Wimbledon (1/2) : Escudé du peu

Le plus grand tournoi du monde n’a jamais eu lieu en mai mais plus souvent en juillet. Les trois meilleurs joueurs de tous les temps y ont tous les records. Un indice : ils ne sont ni Espagnols, ni Serbes. Pour le moment.

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Pioline méritait sans doute d’y être mais une seule finale c’est un peu se moquer du monde. Alors il ne sera que premier du classement des Français un autre jour. Voici le classement masculin des meilleurs joueurs de Wimbledon depuis 1990 et on voit pas vraiment l’intérêt de ce classement. Raison de plus pour le découvrir en deux temps. Aujourd’hui, les moins bons des meilleurs.

14. Patrick Rafter

On le présente comme le dernier grand serveur-volleyeur, mais pas comme le dernier des serveurs-volleyeurs. C’est bien dommage : une demie, deux finales, aucun titre, c’est à croire qu’il était uniquement beau gosse. C’est vrai qu’il l’était, et il est uniquement là pour ça sinon on aurait choisi Todd Martin, sa tête de pasteur de Sept à la maison, ses demies et ses quarts. Mais qui avait envie de la voir sur le court, à part ses adversaires ?

13. Tim Henman

Non seulement il n’a joué que pour Wimbledon, mais il n’a joué que Wimbledon. A part une demie par erreur à l’US Open et à Roland, Henman a passé sa carrière à marquer ses points à Wimbledon. Ca donne quatre demies, mais c’était trop dur que ce soit Sampras, Ivanisevic ou Hewitt en face. Il n’a jamais fait de finale mais il était vraiment pas bon.

12. MaliVai Washington

En 96, alors qu’il reste sur six premiers ou deuxièmes tours consécutifs, il va en finale. Sortir Enqvist, prendre Radulescu en quarts et Todd Martin en demie n’auront pas été les moindres de ses mérites. Krajicek ne lui a heureusement mis que trois sets en finale, l’honneur est sauf et on ne l’a plus revu ensuite.

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Moscou 2013 : Des valses et du Tamgho

2008, 2009, 2010, 2011, 2012. Une médaille de bronze européenne et même pas en free fight. Bandeau l’artiste ! En 2013, comme d’hab il pète tout en qualifs. Alors ça sera quoi cette année en finale : un jour sans, une fracture ou le record du monde ? Hélas une compétition qui compte ça se gagne plus au mental qu’à la gueule. Pour l’instant on l’a pas trop entendu et il semble s’être assagi. Souvenirs

« Je vais essayer de poser des bombes aux moments importants. » Janvier 2011 n’est pas encore terminé que Teddy Tamgho menace déjà. Deux fois 17,92m la même journée, il a tenu parole. Plutôt que de les réserver pour juillet ou août comme les champions, il a choisi l’hiver, une salle, avec comme seuls rivaux Compaoré et des Italiens. L’exploit, un tour d’honneur en marchant, sans sourire et en toisant la foule comme un grand champion repu de titres. Les Jeux Olympiques d’Eaubonne, de Bondoufle, d’Aubiere et de Sotteville-les-Rouen lui ont déjà souri. Mais il ne faut pas réduire Teddy à son bandeau de travers, à ses chaussettes relevées, à ses bastons avec des meufs, à ses vies de ma mère sur le sautoir, aux dunks, au rap, à ces putains de Harlem globe trotters, à ses blessures qui le privent d’Eurostar en 2012 ou à cette médaille de bronze aux Jeux Olympique d’Europe de Barcelone 2010, à deux rangs près c’était lui l’Euro Star. Daeguté ! Mieux vaut-il avoir du talent quand ça ne compte pas ou ne pas avoir de talent du tout ? Finalement le seul truc qui n’a jamais déclaré forfait chez lui c’est sa grande gueule.

