Lille : Ca sent le BATE

Se qualifier contre Copenhague en tour préliminaire était un soulagement ou un avertissement ?


Il fallait sans doute un peu de temps et de recul pour bien analyser l’entrée en lice des Lillois en Ligue des Champions. Le Vestiaire venait juste de s’abonner à BeIn sport pour l’occasion, mais un problème technique l’a empêché de visionner le match en direct : ça ne servait à rien et Laforge nous emmenait au pays de la Dordogne. Bientôt peut-être à celui du charisme.

Maribor n’était qu’un tour préliminaire, Aarhus c’était de la Coupe de l’UEFA, comme le Maccabi Haifa. Tourner en rond les grands milieux de semaines à la française conduit spontanément à un constat : en se retrouvant mené 3-0 à la mi-temps par la CEI, Lille a hissé le niveau de l’exploit au rang du jamais vu. Passe encore le premier but aussi splendide que le marquage sur un attaquant seul à 25 mètres des buts adverses, passe aussi le but hors-jeu ou l’oubli passager de l’avant-centre en pleine surface sur le troisième. Les soirées de légende c’est bien plus que ces simples accidents qu’un rapide coup d’œil à Lille-PSG aurait pu prévenir. Un tel rendez-vous avec l’histoire, c’est un point d’orgue, c’est Landreau qui plonge des mauvais côtés alors qu’il vient d’être rappelé en équipe de France, c’est avec Mavuba capitaine comme la Fédération le réclame, c’est Hazard qui s’appelle Kalou. C’est aussi le lendemain du triomphe du PSG contre des Ukrainiens alors que la presse n’a pas encore trouvé de raison suffisante pour éviter de qualifier Lille de rival le plus sérieux pour le PSG, alors qu’un rapide coup d’œil sur Troyes-Lille aurait suffi.

Le roi Salomon

Une soirée comme ça, c’est le baromètre d’un club. Michel Seydoux rêve en grand depuis longtemps, mais un stade neuf en plus et une moustache en moins ne le fait pas moins ressembler à Dominique Grimault. Lille n’a donc jamais rien fait de surprenant dans toutes les Coupes d’Europe qu’il a jouées depuis Halilhodzic. Bakari n’est plus là, De Melo oui et la différence ne saute plus aux yeux. Le jeu léché et les récitals offensifs des saisons passées, c’était plutôt Hazard que Rudi Garcia ? Dur à croire, ou alors les mythes s’effondrent les uns après les autres : Nolan Roux ne vaudrait pas 8 millions, Kalou n’aurait jamais été vraiment titulaire à Chelsea, Payet ne serait pas Hazard, Chelsea aurait enfin trouvé un pigeon pour lui épargner le salaire de Kalou, Chedjou n’a jamais vraiment joué à Arsenal et Sturridge avait déjà pris la place de Kalou à Chelsea. Ca ferait quand même beaucoup à avaler pour une seule soirée.

Au fait, c’était pour déconner, il ne fallait pas plus de dix secondes pour analyser un 3-1 collé par des Biélorusses. C’est juste que ça faisait chier d’écrire jeudi dernier.

Ligue 1, Bordeaux : Mouise Mariano

Une victoire 4-0 contre des Belges ne devrait rien vouloir dire. Et pourtant.


Le petit Francis Gillot avait un rêve : entraîner les Girondins de Bordeaux. Cette attaque de papier, peu engageante, n’est pas uniquement le fruit d’un ordre du rédacteur en chef du vestiaire, de ceux qu’on ne conteste pas sans contrepartie sexuelle. Elle correspond aussi à la seule raison valable pour justifier l’impossible rendement d’un effectif qui ne fait plus de différence entre Planus et Henrique. Qui peut se passer de Ciani en cours de mois d’août, et surnommer Diabaté Marouane.

Ce miracle ne servira évidemment pas le football français. Dès qu’un Bordelais sera transféré, il échouera sans se forcer. Gouffran a déjà échoué à Bordeaux après avoir été champion de France avec Bordeaux, il échouerait donc en redevenant champion de France avec Bordeaux. La réalité du cas du buteur bordelais fait honneur au football : en mettant Diabaté à ses côtés, Gillot a fabriqué deux joueurs. A croire que le football à la lilloise existe vraiment, en fait.

Chef de Bruges

Trémoulinas était perdu pour le haut niveau quand Mariano est arrivé. Il suffisait juste de quelques semaines et de défaites contre des promus pour comprendre que ces deux-là étaient les mêmes, avec juste un pied fort de différence, et qu’il fallait leur laisser tout le couloir parce que les autres centreraient moins bien. La défense à cinq était née, et comme l’avenir sourit aux audacieux, il se trouve que Henrique est devenu bien meilleur avec deux défenseurs centraux pas loin de lui. C’est même pire : il est presque bon, et repasser çà quatre ne change rien. Blanc n’y croyait plus, s’il y a déjà cru. La suite est connue : Saivet joue, Sertic joue, Maurice-Belay joue, N’Guémo et Sané se partagent les matches. Et Carrasso s’emmerde jusqu’à perdre sa place en équipe de France parce que si Bordeaux ne perd plus et ne prend plus un but. Si pardon, cinq en neuf matches, mais ce n’est plus uniquement grâce à lui. A part ça, Plasil n’a pas changé, c’est toujours lui le meilleur. Tigana l’avait vite compris mais seul Gillot a pensé à le laisser sur le banc. Allez comprendre. Ben si c’est facile, il faut bien que Marange joue un peu.

Pendant ce temps-là, bientôt le Vestiaire vous expliquera le secret du nouvel OM.

PSG – Kiev : Malaise Blaise

4-1 sans faire défendre Ibra, Menez et Pastore : le Dynamo Kiev a pris date dans cette Ligue des Champions.

La Ligue des Champions a commencé par une triste résurrection : sans Roger Zabel, Canal a exhumé le plateau en public, avec applaudissements à la fin du match. Weah ne marquera pas automatiquement d’une frappe de mule au stade olympique de Munich. Il fallait donc une autre bonne raison à cette mauvaise idée : l’entreprise de léchage de cul est bel et bien en marche. « Grazie Carlo per Ibra », Ianetta a enfin mis à profit ses origines pour autre chose que rivaliser de progestérone mal placée avec Alessandra Bianchi. Ca veut pas dire minauder comme une pute, nuance. Et tant pis pour les résumés des autres matches, elle nous invite à zapper sur Infosport sans prévenir qu’on y écoutera Garretier. La suite sur Canal, c’était Colombiana, pas Belhanda.

Mais le plus bel exploit de la soirée n’était pas signé de la carte de presse de Nath. Il a été l’œuvre du Dynamo Kiev. Avec des défenseurs centraux lents, et ukrainiens par-dessus le marché, le récent deuxième du championnat, ukrainien aussi, a joué tellement haut qu’il a été pris en contre-attaque toute la première mi-temps, en oubliant bien sûr le marquage sur les trois coups de pied arrêtés qui amènent les buts. La coquetterie de l’est sans doute. Le Guen y a vu de la naiveté, ce qui équivaut à une violente colère. A l’extérieur face à Menez il est vrai que l’option était remarquable mais heureusement Pastore était là aussi, il n’y avait donc que trois buts d’écart à la pause. Le temps justement d’écouter Simone s’étonner que Paris laisse la possession à Kiev, mais Simone est-il invité pour raconter autre chose que des grosses conneries qui énervent les autres invités, dussé-je préciser qu’ils sont sélectionneurs d’Oman ?

Qu’a fait San Marco ?

