Coupe Davis : Such a nice Guy

Tout a commencé contre Sampras et Agassi, tout a fini contre Isner et Harrison. Bravo et Bercy pour tout.

Ils n’ont tous connu que lui, et seul Roger-Vasselin a pleuré. Treize ans de franche camaraderie, les victoires avec Escudé, les défaites avec Gasquet, les Paulo mal taillés, ça valait bien une der chez lui, le résident suisse, à Monte-Carlo.

« Triste » pour Monfils, Forget a été « impressionné » par Isner. Contrairement aux apparences pourtant, il ne s’est pas contenté de sortir les mêmes merdes que d’habitude et de poser avec persuasion et compétence les serviettes sur la chaise de Simon vendredi en évitant soigneusement de le vexer d’un conseil malvenu, bref d’un conseil. Guy ne pouvait pas partir à Bercy, le tournoi pas le ministère des Finances, en laissant planer le doute sur son véritable métier. On peut être consultant et meneur d’hommes.

Rien ne sert de Courier

Alors, Guy a tout dit. Notamment ce qu’il n’a jamais osé dire à Pioline, Mathieu, Monfils ou Llodra peut-être, mais au moins c’est dit et c’est Tsonga qui prend. « On a tous des devoirs. Jo est notre leader, il est 6e mondial, il souhaitait jouer contre Isner sur terre battue. » Il ne souhaitait sans doute ni perdre, ni entendre ce genre de conneries dans la bouche de son capitaine la veille, mais il a perdu. Aussi honteux que de perdre contre un jeune Agassi 10e mondial quand on est 7e.

Que Tsonga se rassure, ça n’empêche ni de réussir la suite de sa carrière, ni de réussir dans la vie. On peut même devenir un bon mec ou un vrai connard. « On nous a vendu les Mousquetaires il y a quatre ans. On est face à nous-mêmes et face à des joueurs qui sont à notre portée. Ce n’est pas Nadal non plus. Si on ne gagne pas, c’est qu’on n’est pas assez bons et qu’on n’a pas notre place. » On n’écrirait pas plus belle lettre de démission.

Pendant ce temps-là, personne n’a dansé Saga Africa à la fin du match. Ils ont perdu ?

La légende : L’insoutenable légèreté Delaitre

Si Delaître n’a jamais rien gagné, Monfils n’a pas fait beaucoup mieux. Au moins ils sont au diapason. Mais seul l’un des deux a battu Borg, il y a 20 ans. L’autre c’est Federer, il y a deux semaines. Dans les deux cas, l’adversaire avait 50 ans.

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Entre battre Becker pour laisser Lionel Barthes aller au 3e tour à Lyon et gagner un simple pour du beurre en Coupe Davis contre le Suédois Holm, Olivier Delaître n’a pas choisi. Avait-il vraiment le choix ?

L’exploit se produit à Nice, au cœur du printemps 1992. Habitué des premiers tours difficiles depuis une bonne demi-décennie, d’ailleurs Javier Sanchez vient de lui laisser trois jeux à Indian Wells, Olivier Delaître croit à la malédiction lorsque le tirage au sort lui propose Bjorn Borg. Tout lui revient alors en mémoire, cette défaite en demi finale à Long Island contre Edberg, cette autre en quarts à Bâle contre le grand blond, tout ce qu’il n’a jamais pu être. Alors, Borg va payer pour tous les Suédois. 7-5, 6-2, 76% de réussite derrière sa première balle : le mètre 70 de Delaître fait des merveilles.

Boucle dort

La machine est lancée, Edberg encaissera donc sans broncher un 6-0 à l’US Open un an plus tard. A un set près, Delaître aurait même gagné le match mais la règle est formelle : en Grand Chelem, il faut en gagner trois, Novacek l’aura bien compris au tour suivant. A 25 ans, c’était le déclic pour Delaître, et peu importe si Borg en avait onze de plus et avortait là son quatrième come back.

C’est aussi à Nice, en 1999, que s’arrêtera l’aventure Delaître en même temps que commencera celle de Markus Hantschk, 7-6, 6-2.

ATP, Gasquet : Sexe, drogue et raquette drôle

Pour Miami, Ritchie s’était préparé comme il se doigt. Faute d’orthographe ?


Cette fois c’est sûr, même pas de pipe à la coke. Battu par un Espagnol dont Nadal ignore probablement l’existence, Richard va partir à Miami avec un goût de revanche dans la bouche, même pas coupé au gloss de cochonne. Gasquet est énervé, pour la première fois depuis que Nadal lui a pris un set à Tarbes il y a treize ans. Au moins il comprend mieux à quel point papa et son ceinturon en cuir voulaient son bien les soirs de défaite. L’intransigeance ne vaut que si elle est appliquée à soi : « A un point près, c’était un bon match de ma part… »

Albert Ramos, c’est le nom du bourreau, 57e mondial à ses heures perdues, a provoqué la colère de Ritchie. Une question d’ego : après la victoire contre Roddick, les presque victoires contre Murray, le bisou, la suspension, Lagardère, l’appli Coupe Davis de Winston Salem, le tout entre deux victoires sur Federer, cette fois c’est sûr : il a trouvé son déclic. Au revoir les excuses, bonjour la compétition, l’obsession du résultat. « J’étais malade la semaine dernière, je suis resté alité cinq jours avec la fièvre et je suis arrivé ici fatigué après un long voyage ». Le syndicat des joueurs s’est trouvé un nouvel étendard.

Istomin antipersonnel

Il ne passe plus rien à personne, et surtout pas à lui-même. Ses coups droits de relance tout mous à mi-court qu’il joue en reculant à cinq mètres derrière sa ligne parce qu’il passe son match à défendre, il n’en peut plus. « Je suis très énervé c’est clair car je le laisse un peu jouer. » La diatribe est violente, autant qu’un vainqueur des Petits As en désintox. Avant de le déposer à la halte-garderie, Piatti lui donne chaque matin les mêmes conseils : prendre l’initiative, attaquer et bien sûr se brosser les dents avec du dentifrice. Deblicker y pense peut-être aussi quand il a le temps, mais est-ce que Raël lui-même a déjà fait progresser des joueurs ATP ? Grosjean, on ne sait pas trop ce qu’il a pu dire : neuf victoires et six défaites, mais oui c’est bien un début de saison médiocre. A une nuance près : il a battu un top 10, même nommé Tipsarevic. Pour situer l’exploit, c’est comme si Ritchie perdait contre Istomin, Kohlschreiber, le cadavre de Davydenko et celui de Youzhny en l’espace de trois mois.

« Il faut se projeter sur ce cher tournoi de Miami. » Papa n’aime pas les effrontés ironiques, ça va se finir avec un grip sur la bouche.

Llodra : « La coupe des vices »

Mickaël Llodra nous a donné rendez-vous dans un restaurant cambodgien du 13e. Il vient de finir sa séance de massages.

