« Il faut que je change d'environnement. Couper avec tout ça ». Amélie Mauresmo n'en peut plus. A vrai dire, nous non plus. Après les intermèdes Noah, puis le vrai faux suivi de Forget sur la tournée américaine (du coup, annulée) puisque son entraîneur Loïc Courteau ne pouvait (voulait) pas la suivre, le pseudo-complexe sur Roland Garros, on commence à croire que Mauresmo est plus que Française.
« Couper avec tout ça. » Le tennis, son métier, serait donc devenu un tel fardeau qu'elle ne peut plus en entendre parler. Une chance, elle ne parle pas d'un surplus de pression, que plus personne ne lui met, souvenez vous des propos prudents (un comble) de Chamou au premier tour de Roland. Non, ce n'est pas la pression. C'est juste un ras-le-bol de son sport. Etonnant, alors qu'il y a à peine un mois, elle confiait sa hâte de commencer Wimbledon, son tournoi, le seul du Grand Chelem dont elle ait gagné la finale sur le terrain (contre une Hénin qui sortait de… dépression). Une élimination en 1/8e contre Vaidisova l'a convaincue du contraire : elle déteste le tennis, au point de se barrer sur un yacht pendant deux semaines « voire plus si besoin ». Mais besoin de quoi ? De se convaincre qu'avoir été numéro un mondiale a signifié qu'elle dominait le tennis féminin ? Que Marion Bartoli est moins charismatique ? Comment peut-elle être fatiguée mentalement en une demi-saison ? Soit dit, en passant, elle même reconnaît que sa demi-saison est catastrophique. Elle a abandonné ses Open d'Australie et de Wimbledon, n'a glané qu'un titre à Anvers, contre Kim Clijsters, qui a préféré prendre sa retraite plutôt que d'assumer ça ! Après la défaite de Fed Cup, Amélie s'explique :
« J'ai eu beaucoup de mal à digérer la défaite d'hier (samedi) et Georges m'a fait confiance pour ce premier match aujourd'hui (dimanche), cela m'a touchée, explique Amélie Mauresmo. Je n'ai pas envie de décevoir l'équipe, mais j'ai vraiment lutté contre moi, contre les difficultés du moment. »
Mais lesquelles ? Comme toujours avec Mauresmo, elle cherche des arguments compliqués, « mentaux », pour expliquer un symptôme plus simple : son jeu est moins bon (cela arrive, les étrangers parviennent à régler cela) et plus prévisible, contre des adversaires meilleures. C'est peut-être ça le problème : des Vaidisova, Sharapova, Hénin, voire Bartoli ont un avantage sur Mauresmo : elles ont des frappes qui font mal. Mauresmo sait manoeuvrer, mais se fait plus souvent déborder qu'elle ne déborde. Cela a toujours été. Dans un contexte favorable, avec un service et une volée performantes, elle s'en sort. Sur terre battue, non. Toutes ses éliminations à Roland n'ont rien de mental, juste un problème de niveau. Pas besoin d'aller chercher une « décompression sur le plan mental et sur le plan physique. Cela a été difficile de repartir sur les entraînements parce que je n'ai pas coupé suffisamment. Depuis le début de l'année, j'ai l'impression de courir après le temps. Là, je veux prendre le temps de refixer des objectifs, c'est primordial pour repartir sur des bonnes bases d'entraînements et de jeu. »
Pas faux : pour changer d'objectifs, mieux vaut être lucide sur son statut. Pour une Française, sa carrière est bonne. Dans le gotha du tennis mondial, elle ne laissera qu'une petite empreinte. Mais c'est déjà bien : Golmard et Tauziat n'auront pas fait mieux. Il est temps de redescendre sur Terre…