Cesson l’hypocrisie ou la fabuleuse histoire des paris truqués et des compagnes Karabatic

Aux dernières nouvelles, L’Equipe tentait tant bien que mal de se remettre au journalisme. Hélas, les efforts de ses rédacteurs ont été anéantis par le rapport des enquêteurs qu’ils se sont contentés de reproduire en sept points sans aucune analyse. Cela permet de dire que les keufs ont de gros doutes et des certitudes, de lâcher quelques noms et de rappeler que Karabatic en plus de ne pas être une lumière, est bien dans la merde sans toutefois le traiter de menteur. Désormais L’Equipe a repêché un morceau de sa carte de presse dans les toilettes en lisant le réquisitoire du procureur. Hélas ils n’ont pas été les seuls. Le Vestiaire , ou ce qu’il en reste, qui ne veut pas donner de leçon de professionnalisme à ses confrères, a préféré opter pour de l’investigation afin de se faire son propre avis. Quoiqu’il arrive en justice, la vérité sera sans doute beaucoup plus proche de ce qu’on a publié ici, , et . Ca ferait presque une chanson. La voici.

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Une enquête du service handball  dirigé à l’époque par Leo Tseu

Cesson de croire ces inépties

Il était une fois le 12 mai 2012 et Cesson, un club de handball aussi connu que Brax, Champcevinel ou Casteljaloux. Mais un peu moins bon quand même car la Bretagne ne vaut évidemment pas l’Aquitaine. Ils sont 9èmes du championnat de France de D1 sur 14 et n’ont que 3 points d’avance sur le dernier. A ce moment-là intervient le premier mensonge de l’affaire : un argument bien sordide, sorti a posteriori pour justifier la future et étonnante victoire des Cessonnais. « Ils voulaient se sauver de la relégation« . Manque de pot c’est tombé sur Montpellier. Montpellier dont la moitié de l’effectif est championne du monde ou olympique, l’autre n’étant pas sur la feuille de match ce jour-là. Montpellier, le plus grand club de l’histoire du hand français. Montpellier, en tête du championnat et quasiment invincible. En clair, même motivés face à des joueurs démotivés, il n’est pas si évident d’imaginer une victoire de David contre Goliath. Mais une fois encore la Bible a triomphé.

Madame Soleil n’est pas morte

Quoiqu’il en soit les miracles sont possibles, une bonne dizaine de joueurs montpelliérains et leurs proches croient dur comme fer à la domination bretonne d’un soir sur le hand hexagonal et surtout méridional. La victoire de Cesson laisse si peu de place au doute que la petite bande va parier plusieurs dizaines de milliers d’euros dessus. Les parieurs fous ne vont pas s’arrêter là. Ils ont tous la même intuition : les joueurs de Cesson seront si fort qu’ils mèneront à la mi-temps. Qu’y a-t-il de plus sûr qu’un score à la mi-temps ? C’est ainsi que près 80 000 euros vont être placés. Si tout se passe comme « prévu », ça rapportera 3 fois plus.

Le Père Noël existe, Karabatic l’a rencontré

C’est ainsi que deux ravissantes jeunes filles vont faire honneur à la définition de godiche. La copine de Nikola Karabatic et celle de son frère entrent en scène. Détrompez-vous, les deux garçons n’étaient pas au courant. En tout cas c’est ce qu’ils affirment. A un moment on a bien cru que le mensonge de Kara serait trahi par son portable qui consultait la côte du match le matin même et plusieurs fois durant la nuit précédente. Mais il l’avait filé à sa copine rappelle-t-il. Celle-ci a d’ailleurs confirmé cette consultation. Le problème c’est qu’elle n’était pas au même endroit que le fameux portable qui consultait le pari. Mieux, elle était elle-même en train de vérifier les côtes sur un autre appareil. Et là on s’est tous demandé s’il allait oser. Oser dire que le bornage utilisé par tous les flics de France pour arrêter la plupart des criminels serait défaillant. Il a osé. Emile Louis doit se retourner dans sa tombe si le cercueil est assez large. En gros, Karabatic pourrait tout aussi bien raconter que la barbe de son frère est plus dégueulasse que la sienne et que son statut de joueur star voire légendaire lui permettra de sortir par le haut de la plus grosse connerie de sa carrière. C’est au juge d’instruction d’en décider, après avis du parquet. D’habitude les parquets sont plus cléments avec Kara.

