Roland-Garros : Haltères égo

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La presse suédoise qualifie Soderling de « petit garçon ». Est-elle trop gentille ?

Le petit Robin voulait être juste. Il avait donc décidé d’offrir Roland-Garros à Rafael Nadal, comme il l’avait fait à Federer l’année précédente. Il ne faut pas blamer le petit Robin, son caractère l’a toujours mis à l’écart des autres. C’est au fond un vrai gentil qui pallie son problème de communication par de la générosité pas toujours canalisée. C’est évidemment son inconscient qui parle, puisque lui n’a ressenti que de la peur, sans toutefois mouiller son short, une fois n’est pas coutume.

Car si Nadal remet tout, même quand l’adversaire est mauvais, curieusement sur les services suédois de début de rencontre, l’Espagnol n’a pas vu la balle. Curieusement les échanges ont parfois duré deux coups en faveur du nord de l’Europe. Curieusement, Soderling a eu des balles de break. Mais il faut respecter le règlement de l’école, même s’il est mal fait : il est défendu d’achever Nadal, comme il est défendu d’achever un Federer sur le point de remporter le seul tournoi qui lui manque.

CyBorg

Etre au top le jour J n’est sans doute pas donné à tout le monde, ça doit être ça la différence entre un nul et un bon, entre un numéro un et un Top 5. Car le nouveau Nadal, celui qui a moins de puissance que les autres, n’a plus qu’une chose pour lui, officiellement en tout cas : son mental. Il était moins fort qu’Almagro, aussi fort que Belluci, même scandaleusement dépassé par Mina par moment. 2010 était une bonne année, il a aussi pu jouer un autre premier tour le vendredi et le dimanche de la deuxième semaine. Sauf que ce qu’il fait de bien, il le fait tout le temps et se bat sur chaque balle. Il compense. Soderling n’a pas laissé le choix à Federer, il l’a laissé à Nadal.

Soderling a perdu tout seul, avec son gros intestin en bouillie. Sur les échanges longs, quasiment tous gagnés par Nadal, c’est presque à chaque fois une faute directe, entre un revers de 15/4 ou le coup droit de Christophe Legoût. Quarante cinq fautes directes suédoises sur les cent points marqués par l’intouchable majorquin, pour être précis il ne lui a donné que la moitié du match. Pour le reste, quelques montées au filet courtes et bien senties ont fait l’affaire, Nadal n’a pas passé sa carrière à faire toujours le même passing croisé de revers. Monfort a d’ailleurs trouvé Toni Nadal très dispo, très sympa et très détendu. Soderling n’avait plus de service, plus de courage, plus de force, plus de mental, rien. Gasquet aurait pu remporter Roland-Garros.

Nadal n’a plus que son courage, son niveau de base, et un morceau de chaque genou. C’est largement suffisant pour dominer le tennis actuel.

L’édito : Robin déboise

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Faut-il voler aux bons pour donner aux nuls ?

Le classement ATP est décidément farceur. Alors qu’il nous promettait Andy Murray, voire Novak Djokovic, à la première place, le nouveau leader s’appelle Nadal.  Bon, d’accord, il a tout gagné sur terre battue. D’accord, Federer n’a rien pu faire face à Soderling. D’accord, donc, Nadal est le meilleur alors ? En tout cas, Soderling mérite un gros cadeau de la part des deux meilleurs joueurs de tous les temps. Deux ans de suite, il fait le sale boulot en tableau avec ce qu’il faut de premières balles puis se désintègre en finale comme un vulgaire joueur sans avenir. Du coup, Le Vestiaire ne se foutra pas de la gueule de Murray, Soderling suffit largement.

Le Vestiaire ne se moquera pas non plus de l’équipe de France de foot et de ses automatismes, de Domenech, ou du vieux monsieur responsable de tout ça. On ne tire pas sur l’ambulance car elle sera bien utile pour emmener Papy à l’hospice dans quelques jours.

Bousquet fané

Le Vestiaire ne relèvera pas non plus les 21 »84 de Bousquet sur 50 mètres car il n’aurait pas fini si loin de Popov il y a dix ans, un peu plus de Bousquet en combi l’année dernière par contre. Mais ce n’est pas la combi qui nage toute seule, évidemment. Comme un vélo ne pédale pas tout seul, sauf exception motorisée, bien-sûr, mais n’est-ce pas l’ exception qui confirme la règle. D’ailleurs, Valverde le prouvera à l’issue de sa suspension, comme  Basso et Vino le prouvent aujourd’hui. Il n’y a finalement qu’en athlétisme que le doute est difficile. Christophe Lemaître a fait un bon 20″56 sur 200, Bolt avait fait un moyen 19″56 le 1er mai dernier. Un écart infime après trois semaines de course sur un Tour de France.