Edwards aux mains d’or

Tamgho a déjà 23 ans quasi 24, déjà 4 voire 5 de plus que l’année de son titre mondial junior, en 2008. Il avait explosé son record le bon jour, avec 17,33m. Le bon jour, c’est vite dit : trois jours plus tôt ça aurait valu Pékin. Tant pis, il verra d’autres JO, ceux de New York et Doha qui permettent de dépasser 17,80m en toute confidentialité. Entre temps, il y a eu sa première grosse compétition en 2009, des vrais Mondiaux du mois d’août, enfin. La troisième place n’est qu’à 17,36m et la deuxième à 17,55m. Teddy claque successivement 17,37m puis 17,58m mais en février. Il terminera donc onzième avec 16,79m. Avec la petite douleur au mollet qui va bien. Il y a aussi eu l’hiver 2010, le premier record du monde dans le réconfort d’une salle qatarie, titre mondial à la clé. Comme Pierre Camara. Et presque en direct sur Direct8, Christophe Pacaud au commentaire.

Aujourd’hui, il est enfin à Mosou. Dans Rocky IV  Stallone aussi y était allé. Mais le méchant c’était pas lui et le méchant avait perdu.

La Légende JO : Dufour aboie

A quelques mois du jubilé de Laure Manaudou, Le Vestiaire se replonge dans les plus grands exploits des nageurs français aux JO. Honneur à Simon Dufour, qui en a disputé trois sans jamais rien gagner.

Comme Manaudou, il aimait rester des heures sur le dos à se demander si la douche serait chaude une fois tout ça fini. Il aimait tellement le dos, Simon, qu’il en a chopé une hernie discale. C’était en 2004, quelques mois seulement après avoir confirmé à Athènes sa médaille de bronze mondiale de 2003 avec la 6e place du 200m dos.

Quatre ans plus tôt, à Sydney, ses débuts olympiques s’étaient arrêtés dès les séries et une 17e place pleine de promesses. C’était une époque où les Français non naturalisés ne gagnaient encore rien. Alors, Simon a voulu pousser jusqu’en 2008 pour voir. 34e des séries du 200m dos, à cinq secondes de son record, il a surtout vu la Chine aux frais de la Fédé. Et comme les 550 euros de ses stages d’été, c’est toujours ça de pris.

Bruits de Vestiaire

NATATION

En (uni)forme olympique

EXCLUSIF : Laure Manaudou nue sous son treillis !

VOILE

Arthaud ou tard

Florence Arthaud avait pourtant bien suivi le conseil. Promis, la prochaine fois, elle essaiera du haut d’une falaise.

HANDBALL

Femme à lunettes…


Le hand féminin, c’était déjà Véronique Pecqueux-Rolland et Isabelle Wendling. Alors si comme Cléopâtre Darleux (c’est son vrai prénom) elles se mettent toutes à choper des abcès aux yeux, autant se remater tout de suite le best of des années italiennes de Didier Deschamps. C’est quand même dommage quand on voit ce que ça donne sans les lunettes :

RUGBY

Règles douloureuses

D’accord, la Coupe du monde est terminée et on ne reparlera plus de rugby sur Le Vestiaire avant l’automne 2015. Ca n’empêche pas de réviser les règles de base de temps en temps.

Cyclisme

Le calendrier de la roue avant

Il y a des jours, comme ça, où on aurait envie d’être une selle de vélo. La fin de l’année approche et avec elle démarre la saison des calendriers. Celui de CyclePassion laissera sur leur faim les amateurs de MILF : Jeannie Longo n’y pose même pas.

FOOTBALL

Savage garden

Pas un Bruit de Vestiaire sans sa grosse info foot anglais : Robbie Savage le Gallois a été éliminé de l’émission Strictly Come Dancing. Il était pourtant bien accompagné :

Ian Thorpe : Like a Virgin Blue

Les nuits de Michael Phelps vont décidément être courtes jusqu’à l’été 2012. On n’arrête pas la pipe à eau si facilement.

Philippe Croizon et toute la presse française ont applaudi des deux mains, en février dernier, le premier retour aux affaires du grand Ian Thorpe (1,95 m). La belle histoire. Le Vestiaire vous l’avait d’ailleurs racontée. L’idée se serait imposée à lui « dans un avion, au-dessus de l’Atlantique ». Et le destin, farceur, a voulu que le palmipède australien fasse sa grande sauterie médiatique devant un panneau publicitaire de la compagnie Virgin Blue.