Une mi-temps plus tard on avait tout compris, Paris ne faisait plus rien, Marco Verratti était Ballon d’or talonné de peu par Ibrahimovic qui a attendu près de 65 minutes pour avoir ses premières crampes. Prometteur. Et un but sur penalty de plus pour l’immense Suédois. Le PSG attendait avec impatience de montrer à l’Europe ce qu’il valait avec ses Milanais, alors cette fois on sait deux choses : Milan a fait 0-0 contre Anderlecht donc Ibra et Thiago Silva sont indispensables aux équipes de merde pour atteindre les huitièmes, et le Dynamo Kiev a toutes les chances de souffrir comme il faut à Zagreb. En Ligue des Champions on ne peut pas se cacher bien longtemps. Le PSG n’a pas besoin de se cacher ni de s’étalonner, on savait déjà tout de sa condition. Il est le plus riche des clubs engagés et le moins expérimenté, l’échec se situera donc avant les demies cette année et s’il ne gagne pas dans les trois ans. Non, Gameiro ne sera plus là.

Pendant ce temps-là, Montpellier n’a pas démérité face à Arsenal malgré sa défaite. Ca veut dire quoi démériter alors ?

Ligue 1 : Verts solitaires

Miser tout son pognon sur une victoire de Saint-Etienne est-il aussi suspect que du sang dans les selles d’un amateur de piments malgaches ?


C’est l’histoire d’une ville française pleine de terrils qui possède équipe qui joue plutôt bien et qui elle-même dispose dans ses rangs d’un attaquant gabonais formé au Milan AC et qui aurait donc pu être plutôt bon. « Aurait pu » car il est temps de rétablir la vérité : il n’a fait que passer à Milan durant sa formation et parfois ça se voit. Du coup ça rend l’attaquant en question moins sexy surtout quand on apprend qu’il est aussi le fils de Pierre Aubame et qu’il n’a toujours rien gagné de sérieux avec le Gabon. A part bien sûr ce quart de finale de la CAN perdu contre le Mali. A part ce tir au but raté en plein Gabon, qui en sus avait eu le mauvais goût d’organiser la CAN. Ainsi, l’enfant chéri le devint davantage par son père que par les Gabonais.

Comment expliquer autrement que par le mauvais œil que Simon Pouplin soit devenu ce week-end le meilleur gardien de Ligue 1 alors que personne ne le connaît ? Deux victoires, sept buts marqués : Saint-Etienne restait pourtant sur deux démonstrations. La Ligue 1 condamne-t-elle ses outsiders à rester des équipes sur lesquelles on ne peut pas compter ? Max-Alain Gradel est une partie de la réponse.

Le stade de la déroute de Lorient

Le Stade Rennais en est une autre. Les ambitieux sont comme des amoureux qui louent un château pour se marier: il faut d’abord être bien sûr que les diamants de l’alliance ne viennent pas d’un entrepôt chinois de Belleville. Si c’est le cas, c’est que les défenseurs toulousains ne sont pas prêts à mal prendre les grands ponts d’Ibrahimovic. Lorient avait fait 2-2 au Parc : à ce niveau d’élite, un Gourcuff remontera sur le podium, avec ou sans Tiburce.

Pendant ce temps-là, Elie Baup gagne sans Michel Pavon. Pas mal pour un consultant.

France-Biélorussie : Jamais dire Jallet

En 1991, Papin jouait devant Jean-Philippe Durand. Benzema n’a donc aucune raison de se plaindre.

Pour sa première sélection, il avait séduit et pas que les femmes de ses coéquipiers. Pour la deuxième, il a marqué. La jeune carrière en bleu d’Etienne Capoue prend une belle tournure, un jour on sera même peut-être capable de savoir à quoi il ressemble et pourquoi pas où il joue. Pourtant sa première mi-temps avait beaucoup ressemblé à toutes les mi-temps d’Evra : sans être nul à chier on ne voyait pas ce qu’il foutait là. C’est normal, seul Diaby sait jouer comme Diaby sinon Capoue aurait aussi dû se fracturer un truc comme à chaque sortie du grand Abou. Mais Capoue avait au moins eu le bon goût de la sobriété, plutôt que de tenter les même gri-gri qu’à Niort. D’ailleurs c’est où Niort ?  Son but en début de deuxième mi-temps a fini par le rendre presque plus intéressant qu’un mec qui se bat avec Ben Arfa avant de jamais faire carrière comme Ben Arfa. Comme quoi ils ne sont pas devenus intelligents d’un coup.  Aligné à droite, donc nulle part comme d’habitude, Benzema n’a pas fait moins que d’habitude, ni plus. A force de lui faire fréquenter des Ozil ou des Ribery, sa carrière n’aura rien à envier à celle de Nasri ou de José Cobos. Heureusement dans tout ça Yanga Mbiwa et Sakho sont bien meilleurs que Roche, Desailly et Blanc au même âge et eux quand ils font des conneries ça ne coute pas directement une élimination de la Coupe du monde même si l’oeuvre était collective et qu’il reste pas mal de matchs. D’ailleurs la Biélorussie va bien à Evra il a semblé meilleur que Jallet même si lui sait centrer du tibia.

Giroud de secours

Il y en a un en revanche qui à ce rythme vivra bientôt une saison dans la peau de Marouane Chamakh même si au bout d’un quart d’heure une émeute causant l’annulation de la rencontre lui aurait permis de s’imposer comme l’homme du jour. A moins que le championnat anglais ne fabrique que des diesels puisque Cabaye semble avoir un jour joué à Lille. Mavuba qui joue à Lille a fait ce qu’il a pu et comme c’est le meilleur depuis au moins 5 ans on ne va pas lui en demander plus.

La légende OL : Le conte de Bouderbala

Qui peut se vanter d’avoir un jour joué en même temps avec Gilles Rousset, Rémi Garde et Anselmini ? Mieux, qui peut se vanter d’avoir disputé une Coupe d’Europe avec eux et il y avait même Ben Mabrouck. Nous sommes le 23 octobre 1991, les seizièmes de finale de la Coupe de l’UEFA découvrent un entraîneur moustachu assez performant : 18ème en D1, sorti du premier tour de Coupe de France par Istres, c’est sans crainte que Trabzonspor quatrième du championnat turc visite Gerland. Bouderbala met un des trois buts de Lyon. Les Turcs marquent les quatre autres. Au retour, Bouderbala ne marque pas le sien, les Turcs les quatre autres. Rousset était la doublure de Martini en équipe de France. Dans 6 ans elle sera championne du monde.

Ligue 1 : Le Policier était ripoux

C’est la dernière journée des transferts, raison de plus pour ne donner aucune info.


Le Tallec à Valenciennes, Diaz à Nice, Corgnet à Lorient, Mvuemba à Lyon : la dernière journée du mercato c’est comme le premier jour d’école, on bourre le cartable et on en laisse la moitié dans le casier, quand on ne l’échange pas contre des pogs dans la cour. L’essentiel c’est d’être choisi assez vite quand on fait les équipes en sport, avant les filles en tout cas.

En parlant de ça, Gourcuff est toujours là. Mais Cris est parti avec l’envie de rester et Bastos est resté avec l’envie de partir. C’est quand même mieux dans ce sens-là. En parlant des stars, Kalou a perdu, ce qui fait penser qu’Ibra est toujours ce bel étalon. Pas du genre à crâner crinière au vent pour un vulgaire doublé contre Landreau, il y en aura d’autres, plutôt du genre à donner la valeur de l’équipe en face.

Marvin et les chipmunks

La prolongation contre Copenhague était déjà suspecte, mais cette fois on en sait vraiment plus sur Lille : quand on met Martin à côté d’Ibrahimovic torse nu à la fin du match, il ressemble pas du tout, mais alors pas du tout, à Hazard. Pas grave, ils ont centré vingt-quatre fois, le collectif est toujours plus fort que les individualités. La preuve, Gignac va être rappelé en équipe de France. Qui pouvait suspecter Baup de réussir un coup pareil ? Du calme quand même : Lorient, Bordeaux, Toulouse, Valenciennes, tout le monde ne pourra pas être champion, même si Ancelotti y met toute sa bonne volonté.

