US Open : Fous d’Irene

Ils avaient tellement hâte de bien se préparer pour le tournoi de Metz.

Il fallait avoir le nez creux et l’œil particulièrement acéré pour ressortir du placard la théorie des quatre Mousquetaires. Quatre Français dans les treize premiers mondiaux, du jamais vu, la deuxième semaine est quasiment offerte aux quatre. Si Gilles Simon attend quelques jours pour abandonner à cause de son torticolis bi-hebdomadaire, ils seront bien deux. Peut-être trois, on n’est jamais à l’abri d’un retour en forme de Benneteau.

Perdre contre un numéro un mondial n’a rien de déshonorant, même quand il ne l’a été qu’en 2003 et qu’il est actuellement 105e. Juan Carlos Ferrero a toujours son coup droit dévastateur, il suffit juste qu’il prenne bien appui sur ses jambes de bois pour déclencher la foudre. Les 81 fautes directes de la Monf ont fait le reste, ça valait le coup d’applaudir le vainqueur à la fin. Le fair-play à la française.

Richard IV

« Je savais ce qui m’attendait au service, mais il m’a surpris du fond du court. » Richard Gasquet, lui, n’en est plus à un exploit près. Il devient le premier joueur à encaisser un 6-2 de Karlovic. Impressionné, Gasquet : « Il joue bien mais il ne gagnera pas le tournoi non plus. » Et non. Quand on lui parle de frustration, il retrouve sa cohérence. « T’as envie de tout péter, mais ça va. »

Bien sûr que ça va, il a connu tellement pire qu’il se régale et en plus il a appris un mot : « J’ai fait deux premiers sets ignobles. Karlovic est assez ignoble à jouer. » Un ignoble qui collectionne les top 20 en 2011 : Ferrer à Indian Wells, Ferrer à Indian Wells et surtout Ferrer à Indian Wells. Pour Ritchie, voilà une vraie chance de titre qui s’envole. Dans les Masters 1000 de la tournée américaine, le mousquetaire talentueux a toujours fait deux bons premiers tours et perd contre un top 20 au 3e. L’ambition en prend un sacré coup.

Pendant ce temps-là, Llodra a marqué six jeux contre Anderson. L’Espagne aimerait jouer la demi-finale de Coupe Davis à New York.

Wimbledon, Tsonga : Ace aventura

Servir fort rend bien des services, surtout si ça évite de faire des revers.

Il était une fois un joueur de tennis qui n’aimait pas trop les échanges longs, qui cognait fort aussi souvent que possible, qui volleyait comme il pouvait. Bref, un joueur qui n’écoutait pas trop Winogradsky à l’entraînement. Il aimait aussi les gonzesses et les micros. C’était en Australie en 2008. C’est pareil à Wimbledon 2011.

Entre temps, Jo est aussi devenu ce gros fils de pub qu’il a au fond toujours été. C’est comme d’écouter Forget sur un banc de Coupe Davis, ça peut perturber une carrière. On finit par dire qu’on a été élevé sur terre battue et que sortir Almagro à Monte-Carlo est un signe. Et surtout on se persuade que ça n’use pas tant que ça les tendons rotuliens et qu’une carrière c’est long.

L’herbe à pipe

On en arrive aussi se frustrer parce que Karlovic peut gagner un match sur herbe sans jouer un échange. C’était à Wimbledon 2010, Winogradsky pouvait regretter la qualité de retour de service de son poulain. Aujourd’hui, Wino a dégagé, la qualité de retour est toujours la même que Mahut, mais Tsonga reprend un set à Murray. Attendre le bon moment pour attaquer, faire des amortis, varier les effets, savoir défendre : le tennis ne l’intéresse pas vraiment. Et tenir des diagonales de revers sans faire de faute, c’est comme aller en boîte juste pour un smack, c’est bon pour Gasquet. Et quoi encore, bouffer diététique ?

Progresser est interdit à Tsonga depuis le début : il ne fera jamais mieux qu’en Australie, ça impliquerait que ses volées gagnantes étaient volontaires. Le vrai Tsonga sert, tape en coup droit, quitte à passer son match dans le couloir de gauche. Le vrai Tsonga se la raconte pendant le match, se rue à l’attaque surtout quand il ne faut pas et gagne des matches au mental parce que s’il essaie autre chose, le moindre top 30 finira par être le moins mauvais.

Wimbledon : Gotha city

calvin2

Roger Federer a-t-il raison d’être aussi arrogant ou Garcia Lopez avait-il finalement le droit de poser la main sur l’épaule du maître sans regard réprobateur ? Si c’est pour être aussi populaire que Sardou, ça marche. Si c’est parce qu’il regarde qui figure dans le tableau des quarts de finale, ça marche aussi.

Le n°3

Andy Murray. Il a quand même joué le n°76, le n°74 et le n°31. Le terrible tableau londonien lui proposait en huitièmes de finale le n°18, baptisé le Federer junior, qui tenait déjà son exploit : jouer deux Argentins à Wimbledon (n°108 et n°57) avant le qualifié américain n°136. Murray s’en est brillamment sorti en à peine quatre heures de jeu, cinq sets, et dix balles de break sauvées. Place au n°69, pas un cadeau. Le numéro 1 frémit.

Le n°4

Novak Djokovic. Les observateurs saluent sa montée en puissance. Il y a de quoi. Ses victimes – les n°81, n°102, n°25 – avaient en effet écumé pas mal de challengers cette saison. Pour ceux qui ne connaitraient pas le n°46, que Djokovic a sorti en huitièmes, il est petit, a un revers à une main comme le n°32, mais lui porte une casquette et il n’a même pas son brevet de magicien.

