Lyon : Le lac du Koné marrant

En apparence, Lyon est une équipe en perdition qui cherche de la confiance. La vérité est bien plus simple et terrible : quand l’adversaire est en surnombre dans ta surface, c’est pas bon. Surtout quand c’est Montpellier.

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A quoi doit maintenant servir la saison lyonnaise ? Pour l’instant, elle n’est pas sans intérêt. On pourrait même parler de bonnes nouvelles. Par exemple, Gomis et Briand sont de retour au premier plan. Ils peuvent sans doute remercier leurs formateurs et leur grand talent, pourquoi pas, mais aussi le retour à l’arrière plan de Ghezzal, Danic et Benzia, qui peuvent également remercier leurs formateurs et leur grand talent. L’autre bonne nouvelle, c’est que Lopes n’est pas un mauvais gardien. Il ne demandait qu’à le prouver, il ne demandera bientôt qu’à quitter le club.

Mais c’est aussi pour l’ensemble des familles du football français, les professionnels, les amateurs et même le cécifoot, que Lyon œuvre. Certaines vérités sont toujours bonnes à rappeler, car tout le monde peut les oublier, les meilleurs mais aussi les très mauvais. Premier exemple : avec quatre défenseurs qui ne gagnent aucun duel, on prend cinq buts et on ne gagne pas de matchs. A partir de là, tout est possible : un central qui monte au pressing pendant que l’autre recule et on est pris dans la profondeur, les deux latéraux qui montent en même temps et les ailiers montpelliérains qui partent dans le dos, des relances contrées dans les 30 mètres, et bien sûr les milieux qui jouent en sachant qu’à la moindre perte de balle ça va mal finir. On peut même répéter tout ça, 3, 4, 5, 10 fois, ça marche à chaque fois et ça n’empêche même pas d’oublier le marquage de temps en temps, notamment sur des corners ou des centres au second poteau quand c’est vers Bedimo. Il est vrai qu’il n’est latéral que depuis 5 ans, il découvre.

Mais Garde doit assumer, enfin le temps qu’il pourra. Car c’est ça de vouloir jouer comme le Barça : on met deux milieux en défense (Ferri et Fofana) pour assurer les relances et s’assurer de la possession, mais comme on n’est pas le Barça il faut défendre en reculant. Ca, même le Barça sait pas le faire.

Heureusement pour l’avenir, il reste Gonalons, capitaine courage qui rameute ses troupes et stoppe l’hémorragie. Ah bah non, il prend des cartons, il gueule et jusqu’à ce qu’il soit expulsé il donne la balle à Grenier qui attendait un peu plus loin, à une vingtaine de mètres de sa défense, de voir si Montpellier allait marquer. Avant de penser à attaquer, il faut penser à la défense. C’est simple le foot.

Pendant ce temps-là, Rémi Garde risque de très vite rester l’homme de la situation. Mais laquelle ? Plus qu’à relire l’ensemble de nos articles consacrés depuis 5 ans à la descente aux enfers Lyonnaise. Tout avait commencé le 2 mai 2008

Ligue 1, OM : L’Abedi vient en mangeant

« Cette équipe n’a pas les moyens de ses ambitions. » Officiellement, l’OM veut faire aussi bien que l’an dernier. Didier Deschamps n’est pas idiot quand même.

Les grands clubs ne sont jamais prêts à la première journée. Le champion en titre n’échappe pas à la règle, l’OM a donc vu les choses en grand. Caen devait lui en mettre neuf, mais Caen reste Caen. Privé de Priou, entraînés par Dumas, les Caennais ont bravé les éléments contraires pour planter l’OM au dernier moment. Finalement, c’est mieux comme ça, Mbia a pu montrer à quel point il avait envie de rester. Pas de regret, El Arabi aurait aussi eu dix mètres d’écart avec Hilton et puis Leyti N’Diaye avait pris son petit pont en première mi-temps.