L’ancienne terreur des bas seins a même laissé au patron de la Vierge Bleue, John Borghetti, le soin d’annoncer lui-même ce que tout le monde savait déjà : Thorpe veut replonger aux JO 2012 après avoir passé cinq ans à manger des Tim Tam. Pour montrer à quel point sa motivation est grande, il ira même s’entraîner dans une des places-fortes de la natation mondiale, à Abu Dhabi. Coup de bol, Virgin Blue va bientôt ouvrir une ligne aérienne entre Sydney et Abu Dhabi. Le hasard fait quand même bien les choses.

L’obus de confiance

Il faudrait être sacrément tordu pour ne voir dans le retour de Thorpedo qu’un gros coup marketing. Ce n’est pas parce que sa marque de bijoux en perles et que sa carrière de présentateur télé n’ont, au contraire des avions Virgin, jamais décollé, que Ian Thorpe va chercher du fric en allant barboter. Il suffit de voir sa « liste » des choses à faire avant de mourir comme Cathy Freeman pour s’en convaincre : « Jouer James Bond, démarrer un groupe de rock, être pilote de ligne (sic),  nager d’autres JO avant mes 30 ans. » Et pourquoi pas sauter Kylie Minogue pendant qu’on y est ?

Yannick Agnel va donc bientôt pouvoir se frotter à autre chose qu’aux lycéennes de la piscine de Nice. La natation est un sport si simple que huit mois d’entraînement suffiront sans doute à l’ancien Phelps pour suivre la voie d’Armstrong et de Schumacher. Ceux qui s’inquiètent de sa capacité à nager sans combinaison ne savent sans doute pas que les poignées d’amour favorisent la flottabilité. La Torpille, aujourd’hui, ce n’est pas qu’un obus rouillé abandonné dans un champ de la Somme. C’est aussi un champion d’exception qui aime son sport et les voyages en avion.

Pendant ce temps-là, Thorpe a encore fait son retour.

Champion du monde : And the Riner is

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C’est un club auquel Céline Lebrun n’appartiendra jamais, mais auquel Lucie Decosse et David Venditti auraient pu appartenir. Après un basketteur et un tennisman, voici le nouvel intouchable du Vestiaire. Il est judoka, même si Daniel Bilalian semble contester l’existence d’un tel sport.

Pour parvenir à entrer dans le cercle très fermé des intouchables du Vestiaire, il faut répondre à plusieurs impératifs, autres qu’une sexualité débridée et l’addiction aux galoches. Etre le meilleur au monde de façon incontestable peut y aider. Teddy Riner l’était, même lorsqu’il n’a fini que bronzé à Pékin. En cinq compétitions internationales disputées à déjà 22 ans, il n’a perdu qu’une fois, quand ça comptait vraiment, à peine moins que Brahim Asloum qui n’a perdu que deux fois en trois championnats du monde. L’avantage c’est qu’en boxe le tournoi commence en finale, ça évite de perdre du temps mais pas forcément d’être un gros nul.

Teddy vague

Au lendemain de son titre à Rio, notre spécialiste pensait Teddy invincible, il le serait encore s’il n’avait pas oublié d’attaquer Tangriev en Chine. David Douillet a pourtant encore deux longueurs d’avance avec ses deux titres olympiques. Teddy Riner est le meilleur, c’est un phénomène tout le monde le sait, tout a été dit. Cette semaine il sera encore chez Denisot, mais hélas, l’influence de Canal plus sport ne permettra pas que demain votre voisin Julien le banquier ou votre concierge Mme Lopes, pourtant de retour de vacances, aient entendu parler de son cinquième titre mondial, le quatrième qui compte vraiment. Teddy Riner va probablement devenir le plus grand champion de l’Histoire du sport français, juste derrière Patrice Martin mais on ne peut pas tout avoir. Il ne reste qu’à citer le prestigieux site du Vestiaire :

« Un physique idéal, une technique constamment perfectionnée et surtout un sens tactique inégalé. Finalement, s’il ne fait pas de moto et qu’il s’entraîne plus que Darcel Yandzi, son plus gros démon risque d’être la motivation. Sans adversaire à sa taille, il pourrait rapidement perdre le goût du haut-niveau. Et s’il peut encore y croire le temps d’effacer Douillet, qui certes prend beaucoup de place au moins dans les palmarès, on ne peut que lui souhaiter si ce n’est de perdre, au moins d’affronter autre chose que Mikhaylin, s’il veut encore être judoka à 27 ans. Yamashita et Douillet sont partis sans avoir trouvé leur maître. Inoue n’a trouvé le sien que chez les lourds, il s’appelait Teddy Riner. »

Manaudou : Laure en bar

Les anciennes nageuses n’ont pas toutes la chance d’épouser les monarques dégarnis de principautés bananières.