Mickaël, pourquoi avoir traité une spectatrice américaine d’origine coréenne de « Fucking Chinese » lors de votre premier tour du tournoi d’Indian Wells ?
Comment j’aurais pu voir qu’elle était Coréenne ? Ils se ressemblent tous ces gens-là.

Comment justifiez-vous de tels propos racistes ?
Mes mots n’étaient pas contre la Chine. J’aime les Chinois. Je pourrais tout à fait faire l’amour à une Chinoise.

C’est une ligne de défense un peu maladroite…
Mais il n’y a pas plus sinophile que moi ! J’y vais quatre fois par semaine grâce à la carte UGC illimitée. J’ai d’ailleurs vu tous les films de Jackie Chan.

Vous avez déjà connu l’année dernière des problèmes similaires avec un arbitre marocain auquel vous aviez rappelé qu’il n’était pas « au souk » en train de vendre des tapis…
Mes mots n’étaient pas contre le Maroc. J’aime le couscous. Je pourrais tout à fait faire l’amour à une Marocaine si elle enlève sa burqa.

Ces incidents à répétition risquent de ternir votre image…
On chercher à me faire passer pour ce que je ne suis pas. Il n’y a pas plus ouvert que moi. J’aime les latinas, les noires au gros cul et les filles de l’Est aussi. Mais avec l’amende que je viens de prendre, il va falloir que j’arrête les Roumaines pendant quelque temps.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Coupe Davis : UnForgetable

C’est l’histoire d’un capitaine de Coupe Davis qui sait qu’on peut tout devoir à un capitaine de Coupe Davis. Voilà ce que lui doivent ses joueurs.

Lyon, décembre 1991. Un grand chauve pas encore tout à fait chauve se retrouve par hasard sur un terrain de tennis entouré de gens qui font du bruit. Il n’est pas habitué, il n’aime pas vraiment ça. Guy rêvait de devenir un homme, il va devenir bien plus : un homme qui rêve de devenir Noah. Mais le peut-on quand on rougit de danser la valse avec un mentor franco-camerounais autour d’un saladier d’argent alcoolisé ?

Douze ans après, c’est l’heure de compter l’héritage. Quand on a coaché des champions près de quatre week-end par an, ils deviennent ses propres gamins. Le petit Richard avait besoin d’un déclic, Forget le lui offre : avril 2006, deux branlées à Pau font comprendre à Mozart qu’il n’aimera pas les matches en cinq sets. Deux ans plus tard, Gasquet livre son match fondateur en équipe de France, Nokia à la main. Il ne sortira plus de l’équipe, ni de son survêtement, sauf pour une humiliation en Espagne.
Guy aime les iconoclastes, comme son ami Henri l’était. Il a donc lustré avec amour le boulard de Tsonga, qui vit sans coach, celui de Monfils, qui ne sait pas à quoi sert un coach, et celui de Simon, qui emmerde tous les coaches sauf le sien qui jouait comme lui à l’époque où il jouait. Il y en a quand même un autre qui l’a écouté. Un joueur de double propulsé joueur de simple, grand, gaucher et sujet à la dépression. Le fils prodigue, capable de tuer l’Espagne et l’Argentine à lui seul et surtout de rêver comme un con qu’il sera l’homme de la finale. Mais Guy avait un doute. Il a pris Golmard, Raoux, Ascione, Chardy et donc Benneteau en leur faisant croire qu’ils seraient rappelés parce que le groupe France c’est ça, il a fait croire que le groupe France c’était Clément, Santoro et Grosjean, il a fait baisser son short à Mathieu à Bercy en finale et il avait moins de doute. Il fallait leur donner confiance. Guy manquera quand même à Escudé, qui fait un bon capitaine de Fed Cup.


Pendant ce temps-là, France Télévisions a décongelé une queue de Loth pour commenter la nuit. Ca rappelle vraiment l’époque Noah.

Federer : Le fils aux JO

Dans le fils à Jo, au restaurant face à son faux fils Tom qui joue délicieusement la comédie, Lanvin ne se démonte pas et récite le texte onctueux raturé par Guillard. Avec ses rouflaquettes du sud-ouest, il prend la salade de gésiers puis la cote de bœuf pour deux avec les pommes de terre salardaises, parce qu’on est au pays du rugby. Federer, c’est comme Jo : quand il faut faire le job pour un peu de gloire et de pognon, il fait le job.


Mettre ou ne pas mettre un terme à sa carrière, telle était la question. Depuis Roland-Garros 2010, le maître n’a plus envie de jouer au tennis, hormis quelques demi-finales de Grand Chelem. Elles ne sont plus un dû et généralement il y parvient mal préparé, mais des conférences de presse pour comparer la taille de son palmarès et de son boulard à ceux des autres, c’est trop peu pour préparer son objectif inavouable parfaitement avoué, les JO de Londres. Le maître le sait, et il a une telle confiance en lui pour gagner l’or qu’il a même demandé à Hingis si elle pouvait l’aider en double mixte. Avec Wawrinka, ça ne marque décidément personne.

Pour garder la forme, Roger fait le minimum syndical : il colle encore quelques branlées à Tsonga entre deux changements de couches à l’automne, il s’économise désormais en Masters 1000 toute l’année et une fois par saison, il revient sur un cours énervé. C’était Djokovic l’an dernier, ce doit être à Londres en 2012. Pas pour Wimbledon, on ne va pas vendre dix dimanches dans sa vie le tournoi mythique, le rêve d’une vie et toutes ces conneries à une Reine qui ne sait même pas faire un chip de revers correct. Sinon autant laisser gagner Murray, lui il y croit vraiment.

Dip purple

Les JO, pourtant, tous les joueurs le savent, c’est comme la Coupe Davis : quand on veut faire carrière, on s’en branle tout à fait sérieusement. Mais Federer ne veut pas faire carrière, il veut juste reprendre à Nadal et Djokovic ce qu’ils lui doivent. Nadal a l’or, Djokovic le bronze en simple. Le bronze, Roger l’avait coulé, c’était en 2000 contre Di Pasquale à Sydney. Au terme d’un duel accroché 7-6, 6-7, 6-3. On pourrait dire un duel de légende, mais c’était Di Pasquale juste avant une finale Kafelnikov-Haas et dans son tableau Safin avait été sorti au 1er tour par Santoro. Une légèreté qui rappelle un numéro un mondial suisse-allemand déjà vainqueur de deux Grand Chelem en 2004 et qui part préparer son sacre à l’US Open dès le 18 août grâce à Berdych, ou ce numéro un mondial suisse-allemand qui laisse son quart à Blake pour préparer un sacre à l’US Open 2008.

Pendant ce temps-là, Federer établit un record de quart de finale consécutifs en Grand Chelem. Djokovic commence à devenir un vrai trou du cul de prétentieux. En plus maintenant il pense à la Coupe Davis, l’ambition ne se perd pas aussi facilement.