Pendant ce temps-là, Bastia a pris une branlée à domicile : le championnat serait-il plus relevé qu’on ne le croit ?

Ligue des Champions : Mister George et Mister Jorge

Le PSG parviendra-t-il à faire aussi bien que Manchester City l’an dernier ?

Rien à faire, l’histoire du PSG en Ligue des Champions est écrite à l’avance. Le tirage au sort n’avait que peu d’intérêt : que ce soit Lorient, Ajaccio, Zagreb ou Kiev, la solution et le problème seront les mêmes, qu’ils aient un catogan ou une queue de raton laveur à la place des cheveux.

Mais que le PSG pose plus de problèmes aux défenses adverses ou à la sienne ne changera pas grand-chose aux mardis et mercredis douloureux qui s’annoncent. A côté, du char à voile pourrait même être une expérience sympa. L’avenir parisien se devine comme une interview de Ménez à Téléfoot : Paris aura quelques occasions, lui et Ibrahimovitch pourraient même être dangereux et puis à un moment Paris n’aura plus le ballon parce que la Ligue des Champions reste la Ligue des Champions. Ce qui n’interdit pas au vainqueur de l’Europa League d’en coller quatre à celui de la Ligue des champions pendant la rédaction du bouche trou du week-end.

Léo la grange

Téléfoot, donc. Et surtout « Il faut que le rouleau compresseur prenne. Au bout d’un mois avec Ancelotti, on avait trouvé un rouleau compresseur. » Peu importe ce que ça veut vraiment dire, c’est la parole du vice-capitaine. Quant au capitaine, c’est Jallet, il a dit que « cela aurait pu être plus compliqué car de gros poissons étaient en lice ». Dégoulinant d’ambition et d’arrogance comme un Qatari né à Lorient. Suffisant pour l’imaginer brandir le trophée en fin de saison, porté en triomphe par Ibra et Thiago Silva, trop heureux d’avoir enfin franchi les quarts. Mais on ne parle déjà plus de Ligue des Champions.

Pendant ce temps-là, Montpellier a hérité du groupe le plus faible et Lille aurait une vraie raison de se faire éliminer si Rami ne jouait pas à Valence. Ce serait vraiment dommage de se priver d’être à deux en huitièmes de finale.

La Ligue 1 d’improvisation : Le Leal de Madrid

Cette semaine, le PSG tient en échec Bordeaux. Ca commence à ressembler à quelque chose.


Les mauvais pronostiqueurs en sont pour leur frais. Une 3e journée de Ligue 1, c’est comme un mariage en Vendée : on a beau avoir tout préparé soi-même, le meilleur vient des autres et parfois même la sœur du marié devient la reine du bal. Mais laquelle ?

En revanche, la reine du bal n’est plus cette jeune Argentine effarouchée qui erre la nuit dans Paris à la recherche d’un maillot de Palerme. Chaque semaine apporte son lot d’informations sur cette étrange équipe qui se cherche un nouveau Cardetti, mais plus cher et pourquoi pas suspendu. Et Menez vient juste de promettre de se calmer, sans passer par son avocat pour cette fois. Nênê a vraiment bien fait de rester, d’ailleurs Armand joue. Si ça tourne vraiment mal, Hugo Leal trouvera bien un moyen de restaurer son contrat.

Mais dans un mariage, c’est toujours la famille qui paie qui choisit, qui dit quand s’asseoir et la fermer, quand danser et qui peut danser avec grand-mère, voire en tomber amoureux. Et parfois, sans explication, l’alchimie se fait : le jeu de la chaise musicale n’emmerde que la moitié des participants et les gens aiment ça.

Pour éviter ce genre de mésaventure, les Qataris ont tout pris en charge : ils font les équipes, ils diffusent les matches dans toutes les compétitions et se permettent même de finir par tout confondre avec le handball. Mais un mariage sans danser la carioca n’est pas vraiment un mariage, surtout si le foie gras n’est pas celui qu’on espérait. C’est le drame de Lille : un grand stade, un joueur de Chelsea contre un joueur de Chelsea et on se prend à rêver du scalp du grand Copenhague. Mais si le beau-frère moche se tape la moins belle-sœur, il y a une raison : le piercing sur l’arcade ça va pas à tout le monde. Avec Hazard, le CSKA Moscou et Trabzonspor c’était déjà très costaud. Attention aussi à Saint-Etienne et Rennes, qui se remettent à battre les promus. Oui, la vanne c’est pour Brest.

La nuit des Giroud

Mais pas de panique, on est toujours le Sochaux d’un autre. Par exemple, le Montpellier de cette année est celui du Montpellier de l’an dernier. Si Wenger n’était pas un mage et que Canal ne retransmettait plus les matches de Sunderland et Stoke, on pourrait croire que Giroud est vraiment le chaînon manquant face au but et que Belhanda est orphelin de sa tête. Et Chamakh, il est orphelin de quelle partie de Gourcuff ? Heureusement, le football est bien plus simple à comprendre : quand l’OM caracole en tête, c’est que la Ligue des Champions arrive bien trop tôt.

Pendant ce temps-là, on a deux nouveaux invités : Malbranque à Lyon et Valenciennes sur le podium. Tant que Gignac ne marque pas, ça va.

Barça-Real : Canal plouf

Ozil a été mauvais, Iniesta et Xavi ont été les meilleurs et Pepe n’est pas qu’une brute puisque quand il est là Albiol ne l’est pas. La Liga 2011-2012 peut redémarrer mais pas sur Canal, qui n’a pas viré que Delarue.


Le Real s’en sort bien. Comme d’habitude, Lequipe.fr n’y va pas par quatre chemins. Sans doute la balle de 4-1, ou peut-être la terrible analyse de Marc Keller qui passait sur le plateau de Canal sur une action de Sanchez. Keller n’est pas le seul responsable quand il exprime que « le score est flatteur pour le Real » puis « quel programme ! » quand Thouroude annonce les daubes de Ligue 1 du week-end suivant. Deux heures trente à écouter Jobard et Carrière pour finir par buter sur deux questions. La première : pourquoi ce sont eux qui commentent puisque Margotton n’est pas en vacances ? La seconde : Jobard parlait-il d’accorder un penalty au Real pour une faute de Di Maria sur Valdes juste parce que Carrière a vu une faute qui n’existe pas ?

Ni gros ni Bard

La réponse n’allait pas être longue à venir : la vraie nouveauté de la rentrée de Canal n’est pas le match de Ligue 1 de 17h le samedi, qui s’en vanterait, mais le générique de fin de direct. Une musique pour les enfants de 2 ans et 7 mois et demi, qui redonne intérêt à l’équipe de France sur TF1. Il ne manquerait plus que Ianetta retente sa chance sur une matinale pour qu’Astrid Bard arrive aux Spécimens.

Pendant ce temps-là, donc, le Real ne s’est est pas bien sorti puisqu’il a mené 1-0 trente secondes alors que le Barça était aussi dangereux que le dernier Barça de Guardiola. Et Benzema a pris une année sabbatique, sinon pourquoi Higuain marquerait le but du 1-2 contre Getafe ?

Mutu: La retraite par capitalisation

retraite

Le championnat de Ligue 1, ancienne Division 1, est souvent confondu par les plus grands joueurs avec un sanatorium. Il y a ceux qui décident brusquement de stopper leur carrière, ceux qui ont fini depuis un moment et ceux qui viennent simplement perdre quelques années. Allez savoir pourquoi, ça tombe souvent sur le PSG. Voici l’équipe-type des phases terminales de ces vingt dernières années.

