Espagne-Allemagne : Müller au vaincu

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L’Espagne va donc enfin devenir championne du monde. Est-ce seulement à cause d’une bande de puceaux d’outre-Rhin ?

Qu’avait-il pu passer par la tête du Vestiaire pour dire que Müller était le joueur clé de cette équipe ? Car notre spécialiste était en réalité bien en-dessous de la vérité. L’Allemagne, c’est Müller. Et l’Allemagne sans Müller, c’est la France sans Zidane. Il n’y a plus rien, dix joueurs de champs transformés en poteaux, incapables de créer quoi que ce soit et Schweinsteiger pour faire joli. Mais n’est pas Otamendi, Higuain, Demichelis et l’autre axial qui veut.

Surtout quand Klose explique en 90 minutes pourquoi la plupart de ses buts en Coupe du monde ont été inscrits au cours de premiers tours, Angleterre et Argentine inclus. Surtout quand Ozil confirme que son pucelage aura du mal à partir. Surtout quand Trochowski continue de jouer à Hambourg, même si Karlsruhe mériterait légitimement de l’avoir dans son effectif. Et même si Kroos a raté la balle de match, ce qui aurait pu tomber sur un autre mais non, c’est sur lui. Mario Gomez ne serait donc pas le remplaçant du remplaçant de l’avant-centre du Bayern pour rien. Pour info, le remplaçant s’appelle Klose.

Ozil d’aliénés

Hélas, l’histoire ne dit pas si Khedira a touché un ballon hier soir, et personne n’ira vérifier. Sans Müller, Low ne pouvait rien tirer d’autre de son équipe. Il avait même compris qu’une finale ne passerait que par une prière : que sa défense fasse correctement son boulot. Elle l’a exaucé, sauf sur un corner anecdotique à la 72e minute. Et pourtant, Boateng et Jansen ont eu du mal et pourtant c’était Pedro en face.

Thierry Henry comprend soudainement ce qui a pu lui prendre la place, l’humiliation ne s’arrêtera donc jamais. On ne pourra par contre rien reprocher à Podolski, qui était bien là, mais pas Müller pour lui donner le ballon. Et pour ceux qui auraient pas compris le rôle de Müller, demandez-vous pourquoi le pressing espagnol récupérait tous les ballons, pourquoi l’Allemagne a pratiqué un vilain kick and rush et pourquoi les contre-attaques n’ont même pas pu mettre à l’épreuve l’horrible défense espagnole.

En Espagne, il y a Iniesta et  Xavi derrière, Puyol, Piqué et Ramos devant. Et oui. Et si Villa a presque 29 ans, ce n’est pas un hasard. Et non.

Allemagne-Angleterre : Ozil was born

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Le meilleur joueur allemand s’appelle Lahm, son adversaire l’Angleterre et sa star Capello. Ça veut dire quoi ?

Pour la première fois de son histoire, l’Allemagne se présente en huitièmes de finale d’une Coupe du monde sans Beckenbauer, Rummenigge, Brehme, Voller, Matthaus, Klinsmann, Kahn et Ballack. Un gros risque pris par le sélectionneur allemand, dont le nom échappe à tout le monde, mais ça ne durera pas. Car le risque est calculé puisque les cadres ont tous été remplacés par Schweinsteiger.

Si on ajoute la nouvelle perle de l’entrejeu, dénommée Ozil, capable d’au moins une bonne performance tous les deux matches quand l’adversaire s’appelle l’Australie et le Ghana, la Mannschaft a de sacrés arguments. Les mauvaises langues seraient tentées d’insister sur la performance serbe de la deuxième journée. Elles auraient tort, la Serbie ne s’est inclinée que contre l’Australie et le Ghana, les deux grosses équipes du groupe. En plus, l’Allemagne jouait à dix depuis près de trente secondes quand elle a encaissé le but, puis elle a raté un penalty et plein d’occasions. L’apanage des grands joueurs, sans aucun doute, Podolski profite d’ailleurs de l’occasion pour remercier à nouveau le Bayern de lui avoir permis de retourner à Cologne. C’est aussi la Serbie qui a tenu en échec les hommes de Domenech en 2009. Pas n’importe qui, donc, pas de nivellement par le bas.

Belle et c’est Bastian

L’Allemagne, ses brutes et son jeu chiant mais efficace ne disparaîtront donc jamais, même si on les remplace par des petits gabarits qui jouent à une touche de balle. Car l’Allemagne 2010, c’est aussi un joli mélange de joueurs chevronnés et de clubs qui le sont à peine moins. Ozil, Khedira, Friedrich, Schalke 04, Werder Breme, Stuttgart, Cologne, pour un peu Klose serait presque titulaire en club.

Le seul point faible de cette équipe, qui compte tout de même son Brésilien naturalisé, et Neuer, qui ferait presque oublier Kahn et Lehmann, serait donc son ossature munichoise. Le Bayern peut-il réapprendre la défaite à l’Angleterre après lui avoir apprise en club, voire être champion du monde ? Tout dépend si Robben et Ribéry sont rétablis, et si Muller et Badstuber ont brillé contre Lyon et l’Inter. Quoiqu’il arrive, tout sera cette fois jouable puisqu’il n’y aura pas Mourinho en face, juste Fabio Capello et David James.