La légende : Le Tchad de France

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Alors que Lyon prospecte au Tchad à la recherche du futur Lisandro Lopez, le Vestiaire se souvient que deux anciennes stars de notre championnat ont bien connu ce pays.

Les lecteurs qui auront eu la bonne idée de naître dans les années 80 n’auront jamais entendu parler de lui, et pourtant avant même que Japhet N’Doram termine sa carrière dans les fanfares du Stade Louis 2, un compatriote baptisé Nambatingue Toko avait eu l’occasion de boucler la sienne en haut du panier de la D2 au RC Paris. Qu’ajouter ? Ceux qui voudront faire les malins vous ressortiront le Président Borelli faisant l’amour avec la pelouse et Toko crucifiant bien avant l’heure le FC Nantes qui n’était pas de N’Doram mais juste de José Touré. Par contre n’allez pas raconter que vous savez qu’il a marqué contre Sofia en Coupe d’Europe ou que Strasbourg a déjà été champion. Sinon vous avez connu le monde avant le premier choc pétrolier. Mais au fait N’Doram c’était qui ?

Tchad Michael Murray

N’Doram, c’était le meilleur joueur du Nantes de Loko, Ouedec et surtout Pedros, l’histoire nous apprendra qu’il n’y avait finalement pas de mal et que la première passe est parfois la plus dure. Marquer n’est pas si simple, a pourtant dû penser Ouedec depuis sa geôle chinoise. Avant ça, le Cameroun avait arraché Japhet aux faubourgs de N’Djamena, en ces temps où Jean Hélène les arpentait avec appétit. Contrairement à Djemba-Djemba, N’Doram n’est pas passé par les Brasseries du Cameroun, et ce n’est ni un hasard, ni un jeu de mot. Arrivé hors de forme, il finit par percer et pourtant on jurerait que la fille du Suaudeau faisait partie des sceptiques, comme bon nombre d’observateurs. Pour d’autres joueurs mieux armés, ce fut nettement plus simple. Quelques bonnes saisons à Nantes, suffisamment pour marquer un but au Spartak, un autre à la Juventus et finalement l’histoire du club à jamais, Gourvennec et Sibierski jurent qu’ils n’y sont pour rien. Certains rappelleront le 2000e but du FC Nantes, mais Aubry avait oublié de plonger, ce ne fut pas la seule fois. Au passage, le Sorcier n’oubliera pas de filer quelques tours de reins, le plus souvent ça tombait évidemment sur Raphaël Guerreiro. Voilà comment Monaco sacré champion en 97 l’appelle pour passer au stade supérieur. Ca sera sans ses genoux, et très vite sans lui. Injuste diront les uns, directeur sportif diront les autres. Personne n’a eu raison.

Les Avortons : Cantona que de la gueule

papillon

Le-Vestiaire.net poursuit son excursion dans les couloirs du temps. L’avorton du jour ne sera lui non plus dans aucun classement et ce n’est pas parce qu’il est mauvais acteur.

Le centre de formation de l’AJ Auxerre n’a pas servi qu’à faire de Guy Roux un entraîneur de légende, il a aussi sorti l’un des joueurs les plus extraordinaires toutes époques confondues. Franck Rabarivony l’était assurément pour des raisons obscures, Eric Cantona peut-être aussi, le mystère est moins opaque. Comme Jacques Mesrine, le King est adulé par plusieurs générations. L’un comme l’autre sont appréciés pour les mêmes qualités : leur franc-parler, leur courage, mais surtout leur orgueil et leurs dérapages violents trop souvent inacceptables.

La comparaison s’arrête là. L’un est un bandit assassin, l’autre ne tuait que les matches. Ceux qui ont connu Cantona se souviennent d’un artiste sans égal, comme le disaient les VHS, doublé d’un bad boy capricieux incapable de baisser son froc. Pour se rendre indispensable, il fallait savoir fermer sa gueule. Gravelaine et Pedros ne la fermaient pas, ils ne l’étaient pas. Cantona ne la fermait pas, pourtant il l’était. Henri Michel a su se passer de lui comme la Fédération saura se passer d’Henri Michel. Jacquet saura se passer de lui avec plus de succès. Trop de caractère, trop de talent, trop. Comme Papin, il ne sera pas aidé par la génération bleue qui précédera la première étoile, pas celle de Dalcin, qu’il n’aurait pas encore retrouvée. En Angleterre, il deviendra Roi, ce ne sera que justice, mais l’Histoire en a rarement quelque chose à foutre de la justice.

Cantona est une légende, pour ses excès sur le terrain et en dehors. Il aurait dû être beaucoup plus, comme son génie l’y autorisait.

Les avortons : La démode Cauet

Avec une autre coupe de cheveux, Jacquet aurait-il continué à confondre Benoît Cauet avec Franck Rizzetto ? La question restera posée jusqu’à la fin de sa carrière.

Juin 1998. La France maudit son sélectionneur à l’approche de la Coupe du monde. A quelques jours du choc en Finlande, Aimé Jacquet annonce la liste des six lauréats. La France est choquée, parle de cruauté. Pourquoi Djetou a-t-il droit à des congés anticipés ? Un seul homme comprend : Benoît Cauet. Ce qu’il comprend beaucoup moins, c’est pourquoi lui ne participera pas au Mondial.

Dans un manteau Divert

L’histoire débuta à Marseille. Enfin, surtout à Caen, où il restera quatre ans, bien loin du titre de champion d’Europe. C’est peut-être là qu’elle a fini aussi, mais tous les avortons ne méritent pas d’instant Le Vestiaire. A l’époque, Stéphane Dedebant tirait encore la couverture à lui, Cauet aurait dû s’y préparer. Même repéré par Nantes, où il signe en 1994, il ne vainc pas la malédiction. L’improbable se produit : Jean-Michel Ferri lui est préféré, il n’est qu’un second choix. Cauet joue peu, mais bien, Nantes est champion et pulvérise les records, Ferri est sélectionné chez les Bleus et signera un jour à Liverpool. On parle bien de Laurent Viaud ?

Inter minable

L’épisode nantais n’empêche Cauet ni de séduire les grands clubs, ni d’envier les cartes bleues offertes à Frédéric Dehu et Vikash Dhorasoo. Après une deuxième saison en Loire-Atlantique, il rejoint le PSG champion d’Europe. Judicieux : il perd la seconde finale d’affilée. Las, il rejoint l’Inter la saison suivante (1997). Le club remporte immédiatement la Coupe de l’UEFA, dans le sillage des Ronaldo et Zamorano. Lui n’est pas titulaire.

Il le sera un peu plus les années suivantes, quand l’Inter ne gagne plus rien. L’équipe de France, malgré Bruno Cheyrou, se refuse toujours à lui. Et finalement, après une pige à Bastia, il termine au FC Sion (2005-2006). En beauté : il est sacré champion de D2 suisse et remporte la Coupe helvétique.

Et si Benoît Cauet n’avait jamais existé ?