Federer : Je, set et bâche

Il fut un temps où on se serait bien marré à regarder ou lire l’interview de Federer après une défaite. C’était rare, et on était toujours impressionné par sa capacité à mépriser son vainqueur d’un jour. A le renvoyer à son piètre niveau, faisant passer sa performance pour un accident s’approchant de l’exploit du siècle. Roger était imbuvable et prétentieux à souhait mais il était le meilleur.

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Depuis 3 ans qu’il est revenu parmi les mortels il était redevenu un peu plus modeste, oubliant parfois qu’il était le plus grand de tous les temps. Mais à l’époque il ne s’était jamais permis de se faire torcher par un Japonais en huitièmes de finale à Madrid en promettant qu’il visait la victoire finale. C’est pourtant cet après-match qu’il a choisi pour annoncer enfin ce qu’il aurait dû faire depuis longtemps : sa retraite. Comme contraint par les humiliantes circonstances qui font qu’un adversaire provenant d’un pays où le tennis n’a pas encore été inventé ou alors simplement dans Prince of tennis (le petit chef de la balle jaune pour ceux qui ne connaissent pas), Federer a cru bon devoir redevenir aussi puant qu’il l’était du temps de sa splendeur. Mais cette fois ça sonnait faux pour ne pas dire pathétique.

Roger par la dépression

C’est ainsi qu’après les habituelles justifications sur son jeu « J‘ai manqué de contrôle depuis la ligne de fond », dont on se fout royalement, il s’est d’abord cherché des excuses comme tout numéro 2 mondial digne de ce nom : « Il y avait du vent et aussi évidemment le soleil et l’ombre« , il ne manquait plus que la pluie. Le premier compliment pour son valeureux sparring partner jap est venu ensuite « je ne suis même pas sûr que Kei ait eu besoin de jouer à son meilleur niveau aujourd’hui, ce qui est encore plus décevant. » Ou comment rappeler à Nishikori qu’il l’a trouvé nul à chier. Au cas où le Nippon n’aurait pas compris Roger s’est permis de lui redire à quel point il le trouve mauvais quelques secondes plus tard : « Il faut féliciter Kei. Il a mieux joué que moi. Il était le meilleur joueur aujourd’hui, aucun doute là-dessus ». Aujourd’hui, pourquoi pas demain et après demain aussi ? Mais l’ancien numéro 1 mondial qui ne le sera plus jamais a gardé le meilleur pour la fin : « Kei a gagné un tournoi déjà je crois. »  Et oui c’est pas mal un tournoi quand on en a presque 1000 à son palmarès. Puis toute la violence sauvage de Federer finit par s’exprimer comme un point final à une carrière qui n’en finit plus de terminer. Comme si plus aucune règle de bienséance ou de politesse ne comptait, comme si il n’y avait plus aucune loi dans ce bas-monde, comme si la jungle avait élu domicile au sein du circuit ATP, il s’est permis de comparer Nishikori à Raonic et « d’autres gars à peu près du même âge qui progressent. » Et Federer de conclure baigné d’aigreur et de méchanceté :  « C’est excitant et bon pour ce sport que de jeunes joueurs, moins connus, battent les meilleurs. »  2009 c’était il y a 4 ans. Il faut parfois savoir partir et fermer sa gueule.

Pendant ce temps-là Wawrincka a battu Dimitrov qui a battu Djoko qui a battu Nadal. Un Suisse gagnera-t-il quand même Roland-Garros ? Et dire qu’ils n’ont jamais gagné la Coupe Davis et qu’ils ne savaient pas que les Nazis étaient méchants.

 

Lorient, Gourcuff : Christian dort

Alors Yoann ça te plaît ?
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Il y a mille façons d’être une star, et s’appeler Gourcuff en est une. Même sans jouer, même sans marquer, même sans sauter une présentatrice télé en écoutant Wham. On peut juste se prénommer Christian, entraîner Lorient et considérer qu’avec tous ces titres accumulés, on est un bon entraîneur voire une équipe de Coupe. Pouliquen l’avait compris avec la Coupe de France qu’il avait ramenée au Moustoir. Apparemment c’est pas encore cette année qu’il sera égalé. Et si on relisait l’enquête que le Vestiaire lui avait consacré en 2012. On comprendrait peut-être pourquoi ça fait 25 ans qu’il s’occupe de Lorient. En cumulé bien-sûr puisqu’il n’était pas l’adjoint de Pouliquen. Il finissait 12ème avec Rennes. Pouliquen 18ème.

La légende Girondins : Planus troué

Il n’a que 31 ans, mais depuis combien de temps ?