Open d’Australie : Private Djok

Il a passé des années à se foutre de la gueule des autres joueurs pour le compte de Youtube. Maintenant, il se fout de la gueule de tout le monde. Voici pourquoi il n’a plus le droit de perdre.


Parce qu’il feint la fatigue

Le coup de moins bien contre Hewitt, passe encore, on ne peut pas être concentré deux semaines. Le cameraman de la Rod Laver, qui lui aussi savait à l’avance le résultat du match et que Djokovic dirait de toute façon à la fin que Lletyon est un combattant fabuleux, a lui aussi passé sa soirée à mater Rebecca Cartwright. Mais Djokovic a décidé de ne plus respecter personne : contre Murray, mené deux sets à un après 3h20, il boîte bas. L’abandon se profile, mais Nole choisit une alternative : coller 6-1 7-5 à Murray en une heure et demi. On comprend mieux pourquoi il boîtait quand il l’explique : une allergie, mais il n’a pas précisé si c’était seulement à cause de la tronche de Murray. 4h50, avec un jour de moins pour récupérer que Nadal qui n’a eu qu’à sortir Federer, ça sent le match à sens unique. Mais il peut aussi gagner en 6h20, puisque comme il l’expliquera, il a été « se baigner une fois dans la mer avant le match ».

Parce qu’il feint de perdre

Il faut que ça reste crédible, Mahut n’a donc marqué que deux jeux. Murray, lui, a eu un set d’avance, des balles de break et une gros calin de maman à la fin. Le coup du 7-5 au 5e, il l’a aussi fait à Nadal en finale, pourtant cette fois il avait été mené 4-2. Djokovic  ne respecte décidément plus personne, comme on laisserait Haas à deux points du match l’année où Nadal se fait sortir par Soderling à Roland-Garros. Juste pour s’amuser un peu parce que sinon c’est trop facile.

Parce qu’il feint de craindre Murray

Quand on est numéro un mondial, on sait facilement trouver les maux pour réconforter un demi-finaliste cocufié : « Andy était plus confiant cette année sur le court que l’an passé. Il a saisi ses chances en étant plus agressif et en jouant bien mieux. Cela aurait facilement pu basculer en sa faveur. Il n’était qu’à quelques points de l’emporter. Il est très proche de gagner un tournoi du Grand Chelem. Il est l’un des meilleurs joueurs au monde, ça c’est sûr. » Le tout dit au sujet d’un Ecossais qui sert des secondes moyennes à 139km/h, enfin pas la dizaine qui n’ont pas franchi le filet. Djokovic a dû déployer des trésors de concentration pour se rappeler qu’il est le meilleur retourneur du monde et qu’à ce titre, prendre le service de Murray quand il en avait besoin était une simple formalité. De toute façon, sur les points importants, Djokovic a pu s’appuyer sur son meilleur coup : les revers dans le filet de Murray.

Parce qu’il feint de craindre Nadal

Deux jours plus tard, un numéro un sait aussi reconnaître les mérites d’un finaliste valeureux. « Rafa méritait que le match continue dans un cinquième set. Vraiment, chacun de nous deux aurait pu l’emporter. J’ai senti mon corps faiblir, mais, d’un autre côté, j’étais conscient que lui non plus n’était plus aussi fort et frais sur le court. » Bel hommage à toute la filière médicale espagnole. On peut donc courir dans tous les sens pour en revenir exactement au même point : le coup droit de Nadal ne gêne pas le revers de Djoko comme celui de Federer. Quelques retours bien sentis, une ou deux montées à la volée et le tour est joué : c’est Nadal qui fait le plus de fautes directes.

Parce qu’il feint de faire de Roland sa priorité

Djokovic peut en vouloir à Federer pour deux raisons : avoir repoussé son Grand Chelem à 2012 et n’avoir gagné que seize titres majeurs. Ca va l’obliger à jouer encore au moins quatre ans, et dieu sait que combattre l’allergie au gluten est un traitement contraignant. Mais quand ton préparateur physique t’impose trois iron man par séance de deux heures, a-t-on le choix ? La rançon du succès, qui permet de courir six heures d’affilée sans suer et de frapper des smashs en bout de course. A ce prix-là, gagner Roland sera un minimum. Wimbledon et l’US, ce sera juste pour que Nadal et Federer le vouvoient.

Pendant ce temps-là, Djokovic n’a pas de marge : il n’a gagné que quinze points de plus que Murray et Nadal. Djoko est encore un gros cachottier : il faudra aussi qu’il explique pourquoi Federer arrive toujours à le battre.

Gasquet : David contre golio

Ritchie peut souffler un grand coup : en quarts, il aurait pris Djokovic.

Emilie Loit, en parlant de Nadal et Berdych dans un micro, a aussi été toute surprise. Ca lui fait drôle de commenter du tennis, d’habitude elle faisait que les filles. D’habitude aussi, les Grand Chelem, elle n’en voyait pas le quart, même à la télé, Eurosport oblige. Mais c’est ainsi, TF1 a décidé que Canal et Forget s’étaient assez gavés et qu’il fallait bien profiter du tennis avant qu’il ne disparaisse en juin 2010, même si personne n’est sûr, à part notre spécialiste, que Federer ait totalement arrêté.  Mais ça fait drôle. Avant, Loth refusait de laisser filmer les filles à Roland, en tout cas tout habillées avec la caméra de Boullain. Cette année, Eurosport est unisexe, on passe des filles aux garçons, et ça perd tout le monde : Tsonga a l’air en forme juste parce qu’il le dit et que Bartoli a joué avant. Bartoli a l’air fit juste parce que le mec de « l’entretien d’Amélie » le dit. Et l’entretien d’Amélie qui le regarde ? Wilander et son JRI ?

Un neuf sur le plat

Et puis arrive Ritchie, perdu dans une arène trop grande pour lui, baptisée avantageusement court 2. Ca a commencé par Seppi, avant Golubev. Tout allait bien, et on lui a annoncé Tisparevic. Alors il lui a mis une taule, parce qu’il lui rappelait n’importe quel petit tennisman pas très bon de Vic-en-Bigorre qui hésitait entre le rugby et le diabète. Mais tout à coup, une meute de journalistes mal intentionnés lui apprend que Tipsarevic est 9e mondial et qu’il a fait un très bon match. Il ne se rappelle de rien, et pour cause : il n’a pas fait un très bon match, il a juste marqué quelques points entre les 33 fautes directes d’un nul qui joue au tennis avec des lunettes de soleil et qui n’est pas Clément. Aucun journaliste n’a relevé qu’un très grand match, ce n’est pas un match où on perd un break d’avance dans la troisième manche par négligence quand on mène 4-0.

