Euro 2011 : Laurent fini

Si un jour le monde entier a pu imaginer que la France pouvait devenir championne d’Europe voire du monde ces dix dernières années c’est bien-sûr grâce ou à cause de Parker, Rigaudeau, Dacoury ou même Dubuisson. Mais à 4 vous pouvez faire un 2 contre 2, pas forcément un 5 majeur.

 Comme le veut la tradition à l’approche d’une compétition internationale, le Vestiaire vous présente ceux qui font, ont fait ou défait le basket français. Aujourd’hui, on se souvient du prénom le plus célèbre. Gadou c’est un nom.

2 juin 1995, Villeurbanne. Dans 28 jours, la France du rêve Gomez se fera exploser par le rêve yougoslave, en quarts de finale de l’Euro. En attendant, elle affronte la Lituanie et le public découvre effaré deux jeunes joueurs de 22 ans qui s’appellent pareil. Quatorze ans, est-ce si long ? Dubuisson s’appelait-il Laurent ? Cinq ans plus tard, le 1er octobre 2000, les deux Laurent sont pourtant encore en vie et pratiquent  le même sport. Mieux, il assistent à la finale des JO. Mieux, ils n’ont même pas payé leurs places. Meilleur marqueur du match, Sciarra finit par ramener la France à quatre points des Etats-Unis. Pendant ce temps-là, Foirest achète des pop corn, 3 en 16 minutes pour être précis. La NBA les attend, elle aura un peu Rigaudeau, même si ce n’est pas la même discipline. 27 mois ont passé lorsque le 25 janvier 2003, Sciarra s’offre la Lettonie pour tirer sa révérence. Il lui est arrivé de marquer 26 points en un seul match, mais qu’attendait la NBA ? Le 2 septembre 2006, la Turquie se rend au Japon pour le jubilé Foirest, tout un symbole.

Le 20 juin 2009 les frères Laurent sont en finale des play-offs, chacun à la tête de leur franchise. Foirest a encore été le meilleur Villeurbannais avec Jeanneau. Parker demande du temps, il vient juste d’investir. Ils ont à peine 36 ans, surtout Sciarra. La NBA peut attendre, Risacher joue encore dans son Châlon.

Pro A : La main au Collet

La défaite de Göttingen était de trop, mais Collet a quand même dit à Gelabale qu’ils se reverraient à l’Euro.

A l’occasion de la reprise de la Pro A, le sélectionneur français avait pris 17 points à Levallois à cause d’Albicy.

Antoine Rigaudeau le sait bien : c’est toujours quand on est au sommet de sa carrière qu’on fait ses preuves. A 47 ans, Vincent Collet a déjà tout connu et on commence à y voir plus clair, au contraire des finances de l’Asvel, qui, cette année, n’a pas gagné le droit de prendre ses sept branlées sur dix matches en Euroligue. Le Mans était trop fort en tour préliminaire. Ce n’est pas faute d’avoir tout fait la saison dernière pour bien préparer la saison et le Mondial : les play-offs de Pro A, c’est pour les huit premiers. Cholet ? C’est une équipe turque.

Pas de jugement hâtif, la double casquette entraîneur de l’ASVEL-sélectionneur se mérite. C’est à force de travail, d’années à former des jeunes et surtout d’un titre de champion de France avec Le Mans une fois en huit ans qu’il y est parvenu. Collet rêvait des plus grandes compétitions : l’Euroligue et le Mondial, qui rêvaient un peu moins de Collet.

TP, la taxe professionnelle

Peu importe, le basket français a ceci de passionnant qu’il retient moins volontiers ses erreurs que ceux qui les ont commises. Michel Gomez fut rappelé au secours quinze ans après son fiasco, Vincent Collet a logiquement droit à une deuxième vie de sélectionneur après un Mondial scandaleux que le seul jeu de maillots d’Ali Traoré ne suffit pas à expliquer.

Collet a une circonstance atténuante : sans les stars, c’est difficile. D’un autre côté, ça évite de se faire humilier par Parker à l’entraînement. Dans le basket français, c’est toujours celui qui a la casquette NBA qui a le dernier mot, voire le pognon pour investir dans l’Asvel et devenir le patron de son sélectionneur. Maintenant, si Collet veut sa casquette, il peut toujours se la payer.

Grâce à Parker, Collet avait plus de pognon pour acheter les meilleurs joueurs de Pro A et il l’a fait. Parce qu’en plus il fallait les entraîner ?

Mondial 2010, France-Turquie :
La main au Collet

La Turquie peut trembler : être invaincu est la pire des choses face à un club de Pro A. Voici le récit de l’équipe de France de basket ultime.

L’histoire balbutie toujours avant que les légendes s’écrivent. Une finale olympique de Rigaudeau, Risacher et les autres, un concours de lancers francs un peu trop dur pour Tony Parker et bien sûr le titre européen du CSP en écrans de fumée. Tout ça réuni dans une seule et même équipe. L’aboutissement de dix-sept ans de basket. L’heure n’est pas à disserter du vrai niveau de l’équipe de France, mais à se réjouir : la vraie équipe de France joue sous nos yeux. De Colo propulsé meneur aurait pu ressembler à une mauvaise nouvelle, et pourtant. Les branlées américaines, canadiennes et australiennes, et surtout moins de dix points d’écart contre la Côte d’Ivoire ont ponctué la préparation parfaite. Zéro confiance, aucun meneur, pas d’intérieur valable et Diaw comme seul recours. La France n’avait aucune chance, l’Espagne se profilait, le scénario était écrit. En sus, le coaching de génie de Collet qui propulse Albicy nouvelle star ferait même croire que Peter Pan existe. Il n’existe pas, mais Ali Traoré oui.

