même un peu. Autant égratigner Leo, mais pas trop des fois que ça marche ou qu’il ne veuille plus nous parler. C’est le fameux courage éditorial consacré en des temps immémoriaux par le grand Vestiaire, au moins au temps des derniers chevriers.

C’est d’ailleurs non loin du Garlaban que s’entraîne l’équipe qui a réussi à se faire remonter deux buts par une équipe qui n’en marque pas. Mystère. On ne saura jamais non plus qui est ce jeune Fabregas que le Barça ose faire signer au même prix que le grand Pastore. Difficile également de trouver du sens à un match de préparation à une Coupe du monde dont il ne sert à rien de tirer des enseignements puisqu’en face c’était la réserve des avants-derniers ou des co-vice champions d’Europe 2011, au choix. Marc Lièvremont a quand même été surpris que ses joueurs sachent faire des passes pendant vingt minutes, déjà ça de moins à leur apprendre. Que Skrela n’ait rien à foutre à ce niveau a visiblement moins surpris le staff.

Pendant ce temps-là, le tennis livre ses secrets les plus intimes. On peut être le prochain vainqueur français d’un Grand Chelem revenu à son meilleur niveau, écraser Mayer et Bellucci et se faire torcher par Almagro. C’est pas Tsonga, il a fait demi, c’est pas Federer il est pas complètement Français. D’accord, ce sont les mêmes qui ont parié il y a deux ans sur l’année Andy Schleck.

Wimbledon, Tsonga : Ace aventura

Servir fort rend bien des services, surtout si ça évite de faire des revers.

Il était une fois un joueur de tennis qui n’aimait pas trop les échanges longs, qui cognait fort aussi souvent que possible, qui volleyait comme il pouvait. Bref, un joueur qui n’écoutait pas trop Winogradsky à l’entraînement. Il aimait aussi les gonzesses et les micros. C’était en Australie en 2008. C’est pareil à Wimbledon 2011.

Entre temps, Jo est aussi devenu ce gros fils de pub qu’il a au fond toujours été. C’est comme d’écouter Forget sur un banc de Coupe Davis, ça peut perturber une carrière. On finit par dire qu’on a été élevé sur terre battue et que sortir Almagro à Monte-Carlo est un signe. Et surtout on se persuade que ça n’use pas tant que ça les tendons rotuliens et qu’une carrière c’est long.

L’herbe à pipe

On en arrive aussi se frustrer parce que Karlovic peut gagner un match sur herbe sans jouer un échange. C’était à Wimbledon 2010, Winogradsky pouvait regretter la qualité de retour de service de son poulain. Aujourd’hui, Wino a dégagé, la qualité de retour est toujours la même que Mahut, mais Tsonga reprend un set à Murray. Attendre le bon moment pour attaquer, faire des amortis, varier les effets, savoir défendre : le tennis ne l’intéresse pas vraiment. Et tenir des diagonales de revers sans faire de faute, c’est comme aller en boîte juste pour un smack, c’est bon pour Gasquet. Et quoi encore, bouffer diététique ?

Progresser est interdit à Tsonga depuis le début : il ne fera jamais mieux qu’en Australie, ça impliquerait que ses volées gagnantes étaient volontaires. Le vrai Tsonga sert, tape en coup droit, quitte à passer son match dans le couloir de gauche. Le vrai Tsonga se la raconte pendant le match, se rue à l’attaque surtout quand il ne faut pas et gagne des matches au mental parce que s’il essaie autre chose, le moindre top 30 finira par être le moins mauvais.

Wimbledon, Mahut : Dancing Queen’s 2

c-fou

Il rêvait d’être Stefan Edberg, il a hérité du faciès de Kevin Bacon. Rien de tel pour briller à Londres et nulle part ailleurs.

Il y a connu ses plus belles heures, pas plus d’une trentaine, en cumulé, quand même, parce que tout avait commencé par Todd Reid en 2003 et Antony Dupuis en 2004. Inconnu, sauf aux interclubs d’Angers TC et à Surbiton, Mahut sort de nulle part en 2007 pour battre Bjorkman, Ljubicic, Nadal, mais aussi Clément pour réussir le gros coup de son jeune début de carrière. Le gros coup inclus évidemment une balle de match en finale contre Roddick. Roddick qui, fair-play, apparaîtra souriant sur les photos quelques minutes plus tard avec un gros trophée dans les mains.