David contre golgoth

Saisi par la peur, Ritchie a demandé à son entraîneur si en huitièmes de finale d’un Grand Chelem on risquait de rencontrer des bons joueurs, parce qu’à l’autre Open, celui du camping de Serignan, le tableau était encore abordable. La réponse a été Ferrer. Avant de fondre en larmes, Ritchie a repensé à tout ce qu’il avait réussi jusque-là, les blessures, les esquives devant les coups de raquette de son père, les Petits As, et bien sûr les salopes cocainoman. Alors il a enfin montré son caractère. « J’ai souvent fait des matches minables contre Ferrer. A chaque fois que j’ai perdu, j’ai fait beaucoup de fautes directes. Si je dis qu’il vaut mieux jouer Federer que Ferrer, je vais passer pour un malade mental. » Si peu. Il a donc fait deux fois moins de coups gagnants, trois fois de plus de fautes et ça a encore duré trois sets. Et puis sur une volée ratée il a dit que « c’est la dernière fois que je monte ». Ces enfants, on ne les voit pas grandir. En plus leur ambition n’a pas de limite : « je suis content, je n’ai pas eu mal au bras.»

Pendant ce temps-là, quand il a fini avec les voisins, et que son fils a fini de le faire chier pour faire de la télé Leconte a aussi son émission sur Eurosport, Avantage Leconte. « Ferrer-Gasquet, ça va être énorme ».

Bilan 2011, Djokovic-Nadal : Grip espagnol

Après Djokovic, c’est Nadal qui attaque la saison comme vainqueur de la Coupe Davis. Ca change vraiment quelque chose ? Forget aurait bien aimé.


L’Open d’Australie 2011 se présentait pourtant comme prévu. Nadal qui se blesse en quarts, Federer qui est toujours fini et Murray qui s’offre une finale à perdre. Personne n’avait vraiment prévu ce qui allait arriver à Djokovic. Comme en 2008, 2009 et 2010 il n’avait plus peur de Tsonga, mais ce n’était que le début. Un régime sans gluten prélevé à la seringue, trois titres en Grand Chelem et une fin de saison indoor tout ce qu’il y a de plus consciencieuse avec ses forfaits, cette Coupe Davis baclée, Jelena Ristic,ce Masters expédié et bien sûr 6-0 au troisième pour Nishikori. Le tout dans un anglais parfait sur le plateau cannois d’Ali Badou, où il était bien le seul à ne pas se pavaner avec la gonzesse d’un autre. Il est même allé jusqu’à faire passer Zimonjic à la télé française. Un numéro un mondial était né, et Federer l’a bien formé à respecter le jeu et les femmes, un peu moins ses petits camarades.

A la Serbe hier

« Je suis certain qu’Andy va tout donner et tient vraiment à gagner son premier titre du Grand Chelem », c’était avant la finale australienne. Pour préparer Roland-Garros, « Rafa, c’est le roi de la terre. OK, je l’ai battu deux fois en une semaine, mais il s’agit de deux tournois. » Puis est venue l’herbe et Wimbledon, et « le 6-1 que Rafa m’a mis dans ce 3e set était mérité mais j’avais commis beaucoup de fautes directes. C’était un peu de ma faute s’il était revenu dans le match. » L’US Open ? « Je sais que j’ai la qualité de jeu pour battre Rafa, je l’ai prouvé cette année sur trois surfaces différentes. »

Le péché d’orgueil aura été de croire que tous les Suisses s’appellent désormais Wawrinka, qu’on peut faire carrière comme Gérald Dahan avec 3 imitations dans son répertoire  et qu’aller s’entraîner à côté des compatriotes de Marc Rosset le matin d’une demi-finale à Roland Garros c’est leur faire honneur. Le record de Mc Enroe et le Grand Chelem sur une saison tient à rien : Papy Roger ne demandait pourtant plus qu’à gagner Bâle et améliorer ses records au Masters. Tant pis pour les autres, il a été obligé de remporter le match de la saison.

Pendant ce temps-là, Nadal fait un complexe Djoko. C’est à cause de ça qu’il a aussi perdu contre Davydenko, Ferrer, Tsonga, Dodig, Fish, Murray et Mayer. Pour la dépression, ça passe mieux que croiser Soderling à Roland.

Bilan 2011, Andy Murray : Scotland hard

A force d’être un futur vainqueur de Grand Chelem de 20 ans, on devient un loser de 24 ans.

Déclarer forfait et prendre des vacances, il n’était pas obligé d’attendre novembre pour y penser. Il aurait aussi pu attendre décembre, il y a les finales de Coupe Davis et des interclubs. Mais Andy est comme les grands enfants : quand il ne veut plus, il ne veut plus. D’ailleurs il ne voulait plus gagner de demi-finale de Grand Chelem contre Nadal depuis l’US Open 2008. Ce n’est arrivé que trois fois cette saison, mais il est vrai que Nadal a fait la saison de sa vie. Et que serait une saison de numéro 4 mondial sans finale de Grand Chelem ? Comme d’habitude c’était en Australie, il faisait noir, il y avait plein de gens autour de lui pour le pointer du doigt en riant au moment où un vieux monsieur l’obligeait à porter une toute petite coupe de puceau. A chaque fois ça marche, maman a honte de son fils ecossais. Il pourrait promettre qu’il gagnera le Queen’s pour se faire pardonner, mais ça ne changerait rien.

Habillé en Asie

Andy a pourtant tout bien fait quand il le pouvait mais chaque année c’est la même chose : il devient invincible soit en mars-avril, la mauvaise saison aux Etats-Unis, soit en septembre et en octobre en Asie. Ainsi Bangkok, Tokyo et Shanghai se sont trouvés un nouveau maître. Bangkok en cherchait un depuis Federer en 2005. Tokyo n’a vu triompher le Suisse et Nadal qu’une seule fois. Et Shanghai est bien le Masters 1000 que tout le monde s’arrache puisqu’avant le doublé de Murray, c’est Davydenko qui avait gagné en 2009.

Qui se souviendra que Murray a quand même battu Nadal en finale en lui collant un 6-0 ? Désolé, personne ne regarde les 500 Series, même pas Ivan Lendl, il n’a pas Orange sport.

Bilan 2011, Federer : Le trou de Bâle

Des coups gagnants, des services de rêve et les plans sur sa femme qui sait qu’il va gagner avant la nuit parce qu’il y a les petites à coucher : Federer a réussi sa meilleure saison. Mais une journée pas plus.


