Cyril Despres ne verra pas les bords du Lac Rose cet hiver. Et pourtant, le Front Polisario n’a pas encore de branche sud-américaine.
Le débat est aussi vieux que le dernier single de Balavoine. Aventure humaine ou entreprise néocolonialiste, le Dakar n’a en tout cas jamais intéressé grand-monde au-delà des 500 connards engagés (vidéo), de leurs familles et des journalistes qui les suivent dans les bordels du Tiers-Monde. A une période où même Le Vestiaire ne sait pas très bien sur quoi écrire, le rallye tombe à point pour remplir des pages que seuls les sponsors lisent. Gérard Holtz n’a pas besoin de passer en cabine pour garder son bronzage et les petits chefs d’entreprise ont chaque janvier une tribune inespérée dans leur bulletin régional.
Le Dakar, ce n’est pourtant pas qu’une course de nouveaux riches vagabonds, contents de pousser pendant deux semaines le 4×4 que leurs fausses blondes prennent le reste de l’année pour aller faire leurs courses. Il y a aussi les vrais philanthropes, ceux qui veulent juste voir de plus près la misère du monde. Prenez Califano. Il ne connaissait de l’Afrique que l’Ellis Park et un morceau de Max Brito. Sa première sortie dans la pampa saharienne aura fait tomber deux-trois écoliers et pas mal de clichés : les autochtones parlent un dialecte proche de l’Espagnol et il y a après tout au bord des routes beaucoup moins de noirs que dans les faubourgs de Toulon. S’il savait ce que c’était, il penserait que l’apartheid sévit encore.
Despres ou de loin
Le Buenos-Buenos, au moins, ne devrait cette année pas trop faire remonter la mortalité infantile des pays visités. Les petits Chiliens ont déjà vu des voitures, ils sauront s’en écarter. On laissera le chapitre environnemental aux experts pour mieux s’intéresser aux grands noms de la course. Si Le Vestiaire devait établir un autre de ses Palmarès, il aurait bien du mal à savoir qui de Vatanen, Lartigue, Saby, Schlesser, Peter en selle, Masuoka, Tina Thörner, Sainct, Despres ou Yakoubov mériteraient de rentrer dans le Top5 derrière le Kangoo de Luc Alphand et Fabrizio Meoni, le seul à avoir apporté un peu d’humanisme au Dakar. Sans même sauter d’hélicoptère.
Pendant ce temps-là, une poignée de Bretons fait la course entre les Sables-d’Olonne et les Sables-d’Olonne. Yann Eliès finira à cloche-pied.