Tout omniscient qu’il est, Le Vestiaire doit aussi parfois faire amende honorable. Il n’avait qu’un peu plus d’un an, en août 2008, quand il écrivait après le 400 m raté de Manaudou aux JO de Pékin que seules trois options se présentaient à elle désormais. La première – « elle annonce sa retraite, fait un gosse à Stasiulis et se remet à l’eau dans deux ans pour une dernière sortie olympique, à Londres » – était vraiment loin du compte. Comment notre spécialiste de l’époque, douze fois démissionnaire depuis Laure, a-t-il pu se planter de la sorte sur le nom du futur papa ?

Rappelons, à sa décharge, que la meilleure nageuse française de l’année 2004 faisait alors plus de culbutes dans sa chambre qu’au bout des bassins. Son intimité était connue de beaucoup d’internautes et l’équipe de France de natation n’était pas assez grande pour combler tous ses désirs. Tout ça, c’était avant de montrer sa salamandre à Fred Bousquet. Le plus Américain des nageurs français qui s’entraînent en Amérique a mis le grappin sur la jeune retraitée. Il lui a donné la gamine qu’elle attendait depuis longtemps et a fait d’elle une femme mure.    

A 24 ans et une stabilité sentimentale enfin trouvée, l’appel des bassins s’est fait plus fort que celui des couches souillées.  « L’envie est revenue », assure-t-elle. Et pas seulement le soir dans le lit baldaquin de Frédo. La jeune maman avait tout simplement la nostalgie de ses grandes années et ceux qui ne voient dans son come-back qu’une affaire de pognon n’ont vraiment rien compris au sport. 

Pinault, simple fric

Qu’on se le dise, Laure Manaudou n’a « jamais nagé pour l’argent ». François Pinault, son mécène, lui filait bien un million d’euros par an et quelques tee-shirts Gucci par-ci, par-là, mais comme elle l’expliquait en 2009 en prenant sa première retraite, le plaisir était sa seule source de motivation : « Je n’avais plus envie de m’entraîner depuis que j’ai quitté Philippe Lucas en 2007. J’ai réalisé plus tard que c’était à ce moment-là que j’avais perdu le plaisir de nager. »

La sportive préférée des Français de l’avant-Chabal n’avait d’ailleurs accepté ces derniers mois de devenir l’égérie des gels douche Cadum et des poussettes Aubert que par pure philanthropie. N’allez pas y voir un moyen comme un autre d’assurer l’avenir de sa gamine. Elle aurait très bien pu faire du cinéma si c’était le cas : avoir tenu deux répliques à Richard Berry dans un film d’Olivier Doran vous ouvre toutes les portes.

Ne pas savoir lire un script sans l’aide d’un dictionnaire peut par contre en fermer quelques unes. Alors, même si elle n’aime pas beaucoup son sport, Laure Manaudou, aussi cultivée qu’un dauphin du Marineland, a décidé de replonger. Elle ne sait faire que ça. Toujours très bien entourée depuis qu’elle a quitté Philippe Lucas, la première Française de l’histoire à avoir une poupée Barbie à son effigie a choisi le coach de l’insoupçonnable Cesar Cielo pour la préparer à sa dernière barbotte médiatique. Après tout, ça vaut quand même mieux que de rester à la maison soigner les hémorroïdes de Frédo.

Wimbledon, Mahut : Dancing Queen’s 2

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Il rêvait d’être Stefan Edberg, il a hérité du faciès de Kevin Bacon. Rien de tel pour briller à Londres et nulle part ailleurs.