Le petit signe au public, la Rolex, le sac RF et le sourire de modeste qui promet une branlée : tout était réuni pour renaître en ce 2 juin, sur ce court où il avait fini sa carrière. Doigt tendu, pas sur la bouche de Murray cette fois, Federer a même été vraiment content de gagner, ce qui ne lui était pas arrivé depuis une bonne année. Il est vrai qu’il était assez agréable de rencontrer un invincible serbe aux portes d’un record de victoires, et profiter de son jour de gloire annoncé pour lui apprendre les volées, les coups droits long de ligne gagnants, les balles de set sauvées au premier set et les débreaks à 4-5 au quatrième, bref comment être invincible. Les passings de revers en demi-volée, en revanche, Djokovic ne saura pas les refaire : c’était juste pour se foutre un peu de la gueule d’un futur numéro un mondial. Contre les Français c’est devenu moins drôle, autant perdre, même quand c’est un ancien Mozart biterrois.

Se faire Djokovic comme ça, c’était gratuit et un peu pompeux, comme perdre contre Nadal deux jours après ou comme répondre en français à Pioline à la nuit tombée que « moi aussi j’ai des frissons et c’est même pas la finale », histoire de féliciter une fois de plus le Serbe pour son étincelant début de saison. C’était le soir à réussir un ace sur balle de match plutôt que perdre la balle de match puis le match. La saison de Federer venait de commencer et de finir. Il n’était pas à un exploit près : mener deux sets zéro contre Tsonga et Djokovic en Grand Chelem et laisser les trois suivants n’allaient pas tarder à venir. Il faut savoir se retirer à temps disait la femme à Chamou.

Doha, Bâle, Bercy, Masters : c’est le Grand Chelem.

Bercy, Federer-Tsonga : Jo interdit

Après Roland-Garros, Bercy. Ils ne sont que deux à l’avoir fait, ça y est Roger est presque l’égal d’Agassi. Il ne manque plus que la retraite. Une fin de carrière est interminable. A se damner pour des JO.

Devenu peintre, le spécialiste tennis du Vestiaire s’est quand même offert le quatrième jeu de la première manche. C’est comme deux mots d’une phrase de Gasquet, parfois ça suffit. Parce que le tennis, parfois, redevient une chose très simple. Simple comme une finale entre Federer et un Français qui commence par un 6-1. Avec Federer et Tsonga qui ont la même idée : tourner leur revers pour jouer au maximum en coup droit et viser le revers adverse. 6-1, donc. Il y avait bien un mur à finir de peindre, heureusement Federer a arrêté de jouer la demi-heure habituelle pour reprendre au tie break. 3-0, 6-1 et 7-3, pas une faute directe, Murray connaît la chanson par cœur, il la récite en pleurant à maman. Jo vit ça à sa manière : un minimum de retours de service, quelques doubles fautes et bien sûr des revers en bas du filet. A Wimbledon, ils étaient plus faciles à se faire. Federer aussi.

Suisse ridé mais pas mort

Mais quand le tennis paraît simple, tout reste compliqué. Bercy après Bâle, les Masters qui approchent, Djokovic et Nadal forfaits : le calendrier ne ment pas, on n’a jamais été aussi loin d’un Grand Chelem. Bercy, c’est Tsonga, Llodra, Monfils au moins en demie, c’est aussi les fantômes de Grosjean et Forget. C’est même, depuis cette année, De Verdière sur W9, entre deux plans de Guetta ou Sinclar, c’est pareil, qui pour une fois ne fait pas chier à se déguiser en Borg. Il manquait un consultant, Dominguez peut toujours s’arranger. En revanche, Forget c’est terminé, il a pris un troisième deuxième boulot. En 2012, il fera Caujolle. Il aura donc tout pris au tennis français.

Pendant ce temps-là, Roger a fermé les yeux et frotté fort ses yeux pour les rougir. De Verdière s’est laissé prendre, comme la femme à Chamou. L’émotion d’un Masters 1000 est intacte. He’s back.

La légende : Piètre Korda

Il est difficile aujourd’hui sans le moindre livre d’histoire de connaître précisement la vie de Petr Korda. De quelle armée faisait-il partie ? A-t-il mangé ses parents ? Connaissait-il vraiment Beria ? Il a pourtant révolutionné le tennis moderne.

Porte d’Auteuil 1992. Alors que Leconte se dirige tout droit vers sa deuxième défaite en 5 ans en finale de Roland-Garros, il croise dans le dernier carré un séduisant grand blond modèle bloc de l’Est. Refusé des casting de Die Hard malgré une coupe en brosse parfaite, il  préfèrera décharger sa violence sur une petit balle jaune. Dolph Lundgren est décidément moins romantique. Ce vendredi 5 juin, épuisé en quart de finale par le Suédois préféré d’Arnaud Boetsch, Riton n’a plus le coup de rein de ses 20 ans, en public en tout cas. Petr le Tchèque n’en fait qu’une bouchée mais ne s’en prendra pas à sa famille. Les méthodes évoluent. En finale, c’est un roux américain encore plus mal coiffé qui stoppera son épopée meurtrière. On vit une drôle d’époque. 6 ans après, Sampras a terminé sa puberté mais on retrouve quand même Korda en finale chez ses cousins Kangourous. On apprendra quelques mois plus tard qu’il est difficile de battre Portas, Draper, Spadea, Bjorkman, Kucera et Rios sans nandrolone.

Pendant ce temps-là, Forget a encore gagné au PMU.

Coupe Davis, saison 13 : Saga à friquer

La treizième saison du Guy show est déjà terminée.  La production aura-t-elle les moyens d’en supporter une quatorzième ?

èsanto

Treize ans après ses débuts, 10 ans après son seul titre, le capitaine est toujours là. Plus positif que jamais, voilà pourquoi Guy Forget est presque l’homme de la situation.

Parce qu’il ne sait plus gagner

Trois finales en quatre ans, dont un titre, avec des joueurs qui jouent le match de leur vie, ça forge un capitaine intouchable. C’était avant la campagne 2003. Effectivement, depuis, il y a eu un cinq quarts, une demie, un premier tour, le fameux chef-d’oeuvre de la dernière finale et désormais Guy offre aussi ses légendaires coups de poker aux demi-finales.  Il y a aussi eu pas mal de Français dans le Top 10, mais une équipe, ça se construit sur le long terme, comme un CDI à la FFT. « Un jour, cette équipe gagnera la Coupe Davis. » C’était après la République tchèque en 2009.

Forget n’a pas menti. En 2007, « franchement, je crois que l’on est parmi les quatre meilleures équipes du monde. Avec un potentiel intéressant pour les années à venir ». En 2006, « cette équipe, je veux la voir dans deux ans » et en 2005 « cette équipe est nouvelle, elle est jeune. Ce week-end, on a eu sous les yeux exactement le schéma du type de travail qu’on doit adopter pour nous améliorer. » En 2010, le capitaine n’est plus qu’un spécialiste du sommeil : « Je pense que Ferrer va passer une nuit en se posant des questions. » Avant d’ajouter en décembre de la même année  « Ça va le faire » pour conclure quelques jours plus tard par « Je pense que cette défaite aura plein d’effets bénéfiques« . Mais ce n’était pas eux qui jouaient vraiment : »Nous avons sous-estimé le travail sournois de certains spectateurs ». Dont acte. Heureusement, en 2011 on se dit que « cette équipe peut devenir énorme. » Pourquoi pas après tout.

