Les plus grands auteurs sont morts, mais des intellectuels sont parfois tentés de rajouter un chapitre à leurs oeuvres les plus dramatiques.
Il portait un joli nom pour donner des coups mais aussi pour en prendre. Et pourtant, ce n’était pas qu’un homonyme de Christophe Tiozzo : c’était son frère. Il était moins bon, se tapait beaucoup moins de gonzesses, gagnait moins de fric, en perdait moins aussi, prenait moins de coke et était moins connu. Mais il perdait autant.
12 rounds et une défaite aux points
Le 3 avril 1993, Fab n’a que 24 ans et les hanches lestées d’aucun titre lorsqu’il est cueilli à froid par le redoutable Virgil Hill, champion du monde en titre, après douze rounds très disputés. La défaite est amère mais elle est logique. Pourtant, pendant sept ans, Fabrice va ourdir la plus terrible des vengeances.
Très méthodique, il apprend à lire et se plonge dans le roman immoral d’Alexandre Dumas. Emprisonné injustement dans une image de nul, Fabrice, pour une fois très inspiré, change son identité en écrasant tous ceux qui se mettront sur son chemin. Son Abbé Faria sera Don King qui, croyant avoir affaire à un vrai champion, lui offre du pognon. La mystification est parfaite, la littérature a parfois bon dos.
1 round et une branlée aux poings
McCallum, Branco et Miller payent leur irrévérence.
Le 9 décembre 2000 est la date choisie pour mettre un point final à son immonde machination. Virgil Hill ne se doute de rien. Il a 36 ans. Quasi grabataire, pour lui la boxe n’est qu’un lointain souvenir. Pourtant, des liasses de papier de marque dollar vont avoir raison de sa retraite. Virgil peine à marcher, mais Fabrice se répand quand même dans la presse et lui promet un calvaire abyssal. Mais une agonie rapide. Les victoires sont toujours plus belles quand elles sont annoncées même si elles sont écrites à l’avance: « Ce combat (de 1993, ndlr), je l’ai revu des centaines de fois … Je me souviens de tout. Il m’a hanté des nuits entières… Cette fois, j’ai de l’expérience. Je vais gagner et je vais adorer cette victoire. »
Jean-Claude Bouttier n’avait pas prévu qu’il serait couché à minuit, Fabrice Tiozzo non plus. Deux minutes et 59 secondes plus tard, il n’a utilisé que trois fois le tapis comme matelas. Déjà une petite victoire, il l’avait dit. Pourtant, il pleure.