Coupe du monde : Calife à la place du Cali

« Le rugby est un sport qui se joue debout. » Rien n’échappe à Christian Jeanpierre.

De notre correspondant spécial permanent à Whakapapa Village

Qui aurait pu penser qu’un ancien joueur de Marseille-Vitrolles participerait un jour à une cérémonie d’ouverture de Coupe du monde ? Qui de Christian Jeanpierre ou de son ami Cali a pris le lit du haut au dortoir ? Le guide des Frogs-in-NZ vaut-il vraiment 25 euros ?

Ca fait maintenant trois jours que Peyo Greenslip doit se lever avant 14 h du matin, mais beaucoup de questions restent en suspens dans les bordels de Gisborne. Si le « Kia Ora » qui traversait jeudi la Une de L’Equipe veut dire « Bienvenue », à quoi peut donc servir le « Haere Mai » écrit un peu partout à la sortie de l’aéroport ? Et si Ian Borthwick avait séché ses cours de Maori à l’école ?

Tonga la bomba

Les premiers matches de ce Mondial ont aussi levé quelques doutes. Le rugby, c’est sûr, n’est plus ce sport sans intérêt où on pouvait donner deux ans à l’avance le nom des huit quart de finalistes. La preuve : en ne jouant qu’une mi-temps, les Tout Noirs, sans pousser en mêlée, ont souffert le martyre contre les Tonga avant de marquer le sixième essai de la délivrance.

Pas de défense, du jeu à outrance, des passes après contact : Sylvain Marconnet a cru un moment dans son salon que le Super 15 n’était pas tout à fait fini. Puis il a vu l’Angleterre pulvériser l’Argentine (13-6), l’Ecosse broyer la terrible Roumanie (34-24) et l’Irlande piétiner les Etats-Unis (22-10). Les nations du Nord n’ont pas attendu pour étaler leur puissance.

Heureusement, la France, elle, a bien caché son jeu. La surprise n’en sera que plus grande la semaine prochaine contre le Canada.

Top 14, Bayonne-Biarritz : Derby à rixes

Deuxième carte blanche en à peine un mois pour notre très prolifique consultant rugby Richard Escroc. Voici donc le récit ésotérique de la mythique bataille rangée entre deux peuples du sud appartenant au même pays. Avis aux puristes de Mouguerre ou pas.

Mais non, mais non, l’Aviron n’est pas mort…

Mais non, l’Aviron n’est pas mort, bien au contraire. A part Lagisquet, peut-être. Jamais son meilleur ennemi pseudo olympique n’aura été reçu avec autant d’égards. De certitudes sur son jeu. Huget, Lacroix, Peyras, Gower et consorts ne s’abreuvent désormais plus de Patxaran freulaté, mais plutôt de gestuelle et du sens tactique de Boyet.  Même la troisième ligne ne fait plus Haare Haare, elle cavale et percute à souhaits.

Le beau dit gros Serge vous le dirait, tout relanceur de génie qu’il était et tout vahiné gonflé qu’il est devenu, un match se gagne d’abord devant. Un match souvent, un derby presque toujours. Alors, ce soir, au banquet, Serge risque de reprendre un peu d’axoa au dessert. Pas besoin de lunettes siglées pour remarquer que le huit de devant biarrot s’est mis au diapason de son président. Lourd, mais aussi robuste, armé pour defier toute armée. Inutile de chercher plus loin, les vikings Lund, le steak de Thion, les Coetzee ou Hari, l’ami presque fini de Garazi qui ne vous veut pas du bien.  Ils ont la clé. Monsieur lotion anti-calvitie et ses cheveux blancs tout neufs saura l’utiliser pour l’enfoncer dans la serrure de Saint-Leon ou ailleurs.

La Bayonnaise doit prendre

Reste qu’un derby se gagne avec les tripes, ou au moins le tripotx. Si Thomas Lièvremont avalait sa sucette et donnait la parole à un débile d’Espelette ou de Cambo, celui-ci leur dirait bien des choses. Il leur dirait que Marconnet mérite d’être pendu tel un jambon à la fête du même nom. Pendu pour son arrogance internationale et « son coup de pute » après s’être engagé avec l’Aviron. Il leur dirait que les joueurs du BO viennent faire les cakes aux fêtes début août. Il leur dirait que Biarritz les a tant dominés la dernière décennie.

Alors, la première mêlée pourrait être relevée, les premiers plaquages sur les demis biarrots féroces et le derby se gagnerait les yeux dans les yeux, à l’ancienne. Cela ferait oublier à Jean Dauger qu’une de ses tribunes porte, trois ans après son arrivée, le nom d’un sponsor, moderne, sans culture rugbystique et économique, oubliant le bon vieux temps et les gloires robustes, colossales et fières de l’Aviron.