Incorrigibles, ces commentateurs tennistiques que l'Europe nous envie. Durant la quinzaine, ils inondent les canaux de France télévisions pour nous conter les aventures, pour le moins rocambolesques, des Français et Françaises à Roland. Exemple récent : le match de Mauresmo. Après le « Cette année c'est sûr, Amélie semble détendue » de Yoyo Chamalow au 1er tour, voici le « c'est le grand moment de la journée, Amélie affronte enfin une joueuse de gros calibre avec Lucie Safarova. » On s'enflamme, rien d'inhabituel. Le souci, c'est que si Mauresmo attaque fort – « gros niveau de jeu, on retrouve la Amélie qu'on aime » – elle se fait aussi dépasser fort – « toutes les joueuses se valent maintenant » glisse François Barbant, 3 minutes et un débreak après. Le souci de Mauresmo : elle fait chaque année figure de favorite, par défaut. Cette année, Chamou et consorts ont bien tenté de calmer le jeu mais leur diabolique nature optimiste a repris le dessus, et dès le 2e tour contre Dechy, c'était sûr, on connaissait l'année Mauresmo.
Car le travers français n'est pas de penser que nos protégés sont tous favoris. Non, regardez les Recouderc (hilare face à Nelson), Monfils (« il n'est pas loin du très grand Nalbandian » alors que 2 heures plus tôt il était ultra favori) ou Dechy. La mignonette Nath', tiens, parlons-en : elle aura apprécié le « enfin les choses sérieuses commencent pour Amélie », elle qui a dû batailler trois sets pour virer sa copine de double. Sûr que si elle avait éliminé Mauresmo, elle serait devenue favorite de Roland. Pour finalement perdre au tour suivant, dans l'autosatisfaction générale d'un « elle a manqué d'expérience malgré ses 75 ans, mais elle se rapproche du gratin… »