Mercredi 7 avril 2010, l’ex Parc Lescure est plein comme Jacques Chaban-Delmas au soir de la Liberation. Bordeaux, meilleure équipe du monde depuis 6 mois, dispute le match le plus important de son Histoire post  escroquerie et autres recel de faux. Même le but de Didier Tholot en 1996 comptera moins que la prestation du seul homme qui compte désormais sur les bords de la rocade. Il n’est pas attaquant, il est défenseur et sera même sélectionné un jour par Domenech : Marc Planus, dont le frère Pierre a écumé les pelouses de National avec le souvenir d’avoir été le meilleur des deux gamins. Marc porte un beau maillot rouge et le public applaudit à tout rompre l’annonce de son nom juste après la petite musique qui disait que dans 2h on pourra mettre Canal et voir le résumé du match de Manchester.

Planus atrophié

Il devait être le héros, il le sera, mais comme Bordeaux va se faire éliminer tout en enterrant définitivement Lyon, ça ne servira à rien. C’était pourtant sa soirée. Dans les jours précédents, la presse suit minute par minute la possibilité de son retour, Blanc n’est interrogé que là-dessus, même la sexualité de Gourcuff ne pose plus question. Planus va-t-il revenir ? Les experts se battent : il est la seule solution, il est le plus fort, comme si Chamakh avait déjà marqué plus d’un but par match. On croirait même entendre qu’il est rapide et technique ; à en faire gerber l’ensemble de ses formateurs au Haillan. On sussurre aussi qu’il serait le cerveau de la défense. Mais Planus s’apercevra trop tard que c’est pour mieux parler de celui de Ciani. Ce soir-là, il signe un match énorme, en réussissant deux ou trois tacles sur des attaquants lyonnais qui passaient un soir de quarts de finale de Ligue des Champions retour, sans trop savoir pourquoi. Depuis, personne n’a jamais eu confirmation que cette soirée avait existé. Par contre, Planus continue à jouer à Chaban, c’est jamais plein et c’est jamais un quart de finale de C1. Qu’importe, il a fait virer Tigana et pour ça il mérite le respect éternel.

Au départ pourtant, il n’était que remplaçant, comme Sahnoun, Meriem et Frédéric Roux. Mais sur le banc, il y avait aussi Savio. Ce jour-là, il croyait de tout son être qu’Elie Baup ne finirait pas consultant sur Canal Plus avec une casquette de l’OM. Pendant ce temps-là, Ciani  joue  parfois à la Lazio.

L’Edito : Le Stade anal

Le Stade toulousain fait tellement triompher la jeunesse qu’il triomphe plus beaucoup. Au contraire de l’autre Stade et du Racing. D’ailleurs lequel des 3 n’est pas en finale ? Attention, il y a un piège. Mais pas le gros cuistot qui fait de la pub pour un produit étoilé comme Mir.

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Quand un enfant en bas âge n’arrive pas à la propreté seul, il faut parfois l’emmener voir Marcel Rufo, quoi qu’il en coûte à ses parents. La leçon est difficile à appréhender pour le père de Richard Gasquet ou celui de Marion Bartoli. C’est pour ça que Gilles Simon a fini par tuer tous ses pères et qu’il en teste un nouveau aujourd’hui. Un Allemand, comme tout le monde, il est pas plus con qu’un autre, d’après sa légende il serait même plus intelligent et meilleur joueur de tennis que le fils que pourraient désormais avoir Djokovic et Federer ensemble et qui ne s’appellerait pas Andy. Ces sacrés joueurs de tennis : ils pensent y arriver seul alors que le problème vient d’eux.

Aubame masqué ohé ohé

C’est l’inverse de Vilanova, Rufo aurait rien pu faire pour son cancer et lui ne peut rien pour celui de Xavi, on appelle ça la vieillesse. A ne pas confondre avec celui de Nadal dont il est l’unique responsable. Ce n’est pas faute pour notre spécialiste de l’avoir prévenu il y a 3 ans déjà. Pour être à son niveau Nadal demande trop à son genou. Il n’a donc pas vraiment le niveau pour être le plus grand et c’est pourquoi il ne le deviendra jamais. Il faut s’y faire, Nadal c’est terminé depuis un moment même s’il restera toujours meilleur que n’importe lequel des frères Montanes. Et ce n’est parce qu’Aubameyang a volé 130 euros aux parieurs du week-end dernier qu’ils n’en ont pas remis 80 sur une nouvelle branlée pour enterrer bien comme il faut ce Barça, même si Roustan dit que cela serait dommage. En finale Müller promet de marquer une fois de chaque côté pour équilibrer les choses.

Pendant ce temps-là, les Jaunards écrasent tout le monde mais ça n’intéresse personne. Mais au moins ça fait croire à tout le monde que la France est le pays du rugby. En fait non, on s’en fout. Vive le rugby.

Barça – Bayern : Le bon Arjen

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Il n’a que 29 ans et pourtant on a l’impression qu’il a déjà raté deux ou trois carrières. Le Bayern est donc une sacrée équipe, capable de tout transformer.

