Depuis que Le Vestiaire existe, nous essayons de traiter l'actualité sportive de la façon la plus honnête possible, en vous montrant la réalité, sans suivre la voie tracée par les autres médias quand elle nous emmène dans des chemins douteux.
Ces deux dernières semaines, le sport nous a offert trois moments de pur délire, sur le terrain mais aussi à côté. En natation, avec des performances extraterrestres et pourtant bien humaines et en foot avec l'affaire de la banderole et le cas Micoud. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le traitement médiatique n'en est pas sorti grandi, au contraire des grands vainqueurs : le politiquement correct et l'hypocrisie.
Commençons par Alain Bernard. Comment peut-on oser faire une Une avec un exploit qui de toute évidence mériterait de prendre toutes les précautions possibles ? Comment ne pas jouer son rôle de journaliste garde-fou émettant des réserves, quitte à soupçonner un innocent ? Mais n'est-ce pas là le prix d'un sport plus propre, plus éthique ? Surtout quand Magnini lui-même émet des doutes, c'est forcément qu'il se passe quelque chose. La promptitude avec laquelle Bernard a évoqué son traitement pour l'asthme a soulevé un malaise : pourtant personne ne l'a relevé.
Ethique de langage
Ethique, comme le comportement des instances dirigeantes du foot. Là encore, la presse préfère se focaliser sur l'epiphénomène que constituent ces centaines d'actes isolés plus ou moins racistes et violents, au lieu de désigner les vrais coupables. La gangrène du foot et même peut-être du sport en général, ce sont ses dirigeants. La FIFA, l'UEFA de Platini, Thiriez, les présidents de clubs… C'est comme en politique ou dans la société. Pouvoir et argent sont trop présents pour voir naître de vraies mesures. Les banderoles datent plus que la coupe de cheveux de Pascal Delhommeau, et pourtant rien n'a été fait jusque-là. Certes, personne ne peut prétendre changer le rapport de forces, mais les journalistes doivent le dénoncer pour tenter d'améliorer la situation. Au lieu de ça, on va taper sur l'arbitrage. Ou sur les supporters, qu'il est devenu de bon ton d'appeler « pseudo-supporters » au lieu de s'en prendre à la pseudo-éthique des pseudo-dirigeants. Messieurs les pseudo-journalistes, à quand le titre « Dehors! » avec Thiriez et ses copains en photo ?
Tueur nez
C'est notre rôle, et ce n'est visiblement pas celui de Saccomano et consorts, inquisiteur en chef contre Micoud. Qu'a donc fait le meneur bordelais pour être vilipendé de la sorte ? Au pire, il aurait simulé aussi honteusement qu'un attaquant qui se laisse tomber. Cela arrive chaque semaine, pour ne pas dire à chaque match. On lui reproche donc ce que Fred n'a même pas reproché à sa femme. D'une part, l'action est très litigieuse puisque Malonga avait été prévenu par l'arbitre qu'il ne devait plus utiliser les mains. Et dans un contexte de surfaces de réparation pourries, bien malin qui peut connaître la vérité. Et pourtant chacun s'en donne à coeur joie et se lâche comme Tsonga dans son pantalon face à Nadal à Indian Wells, et dégueule sur l'ancien Cannois comme on n'a même pas le droit de lyncher un meurtrier. L'excuse d'une deuxième place volée n'est pas loin d'être brandie. Mais curieusement, quand Reveillère agresse Wendel, il n'y a guère que Le Vestiaire pour relever l'anti-jeu. C'était juste le titre qui se jouait. C'est sans doute plus noble de défendre Nancy l'opprimé que de s'attaquer au tout puissant Lyon.
Pendant ce temps-là, un quidam prononce ces mots : « Je trouve inadmissible qu'un joueur professionnel (…) ait pu avoir une attitude aussi abjecte et dépourvue de moralité. » Non, Eric Poulat ne parle pas d'un ancien coéquipier peu scrupuleux de Fred. C'est bien de Micoud dont il est question. Déjà soupçonné d'être un arbitre de piètre qualité, dès qu'une décision lui est contestée (à peu près tous les 7 jours), le meilleur ami de Franck Dumas est monté dans les tours. Son rapport ressemble autant à une vengeance que Thierry Chapron à Moby. Et pour le deuxième carton jaune de Brison, c'est parce que Chalmé est roux ?