Il y a connu ses plus belles heures, pas plus d’une trentaine, en cumulé, quand même, parce que tout avait commencé par Todd Reid en 2003 et Antony Dupuis en 2004. Inconnu, sauf aux interclubs d’Angers TC et à Surbiton, Mahut sort de nulle part en 2007 pour battre Bjorkman, Ljubicic, Nadal, mais aussi Clément pour réussir le gros coup de son jeune début de carrière. Le gros coup inclus évidemment une balle de match en finale contre Roddick. Roddick qui, fair-play, apparaîtra souriant sur les photos quelques minutes plus tard avec un gros trophée dans les mains.

Un record qu’Isner à rien

C’est le déclic : huitième de finale en 2008 et 2009, trois victoires en qualif’ avant de voir le Lu au premier tour en 2010, puis Verdasco au deuxième en 2011. Perdre face à un spécialiste de terre battue en méforme : le Queen’s est décidément le gazon de tous ses possibles. Et puis en 2006 Nico eut le droit de s’inscrire à Wimbledon. Un troisième tour, la promesse est belle. Il la tiendra en 2007 avec un deuxième tour. Puis les trois années suivantes avec un premier. Que ce soit Gasquet, Tursunov ou Vliegen qui le sortent, tout le monde s’en fout. Alors, en 2010, il change de cible : quitte à ne pas aller au troisième tour, autant faire parler de soi avant. Au besoin, on peut entrer dans l’histoire avec trois balles de break en 11 heures de jeu. Entrer dans l’histoire, ça veut dire succéder à Clément, Santoro ou aux deux ? 

Et cette année, un premier tour avec un break en deux occasions. Ca fait deux en 13h de jeu. Pourquoi changer une équipe qui gagne ?

Angleterre-France : Le quinze de l’arrose

Un seul des deux sélectionneurs a déjà été champion du monde. Mais lequel ?

Toute la Nouvelle-Zélande tremble déjà et la Ceinture du feu du Pacifique n’y est cette fois pour rien. Même si sa belle série de deux matches sans défaite a pris fin, samedi soir, dans le jardin anglais, la France a envoyé un message on ne peut plus Clerc à son futur adversaire du Mondial : elle peut rivaliser avec n’importe qui pendant 40 minutes. Ferme et tenace, la bande à Lièvremont prend du volume : pathétique contre l’Australie, en novembre ; ridicule contre l’Ecosse, pour l’ouverture du Tournoi ; à la rue, il y a deux semaines, en Irlande ; elle a cette fois sorti son « match le plus abouti » depuis des mois. Et dire que Médard n’était pas là.

Au Trinh où vont les choses, c’est simple, il faudrait un séisme pour que cette équipe-là n’aille pas jusqu’au bout en Nouvelle-Zélande, sur Stewart Island. Les motifs de satisfaction sont nombreux après ce France-Angleterre. D’abors, les Bleus n’ont pas attendu, cette fois, d’avoir pris trois pions pour se mettre à défendre. Ils ont su sans jouer sans Parra, sans Poitrenaud et sans ailier droit et Marc Lièvremont a vu à la vidéo « des choses intéressantes dans l’animation offensive ». Il n’a pas précisé, par contre, s’il pensait aux zéros franchissements ou aux zéros essais.

La clé sous le Palisson

Notre ancien chroniqueur Peyo Greenslip, depuis sa lune de miel à Rome, nous a aussi confié par sexto avoir vu des choses moins intéressantes, comme ces Français revenus des vestiaires avec les mêmes intentions qu’en début de match contre l’Irlande. Si Wayne Barnes avait été là, les champions d’Europe en titre n’auraient pas regretté aussi longtemps leur seule occasion d’essai, sur un jeu au pied. Mais Wayne Barnes n’était pas là, Chris Ashton a fait son saut de l’ange dans le vide et on va nous faire croire qu’il n’y aucune raison de s’inquiéter à six mois de la Coupe du monde.

Incapable, en trois ans, de pondre un plan de jeu cohérent, Marc Lièvremont masque son impuissance derrière une irascibilité nouvelle en conférence de presse. Ca nous rappelle curieusement quelqu’un. Ses joueurs ont donné à Twickenham l’image d’un groupe en autogestion à qui seul l’orgueil a permis de sauver les apparences en première mi-temps. A part ça, Chabal ne fait plus peur qu’à la femme de ménage du musée Grévin ; Huget, comme tous ceux qui le regardent jouer, ne sait pas vraiment ce qu’il fait là ; Palisson non plus ; les rhumatismes de Jauzion ne supporteront pas 25 h d’avion jusqu’à Auckland et Guirado n’a toujours pas compris pourquoi Crunch sponsorisait le match sans offrir une seule tablette.