Un record qu’Isner à rien

C’est le déclic : huitième de finale en 2008 et 2009, trois victoires en qualif’ avant de voir le Lu au premier tour en 2010, puis Verdasco au deuxième en 2011. Perdre face à un spécialiste de terre battue en méforme : le Queen’s est décidément le gazon de tous ses possibles. Et puis en 2006 Nico eut le droit de s’inscrire à Wimbledon. Un troisième tour, la promesse est belle. Il la tiendra en 2007 avec un deuxième tour. Puis les trois années suivantes avec un premier. Que ce soit Gasquet, Tursunov ou Vliegen qui le sortent, tout le monde s’en fout. Alors, en 2010, il change de cible : quitte à ne pas aller au troisième tour, autant faire parler de soi avant. Au besoin, on peut entrer dans l’histoire avec trois balles de break en 11 heures de jeu. Entrer dans l’histoire, ça veut dire succéder à Clément, Santoro ou aux deux ? 

Et cette année, un premier tour avec un break en deux occasions. Ca fait deux en 13h de jeu. Pourquoi changer une équipe qui gagne ?

Gouverner, c’est fait d’erreurs

 

« Il est injouable. » Arnaud Boetsch a de la mémoire : d’après ses calculs, jamais il n’aurait poussé la balle assez fort pour prendre un point à Nadal. Il ne doit pas être si mauvais ce Federer.

Faut-il être toujours le patron du circuit pour décider, à deux jours d’intervalle, de jouer son meilleur match et son pire à Roland-Garros ? Sauver deux balles de set dans la première manche, remporter la seconde au tie break, perdre la troisième et finir en quatre sets, c’est le choix du maître. Djokovic l’a subi le vendredi, Nadal l’a infligé le dimanche.

Le point commun est comme toujours Federer. Federer est le plus grand, Federer est fini, Le Vestiaire a déjà tout expliqué. Ceux qui avaient prévu un match de rêve dimanche ont toujours pu se repasser la cassette de la demie. La finale était pourtant instructive : une balle de set ratée puis un set perdu, 56 fautes directes, des sautes de concentration, Nadal mené 0-40 qui gagne 6-1. Les grands champions sont ceux qui jouent leur meilleur tennis aux moments importants. Du grand Federer, donc : on ne se remet pas si facilement d’un Roland-Garros gagné contre Soderling. S’il ne tombait pas toujours sur Monfils, Roger quitterait volontiers Paris précipitamment.

Taillé à la serbe

La seule possibilité de revoir Federer sur un terrain, après un an à perdre contre Berdych, Soderling et à gagner le Masters, était de lui trouver un truc qu’il n’avait pas encore fait. Il a battu tout le monde, il a fait pleurer Murray devant maman, il a gagné le double aux JO avec Wawrinka. Après ça, battre Nadal n’est plus assez vibrant. Mais il a entendu Pioline lui dire en début de tournoi qu’il n’était pas favori derrière Nadal et l’imbattable Djokovic. Il va donc humilier Pioline, puis l’imbattable Djokovic.

Djokovic frappe la balle dès le rebond ? Il ne fera que des volées. Djokovic s’est mis à gagner les points importants ? Il gagnera tous les autres et décidera qu’ils sont plus importants. Djokovic l’avait battu après avoir sauvé une balle de match à l’US Open quand le Serbe n’était personne ? Il le battra en sauvant une balle de set quand il est devenu quelqu’un. Djokovic dit « come on » en serbe ? Il dira « come on » dans un anglais parfait. Djokovic a été invité à Cannes par Denisot ? Il fera 5,3 millions avec Chamou un dimanche après-midi. Djokovic doit gagner la finale ? Il la perdra à sa place.

T’as pas sans Bâle ?