Parce qu’il enrage de tomber contre les grands joueurs

Le tirage au sort est impitoyable avec les Bleus. A chaque défaite, un point commun : la France est tombée sur des joueurs du Top 20. Hasard de la malédiction, c’est toujours le même qui prend. Ce n’était évidemment pas une raison de ne pas le faire jouer. « Paulo a été dominé par un Andy Roddick encore une fois très solide » En 2008, « autant sur le match de Paul-Henri, il n’y a rien à dire, on est dominé 7-6, 6-3, 6-2 par Marat Safin, un adversaire qui nous est supérieur dans tous les domaines ». En 2007, « avec Tursunov on a découvert un futur grand, encore un Russe ». En 2006, « quant à Paulo, Andreev l’a surclassé dans tous les domaines ».

En 2004, c’était différent, « Nadal était franchement très très fort », mais cette fois « il y en a un qui a gagné beaucoup de choses ici, ce week-end, c’est Paulo. Au-delà de la défaite de l’équipe, je pense qu’il a vraiment franchi un cap et ça, ça me fait plaisir pour lui. Je pense qu’il va faire parler de lui très, très vite. »
En 2010, le capitaine a de l’ambition : « Je crois vraiment que quand Djokovic joue bien il est un petit peu au-dessus de nous quand même »,  mais « il n’est pas imbattable. »  C’est vrai contre Llodra mais c’était Monfils et Simon sur le court. Il n’a même pas pu s’en prendre à Paulo. Heureusement en 2011, Paulo est à l’abri, du coup « on peut bousculer les Espagnols ». C’est vrai avec Tsonga, mais c’était Simon et Gasquet sur le court.

Parce que la psychologie, c’est pas son truc

Si Mathieu a fini avec Courteau si jeune, c’est en grande partie grâce à son capitaine. Il n’a probablement pas pensé à Forget au moment de changer de coach, mais sûrement à la Russie de 2002, 2005 et 2007. Andreev était trop fort, à moins que ce ne soit Youzhny bien sûr. Peut-être aussi a-t-il songé aux deux matches de Winston Salem 2008 : « J’ai aligné Paul-Henri Mathieu, qui, de toute évidence, était beaucoup plus marqué par sa défaite du premier match que je n’avais pu l’imaginer. »

On ne connaîtra jamais la date du premier match de Mathieu, mais il n’en a jamais vraiment joué qu’un seul, 6 ans auparavant. Gasquet, qui jouait avec son portable non loin de là ce même jour, devait « être soutenu par tous ceux qui l’aiment pour le pousser à devenir plus fort », mais « je ne suis pas là pour disséquer les problèmes de Richard Gasquet. Je suis là pour aider les joueurs. » Au top de sa forme, Simon a apprécié le coup de main, au moins autant que sa première sélection au cœur d’une période où il ne gagnait plus un match. C’était différent pour Monfils, qui était en pleine bourre, mais c’était De Bakker en face. En 2010, le capitaine avait Llodra en pleine bourre. Autant relancer Simon. Heureusement en 2011, Tsonga fait la saison de sa vie. Ca tombe bien, ce sont les Espagnols en face. Jo jouera donc le double. Habile.

Parce que, joueur, il ne gagnait déjà pas

Personne ne peut dire que Forget n’a pas prévenu. Meilleur français et quatrième mondial en mars 1991, Top 10 pendant un an et demi, il en a profité pour garnir son palmarès comme personne : Bercy et Cincinatti 1991, qui rejoignent le doublé à Toulouse (trois fois), Bordeaux (deux fois) ou Nancy, une belle collection de tournois qui ont marqué sinon l’histoire, au moins la vie de Fontang, Guardiola et Gilbert. Sinon, il y avait aussi les Grand Chelem. Toutes les jeunes générations peuvent en tirer une grande leçon d’humilité : on peut ne jamais aller plus loin que les quarts de toute sa carrière et atteindre le Top 5. Le corollaire suivant a été paraphé par Gachassin : on peut n’avoir joué qu’un grand match et coacher treize ans en Coupe Davis. Mais ça oblige à passer des coups de fil à Noah toute sa vie. Noah est sur répondeur.

« Après, je crois que c’est plus la capacité des joueurs de l’équipe de France à relever le défi que mes choix stratégiques qui fera vraiment la différence. » On avait comme un petit doute.

US Open : Fous d’Irene

Ils avaient tellement hâte de bien se préparer pour le tournoi de Metz.

Il fallait avoir le nez creux et l’œil particulièrement acéré pour ressortir du placard la théorie des quatre Mousquetaires. Quatre Français dans les treize premiers mondiaux, du jamais vu, la deuxième semaine est quasiment offerte aux quatre. Si Gilles Simon attend quelques jours pour abandonner à cause de son torticolis bi-hebdomadaire, ils seront bien deux. Peut-être trois, on n’est jamais à l’abri d’un retour en forme de Benneteau.

Perdre contre un numéro un mondial n’a rien de déshonorant, même quand il ne l’a été qu’en 2003 et qu’il est actuellement 105e. Juan Carlos Ferrero a toujours son coup droit dévastateur, il suffit juste qu’il prenne bien appui sur ses jambes de bois pour déclencher la foudre. Les 81 fautes directes de la Monf ont fait le reste, ça valait le coup d’applaudir le vainqueur à la fin. Le fair-play à la française.

Richard IV

« Je savais ce qui m’attendait au service, mais il m’a surpris du fond du court. » Richard Gasquet, lui, n’en est plus à un exploit près. Il devient le premier joueur à encaisser un 6-2 de Karlovic. Impressionné, Gasquet : « Il joue bien mais il ne gagnera pas le tournoi non plus. » Et non. Quand on lui parle de frustration, il retrouve sa cohérence. « T’as envie de tout péter, mais ça va. »

Bien sûr que ça va, il a connu tellement pire qu’il se régale et en plus il a appris un mot : « J’ai fait deux premiers sets ignobles. Karlovic est assez ignoble à jouer. » Un ignoble qui collectionne les top 20 en 2011 : Ferrer à Indian Wells, Ferrer à Indian Wells et surtout Ferrer à Indian Wells. Pour Ritchie, voilà une vraie chance de titre qui s’envole. Dans les Masters 1000 de la tournée américaine, le mousquetaire talentueux a toujours fait deux bons premiers tours et perd contre un top 20 au 3e. L’ambition en prend un sacré coup.

Pendant ce temps-là, Llodra a marqué six jeux contre Anderson. L’Espagne aimerait jouer la demi-finale de Coupe Davis à New York.

Wimbledon, Tsonga : Ace aventura

Servir fort rend bien des services, surtout si ça évite de faire des revers.