Coupe du monde, France-Chine :
Henry cantonné

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Ce n’est pas un hasard si les plus grands joueurs ratent leur sortie. La maladie du bulbe fait décidément des ravages.

Le Vestiaire le pensait et le pense toujours. Thierry Henry restera pour toujours le plus grand buteur français de ces vingt dernières années et le deuxième mondial. Il aurait pu réussir sa sortie, comme Blanc ou Deschamps, il a choisi de la rater comme Lizarazu, Desailly, Thuram ou Vieira. Il aurait pu la rater avec fierté, il a choisi l’humiliation. Moins que Vieira, quand même, qui aura offert son froc à Domenech jusqu’à la dernière seconde, mais ça ne valait même pas un pacte.

New York Titi

Le football est ainsi fait qu’à 31 ans, une carrière est finie, la saison suivante doit être la dernière. La règle est immuable et a frappé Henry comme tout le monde. Seuls les dieux ont droit à des dérogations. Mais au sortir de la meilleure saison de sa carrière, la dernière donc, il a voulu en remettre une couche. La couche, il en avait bien besoin, mais qu’extra-sportivement. Sans doute aveuglé par le niveau d’Anelka, Gignac et Cissé, il s’est vu encore triomphant. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un bleu comme les autres, sauf qu’il est remplaçant. Desailly, Lizarazu et Thuram n’auraient jamais accepté ça, optant plutôt, au choix, pour une bonne vieille erreur de placement ou un geste défensif bien pourri devant Zagorakis.

Des gags à Togo

Mais Henry n’est pas défenseur, au pire, il perdra tous ses ballons et n’arrivera pas à franchir Sergio Ramos. C’est déjà pas mal, mais ça peut arriver à tous ses partenaires coté droit ou dans l’axe. Car c’est l’autre aiguille dans son melon : Gignac est espéré par le peuple, comme si les infirmeries toulousaines étaient plus chaleureuses que les travées du Camp Nou.

La seule chance d’Henry sera de prendre le pouvoir après la défaite contre l’Uruguay, juste avant celle du Mexique, comme Zidane le fit après le Togo en 2006. Mais Ribéry, Malouda, Makelele, Vieira, Thuram et Henry s’appellent aujourd’hui Ribéry et Malouda. Et Zidane ne s’est jamais appelé Yoann. Par contre, il pourra toujours essayer. Foutre la merde, ça coûte pas plus cher.

L’instant Top 14 : Brock back mountain

Après quatre ans à attendre la victoire des Jaunards, notre parrain auvergnat et un peu lempdais a enfin gagné quelque chose, mais il a perdu ses congés. Voici ses mémoires, à défaut de son mémoire.

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C’était le coupable idéal. Trois finales perdues de suite, le syndrome Brock James tombait à point nommé pour Clermont. Et si en fait la vérité était simple comme un en-avant de Rougerie, voire un schéma tactique de Vern Cotter ?

29 mai 2010, le jour du seigneur. Brock James peut lever les bras au ciel, il a enfin vaincu le signe indien. Jusque-là, tout avait été noir, all in black. Lui l’Australien qui a percé en Nouvelle-Zélande aurait pu prendre ça comme un hommage. Des sélections en rugby à 7, Vern Cotter avec un survêtement tous les matins pendant cinq ans, des mitaines à chaque main : il était le coupable tout désigné pour le rôle du saboteur. Il a même fini par y croire, un soir de pluie au Leinster, où les drops étaient aussi laborieux à enfiler que des Néo-Zélandaises en pleine tournée estivale.

Wallabuse

Mais Brock a connu son grand soir. Les 15 points réussis contre Paris en finale 2007, les 10 contre Toulouse en finale 2008 et les 8 contre Perpignan l’an dernier sont bien loin. Oubliés aussi cet essai offert à Rougerie en 2007 et cette offrande pour Nalaga en 2009. Cette fois, le pied n’a pas flanché. Brock n’a raté qu’un petit drop au pied, pour le reste ça a été du 100% face aux poteaux et ce n’est pas seulement parce Parra lui a été préféré pour buter et que le seul drop clermontois a été réussi par Floch. Brock peut soulever son Brennus bien haut.

En plus de sa réplique, la Ligue peut lui fournir une photocopie de la feuille de match et quelques photos, au cas où.

Roland-Garros : Roger par la modestie

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Federer ne battra pas Nadal à Roland-Garros. C’est la fin de deux brillantes carrières.