Etre le plus riche de l’histoire du tennis, même si Santoro a fréquenté Borotra, oblige aussi à savoir compter. Le record de McEnroe c’était aussi pour ce vendredi. Pioline, qui n’a décidément pas compris, le félicite chaudement et salue son grand retour, avec les yeux de celui qui le voit déjà favori pour dimanche. « Non, McEnroe n’a pas besoin de me payer une bouteille de champagne. J’ai dit à Novak au filet que c’était déjà spécial ce qu’il venait de faire. Rafa doit être content, lui qui venait de perdre quatre fois de suite contre Novak. » Il y en a pour tout le monde, le public et Chamoulaud sont en transe sans bien comprendre pourquoi l’humilité est plus belle avec un sigle RF calligraphié sur chaque habit.

Pendant ce temps-là, Federer a déclaré forfait à Halle. Le gazon, ça ne l’intéresse plus.

Roland-Garros : Sabre Lauclair

Il est issu de l’hippisme et de la pétanque et pourtant ses amis boulistes disent qu’il aime avant tout le sport. Dans l’exercice de ses fonctions, Daniel Lauclair parlerait donc de sport. Invérifiable : dans son tennis club, il côtoie des cuisiniers, un casse-couille qui jongle avec ses raquettes, des journaux du jour et Hanouna. Même Bernard Farcy vient l’écouter. Comment savoir si France 4 émet vraiment ? 

Si Dany se levait sur les coups de 7 h, il n’oublierait sans doute jamais de foutre une bonne trempe à sa femme, c’est pour les jours où il n’aurait pas de compliment à lui faire sur sa coiffure de merde ou son visage ridé, voire son corps déformé par les grossesses successives. Ce moment de tendresse, c’est juste avant de préparer sa revue de presse sur un coin de table pendant le petit déj’. Son stabylo orange traque les papiers les plus éloquents de la quinzaine, pour rendre hommage aux Français qui brillent. L’embarras du choix, ils sont déjà trois en huitièmes : « Tsonga à la trappe« . Jo-Wil ne devait pas encore être assez au fond du trou. 

Ensuite, direction la porte d’Auteuil, à cette heure là ses proies sont souvent à l’entraînement. Mais avant d’aller retrouver Chardy et Simon pour se demander si leur amitié resistera au duel, il fait sa rubrique bouffe. D’ailleurs, Dany ne demande pas, il affirme. Ou il rentre dedans, au choix. On appelle ça le  journalisme à la papa. Avant la neuvième binouze bien-sûr. Quand Dany rencontre le cuistot du jour, il le méprise à peine. « Alors, tu nous as pondu quoi aujourd’hui ? » Souvent il oublie le « connard » en fin de phrase. Ce n’est pas grave, il se rattrape entre entre le dos de foie gras poêlé et le caviar de volaille : « Allez, on enchaîne ! » Un « putain » n’aurait probablement pas été de trop. « Et on boit rien avec ça » ?

A la benne Mladen

Place au jeu ensuite et aux interviews intimistes dont il a le secret. Kristina Mladenovic va finir par le savoir : deux ans après un mot gentil pour saluer sa première participation, c’est le même sosie d’Henri Sannier au cheveu lisse qui s’est avancé vers elle pour lui demander comment elle s’était démerdée pour perdre alors qu’elle menait 5-3 dans la troisième manche. N’ayant pas de réponse et une bonne envie de pleurer, elle a tourné les talons. Dommage, Dany voulait lui demander sa recette pour devenir la plus mauvaise joueuse de tous les temps. Le court n°7 est décidément un sanctuaire puisque Mahut, quelques heures avant d’y perdre, avait dû promettre au micro de notre serviteur qu’il ne ferait pas chier les gens pendant onze heures cette fois.

N’allez pas croire que Lauclair n’aime personne, il fait juste son métier avec mesure : Clément et Robert ont eu droit à une hagiographie en règle, surtout après la branlée du deuxième tour. « Stéphane, en entrant sur le court vous avez eu la pression, que vous avez tenté d’évacuerJe vous laisse savourer le moment avec le public. » Quand on a marqué trois jeux, c’est sans doute la première chose qu’on a envie de faire. D’ailleurs, le public le lui rend bien, on entendait à peine les « Stéphane dégage, t’as rien foutu ! » 

Pendant ce temps-là, Montel n’est pas le seul à raviver les souvenirs de France 2 foot. Etre multisport, c’est un métier.