Bodart. Lorsqu’il arrive à Bordeaux en 1996, il n’a que 34 ans. Il n’est jamais trop tard pour débuter une carrière.

Menzo. Lorsqu’il arrive à Bordeaux en 1997, sa carrière n’est pas finie. Elle ne commencera jamais.

Mondragon. Metz lui avait offert un passeport pour l’avenir. Rien n’est encore fini.

Chilavert. Le meilleur gardien du monde était Paraguayen. Le plus mauvais était Strasbourgeois.

Kopke. Lorsqu’il arrive à Marseille en 1996, il est surnommé meilleur gardien du monde. Ce n’est pas un oxymore, ça va le devenir. L’OM, à l’époque, ça ne vaut rien. Deux ans plus tard, Kopke, ça ne vaudra plus grand-chose.

Barthez. Pas prolongé à Marseille, il n’écoute pourtant que son courage et signe à Nantes. Ducourtioux est à Sedan. L’amour du jeu.

Dutruel. Sans trop savoir comment, son CV affiche FC Barcelone. Ça n’a pas vraiment servi sa carrière internationale, mais il a obtenu un contrat de deux ans à Strasbourg pour fêter ses 31 ans. Blessé un an et demi, il s’arrêtera là.

Lizarazu. A son arrivée à Marseille, en 2004, Liza n’a fait que quatre saisons de trop et un Euro loin d’être pathétique si on le compare à celui de Desailly. L’OM méritait-il un tel respect ? Le Bayern sans aucun doute.

Heinze. Incontournable au PSG entre 2001 et 2004, il veut jouer arrière central, mais Pochettino est là. Ensuite, Manchester et le Real. Finalement, il veut bien jouer latéral gauche, mais Evra et Ramos sont là. A 31 ans et toujours 1,78m, il devient enfin défenseur central à Marseille. Pourtant, Diawara et M’Bia sont là. Tant pis, il jouera arrière gauche.

Makelele : Pas très bon en début de carrière, le meilleur à la fin, le PSG découvre la suite.

Dhorasoo : Un an à Milan finit presque par en faire une star, il est sélectionné chez les Bleus, évidemment par Domenech. Retour à Paris pour une saison de merde, il fait la Coupe du Monde quand même, évidemment c’est Domenech.

Jugovic : Il signe en même temps que Deschamps à Monaco, en 2001. Les deux ont les cheveux gris, l’un est entraîneur, pas l’autre.

Hugo Leal : Le phénomène. Il signe au PSG à 20 ans, et se trouve tellement bien payé à rien foutre qu’au bout de 3 ans c’est déjà la retraite.

Rai : A son arrivée au PSG en 93, c’est une star au Brésil, incontournable titulaire. En 94, le Brésil finit champion du monde, Rai finit sur le banc. Mais Rai finit star au PSG. C’est pas mal ?

Burruchaga : A son arrivée nantaise en 1985, Burruchaga a 23 ans, qui peut le soupçonner d’avoir voulu mettre fin à sa carrière ? En revanche son passage à Valenciennes à 30 ans est beaucoup plus suspect, ses 6 mois de prison avec sursis à peine moins.

Denilson : Lorsqu’il arrive à Bordeaux en 2005, Denilson est considéré comme un gros nul depuis 7 ans, mais on se dit qu’il doit bien savoir faire quelque chose quand même. Quand il repart en 2006, il est considéré comme un gros nul qui ne sait pas faire grand chose quand même.

Savio : Au Real, on ne savait pas vraiment ce qu’il valait mais on avait une petite idée. Son transfert à Bordeaux en a dit beaucoup, sa saison encore plus. Qu’en pense Saragosse ?

Micoud : Un maître chanteur. Quatre bonnes saisons à Bordeaux, et le chantage affectif : il se fait aduler en Allemagne et cache qu’il a 33 ans pour mieux revenir en Gironde. Deux ans plus tard, à la fin de son contrat, l’empathie a disparu.

Ronaldinho : Quand il arrive au PSG, il ne lui reste que deux bonnes saisons à jouer, il les fera à Barcelone. Le nouveau Ronaldo se propose alors de devenir le nouveau Raï, il se rétracte un temps avant de devenir le nouveau Leonardo.

Leonardo : A son arrivée au PSG en 1996, il se souvient qu’il était titulaire au début de la Coupe du monde victorieuse du Brésil. Il jouait arrière droit. Redevenu milieu, il fait un bon match sur les 9 années suivantes, face à Bucarest.

Okocha : A son arrivée au PSG en 1998, Okocha est une star au Nigéria. A son départ en 2002, il signe à Bolton.

Gallardo : Au Parc des Princes en 2007, tout le monde se souvient qu’il a joué à Monaco, sans y faire grand chose. Paul Le Guen va finir par l’oublier, Ortega aussi. Hugo Leal s’est trouvé un successeur.

Letchkov : Il rejoint l’OM en 96, le Mondial était en 94. Deux ans, ça compte chez les chauves.

Völler. A son arrivée marseillaise en 1992, Rudi a 32 ans et toutes les chances d’en finir. Un brin malchanceux, il fait une grosse saison et gagne même la C1. Coup de chance, il rentre dans le rang l’année suivante (six buts).

Klinsmann. De la même invasion que son compère Rudi en 1992, Jurgen est censé en avoir déjà fini. Décidément très incorrect, il fait le même coup que Völler et relance carrément sa carrière.

Raducioiu. A son arrivée sur le sol américain en 1994, Raducioiu a 24 ans et vit dans l’ombre vampirique de George Hagi. Il plantera quatre buts. A son arrivée sur le sol monégasque en 2000, il a 30 ans et vit dans l’ombre de lui-même. Il jouera douze matchs en deux saisons.

Wolfarth. A son arrivée à Saint-Etienne en 1993, Wolfarth a 30 ans. Il se souvient de ses débuts à Duisbourg, en 1981, et de ses cinq titres bavarois. Lorsqu’il quitte Goeffroy-Guichard, en 1994, personne ne se souvient de lui.

Ravanelli. Juve-Middlesbrough-OM, en général ça cache quelque chose. Lazio-Derby County-Dundee-Perouse en l’occurrence.

Anderson. Après 1.000 belles saisons dans divers clubs de France et de Navarre, il se fait installer une tente dans les tribunes du Camp Nou en 1997. Les piquets sont vétustes, Aulas lui offre un toit l’année suivante. Curieusement, en France, il a le niveau, mais allez savoir pourquoi, il a sept sélections chez les Auriverde, Ronaldo 97.

Elber. Au Bayern c’était un avant-centre moyen dans un championnat faible. A Lyon, toujours très inspiré, c’est un avant centre faible dans un championnat moyen. Aulas s’en rendra compte plus vite que pour Fred, mais moins vite que les sélectionneurs brésiliens (quinze matches).

Simone. A son arrivée au PSG en 1997, il est un remplaçant moyen, mais au Milan AC depuis huit ans, au poste de Van Basten, Papin et Weah. Il sera un consultant star qui parle pas très bien français sur L’Equipe TV puis sur Canal.

Kluivert. A son arrivée à Lille en 2007, Kluivert n’est pas le grand-père du joueur qui donna la C1 à l’Ajax en 1995. C’est le même, mais avec un passage à Newcastle en plus.

Vieri. A son arrivée à Monaco en janvier 2006, il ne fait plus Bobo. Neuf matches et quatre buts plus tard, c’est la rédemption, l’Atalanta sautera sur l’occasion.

Morientes. A son arrivée à Monaco en 2003, il est indésirable au Real. Il revient en grâce au Real en 2004 : treize matches.