C’est Caen le bonheur

Leyti N’Diaye, c’est dit. Avec lui, Deschamps avait tenté la méthode douce avant le championnat. Revenu de prêt d’Ajaccio, révélation des matches de préparation et même buteur : les indices étaient visibles, mais les dirigeants ne les ont pas vus. Le titulariser au Vélodrome pour la première journée, ça frôle l’ultimatum. Mais ce n’est pas tout : remplacer Valbuena par Benarfa pour bien montrer lequel fait ses valises après avoir été le meilleur en préparation, c’est vicieux. Dommage que Caen ait été si mauvais, le changement aurait pu avoir lieu dès la première mi-temps. Pour que tout soit clair, Dédé a mis tout le monde dans le même sac à la fin : « Cette équipe doit être renforcée, mais apparemment on ne peut pas. » Samassa a donc marqué.

Dassier tente bien de réfléchir à voix haute : « Il faut reconnaître que notre équipe était diminuée, Diawara était absent. » Voilà. Lucho lui était bien titulaire, Mandanda, Mbia, Azpilicueta, Taiwo, Cissé, Kaboré, Valbuena et Niang aussi. Abédi Pelé c’était pas obligé, mais une Coupe du Monde correcte ça doit bien vouloir dire quelque chose. Avec autant d’absences, normal que l’OM ait si mal défendu, si mal attaqué, se soit si mal replacé et ait autant manqué de repères collectifs. Les miracles ne se produisent qu’une fois. Arbitrage ou pas, les dix points de retard à la trêve ne peuvent pas toujours être comblés. Deschamps se dira-t-il que la proposition de Liverpool n’était pas si mauvaise en septembre, octobre ou attendra-t-il novembre ?

Le Milan AC et le Real prennent peur, la Ligue des champions approche à grands pas.

Ligue 1: Le palais des Congré

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Domenech, Margotton et Saccomano ont-ils composé l’équipe-type UNFP du championnat de Ligue 1 ? Hervé Mathoux doit avoir la réponse.

C’est un bien beau tour de magie qu’a réalisé l’Union des footballeurs professionnels. Faire composer par ses membres une équipe-type sur son poids médiatique plus que sur son talent, fallait y penser. Le Vestiaire, qui n’aime décidément pas qu’on se foute de la gueule du monde, a donc demandé à son spécialiste d’enquêter sur le réel niveau des joueurs qui la composent. Voici la véritable meilleure équipe du championnat.

Carasso: C’est pas parce qu’Arribagé est parti, qu’il y a plus de boulot.
Il appartient à la meilleure défense du championnat, sans doute un simple hasard

Chalmé: Un bon gros Bonnart. Contrairement à Fanni, il ne sera pas Fanny.

Congré: C’est pas parce qu’Arribagé est parti qu’il fallait continuer à saloper le boulot. Il appartient à la meilleure défense du championnat, sans doute un simple hasard.

Diawara: A son débit, jouer au ballon c’est pas son truc. A son crédit, son seul concurrent c’était Hilton, Hansson, Mangane ou Rami.

Mathieu: Le roux de secours de la meilleure défense du championnat, sans doute un simple hasard. Bon frappeur de balle comme Taiwo. Bon défenseur. Comme Taiwo ?

M’Bia: Si les recruteurs Lyonnais ne confondent plus Makoun avec Diarra, ils seraient bien inspirés de confondre M’Bia avec Essien.

Toulalan: Lyon a été sauvé de l’Europa league. L’un de ses trois joueurs valide du club n’y est sans doute pour pas grand chose.

Gourcuff: Zidane n’a jamais été champion de France, Gourcuff n’a jamais marqué en finale de C1 ou de Coupe du monde. Un détail.

Niang: Jusqu’à la 25ème journée, Marseille jouait avec sa sardine à 7 points de Lyon. Depuis, Marseille joue le titre avec 4 points d’avance sur Lyon. Niang est revenu à la 25ème journée. Sans doute un simple hasard.

Benzema: 17 buts en 33 matches pour la saison la plus merdique de sa carrière. C’est faible. Le plus mauvais Lyon de la décennie est encore troisième. Sans doute un simple hasard

Chamakh : De très loin, le meilleur joueur de la saison. Aucun passage à vide, même durant l’hibernation de Zidane. Indispensable dans le jeu, il n’a plus ou moins offert que 6 victoires sur les 11 dernières journées. Heureusement ce n’est pas là que le championnat s’est joué.