Le n°6

Andy Roddick. Un set abandonné au n°41, un second au n°39, puis un troisième au n°30, heureusement que le n°20 n’était pas préparé au retour de service. Face à l’épouvantail n°37, surnommé le magicien aux poches pleines, ç’aurait été une autre histoire. Il affrontera le n°56 pour une place en demie. C’est cool, les Grands Chelems.

Le n°34

Tommy Haas. Le nouveau Stich rêve de succéder à son illustre prédécesseur, avec huit ans de plus au compteur. A retrouvé les plaisirs d’être tête de série en débutant contre les n°197 et n°137. Puis le n°13, et surtout le très dangereux n°26, qui avait écarté les n°96 et 101 du tournoi, lui ont ouvert la route des quarts. Il jouera le n°4. Murray est jaloux.

Le n°36

Ivo Karlovic. Les mauvaises langues ne voient en lui qu’un gros bourrin qui sert fort et le surnomment Pistol pute. Il y a quelques jours, le n°2 disait même que Karlovic, ce n’est pas un joueur de tennis. Erreur, il est tête de série n°22, logique pour un 49e mondial.

Le n°56

Leyton Hewitt. En arrivant à Wimbledon, le génial Autralien pensait, comme l’opinion publique, être fini. Des victoires sur les n°107, n°5, qui n’avait pas touché à l’herbe depuis un an, n°55 et n°23, ça compte comme un nouveau départ ou quatre scalps de tocards ? Les services du n°6 en décideront.

Le n°69

Juan Carlos Ferrero. Protégé par sa wild card, il est le nouveau Kuerten. Un spécialiste du gazon qui, à l’image d’un Federer, aborde ce tournoi pour un fantastique doublé Roland Garros 2003-Wimbledon 2009. Une juste récompense pour ses six dernières années, couronnées de 0 titre jusqu’à Casablanca 2009. L’exploit est d’autant plus beau que son tableau n’est pas dégagé : il a dû batailler contre le n°44, le n°37, le n°10 qui cherche encore du gazon au Chili, puis le n° 7, qui n’a volé sa place ni en huitièmes en battant les n°94, n°120 et n°28, ni sa place dans le Top 10 puisqu’il n’en a battu aucun en 2009.

Pendant ce temps-là, les Français étaient trois en deuxième semaine, et on n’était même pas à Roland-Garros. Brabo ?

Wimbledon : Ivo per lei

vivo

Deux matches joués, dont deux victoires et une défaite, Jo-Wilfried Tsonga n’est pas un joueur comme les autres. Par contre, comme Gicquel, Clément et le Magicien, il est déjà à Gatwick.

Jo-Wilfried Tsonga n’en finit plus d’affoler les compteurs. Après sa finale en Australie, le prodige français a enchaîné deux troisième tours, un huitième et un quart de finale. La thèse de l’accident de parcours définitivement écartée, le Manceau reste pourtant le meilleur joueur français actuel, grâce à une qualité insoupçonnée : il est le moins blessé en 2009. Le plus grand des Mousquetaires est pourtant tombé hier contre un grand du circuit, Ivo Karlovic. Federer n’est pas sûr de le reconnaître. Grand comment ?

Ivani sévit

Mieux vaut servir que courir : Ivo Karlovic n’a jamais vraiment aimé jouer au tennis. Moins l’échange dure et plus il a de chances de ne pas le perdre. Tsonga a certainement l’impression de s’être fait dérober sa définition du tennis, mais il n’imaginait pas qu’un autre joueur pouvait avoir un coup droit plus académique que Llodra. Karlovic n’aurait que le service ? Il fait en moyenne vingt aces par match ? « Injouable », peste Tsonga, après avoir passé trois heures à en prendre 46.

Avec 100% de balles de break converties (0/0), il a pourtant de quoi être fier. Gabaschvili et ses huit balles de break, Mahut et Roddick et leur deux opportunités, sont restés à 0% au Queen’s contre le Croate. Face à une telle machine, Tsonga a même réussi l’exploit de remporter 14% de points sur service adverse, là où Karlovic n’en a inscrit que 21% en jouant avec le manche. Federer a tout vu, il pensera sûrement à lui emprunter ses retours bloqués plein couloir ou ses anticipations dans le contre-pied du service. Le retour de service, c’est juste une statistique ou ça se travaille vraiment ? S’offrir deux fois le service de Golubev n’était donc pas un exploit ?

Et pour Santoro de plus

Par notre consultant, Fabrice Cent Euros

Roger RTT

Plus sur le déclin que jamais, Roger Federer a été à deux sets de tomber dans le piège Kohlschreiber. Deux jours après avoir oublié d’enlever son gilet en laine pour enterrer Garcia-Lopez, Federer n’a converti que sept balles de break sur vingt-deux. Avec un désolant 6-3, 6-2 pour commencer, le Suisse n’était pas bien. Son break d’avance au troisième set n’a pas suffi, Kohlshreiber a relancé le match. « Il s’est vraiment bien battu sur la fin. » C’était pour le 6-1 dans le quatrième set en 29 minutes ou la sortie du Center court de Kohlshreiber ?

Schiavone de Marseille

Après un premier set perdu mais solide (7-6), elle a eu la mauvaise idée de prendre une barre de céréales. Pomme-kiwi, 6-0, Bartoli ne reverra pas la finale.

Like a Virginie

Troisième tour en Australie, huitième à Roland et déjà huitième à Wimbledon : Virginie Razzano est bien la nouvelle Amélie Mauresmo. Vanne ou pas vanne ?