Les records de Federer sont ainsi faits qu’ils ne seront plus battus. Demi-finales de Grand Chelem consécutives, présences en Grand Chelem consécutives, genoux valides en Grand Chelem consécutifs, humiliations de Murray consécutives, Federer a tout, y compris son titre à Roland. Il ne lui manquait plus que le vrai titre à Roland, celui où il bat Nadal en finale. Mais il n’arrivera pas car les genoux sont ainsi faits qu’ils ne repoussent pas, même ceux fabriqués à Majorque.

Ça vaut aussi pour les poignets, Del Potro s’en rendra vite compte, mais pour l’heure, c’est Davydenko qui regrette d’avoir échangé son cartilage contre un bon service. Haas, lui, se sent tout con d’avoir mis son épaule en hypothèque l’an dernier pour échouer à deux points du match, car depuis on lui a aussi volé sa hanche. Curieusement, Federer n’est lui pas atteint par la limite d’âge physique, contrairement à ses gentils adversaires et c’est tout ce qui lui importe. Ça veut dire quoi être le plus grand ?

Roger rabote

Battre Soderling à Roland, il l’avait déjà fait et puis battre Soderling tout court, c’est devenu trop classique. Jouer au tennis avant les demi-finales aussi. Falla a manqué de lui prendre un set, Wawrinka aussi, comment voulez-vous être motivé pendant dix ans pour ce genre de choses à force d’affronter des joueurs français ?

Au moins, il sait rendre hommage au vainqueur et au vaincu :  « C’était un quart de finale dans un Grand Chelem, cela arrive. Ce n’était peut-être pas arrivé pendant cinq ans (ndlr : six ans). Aujourd’hui, je peux gagner les quatre sets, mais je peux aussi perdre les trois sets. » Humilité du vaincu, grande classe qui salue une foule en délire pendant que le vainqueur sort en silence sans que Monfort ne le reconnaisse.

Roger n’oublie pas de souhaiter bonne chance à son bourreau et aux trois autres demi-finalistes : « C’est incroyable de rester au plus haut niveau, de jouer demi-finale après demi-finale et d’avoir une chance de gagner un Grand Chelem. J’en ai même remporté pas mal. » Du haut de son huitième de finale, Andy Murray se sent grandi par l’hommage du maître qui ne cesse de lui donner des cours : « Pour moi, c’est un de mes plus beaux records et cela devrait être dans les livres d’histoire. » Des cours d’Histoire.

Le tennis étant inscrit aux JO de Londres, on reverra peut-être Federer sur quelques courts ces prochains mois. Nadal, c’est moins sûr.

L’Edito : Le bouclier de Planus

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Le Mans et Gravelines ont pris une option sur la finale de Pro A, mais il y a aussi eu du sport ce week-end.

Meilleur joueur français, Jo-Wilfried Tsonga n’a pas fait mentir sa réputation sur terre battue. Ce n’est pas faute de l’avoir jouée relax, voire Rolex. Pour fêter le meilleur Roland-Garros qu’il pouvait faire, Jo a retrouvé ses bonnes vieilles habitudes et pris dix jours de repos. L’herbe, c’est pour les mous du genou, ça tombe bien. Attention quand même, Karlovic va débuter sa saison. Pour Murray, il va falloir patienter encore un tout petit peu. Pour Brock James, elle se termine en beauté, l’ancien poissard a enfin trouvé comment être décisif dans le bon sens : ne rien faire. L’équipe de France de foot en a pris bonne note depuis quatre ans. Sinon, le mollet droit de Gallas inquiète. Ça veut visiblement dire que son mollet gauche, son entente avec Abidal, les occasions costariciennes et tunisiennes, l’entrée en jeu de Gignac et le capitanat confié à Evra rassurent. Squillaci se tient prêt et lui il a deux mollets.

Kiel bile

Sinon, Kiel est bien le plus fort et Karabatic n’y joue plus. Omeyer lui avait pourtant conseillé de ne pas s’enCanayer, mais tout gagner fait croire que Guigou est bien un génie. Tant pis pour lui, mais pas pour le parrain de ce blog qui a enfin vu ses jaunards gagner un trophée. Le jour de congé a été bien utilisé, malheureusement notre spécialiste auto n’en a plus, tant pis pour Loeb et Hamilton. Valverde va en avoir quelques uns, Basso a déjà eu les siens et visiblement il en a bien profité.

Pendant ce temps-là, le Barça songe à ne pas conserver Ibra. Eto’o salue cette sage décision.