Istanbul art

Le Liban ne s’en est pas rendu compte. La France doutait tellement d’elle-même qu’elle avait besoin d’un deuxième match de confirmation. 86 points marqués, plus que Michel Gomez n’aurait jamais espéré, un vrai festin. C’était trop. Troisième match, le Canada qui avait eu la mauvaise idée d’humilier la France trois semaines plus tôt, deux fois de suite. Pas malin, surtout quand on annonce à des Français qu’ils peuvent se qualifier pour les huitièmes et qu’on les voit déjà leaders du groupe. 68-63, peut-être une alerte au boulard, mais Georges Eddy s’écrie good job. Monclar n’est pas sûr de pouvoir traduire, pourtant c’est assez simple : l’équipe de France est qualifiée, invaincue, Gelabale retrouve son niveau NBA, Batum est un leader qui a des fans dans les tribunes et Diaw le garant du bon état d’esprit. On entend même dire que la chronique Dans les pas d’Ali, sur L’Equipe.fr, est lue.

Gelabale au prisonnier

Dans ces conditions, la Lituanie n’a qu’à se laisser distancer un peu à la mi-temps pour rameuter les chèvres et porter le coup fatal. A quoi bon continuer à défendre quand on a le niveau NBA ? « A nous d’assurer la deuxième place », s’enflammera pourtant Koffi après le match. Mais, malgré les efforts de Jackson et Mahinmi, la peur d’être ridicule n’est pas revenue. Mais face à la Nouvelle-Zélande et son shooteur extérieur obèse, un peu de suffisance ne suffit pas. L’Espagne revient en mémoire, et de toute façon une défaite de moins de onze points ne foutrait pas tout en l’air. C’est le moment pour Bokolo de rappeler à des millions de collégiens qu’une reprise de dribble c’est aussi un truc de pro, pour De Colo de ne plus réussir une passe dans les dernières possessions. Gelabale se souvient qu’il est champion, mais avec Cholet, Batum, lui, se revoit avec Le Mans en Turquie en Euroligue, ça faisait toujours branlée.

La Légende, Bonato : L’Antibes social

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A l’occasion de la reprise de la NBA, le Vestiaire se penche sur le grand cas du petit Bonato. Quel est le rapport ?

Yann Bonato a joué de longues années au basket-ball. Et il n’a jamais eu sa langue dans sa poche. Normal pour un écorché vif. Il y avait de quoi, avec un papa passé en Equipe de France 172 fois et deux ans tous frais payés dans une université américaine. L’oncle Sam est décidément un beau salopard puisqu’il perdra son numéro. Les années 90, Montel et le basket sur les chaînes hertziennes sont proches, quand Bonato décide de rentrer au bercail, faute de mieux diraient quelques aigris mal informés.

Tri Yann  

Il se trouve qu’Antibes cherche des joueurs, papa Bonato y a passé 15 ans et ne voit pas d’inconvénient à pistonner son fils. Ensuite, le PSG Racing, Limoges et le grand saut. D’Aboville s’est déjà fait l’Atlantique, Bonato choisit le tunnel du Mont Blanc. A Pesaro, c’est le clash, on lui reproche de ne pas avoir le niveau, lui l’ailier qui tourne à plus de 50% de réussite au tir. Contrairement à l’autre clash, avec De Vincenzi, ça ne rapporte pas le surnom de Cantona du basket mais un départ pour Reggio Emilia, qui lui-même offre un retour à Limoges l’année suivante. En 2000, il réalise un historique triplé mais assiste impuissant à la chute du CSP, criblé de dettes et relégué. L’écorché vif explose : alors que tout lui commande de rester pour renflouer le navire qui coule, il brave le conformisme et part cueillir du pognon à Villeurbanne.

Bonne à rien

Ca n’empêchera pas Canto de continuer à penser que « tout le monde veut protéger son bifteck et gagner ses petits sous donc tout le monde a un discours préétabli et de complaisance. Et un peu hypocrite. Donc vive les moutons ! » En 1995, il aimait déjà défrayer la chronique, les rebelles sont décidément aussi incorrigibles que les lèche-cul : « Je dois penser à ma carrière et il n’y a que Limoges qui fasse tout pour valoriser ses joueurs. L’équipe se maintient au top niveau depuis plusieurs années, tout le monde se mobilise autour du club, la ville, la région limousine, les sponsors. Les structures sont uniques en France, le budget à la hauteur de ses ambitions, un avion privé… »

Une coupe Korac, deux fois champion de France, une Coupe de France, et quatre fois all star LNB. On appelle ça un joueur pas comme les autres, 79 sélections en Bleu, une finale des JO ratées sur blessure et une mononucléose pour se décider à arrêter. Même Dupontel n’y avait pas pensé et pourtant il s’y connaît.