Laurent Blanc: Le meilleur entraîneur 2008 ne l’est plus en 2009. Mais qui entraîne Bordeaux maintenant ?

On voulait bien d’eux, mais on a trouvé autre chose

Gignac: On voulait bien de lui, mais avec la meilleure défense du championnat dans son équipe, être le meilleur buteur devrait offrir un peu plus qu’une quatrième place. A la 27ème journée Toulouse avait deux points d’avance sur Bordeaux, aujourd’hui 14 de moins. Ca veut dire quoi être décisif ? Enfin, s’il suffisait de marquer plein de buts pour être le meilleur, Mario Jardel serait l’égal de Pelé et Djibrill Cissé jouerait à Sunderland.

Lloris: On voulait bien de lui, puisque qu’il est le meilleur et que son rayonnement est international. Mais comme Eric Durand à son époque, les gardiens des petits clubs sont toujours les mieux mis en lumière.

On voulait bien d’eux, mais faut pas déconner quand même

Fanni: L’effet équipe de France. On voulait bien de lui, mais pourquoi Savidan n’est pas nominé ?

Hilton: On voulait bien de lui, mais si Marseille a rien foutu derrière en Coupe d’Europe, c’est que de la faute à Civelli ? Il reste le patron de la défense marseillaise, à moins que ça ne soit Zubar. Gerrard, Benzema et Agüero hésitent. Le meilleur stoppeur UNFP de ligue 1 appartient donc à la sixième défense. Sans doute un simple hasard.

Taiwo: On voulait inévitablement bien de lui depuis que Jurietti est passé chez les vétérans. Mais le meilleur latéral UNFP de ligue 1 appartient à la sixième défense. Sans doute un simple hasard.

Benoît Cheyrou: Longtemps surnommé le Bruno du pauvre, on voulait bien de lui. Mais depuis, il s’est fait un prénom ou son frère a fait oublier le sien ? Le meilleur récupérateur français UNFP appartient donc à la sixième défense. Sans doute un simple hasard.

Michel Bastos: On voulait bien de lui,  jusqu’à la 30e journée, il était alors le meilleur étranger de France depuis Juninho. Depuis la 30e journée, il est le meilleur étranger de Lille depuis Kluivert. Heureusement à la 30e journée le championnat était déjà joué.

Sessegnon: Le surnom du petit Okocha faisait beaucoup rire le Parc des Princes avant Noël, du coup on voulait bien de lui. Depuis quelques mois, on se souvient qu’Okocha a joué au PSG. Le meilleur milieu offensif UNFP appartient donc à la quatrième attaque de Ligue 1. Bordeaux et Marseille n’ont marqué que 14 buts de plus que le PSG.

Hoarau: Le fait que Benzema ait un ratio buts/minutes jouées supérieur ne veut rien dire.

Gerets: Et si le meilleur entraîneur UNFP finissait deuxième ?

Ligue 1 : Le vieil OM et la bonne mère

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Marseille est en embuscade, a un calendrier favorable et recevra Lyon. Dreyfus est très inquiet, Cissé ne comprend pas quelle poisse le poursuit. Heureusement, Bordeaux a encore plus le profil du champion qui joue mal.

Il avait imaginé tous les scénarios. Virer Diouf, faire revenir Papin, prêter Benarfa à Sochaux. RLD avait tout prévu, sauf ça. Comment imaginer que Marseille serait le mieux placé pour le titre à huit journées de la fin ? Après l’excellent souvenir de 1998-99, après la parfaite finale d’UEFA de Laurent Blanc contre Parme, après l’exquis cadeau de départ de Barthez pour Drogba contre Valence en 2004, après l’inoubliable finale de Coupe de France contre le Sochaux de Le Tallec, l’OM retrouve une situation qu’il pensait avoir oublié à jamais avec l’arrivée de Philippe Troussier. Comme Marc Cécillon cravaté pour un speed dating, le club phocéen n’est pas certain de savoir gérer. La réception de Grenoble s’annonce des plus instructives : Le Mans de Jeandupeux – comprenez au plus mal – n’est-il pas venu décrocher un 0-0 ? Et Darcheville n’a-t-il pas tellement fait trembler le virage Nord qu’il a applaudit le 0-0 ?