Il était une fois un joueur de tennis qui n’aimait pas trop les échanges longs, qui cognait fort aussi souvent que possible, qui volleyait comme il pouvait. Bref, un joueur qui n’écoutait pas trop Winogradsky à l’entraînement. Il aimait aussi les gonzesses et les micros. C’était en Australie en 2008. C’est pareil à Wimbledon 2011.

Entre temps, Jo est aussi devenu ce gros fils de pub qu’il a au fond toujours été. C’est comme d’écouter Forget sur un banc de Coupe Davis, ça peut perturber une carrière. On finit par dire qu’on a été élevé sur terre battue et que sortir Almagro à Monte-Carlo est un signe. Et surtout on se persuade que ça n’use pas tant que ça les tendons rotuliens et qu’une carrière c’est long.

L’herbe à pipe

On en arrive aussi se frustrer parce que Karlovic peut gagner un match sur herbe sans jouer un échange. C’était à Wimbledon 2010, Winogradsky pouvait regretter la qualité de retour de service de son poulain. Aujourd’hui, Wino a dégagé, la qualité de retour est toujours la même que Mahut, mais Tsonga reprend un set à Murray. Attendre le bon moment pour attaquer, faire des amortis, varier les effets, savoir défendre : le tennis ne l’intéresse pas vraiment. Et tenir des diagonales de revers sans faire de faute, c’est comme aller en boîte juste pour un smack, c’est bon pour Gasquet. Et quoi encore, bouffer diététique ?

Progresser est interdit à Tsonga depuis le début : il ne fera jamais mieux qu’en Australie, ça impliquerait que ses volées gagnantes étaient volontaires. Le vrai Tsonga sert, tape en coup droit, quitte à passer son match dans le couloir de gauche. Le vrai Tsonga se la raconte pendant le match, se rue à l’attaque surtout quand il ne faut pas et gagne des matches au mental parce que s’il essaie autre chose, le moindre top 30 finira par être le moins mauvais.

Wimbledon, Mahut : Dancing Queen’s 2

c-fou

Il rêvait d’être Stefan Edberg, il a hérité du faciès de Kevin Bacon. Rien de tel pour briller à Londres et nulle part ailleurs.

Il y a connu ses plus belles heures, pas plus d’une trentaine, en cumulé, quand même, parce que tout avait commencé par Todd Reid en 2003 et Antony Dupuis en 2004. Inconnu, sauf aux interclubs d’Angers TC et à Surbiton, Mahut sort de nulle part en 2007 pour battre Bjorkman, Ljubicic, Nadal, mais aussi Clément pour réussir le gros coup de son jeune début de carrière. Le gros coup inclus évidemment une balle de match en finale contre Roddick. Roddick qui, fair-play, apparaîtra souriant sur les photos quelques minutes plus tard avec un gros trophée dans les mains.

Un record qu’Isner à rien

C’est le déclic : huitième de finale en 2008 et 2009, trois victoires en qualif’ avant de voir le Lu au premier tour en 2010, puis Verdasco au deuxième en 2011. Perdre face à un spécialiste de terre battue en méforme : le Queen’s est décidément le gazon de tous ses possibles. Et puis en 2006 Nico eut le droit de s’inscrire à Wimbledon. Un troisième tour, la promesse est belle. Il la tiendra en 2007 avec un deuxième tour. Puis les trois années suivantes avec un premier. Que ce soit Gasquet, Tursunov ou Vliegen qui le sortent, tout le monde s’en fout. Alors, en 2010, il change de cible : quitte à ne pas aller au troisième tour, autant faire parler de soi avant. Au besoin, on peut entrer dans l’histoire avec trois balles de break en 11 heures de jeu. Entrer dans l’histoire, ça veut dire succéder à Clément, Santoro ou aux deux ? 

Et cette année, un premier tour avec un break en deux occasions. Ca fait deux en 13h de jeu. Pourquoi changer une équipe qui gagne ?

Gouverner, c’est fait d’erreurs

 

« Il est injouable. » Arnaud Boetsch a de la mémoire : d’après ses calculs, jamais il n’aurait poussé la balle assez fort pour prendre un point à Nadal. Il ne doit pas être si mauvais ce Federer.

Faut-il être toujours le patron du circuit pour décider, à deux jours d’intervalle, de jouer son meilleur match et son pire à Roland-Garros ? Sauver deux balles de set dans la première manche, remporter la seconde au tie break, perdre la troisième et finir en quatre sets, c’est le choix du maître. Djokovic l’a subi le vendredi, Nadal l’a infligé le dimanche.

Le point commun est comme toujours Federer. Federer est le plus grand, Federer est fini, Le Vestiaire a déjà tout expliqué. Ceux qui avaient prévu un match de rêve dimanche ont toujours pu se repasser la cassette de la demie. La finale était pourtant instructive : une balle de set ratée puis un set perdu, 56 fautes directes, des sautes de concentration, Nadal mené 0-40 qui gagne 6-1. Les grands champions sont ceux qui jouent leur meilleur tennis aux moments importants. Du grand Federer, donc : on ne se remet pas si facilement d’un Roland-Garros gagné contre Soderling. S’il ne tombait pas toujours sur Monfils, Roger quitterait volontiers Paris précipitamment.

Taillé à la serbe

La seule possibilité de revoir Federer sur un terrain, après un an à perdre contre Berdych, Soderling et à gagner le Masters, était de lui trouver un truc qu’il n’avait pas encore fait. Il a battu tout le monde, il a fait pleurer Murray devant maman, il a gagné le double aux JO avec Wawrinka. Après ça, battre Nadal n’est plus assez vibrant. Mais il a entendu Pioline lui dire en début de tournoi qu’il n’était pas favori derrière Nadal et l’imbattable Djokovic. Il va donc humilier Pioline, puis l’imbattable Djokovic.

Djokovic frappe la balle dès le rebond ? Il ne fera que des volées. Djokovic s’est mis à gagner les points importants ? Il gagnera tous les autres et décidera qu’ils sont plus importants. Djokovic l’avait battu après avoir sauvé une balle de match à l’US Open quand le Serbe n’était personne ? Il le battra en sauvant une balle de set quand il est devenu quelqu’un. Djokovic dit « come on » en serbe ? Il dira « come on » dans un anglais parfait. Djokovic a été invité à Cannes par Denisot ? Il fera 5,3 millions avec Chamou un dimanche après-midi. Djokovic doit gagner la finale ? Il la perdra à sa place.

T’as pas sans Bâle ?