Gasquet, le dernier chant du coke :
Tokyo cocktail

Ritchie n’ira pas à Londres pour les Masters. Sur eBay non plus, il n’y avait plus de place .

« Dans le deuxième set, Richard m’a poussé hors du court. Je n’avais plus beaucoup de réponses, il jouait vite, frappait de gros coups. Donc au début du troisième set, je n’étais pas très confiant sur l’issue du match. »
Reconnaître la supériorité adverse est la marque des grands. Tursunov doit donc sûrement en être un. Le 1-6 du deuxième set ne veut rien dire. Sauf peut-être pour Gasquet, qui a appris une nouvelle ligne du règlement ATP : gagner 6-1 la seconde manche autorise quand même à perdre  la troisième.

Richard n’est pas le seul, l’histoire du tennis est truffée d’exemples de ce genre. Mais Richard n’est pas très fort pour retenir les leçons d’histoire. « Je le sais [que je suis trop passif], mais c’est dur, c’est dans la tronche et je me crispe quand j’y pense… » Saloperie de calcul mental, son 4 au contrôle lui avait déjà coûté la moyenne générale en CM1.

« Mais lui n’a quand même pas fait beaucoup de fautes avec les risques qu’il a pris. » Markus avait bien songé à lui laisser un PowerPoint avec quelques mémos sur les avantages et inconvénients à rester à cinq mètres de sa ligne de fond. Mais c’était courir le risque que Deblicker ne confisque l’ordinateur portable. Le cerveau n’est pas un muscle, il ne répond pas toujours comme on l’espère, Ritchie non plus. « C’est chiant, j’avais la rage de gagner. » Les expressions apprises dans la cour de récré ne sont pas toujours d’une syntaxe parfaite. « C’est du délire cette surface, ça va à dix mille à l’heure. » Ah, les enfants.

Private junk

Pourtant, Richard a de quoi être content de son mois de début d’automne. A Metz, il n’avait cédé que face à une angine. Ça lui rappelle quand papa l’envoyait courir 18 km pour fêter le réveillon du 31 afin de préparer le marathon du jour de l’an.  «Vous croyez qu’on renonce à une demie face à Zverev sans rien avoir ? La semaine suivante, je suis resté quatre jours au lit. » A croire que le pharmacien du coin n’était pas un Champion. Mais c’est logique : à force de tirer sur la machine, elle casse. « Je reviens d’une semaine de Coupe Davis et même si je n’ai pas joué, même si ce sont de supers moments, c’est un peu usant. » Avant de monter à 38,2°, Richard avait quand même battu Robredo. Aux forceps – « de manière générale, on était un peu tendus tous les deux au premier set » – donc « c’était un beau match. » Il n’en oublie pas l’essentiel. « C’est bien d’avoir pu gagner. »

Camille Lacourt : « Plein le dos »

Enfin éloigné du tumulte médiatique, le Vestiaire s’est presque intéressé à la nouvelle star des bassins qui a presque su rester simple. 

Le recordman du monde du 100 mètres dos en shorty nous reçoit dans un jacuzzi d’Aquaboulevard, entre deux passages par l’esplanade Henri de France.

LE VESTIAIRE : Camille, êtes-vous redescendu de votre petit nuage depuis vos trois médailles d’or aux championnats d’Europe ?

CAMILLE LACOURT : Vous savez, moi, je nuage que le dos, mais l’investissement est le même que pour les autres. Il faut aller à la piscine deux fois par jour, se recoiffer à chaque fois, faire toutes les émissions du service public et Denisot avec un mec qui ressemble à Tom Hanks dans Big. Je ne souhaite pas à Amaury Leveaux de vivre ça.

Comment vivez-vous l’emballement médiatique qui a suivi votre performance ?