Saviola. A Monaco en 2004, il est le successeur de Morientes. A son départ, il est celui de Nonda.

Koller. Dès son arrivée à Monaco en 2006, on se demande ce qu’il va foutre dans ce classement. Sparta Prague, Lokeren, Anderlecht, Dortmund, il n’a pas bougé : toujours 2,02m.

Moldovan. La métamorphose de Nantes ne lui vaut non pas un, mais deux passages. Il est champion de France au premier, pas au second. Pourtant, Yapi-Yapo se souvient d’un grand professionnel venu du Servette Genève.

Mutu. C’était ni Hagi, ni Raducioiu et il n’a pas vraiment marqué l’histoire du football roumain. Pourtant on connait son nom. Ça suffisait sans doute pour venir prendre un peu de pognon corse. Mais ça suffisait pas pour autre chose.

Weah. Furtif marseillais lors de la saison 2000-2001, il se rend trop vite compte que les fonds d’investissement du Golfe valent déjà plus cher. Dommage, il en était presque à autant de buts que de kilos en trop.

Girondins : Beugle Bordeaux

Qui se moque encore de Gouffran ?

La saison dernière, Bordeaux n’était pas simple à encourager même quand on a vu son père embrasser un transistor le 28 avril 90 quand Pieter Den Boer se décidait à ouvrir le score à la Beaujoire puis à enfoncer l’antenne là où ce n’est pas prévu quand Christophe Robert marquait le deuxième but nantais vingt minutes plus tard.

En revanche, les Girondins ont été simples à suivre depuis le départ de Blanc : ça tient la route dans les gros matches, ça chie à domicile contre les petits. Ca a duré une bonne saison et Tigana n’y a pas résisté. Et puis la mue s’est enclenchée, sans que personne ne le voit vraiment et c’est normal : qui regarderait un Saint-Etienne-Bordeaux début janvier ? Sauf que c’est toujours à Saint-Etienne que Bordeaux se rend en Coupe et se fait éliminer. Métamorphosé comme un Gourcuff en soirée à talons, Bordeaux s’est mis à se faire torcher à Lyon, à Toulouse, à Saint-Etienne, à Nice, partout en fait. Carrasso ne voulait plus sauver Ciani, on a reparlé d’un retour à Lorient et l’impensable s’est produit : en 2012 Chaban est devenu une citadelle imprenable pour les relégables à part Nice, puis pour tous. Gillot n’en croyait pas ses yeux : pendant que Blanc croyait pouvoir apprendre à Menez et Ben Arfa à se servir d’un couteau juste pour couper la viande, il venait de réussir à changer Bordeaux.

Gillot pèterait

Le problème aujourd’hui n’est plus de choisir entre Saivet et Ben Khalfallah, entre Sané et Ciani ou de trancher si Planus est un bon joueur ou le parrain du vestiaire. Son vrai souci est que Bordeaux, avec rigoureusement les mêmes nuls depuis deux ans, a perdu quatre matches sur vingt-quatre, a marqué 41 buts. Ca fait huit victoires d’affilée à cheval sur deux saisons, dont six pour finir la dernière saison mais c’était juste parce que c’était indispensable pour se qualifier en Coupe d’Europe.

Pendant ce temps-là, Maxime Poundje pointe le bout de son nez quand Maurice-Belay est fatigué. Le début de l’arrogance ?

La Ligue 1 d’improvisation : Les Raymonds du jeu

Toute la saison, le Vestiaire vous relatera la belle domination du PSG, le manque de Hazard et bien sûr le grand retour de Gourcuff et Gignac. Autant commencer par ça.


Domenech avait vu juste, mais trois ans trop tôt. Il fallait juste attendre que la Ligue 1 soit survolée par le 4e et le 9e de la saison précédente pour le comprendre.

Il y a vingt ans, tout était plus simple. La L1 s’appelait D1, Formule foot c’était soit avec Jeanpierre soit avec Mathoux. On se doutait que Toulon vivait ses dernières heures, avant même l’avènement du Martigues de Maurice Bouquet. Et surtout le champion était vraiment connu à l’avance, et ce n’était ni le PSG de Weah ni le Monaco de Klinsmann. Bietry aimait avoir son mot à dire mais Gilardi corrigeait toujours.

Voilà effectivement quelques bonnes raisons de ne pas s’abonner à Be In sport, mais ce n’est pas la seule. La deuxième journée du championnat en est une autre : la France du foot pleure Gourcuff, son enfant terrible, moulé dans une turbulette bleue-rose. Jamais il n’avait été si influent à Lyon : après son but, Lyon a gagné à Rennes, après sa sortie, Lyon en a mis quatre à Troyes, ce qui est un jeu de mot aussi pourri que Menez aime les gros Nênê. Et pourtant, Lavezzi fait tout pour. 27 ans, 31 millions d’euros et un CV long comme Estudiantes, Genoa, San Lorenzo et Naples : il y a quelque chose qui ne colle pas, est-ce son acclimatation ou ses 18 sélections ?

Dédé sans Dédé

Mais rien n’est jamais perdu quand on est attaquant. C’est la saison de la revanche, qu’on soit Modeste ou pas. Gignac ne l’était pas, il l’est devenu et ça finit par lui sourire justement l’année où il retourne à Toulouse. Alors où est la vérité ? Dans un match de Ligue des Champions sans doute mais patience, on reparlera d’Ibra plus tard, pour l’instant il est blessé. Ouf, ce n’est que PSG-Bordeaux. Pas de pression : Pastore aura d’autres occasions de copier Obraniak, il a signé jusqu’en 2015 avec Al Jazeera. A bien observer son dribble de la 88e minute qui l’a emmené directement au poteau de corner ajaccien, il doit même y avoir une clause de non sollicitation. La deuxième journée est un peu tôt pour y répondre, mais quelle est l’expression correcte : il n’y a pas de mauvaise équipe mais des mauvais joueurs, il n’y a pas de mauvais joueurs mais une mauvaise équipe ou il y a des mauvaises équipes avec de mauvais joueurs ? En attendant, le Vestiaire fait comme l’ensemble de ses confrères : il attend le retour de Thiago Silva pour juger. C’est logique.

Pendant ce temps-là, Bastia est lancé sur la voie royale. A force d’avoir la meilleure équipe de National puis la meilleure équipe de Ligue 2, on n’est pas loin d’avoir la meilleure équipe de Ligue 1.

France-Uruguay: Demain ne meurt Jallet

Le Vestiaire n’avait jamais écrit un compte-rendu de match amical d’août. Jamais.

Les cannettes de Red Bull étaient indispensables. Rentrer du Havre après un France-Uruguay ne prend que trois heures. Entre les textos au volant, le CD d’Offspring et quelques biscuits ça peut passer vite. Mais il vient inévitablement le moment où il faut repenser au match et en tirer une conclusion, sans rien attendre du Soleil levant. Ribéry a toujours tiré quelques chose de tout et ça ne l’a pas empêché de rester marié. Il y avait donc une vérité même inavouable à ce France-Uruguay.

La première, c’est que Didier s’appelle Didier et que c’est moins classe que Laurent. Alors le public a sifflé, rien à foutre si l’équipe a joué comme celle de Lolo. Ce n’était pourtant qu’un 0-0 assez classique, avec Benzema et Ribéry qui s’enferment sur le côté gauche du terrain, Evra qui vient pour la 43e fois faire croire qu’il a la qualité technique pour jouer avec eux en une touche. Cela dit, à la fin ça fait toujours touche. Rendez-vous à la 44e.