Parier c’est simple comme 20 coups de fils

Ensuite, la copine a parié, ça tout le monde est d’accord dessus. Les relevés d’appels téléphoniques montrent même que juste avant de parier elle a passé des dizaines de coups de téléphones à pas mal de monde dont des joueurs montpellierains. Voulait-elle se faire confirmer que tout était ok ? Mais qu’est-ce qui était ok ? En tout cas, dans le même temps ceux qui recevaient des coups de téléphone étaient eux-aussi en train de parier sur le match. Ce n’est peut-être pas un coup monté mais ça ressemble un peu à un gros foutage de gueule. La situation est d’ailleurs parfaitement résumée par mail par Mickaël Robin le gardien de Montpellier qui juste avant de jouer parle à sa compagne d' »une grosse mise à la mi-temps » précisant toutefois qu’ il « ne faut pas en parler par SMS, c’est vachement risqué si ça se capte. » Il était évident que ça n’allait pas se capter. Imaginez 15 joueurs et leurs proches qui parient en même temps des sommes inhabituellement fortes sur la défaite de leur équipe à la mi-temps contre la plus faible des équipes possibles. Rien d’étrange là-dedans. Et de toute façon l’enquête serait très difficile à dénouer : un mail ne se retrouve jamais, un téléphone portable est indétectable, et les écoutes téléphoniques ça n’existe que dans « Les Experts » mais pour le coup pas les handballeurs de l’équipe de France, plutôt ceux dirigés par David Caruso.

A qui perd gagne…

Il manquait une pièce au puzzle : la fameuse intuition d’une défaite montpelliéraine. Quel marabout avait pu leur filer le tuyau ? Les enquêteurs ont bizarrement eut l’intuition que Maitre Assoouka n’y était pour rien. Ils ont demandé à un expert de visionner le match. Son avis on s’en fout, il a été annulé. Alors Le Vestiaire a décidé de faire un truc très con : visionner le match. Et ce qu’on découvre est accablant. Surtout pour Cesson qui est vraiment une équipe toute pourrie. Mais heureusement, William Accambray l’un des plus grands joueurs français l’a été tout autant. Le meilleur joueur français 2011 est le genre de tocard à tirer à côté après 4’42, sur le gardien après 13’08, à faire un passage en force à 15’37, à faire la passe à l’adversaire à 17’20, et échapper la balle à 22’35.

…Mais risque de perdre gros

Mais logiquement Accambray est un des rares à ne pas avoir été mis en examen. Sa performance a été éclipsée par celle de son coéquipier slovène mis en examen : Gajic. Gajic n’est pas le plus grand joueur du monde mais il est assez fort pour manquer un penalty, « ce que le gardien de Barcelone n’avait pas été capable de provoquer » rappelle le commentateur. Nicolas Lemonne, celui de Cesson, est sans doute un sacré gardien mais Gajic un sacré plaisantin qui aurait ramené son équipe à 11-9 s’il n’avait pas tiré sur le mec au milieu des cages.  Si on avait encore un doute, Gajic a attendu, après son tir à coté à 26’26, la toute dernière seconde de la première mi-temps pour faire du zèle en ratant un face-à-face seul en contre-attaque, se payant le luxe de tirer au dessus. « Un immanquable manqué c’est rare » a fièrement lancé le commentateur. Primoz Prost, son compatriote et gardien remplaçant qui a misé 3000 euros sur la victoire de Cesson à la mi-temps a dû apprécier. Au moins autant que le titulaire mis en examen Mickaël Robin qui après son mail a eu à s’employer pour encaisser les 15 buts promis devant la maladresse ahurissante des Cessonnais, n’hésitant pas chacun leur tour à tirer à côté une fois sur deux, sur un gardien pourtant immobile. A se demander s’ils n’étaient pas au courant des 200 000 euros de gains potentiels de la famille Karabatic et consorts.

Ensuite il y eut les gardes à vues, les accusations, les photos avec Maman dans Paris-Match, les écoutes téléphoniques où tout le monde flippe comme s’ils avaient des choses à se reprocher. Et pour finir des dénégations toutes plus ridicules les unes que les autres dont les plus belles sur Canal+ face à Michel Denisot. « Avez-vous voulu truquer ce match ? » Non, ponctue Niko. « Comment expliquez-vous le nombre de paris inhabituels ? » La Française des jeux s’est trompée sur les cotes, répond Kara. La meilleure équipe du monde avait toutes les chances de perdre et d’être menée à la mi-temps contre la plus mauvaise puisque tous les joueurs ne jouaient pas, trop occupés à parier la moitié de leur salaire annuel de façon anonyme.

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