J’étais dans ma bulle de savon à Budapest. Je n’ai vraiment réalisé qu’une fois posé à Paris avec cinq cents filles qui hurlaient mon nom dans le hall de l’aéroport. Une hôtesse m’a dit qu’elle n’avait pas vu ça depuis le dernier transatlantique de David Charvet. Et il aurait fallu voir notre descente des Champs-Elysées ! C’était blindé de taxis et de touristes japonais. Je savais même pas qu’ils diffusaient les championnats d’Europe là-bas.

Votre nouveau statut vous met-il une pression supplémentaire ?

J’essaie surtout de garder la tête froide sur les épaules. Il faut se rendre à la réalité des choses : tout ça ne va pas durer éternellement. A part quelques rues à mon nom, cinq biographies et mon portrait sur un immeuble de la Cannebière, qui se souviendra encore de Camille Lacourt dans un siècle ou deux ?

Toutes ces sollicitations ne vous empêchent-elles pas de nager ?

Je suis juste obligé d’aller à la piscine une heure plus tôt pour signer des autographes aux filles de la synchro et aux mamans qui viennent les chercher. A part ça et les deux lignes d’eau qui me sont réservées à l’entraînement, je suis toujours le même. Et je suis bien entouré à Marseille avec ma copine Laure (Manaudou). Elle m’a dit de ne jamais sortir avec une Italienne si je ne voulais pas finir à faire de la pub pour des marques de savon cinq ans après ma retraite.

Comprenez-vous que votre progression soudaine puisse faire douter les spécialistes ?

Je ne suis ni Russe, ni Chinois, ni Américain, ni Australien, alors, je ne vois pas très bien où vous voulez en venir. Je fais bien quelques crises d’asthme de temps en temps, comme tout le monde, mais Alain (Bernard) a toujours un tube de Vento à dépanner.

N’avez-vous pas pas l’impression de n’avoir encore rien prouvé ?

Comme dit souvent mon pote Fred (Bousquet) : une ondulation de papillon aux 25 mètres, ça fait une vague au milieu du bassin. Mes trois médailles d’or, c’est surtout un message à tous les moniteurs de ski du pays : ce n’est pas parce qu’on est grand, blond, musclé, souriant et bronzé  qu’on est condamné à faire carrière dans le sport ou la publicité pour dentifrices.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Championnats d’Europe : A superstar is born

Jamais un jeune français n’avait autant dominé sa discipline. Quel âge avait Patrice Martin en 1977 ?

La presse écrite, au mois d’août, c’est un peu comme une déclaration de Christophe Lemaitre : il n’y a pas grand-chose à en tirer, mais ça peut toujours faire rire. Non contente d’avoir pondu deux pages et demie sur des championnats d’Europe de natation, L’Equipe a fait aujourd’hui d’Agnel la nouvelle « superstar » des bassins. Les préfixes anglophones lui manqueront sûrement en 2012. Comment dit-on megastar en Londonien?

Nos confrères se sont aussi permis de comparer le doberman niçois aux « géants » Phelps et Thorpe, comme Le Vestiaire l’avait fait il y a bientôt un mois. Ils auront peut-être remarqué qu’à l’âge où Agnel passait son Bac S, l’Américain et l’Australien avaient déjà respectivement ramené cinq titres mondiaux et trois titres olympiques. Le hasard des calendriers internationaux, sûrement. Et si Agnel était aussi précoce qu’un sexagénaire devant les photos de Manaudou dans son bain ?

L’avaler Daniil

Le néo-bachelier comptait bien profiter du 4×100 mètres pour oublier les séries matinales des championnats de France, mais avoir douze nageurs capables de rentrer en finale mondiale ne fait pas forcément de vous le meilleur relais européen. Allez savoir pourquoi.

Alain Bernard a bien une petite idée, mais il n’est pas du genre, comme Fred Bousquet le tatoué, à préférer les courses individuelles aux efforts collectifs. Cette fois, pourtant, Jason Lezak n’avait pas trois mètres de retard, ni de combi, et parlait anglais avec un fort accent russe. Daniil Izotov serait-il asthmatique lui aussi ?

Denis Auguin n’est pas inquiet : le gendarme ferait des chronos « éblouissants » sur la demi-longueur, à l’échauffement. Le record du monde du vingt-cinq mètres lui tend les bras.