Mais ce n’est pas pour les tauliers que le public havrais s’était déplacé. C’était pour toutes les stars qu’on ne voit que sur Be In sport : Jallet, Capoue, Mavuba, Sakho, Yanga Mbiwa et bien sûr Gonalons. Au moins la moitié d’entre eux joueront la prochaine Ligue des Champions, peut-être même sur le banc. On a vu de belles choses : Gonalons a évité de frapper de trente mètres, sans doute pour ne pas finir comme Toulalan. Ca tombe bien Deschamps n’avait pas vraiment envie de retenir son prénom. Aucun Maxime n’a joué au foot depuis Séville 82.

Capoue cabana

Non content d’être le frère du futur mari de la femme de Doucouré, ce qui ne fait pas de lui l’amant de Boccolini, Capoue est entré dans la partie en faisant des roulettes, en mettant des coups d’épaule puis un tacle à la gorge. On n’a pas pu empêcher la tribune de presse de penser qu’il avait marqué des points. Quel culot, quel talent, pourquoi a-t-on attendu qu’il ait 24 ans et 141 matches de Ligue 1 pour l’appeler ? Il fait quand même des roulettes. Mavuba, lui, a déçu les observateurs. Dommage qu’il ait été le meilleur, on risque de le revoir.

Devant l’embarras de son choix, Deschamps a pu se faire confirmer qu’il ne gagnera rien. Il a quand même tapé dans la main de chaque joueur, il le faisait aussi à Boghossian une fois de temps en temps. Il n’a plus qu’une mission : tenir bon si jamais Menez, Nasri et Ben Arfa lui paraissent meilleurs.

Pendant ce temps-là, le requin coule des jours heureux : l’association Giroud-Benzema c’est de la merde puisque Benzema ne l’a toujours pas demandée.

France-Uruguay : Didier t’es chiant

Domenech voulait perdre, Blanc savait qu’il gagnerait, Deschamps sait qu’il ne gagnera rien.

Dans sa vie, il a tout connu : Desailly avant la puberté, la finale de Coupe d’Europe avec Marseille, la finale de Coupe d’Europe sans Marseille, un titre mondial partagé avec le jeune Vieira avant un titre européen pour faire chier le jeune Vieira. Mais ce n’est pas ce qui lui sert le plus aujourd’hui alors qu’on lui demande de donner des leçons. Pleurer contre des Bulgares a été sa meilleure idée de reconversion. Blanc, lui, n’avait taclé que pour la forme et quand même avec l’élégance d’un Président : ça ne pouvait pas suffire à faire lire un Club des cinq aux 87.

Deschamps n’avait pas vraiment besoin du poste, il a d’ailleurs tout tenté pour le refuser. Mais il est des opportunités qu’on ne peut refuser : une équipe qui a déjà donné toutes les garanties qu’elle n’aura pas le niveau en 2014, les rumeurs Le Guen et surtout Wenger, il y avait trop de belles choses à vivre en acceptant. Le prestige de la fonction et le pognon ont fait le reste. C’est un vieux réflexe : quand la contre attaque adverse menace d’aller au bout, faire une faute vicieuse est trop tentant. Deschamps doit conduire les Bleus au Brésil et il part de France-Espagne d’il y a un mois avec Réveillère et Debuchy. Blanc avait au moins l’avantage d’avoir des bannis longue durée.

Deschamps pas coton

Il est déjà question du projet de jeu : « Les joueurs n’ont plus droit au téléphone et les amendes seront plus fortes. » Pas de casques sur les oreilles à la descente du bus non plus : avec ça, Rami va comprendre comment ne pas se faire prendre de vitesse par un Schevtchenko. Ah non il est à la retraite. Déjà sur le terrain, Deschamps savait ce qu’on attendait de lui. Et puis il a toujours su parler aux petits cons. Blanc les méprisait mais il ne méprisait pas assez Gasset puisqu’il pensait que tous les deux ils allaient les changer. Deschamps n’essaie même pas et les laisse finir 10e de Ligue 1. Chacun sa méthode, mais c’est Deschamps qui a toujours eu le brassard. « Mes principes tiennent en trois mots : respect, humilité et plaisir. » N’importe quelle connerie qui fait plaisir à tout le monde et qui lui est venue sur le moment, donc. Et bien sûr : « Le talent n’a pas d’âge », ce qui veut dire que le manque de talent non plus. Tout est dit, Deschamps ne s’embarrasse à mentir que quand c’est tactiquement utile : il préfère jouer avec des nuls sympas qu’avec des bons de 25 ans dont l’avocat regrette l’erreur de jeunesse.

Paris-SG : Ibra bien qui rira le dernier

Paris sans Ibrahimovic a tenu en échec le champion d’Europe Chelsea, avec c’était le DC United. Le rendez-vous est pris.


Nicolas Douchez se doutait-il du fabuleux avenir qui l’attendait en signant, il y a un an ? Être gardien du PSG aurait été déjà très bien, mais doublure du PSG c’est encore mieux. Avec un peu plus de chance, son entraîneur aura même retenu les conseils de René Girard et il sera bientôt champion de France.

Folle ambition, sans doute. Mais si les pétroliers parisiens n’ont que trop patienté, ils savent déjà comment s’y prendre. Il n’y a que deux manières de réussir dans le foot : avoir plein de pognon et tout filer à Beckham, ou à défaut avoir plein de pognon et tout filer à Ibrahimovic. Dans les deux cas, on organise ensuite une conférence de presse au Trocadéro, on floque des maillots et on évite soigneusement de parler des résultats de Milan et de l’équipe nationale de Suède ces dernières années. Il faut mettre à l’aise les nouveaux, même le remplaçant d’Hoarau aura son importance. Manchester City a méthodiquement procédé ainsi, avant de frôler la qualification en huitièmes de C1 la saison dernière.

Calcio impoli

Ibra est-il si différent d’Okocha ou Anelka ? Ca doit bien être le cas, sinon L’Equipe nous vendrait de la merde non stop depuis deux semaines. Avant de venir, le magicien aux deux demi-finales de C1 – la même année et titulaire – jouait dans un club présenté comme grand dans les manuels, c’est un premier point. Et surtout, il sera soutenu par Verratti, Pastore et tout le gang des meilleurs milieux de terrain du Calcio. L’équipe-type parisienne en devient effrayante : Lavezzi, Pastore, Menez, les futurs créateurs du jeu parisien ont porté leurs clubs jusqu’à tellement de tours préliminaires de C1 et d’Europa League que ça donne le vertige. L’Olympiakos risque de souffrir.

Derrière les génies, il y a Momo Sissoko et surtout Thiago Motta, ce stratège venu de l’Inter. Son parcours est un mode d’emploi de futur champion d’Europe. Formé à Barcelone, il l’a quitté pour mieux se révéler à l’Atletico, ou peut-être au Genoa, avant l’Inter. International espoirs brésilien, il a fini à force de ténacité par s’imposer dans la Seleçao italienne au point d’être, et de loin, le meilleur des remplaçants italiens à l’Euro.

A la pas Pyrrhus

Quand on veut gagner la Ligue des Champions et qu’on est le seul à avoir assez de blé pour sauver les trois quarts des clubs européens de la faillite, on prend les meilleurs ou ceux qui l’ont déjà gagnée, voire les deux. Messi n’était pas libre, Ronaldo est insupportable, Ozil, Sneijder, Xavi, Iniesta, Rooney, Robben, Ribéry, Gomez, Xabi Alonso, Benzema, Carrick, Tevez, Pirlo, Hazard, Gotze, Schweinsteiger, Giroud ou Belhanda ont encore tant de choses à prouver.

Il restait donc Ibra et Motta, qui lui l’a gagnée. La demi-finale aller car ensuite il s’était fait expulser au bout de 28 minutes.

Mais pourquoi donc Ancelotti veut-il à ce point garder Chantôme ?

Lyon : Jimmy kiffe

Que retenir d’un match où Briand marque le tir au but victorieux ?


