Il se dopait déjà au début des années 90. La belle surprise.
C’était en 1997. Lance Armstrong s’apprêtait à signer chez Cofidis, il était juste un simple mortel, il allait attendre encore un an pour virer son premier directeur sportif, deux pour être sportif américain de l’année et trois pour pousser Pantani au suicide. Son armoire à trophées n’accueillait guère qu’un titre de champion du monde sur route et un testicule dans un bocal. C’était l’exploit de sa vie, il venait de le réaliser. Dans ces cas-là, soit on prend du recul, soit on prend du pognon. Et pourquoi pas les deux ? C’est cette année-là que quelqu’un de mal intentionné, peut-être lui, émettra l’idée de créer une fondation pour que son cancer ne reste pas impayé. Le bouquin confessions ne viendra qu’en 2004, pour ne pas alerter les autorités. 2004, c’est aussi l’année de son 6e Tour de France avec les copains Landis, Beltran, Ekimov, Hincapie, Padrnos. 2004, ou l’année où Nike et Livestrong se sont associés pour 7,5 millions d’euros par an pour la bonne cause. Une association de bienfaiteurs : ils ont vendu comme des petits pains les petits bracelets jaunes à l’effigie de la fondation, fabriqués avec le même silicone que celui qui sert en laboratoire pour isoler les veines avant les prises de sang. Le marketing de demain.
Financement au culte
La manœuvre était habile. Pour le lobbyiste, qu’est-ce qui ressemble plus au fait de lever des fonds que le fait de lever des fonds ? Qu’ils fassent avancer la recherche ou une bande de Discovery Channel sur des pentes à 20% importe peu. Tant que la cancer recule et que Lance gagne, Coca, Subaru, Trek, Oakley et Anheuser-Busch ne voient pas de raison de ne pas concourir à une si riche carrière à 100 millions de dollar pièce. C’est si beau un coureur qui ne tombe jamais. Livestrong porte bien son nom : avec un si beau pare-feu moral, Armstrong a pu prolonger la durée de vie de ses menaces à tous les Bassons du peloton. Le slogan de l’organisme de charité doit même être du patron : « unity is strength, knowledge is power and attitude is everything ». Le ver était dans le fruit, puisqu’à force de tout rafler, il faut justifier le mythe. Quelque courses à son nom, un come-back, du triathlon : Frankenstein n’aurait pas été jusque-là, surtout avec une seule couille.
Pendant ce temps-là, Armstrong peut toujours tenter de faire croire qu’il ne savait pas, que c’est Bruyneel, Mc Quaid et Verbruggen qui l’ont obligé, que Hincapie faisait peur à tout le peloton, comme Bassons et ses oreilles légèrement décollées et que Sheryl Crow était une chanteuse à succès.