Il était une fois un joueur né aux Pays-Bas. A peine un modeste début de carrière à Groningue et soudain c’est l’explosion. Il ne s’appelle pas Van, il est gaucher et joue à droite. Personne n’a le temps de retenir son nom qu’il est déjà parti, parfois en touche, mais le plus souvent pour envelopper son ballon pas très loin de la lucarne. Parfois c’est dedans, mais pas assez souvent apparemment : le PSV, Chelsea, le Real, tout le monde le veut jusqu’à ce que plus personne n’en veuille, ce qui arrive en général assez vite. Vient alors le Bayern, qui cherche des joueurs pas grands mais néerlandais, et pas que des Van.

Cela tombe bien, pendant trois saisons Robben va être extrêmement néerlandais. Des crochets de génie, des buts en demi-finale, des occasions et des penaltys manqués en finale, l’étendue de son talent offre une nouvelle virginité au palmarès du Bayern. Un kaiser qui ne se peigne pas les couilles en public est-il un kaiser ? Robben, lui, perd ses cheveux. Et puis, vient cette saison 2013. Sans qu’il en ait conscience, autour de lui se bâtit l’équipe la plus forte jamais vue au Bayern. Une équipe où chaque joueur aide son partenaire, par un appel, un replacement, un scheiße Robben ou une bonne claque dans la gueule. A force, Robben, habitué depuis 28 ans à tenter le crochet pour frapper du gauche plutôt que le crochet pour centrer du droit, va finir par comprendre : courir pour rattraper le latéral adverse ce n’est pas lécher le cul de l’entraîneur, c’est lécher celui de Schweinsteiger. Il est toujours plus important de désigner un tireur de coup franc que de travailler des mises en place.

Schweinsteiger éclair

A-t-il fallu que Müller prenne la place de Robben pour qu’il se rende compte de tout ça ? Est-ce parce que Ribéry défend en Ligue des Champions mais jamais en championnat ni en équipe de France ? Lui a-t-on traduit la phrase « den couilles zerbrechen » ? Le mystère reste entier. Mais au milieu d’une vingtaine de dribbles en trop et d’un quasi 100% des trois ballons perdus par le Bayern pendant le match, Robben a marqué, à l’aller comme au retour. Sur le coup, ses partenaires avaient même l’air plus content pour lui que quand il a annoncé que le club ne proposait pas de prolonger son contrat qui termine en juin. Mais ça ne reste qu’une demi-finale, rien n’a encore vraiment changé. A part que Van Buyten n’en a pas pris 4 au Camp Nou.

Pendant ce temps-là, Xavi et Iniesta ont vite rejoint Messi sur le banc. Mais ils y croyaient parce que c’est le Barça quand même, d’ailleurs L’Equipe avait prédit que tout dépendrait de Neuer. Pourquoi le Vestiaire avait-il donc misé 80 biffetons sur le Bayern ?

Real-Dortmund : Mais zut Ozil

Bravo Higuain et bravo Le Vestiaire.

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53 minutes et 20 secondes : c’est le temps qu’il a fallu à Bernabeu pour siffler son équipe. C’était après un contrôlé manqué d’Higuain. Il ne faut pas accabler ce Brestois, fils d’ouvrier du football : lui au moins n’avait jamais menti sur son réel niveau, ni cette saison, ni les quatre dernières. Cela n’a pas empêché Mourinho de le remplacer dans la foulée, avec cette même colère froide qui avait valu au frère jumeau obèse de Benzema de démarrer sur le banc. Mourinho est bien le special one.

Il avait décidé d’offrir à Benzema le jubilé qu’il méritait. Un soir à sabrer le melon entre amis. Mais c’est toujours celui qui jubile qui a la plus grosse. A court de forme, de confiance, Benzema ne pouvait absolument pas faire la différence. Sauf que Mourinho s’est foutu de sa gueule une fois de trop. Sauf que Higuain a brillé une fois de trop. Sauf que Dortmund a trop montré pendant 82 minutes que le foot ce n’est pas faire des différences individuelles mais faire des déplacements et des passes en fonction de ses partenaires. Ca s’appelle de la technique collective, un concept ignoré depuis 1960 dans la communidad de Madrid. Et pour cela, il faut être bon techniquement, et savoir ce que l’on va faire avant de le faire. Pas comme Di Maria, pas comme Higuain, même pas comme Cristiano, plutôt comme les Allemands. Ceux en jaune, pas celui en blanc dont la Bundesliga ne veut plus. On conseillerait la Low machine de faire pareil.

Karim aux dieux

Mais à cette 54e minute, Mourinho n’a pas uniquement décidé d’offrir 30 minutes de fitness à son gros lard lyonnais. Il a aussi fait entrer Kaka pour un autre jubilé. Toujours beau comme un Dieu, il chérit tellement le seigneur qu’il répand la pitié aux quatre coins du terrain. Kaka, c’est la preuve vivante qu’une accélération peut être trop lente. Le Ballon plaqué or brésilien a ajouté au catastrophique une pathétique envie de bien faire. Et une avant-dernière passe décisive, pour saluer Mourinho le soir de son jubilé.

Pendant ce temps-là, à chaud, Papin loue le coaching gagnant de Mourinho. Ce matin il doit sans doute savoir. On comprend mieux le 17 novembre 1993 maintenant.