Ca faisait beaucoup, mais certains quotidiens en ont quand même fait leur tête de page. C’était il y a deux semaines déjà, coincé entre France-Corée du Nord féminin, France-Brésil féminin et des nains pourchassés par un bodybuildé à bonne mine dans une forteresse charentaise, Montpellier-Lyon avait aussi peu de chances d’intéresser le public ici qu’à New York. Et pourtant, on avait pu apprendre des choses d’un match qui n’apprend rien. La première des choses à retenir étant évidemment que si le match amical du PSG avait eu lieu à la même heure, Thiriez aurait pris un billet pour Washington. Il finira par parler l’arabe avant la fin de l’été.

Une image et Corgnet

Mais puisqu’il faut revenir au foot, et que Montpellier n’avait pas tellement envie de jouer, il convient de s’attarder sur Lyon qui a choisi de miser sur la continuité d’une belle saison. Investir c’est bien, prolonger Garde et virer les gros salaires c’est mieux. En attendant Corgnet, son équipe type ressemble donc étrangement à l’équipe qui a remporté la coupe de France l’an dernier. Lyon a gagné aux tirs au but, Briand a marqué un but et le tir au but vainqueur, ce qui fait de lui l’homme du match. Première indication. Deuxième : c’est Gourcuff qui a reçu le trophée de MVP. Revendu d’occasion, il pourra rembourser une partie des dettes. Le trophée ou Gourcuff ?

Gourcuff a donc été le meilleur, sans doute cette ouverture pour Briand ou cette passe en retrait pour Fofana après un passement de jambe qui ne l’a pas obligé à marcher sur le ballon : la deuxième mi-temps ne ressemble pas toujours à la première. Et la troisième saison ne ressemble pas aux deux premières, sinon ça voudrait dire que Lyon va encaisser pas mal de buts, revenir parfois, être privé de Lisandro deux mois sur cinq et prendre quelques branlées à l’extérieur pour finir au pied du podium, en gros entre la 6e et la 13e place. En tout cas les chanceux commentateurs de Canal qui n’ont pas eu droit à des vacances fin juillet ont été séduits par la fin de match, tout à l’avantage de l’ogre lyonnais. Un grand Bravo. Nassim Benzia est déjà le nouveau Benzema, Gourcuff est très en jambes, Cris est vraiment solide. On l’a déjà entendu, mais quelles années ?

Pendant ce temps-là, pour sa première Ibra marque au bout de deux minutes. Ca fait froid dans le dos. PSG-DC United : 1-1.

PSG, Ibrahimovic (5/5) : Ibra ballant

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Avec l’année 2009 arrive la première demi-finale du magicien. Au match aller, Zlatan retrouve Giuseppe Meazza, l’un des nombreux stades où il n’a jamais rien foutu en Ligue des Champions.

L’Inter n’est donc pas surpris par la nullité du géant suédois, le Barça un peu plus. Pedro s’en rend compte assez tôt et décide de faire le job d’Ibra : 0-1. Zlatan est en verve, à la 62ème minute, l’Inter mène 3-1 et c’est Abidal convalescent qui rentre faire le job d’Ibra à la place d’Ibra. Presque du poste pour poste mais au moins si Barcelone ne marque plus, l’Inter non plus. Au retour, Ibrahimovic se doit de justifier son scandaleux transfert, il ne faut pas lui dire deux fois  : Piqué ouvre le score à la 84ème minute. Et ce n’est plus à la 62ème mais la 63ème que Guardiola a remplacé Ibra par Bojan. Abidal était déjà sur le terrain. 4 buts en 761 minutes de Ligue des Champions 2010, le Milan AC en a rêvé, Ibra l’a fait : en 2011, il met ses quatre réalisations en seulement 652 minutes, dont celles réservées à Tottenham en huitièmes : Les Anglais n’y répondront qu’une fois, 1-0 et 0-0. Le Barça remporte la C1, l’Inter est en quarts mais pas le Milan AC qui en profite pour glaner encore un Calcio. Ibra est insatiable et sera donc bien au rendez-vous des huitièmes en 2012. La saison sera exceptionnelle pour Zlatan. Devenu une star en Italie, il confirme en redevenant capocannoniere, manque de chance, ça sert à rien, c’est la Juve qui prend le championnat. Tant pis, Ibra prendra l’Europe avec ses 5 buts en 720 minutes et cette fois promis, il attendra les matchs importants pour briller.

Boateng prince déchu

La preuve, en huitièmes aller, il fait parler la poudre dès la 79ème minute. Sur penalty, excusez du peu. Cette fois Milan qui ne menait que 3-0 depuis la 49ème minute, est à l’abri. Au retour, Boateng et Robinho n’osent cette fois pas ouvrir le score, du coup c’est Ibra qui s’en charge : d’abord par Koscielny, puis par Rosicky et Van Persie sur penalty bien sûr. Les superstars du foot sont décidément interchangeables mais le penalty de Zlatan est plus important que celui de Robin. Ibra gagne donc le droit de défier sans complexe le Barça vieillissant pour prendre sa revanche sur les humiliations passées mais il faut croire que le Camp Nou avait plus de raisons d’en vouloir à Ibra. Très méthodique, il planifie un 0-0 à l’aller assorti d’un bilan presque honorable : 1 tir cadré, 2 hors-jeu, 2 fautes commises, 1 subie. Mais on commence à le savoir, Ibra se réserve toujours pour le retour. Le rouleau compresseur est en marche : à la 32ème minute c’est lui qui offre la passe décisive à Nocerino. A la 87ème, c’est lui qui réalise le geste du match grâce à cette prise de kung-fu sur Mascherano. On n’est pas ceinture noire de taekwendo par hasard.

Ce Buffon d’Ibra

Enfin, c’est lui qui ne jouera pas la demi. Benzema, Cristiano, Messi, Iniesta, Xavi, Ribery, Schweinsteiger, Muller, Ozil, Drogba et même Torres y seront. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid : tous seront bien fatigués quand l’heure de l’Euro sera venue. La Suède va le venger, comme elle l’a toujours vengé. D’abord à la Coupe du monde 2002, quand la star de l’Ajax ne débute aucun match mais rentre à la 76ème minute en huitièmes de finale pour faire la différence. Un quart d’heure de jeu + la prolongation, ça laisse le temps à Ibra de cadrer une frappe et de faire 2 fautes et à Camara de qualifier le Sénégal. Deux ans plus tard, Ibra va sceller son destin de grand joueur en s’offrant une stature internationale : si c’est wikipedia qui le dit ça se passe de commentaires :  « Il inscrit un but sur pénalty face à la Bulgarie pour le premier match de la Suède (victoire 5-0). Quelques jours plus tard, alors que la Suède est menée 1-0 face à l’Italie pour son deuxième match de poule, Ibrahimović inscrit un but à la 84e minute : une aile de pigeon qui se loge dans la lucarne de Buffon (match nul 1-1). Les Suédois s’inclinent aux tirs aux buts en quart de finale face aux Pays-Bas alors qu’Ibrahimović manque le sien. » CQFD. Avant 2012, il y a aussi eu ses 0 but de 2006 et toutes ses jérémiades. Mais en juin 2012, Ibrahimovic est finalement au rendez-vous ukrainien : un but pour fêter le doublé de Chevtchenko, puis une fois éliminé un autre fort joli pour battre la France. Magique.

Attention, sa carrière n’est pas finie en 2013 c’est avec le PSG qu’il s’attaque à la Coupe aux grandes oreilles. Et comme prévu comme grandes oreilles il ne verra que les siennes dans son miroir avec un joli nez et quelques millions en prime. Il s’en fout de ne pas avoir mis plus d’un but hors-jeu contre le plus mauvais Barça de la décennie. D’abord tous les lecteurs du Vestiaire devaient s’en douter, ensuite il sera meilleur buteur de ligue 1. Oui, comme Sow, Giroud ou Niang. Devant Aubameyang est ses coiffures pourries, s’il vous plait.