Hatem un peu, beaucoup, passionnément

Qu’a-t-il pu se passer pour en arriver là ? D’abord, l’OM prend moins de but en 2009, deux en onze matches. Ronald Zubar n’en a joué que quatre. Jean-Jacques Pierre ne voit pas le rapport, Gerrard, Agüero et Koevermans oui. Le public du Vélodrome peut se rassurer : si Gerets avait pensé que Civelli-Hilton, ça pouvait passer le premier tour de Ligue des Champions, il aurait déjà resigné. Le Brésilien, si rayonnant à Genève, Bastia et Lens, a encore offert une balle de but d’une feinte de frappe le week-end dernier. Gomis, rappelons-le, joue à Saint-Etienne. Quant à l’Argentin, il a permis à l’OM de réussir en un seul match en Ukraine ce qu’il avait peiné à accomplir en onze. Sans forcer son talent, juste en regardant.

Brandao, lui, joue bien à Marseille. Il a rejoint la terrible dream team olympienne, avec Niang, Koné, Benarfa, Valbuena et évidemment Samassa, qui marqua un jour à Auxerre. Tout le monde les imaginait irrésistibles en début de saison, personne n’est déçu. Bien sûr, Gourcuff et Chamakh font mieux, mais Henrique-Diawara, ça mérite aussi qu’on se mette minable, comme le pense Marius Trésor tous les samedis sur W9. A l’OM, la concurrence est terrible. Benarfa, pourtant au plus mal, ne méritait pas de passer ses samedis à regarder M’Bami tenter d’apprivoiser un ballon parfois tellement inamical. Niang, lui, tremble devant les contrôles de l’ex-terreur de Donetsk. Peu importe, ça fait déjà trois buts pour Brandy, contre Caen, Nantes et Saint-Etienne. Cette année, la Coupe de France rapporte des points en championnat.

Pour renouer avec son lustre d’antan, la cellule recrutement s’intéresserait à Bryan Bergougnoux depuis cet hiver.

L’Hommage : Ronald ignoble

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Les bonnes performances récentes de la défense marseillaise valaient bien un hommage à Civelli et Hilton. Dont acte.

Patrick Vieira se retourne dans sa tombe. Le football français se serait trouvé un défenseur plus maladroit que lui. A moins qu’il ne soit pas footballeur. C’est l’histoire d’un joueur qui a longtemps hésité. Entre toutes les disciplines qu’il a apprises au collège, et il a finalement choisi le foot. Entre le poste de milieu et celui de défenseur, mais pour lui les deux se valaient. Entre la passe à son coéquipier ou à Delgado, en Coupe de France. Entre le haut et le très haut niveau par contre, le choix a été trop dur. Tout n’est pas de sa faute : convoqué en équipe de France espoirs, il n’avait rien demandé. Comme quelques autres, il était à Caen et ça devait suffire à éviter des conneries comme la Coupe d’Europe ou la sélection. Mais on n’est pas le successeur de Gallas impunément.

Zubar sans plomb

Son entraîneur croit en lui depuis 3 ans, 70 matches de Ligue 1 et neuf de Ligue des Champions. « Il a toutes les qualités pour devenir un bon défenseur central, s’il est concentré. » Le prof de français de Gallas disait pareil les jours de dictée. A 23 ans, ça commence à faire de l’expérience, mais Benzema ne s’en est pas aperçu quand il s’est fait découper en fin de match sur une feinte de corps à la Blondeau. Pas suffisant pour que Gerets change sa position de mai : « Beaucoup de joueurs n’ont pas, intrinsèquement, sa force, sa vitesse, son jeu de tête. » Il n’a pas mentionné que le football se joue avec les pieds, sûrement une vanne belge. Benarfa s’est bien marré depuis le banc.

Pendant ce temps-là, www.ronald-zubar.com est momentanément hors service, comme son compteur de matches en championnat.