Etre le plus riche de l’histoire du tennis, même si Santoro a fréquenté Borotra, oblige aussi à savoir compter. Le record de McEnroe c’était aussi pour ce vendredi. Pioline, qui n’a décidément pas compris, le félicite chaudement et salue son grand retour, avec les yeux de celui qui le voit déjà favori pour dimanche. « Non, McEnroe n’a pas besoin de me payer une bouteille de champagne. J’ai dit à Novak au filet que c’était déjà spécial ce qu’il venait de faire. Rafa doit être content, lui qui venait de perdre quatre fois de suite contre Novak. » Il y en a pour tout le monde, le public et Chamoulaud sont en transe sans bien comprendre pourquoi l’humilité est plus belle avec un sigle RF calligraphié sur chaque habit.

Pendant ce temps-là, Federer a déclaré forfait à Halle. Le gazon, ça ne l’intéresse plus.

L’Edito : Patrice domine Guez

Le public de la porte d’Auteuil s’est-il vraiment plus régalé en croisant Michaël Youn bituré sur la route de la porte d’Auteuil ?

C’est une nouvelle fois l’écrasante domination du spécialiste tennis du Vestiaire qu’a consacré Roland-Garros. Le seul a avoir dit que Federer était toujours au top il y a deux ans et demi, le seul a avoir affirmé qu’il était fini dès l’année dernière et à ne pas avoir eu de doute sur l’issue de la finale. Un miracle n’arrivant qu’une fois, Djokovic se l’est offert. Federer ne sait plus jouer les moments décisifs, c’est ce qui le plaçait au-dessus des autres. Cette fois, Nadal a souffert et Federer a conclu le match sur un coup droit. Le hawk eye est formel, la balle a bien rebondi avant les bâches.

Mais Roland-Garros a aussi eu de bons moments. Golovin qui attend quinze jours pour dire quelque chose de censé, c’est le signe que Luyat attendait : « Federer, c’est un ego. » C’est pour ça qu’elle le voyait battre Nadal, il y a censé et censé. Le Suisse a raté sa finale, Luyat aussi : la veste cintrée de pianiste était une faute directe, même si en son temps Loth avait parfois honoré ces dames d’une queue de pie bien taillée. Le peignoir jaune d’Escudé, en revanche, ça ne va pas avec tout. Plus tôt le matin, Hanouna avait Pitkowski, c’était plus drôle, même avec Farcy et Duléry, mais c’était sur France 4.

Carré d’Haas

Puisque les fautes directes ont duré jusqu’au bout cette année, autant les citer toutes : les baskets roses de Le Foll à la matinale d’Itélé sont une chose, s’en servir pour annoncer que Stéphane Robert crée la sensation avec ses crema bisous en est une autre. A 31 ans, Robert s’est offert des points à défendre à Roland quand il en aura 32, tout arrive. Lauclair se souviendra-t-il de lui avoir déjà parlé ?

C’est tout le problème des Grand Chelem, les stars côtoient les autres. Brabo, qui n’est ni l’un ni l’autre, fit ainsi l’hagiographie de Veic en dévoilant que le Yougo n’a jamais vu un Espagnol de sa vie. Que Nadal à l’échauffement c’est comme la première fois qu’il est allé au cirque sauf qu’en Serbie il n’y a pas de cirque. C’est typiquement le Yougo qui se chie dessus face à un grand joueur. Il veut bien faire, mais il sait rien faire. Ainsi résumée, l’histoire d’un break volé à Nadal n’en est que plus belle. Dominguez s’en amuserait bien s’il n’avait pas mieux à faire : « Elle a un superbe gabarit la Russe. » Avec un tel panel de spécialistes, le cinéma de Fognini pour éliminer Montanes ne pouvait qu’attirer les moqueries de France Télé au sujet d’une prétendue déchirure musculaire. Le lendemain, il déclara forfait.

Pendant ce temps-là, Chamou marque son territoire. Pas en disant « il avait breaké , il s’est fait debreaker », mais en offrant les DVD des cinq finales à Nadal. A l’antenne bien sûr.

Roland-Garros, Bartoli : Poids et Walter

 

Qui oserait passer un quart d’heure seul dans un ascenseur avec Marion ? Et pourtant, si c’est son père qui vous l’ordonnait, vous préféreriez épargner vos enfants.

Toute l’histoire de la famille Bartoli est résumée  dans cette savoureuse anecdote. Une petite centaine de gifles et un bon millier de poignées de cheveux plus tard, Marion était devenue une grande joueuse. Ne vous risquez pas à critiquer la méthode ou à imaginer que ces charmants boutons d’acnée ont un lien avec, car avouez-le, au fond, vous aimez votre famille. Et oui, les mots peuvent parfois dépasser la pensée, les gestes aussi disait toujours Walter. Après tout, ça peut même rapporter du pognon, à croire que messieurs Pierce, Rezai, Graf ou Gasquet n’aimaient pas que le tennis. Pas de quoi devenir dingue quand même, quoique.

Walter égo

Marion a donc 26 ans et porte à merveille ses 63 kg de vie qui lui donnent un charme fou. Celui du monstre hybride capable de sourire et l’instant d’après d’envoyer son oeil droit à l’arbitre pendant que le gauche compte les points. Réduire Marion à une insupportable fillette sympa qui fout les jetons serait réducteur, car elle sait avant tout jouer au tennis. Fabrice Santoro sait désormais qu’avec un peu de volonté, il aurait pu percer chez les filles. La preuve, non seulement Marion joue des deux mains de chaque côté, mais en plus elle réside à Genève. Une riche idée.

Mais il faut le savoir, Marion pèse beaucoup plus lourd que ce que l’on croit : une finale à Wimbledon quand même et une défaite contre Emilie Loit à Auckland. Difficile d’expliquer si grand écart, surtout qu’elle n’est pas vraiment gymnaste. Mais Marion c’est aussi ça : un mental à toute épreuve, deux coups droit les bons jours et deux revers les mauvais. Dans le doute, elle répète toujours les deux coups face aux bâches entre les points. Quand on s’investit, c’est à fond, donc elle y joint le jeu de jambes et la traversée de balle. Tant pis si ça fait autiste, même mort de peur le spectateur a payé sa place, il restera.

Bloody sundae

Le tennis est une école de tolérance, on peut bien rebondir les jambes écartées avant de servir, faire le crabe qui se balance à droite et à gauche au retour ou attendre le service adverse le nez collé dans le filet. Elle aurait aussi pu se coiffer ou ne pas suer au bout de trois jeux, de toute façon personne ne se moquera jamais d’une 11e mondiale. C’est donc en pleine confiance désormais que Marion joue à Roland, portée par le public et fière de ses coups gagnants.

Quand elle en fait un, elle ne manque jamais de chercher le regard approbateur de papa derrière elle. Elle doit en avoir un dans chaque tribune, puisqu’au tennis on change de demi-terrain tous les deux jeux, sans parler de ceux qu’elles fixent sur les côtés ou au ciel. Quoiqu’il en soit, mieux vaut plusieurs papas, même s’il y a en a un plus violent que les autres qui ressemble à Francis Heaulme, que pas de papa du tout. Quoique.