Ibrahimovic (4/5) : L’oléoduc de Paris

En 2008, Ibra est désigné joueur de l’année en Italie.

Ce n’est sans doute pas pour rien, mais sans doute pas grâce à la victoire 2-0 de Liverpool au match aller des huitièmes de finale de Ligue des Champions, cette compétition qui refuse si souvent les buts des grands joueurs dans les matchs importants. En rentrant sur la pelouse de Meazza quelques jours plus tard, Zlatan a le sentiment que quelque chose de grand va se produire. Avec ses quelque 2m, c’est bien lui qui va se produire.

Avec 5 buts sur les 6 derniers matchs, il ne peut être que l’homme providentiel de l’Inter. Toute sa carrière va alors défiler devant nos yeux : râleur, tricheur, spectaculaire et bien sûr nul à chier, tout y passe. C’est le direct de 20minutes.fr et ses légèretés orthographiques qui nous le racontent : 4e, Main de Zlatan dans la surface des Reds, le Suédois est très attendu en C1 où il déçoit parfois. 16e, Zlatan nous sort son aile de pigeon, il est en canne ce soir le garçon. 43e, Zlatan tente la talonnade à 3 mètres des buts. Il n’était pas loin de la Madjer. 56e, Zlatan gasille. 57e INCROYABLE, Zlatan rate le cadre de rien. Il oublie Cruz seul à côté. Rien ne veut sourir pour les Italiens. 72e, Plus personne y croit à l’Inter, Zlatan râle comme un cochon dans son coin. Stankovic prend son carton. C’est long. 80e, Zlatan rate sa dernière occasion Suazo le remplace. Ca peut toujours désaltérer. Si le score vous intéresse c’est 1-0 mais on a déjà hâte d’être en 2009.

Ibra raccourci

Car 2009 est l’année où il devient pour la première fois meilleur buteur du championnat d’Italie. Une première n’arrivant jamais seule, la Ligue des Champions n’a qu’à bien se tenir. Elle va bien se tenir puisqu’elle offre Manchester à Ibra, pour son huitième de finale annuel. On ne change pas les habitudes, Ibrahimovic marque le 0-0 aller de son empreinte, Manchester marque deux fois au retour, Ibra presque 6 fois selon l’UEFA : 75, Ibrahimović (Internazionale) manque le cadre. 74, Ibrahimović (Internazionale) manque le cadre. 66, Ibrahimović (Internazionale) manque le cadre. 50, Ibrahimović (Internazionale) manque le cadre. 40, Ibrahimović (Internazionale) manque le cadre. 29, le tir de Ibrahimović (Internazionale) s’écrase sur la barre transversale!

Mais n’allez pas vous moquer, le capocannoniere scorera quand même une fois sur les 8 matchs de sa saison européenne. Suffisant pour que le Barça débourse 46 millions et son meilleur buteur Eto’o pour s’offrir le grand dadet. Pour fêter ça, l’Inter remporte dans la foulée sa première Ligue des Champions depuis 45 ans. Pendant ce temps-là, le Camp Nou apprend à découvrir le magicien. Juste avant son arrivée, en 2009 le club a connu la plus belle saison de son histoire, en 2011, après son départ il y en aura une autre, en 2010 il faut d’abord éliminer Stuttgart en huitièmes : Ibra ne déçoit pas et met fin à la malédiction en tenant les Allemands en échec d’un but. Ibra fêtera son premier but dans un grand match, au retour, en rentrant à la 68ème minute pour mettre les siens à l’abri. Barcelone mène alors 3-0, Bojan mettra le quatrième.

En quarts, c’est la révélation. On n’arrête plus le magicien qui s’offre Arsenal d’un doublé. Pour un peu il était même décisif car les Anglais s’offrent aussi un doublé. Au retour, Zlatan est blessé, Barcelone s’inquiète et devra faire sans sa star. Messi fait quatre fois ce qu’il peut pour rassurer son club. S’il avait joué Ibra aurait-il mis le cinquième ? L’Histoire ne le dit pas, ce qu’elle dit en revanche c’est qu’en demi Ibrahimovic retrouve l’Inter. Le président Moratti est rassuré quand il apprend qu’Ibra portera bien les couleurs de Barcelone.

PSG, Ibrahimovic (1/5) : Saint-Germain en laid

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Il s’appelle Maxwell, il joue latéral gauche à la place de Tiéné, il a fréquenté Ibra dans d’autres clubs dans les années 2000 et lui aussi a connu ça : on arrive à Paris d’un grand club européen, donc on est une star. Maxwell est aussi l’ami d’Ibra, alors « Messi et Ronaldo se battent aujourd’hui pour être le meilleur en Europe, mais j’ai envie de dire attention, Ibra peut être celui-là ». La lecture de son palmarès s’impose donc, et elle est tout simplement à couper le souffle : double champion des Pays-Bas 2002-2004, vice-champion 2003 seulement devancé par le PSV, quadruple champion d’Italie 2007-2008-2009-2011 et champion d’Espagne 2010, il a aussi remporté toutes les Supercoupes avant d’être invité à jouer un peu le Mondial des clubs avec les champions d’Europe barcelonais. C’est un titre, ça compte autant que deux trophées Joan Gamper.

Malmö-né

Messi et Ronaldo ont peut-être quatre Ballons d’or et quatre Ligues des Champions de plus que lui, seront-ils encore capables de de battre la France à eux seuls dans un match de phase de poule de l’Euro qui ne compte pas après dix ans de carrière ? Ibra, c’est l’orgueil du joueur qui dure, qui choisit toujours son moment pour marquer un match de son empreinte. Certains champions choisissent celui où on les attend, mais Ibra a toujours préféré être un anti-conformiste. Tout au long de sa longue carrière, à force de ténacité et de talent, il s’est rendu indispensable partout. Avec une méthode bien à lui : plus il finit par s’imposer, moins le club s’impose. Plus il brille, plus l’équipe n’a plus que le championnat à jouer en avril-mai. A l’exception de cette année 2007 où Milan fait coup double : le championnat et la ligue des champions. Au Milan AC l’Europe, à l’Inter le Calcio. Zlatan joue à l’Inter.

Pour le servir, Ibrahimovic dispose de la technique hors pair que tout le monde connaît. Il sait tout faire : marquer quand ça ne compte pas, faire marquer quand ça sert à rien, être Suédois avec un nom serbe imprononçable, inventer des gestes qui font croire qu’il est bon et gagner, mais à la différence des autres champions, il s’est contenté de gagner du pognon. Il a une autre qualité bien à lui : foutre en l’air l’équilibre d’une équipe quand elle ne veut pas de lui. Cette chance n’a pas été donnée à beaucoup de monde au Barça lors de la précédente décennie mais Ibra est un homme de challenge. Il est parti la tête haute, en toisant les finances du club. C’est décidé, il ne fermera pas sa grande gueule tant qu’il n’aura pas été bon dans un match important.

A bientôt 31 ans, le talent suédois débarque bien à Paris pour redevenir le meilleur joueur du monde du futur qu’il n’a jamais cessé d’être. La taille mais la technique, le gabarit mais la vitesse d’exécution : la défense de Lyon se souvient encore des fabuleux buts inscrits par le phénomène alors inconnu. Il n’avait que 22 ans et le Milan AC était champion d’Europe. Il jouait à l’Ajax.

Pendant ce temps-là, de Zebina à Dacourt en passant par Escudé, tous les grands sont unanimes. Hoarau aussi est grand.