Bayern-Real : Pep enlève sa Jupp

Le Vestiaire avait tout dit le 27 août, après une Supercoupe d’Allemagne, et c’est à lire ici. Un bémol : on émettait des doutes sur Thiago Alcantara, mais on ne saura jamais son vrai niveau, il était blessé le jour J. Zut alors.

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C’est l’histoire d’un Allemand qui a tout pour annexer l’Autriche et beaucoup plus, pour un bon paquet d’années. Il est puissant, ambitieux, fédérateur, et personne ne trouve la solution pour l’empêcher de s’en prendre à la veuve et l’orphelin quand ça lui chante. C’est magnifiquement terrifiant. On croirait à une histoire vraie. Mais si l’histoire était vraie, cet Allemand se serait-il choisi un mentor catalan le lendemain de l’annexion de la Catalogne ?

Pour reformuler, Heynckes avait trouvé la solution ultime pour annihiler définitivement le Barça, et après le titre européen le Bayern a décidé d’appeler à la rescousse le concepteur du Barça. Trop de jeu vertical à une touche de balle risquait d’écoeurer tous les adversaires, il fallait de toute urgence redonner une bonne centaine de passes avant de frapper pour laisser sa chance à tout le monde, sauf en Bundesliga évidemment. Putain de socialisme.

Sorti de ces considérations tactiques, à quoi reconnaît-on un grand manager ? Comme les grands joueurs, il est là dans les grands rendez-vous. Guardiola n’en avait qu’un cette saison, les demies, puisque Dortmund n’était pas vraiment un concurrent et qu’ils n’ont joué que des Anglais en C1 avant les demies. Sa saison se résume donc à ces deux demi-finales, ça fait 5-0 pour le Real, ce qui ne lui était jamais arrivé avec le Barça. Pep est donc un entraîneur comme un autre, et son équipe une équipe comme une autre. Quand elle prend trois buts un match sur deux pendant deux mois, contre des nuls, elle continue d’en prendre contre les grandes équipes. Et lécher un kaiser, même s’il s’appelle Franck, ne le rend pas meilleur au retour qu’à l’aller. Müller et Javi Martinez auraient bien aimé être aussi nuls si ça leur avait permis de jouer tous les matchs à eux aussi.

Pendant ce temps-là, Ancelotti n’aurait jamais dû quitter le PSG. Il doit bien regretter Ibra aujourd’hui, bien fait.

Real-Bayern : Bale et le clochard

Si vous n’étiez pas encore abonné à Canal+ hier soir, qu’allez vous retenir de ce match visionné en saccadé sur streaming qui ne vous permettait même pas de voir que Pierre Menes occupait trois sièges de Santiago Bernabeu.

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Vous retiendrez simplement ce qu’un copain qui s’y connaît vaguement en foot vous a raconté. Ou alors les conneries que vous lirez sur Marca ou sur lequipe.fr. En gros que Madrid a su être costaud, ou que le Bayern a raté pas mal d’occases malgré un pressing et une maîtrise impressionnante comme un contournement de la ligne Maginot. Et le pire c’est que pour une fois ces analyses ne sont pas complètement fausses. Mais qui vous dira que Guardiola a tué le Bayern en le faisant jouer à la passe à 10 et qu’avant, des occas, à coups de contres et d’attaques rapides, ils en auraient eu beaucoup plus, Rafinha n’aurait pas joué 12 minutes et Mazinho ne serait resté qu’un sourire crétin à côté de Bebeto.

Et surprise, le Real a été tout pourri sans être Arsenal quand même. Jouer plus bas aurait été difficile, ressortir impossible. Di Maria est redevenu Di Maria, CR n’est pas redevenu CR et Benzema a une pastèque grosse comme la nullité de Pepe mais en même temps il a des stats que Ibrahimovic n’aura jamais que sur PES. Isco y est pour rien il est beau mais le haut-niveau c’est pas son truc. Avec tout ça le compte de vannes n’y est pas. Alors voici un extrait de l’article lèche sur Giroud qui permet à lequipe.fr d’héberger de la pub moyennant le PIB du Nigeria. De toutes façons ils en auront pas besoin.

Le titre c’est « J’ai la faiblesse de penser que je suis élégant« .  Et qu’il est nul à chier ?  : «  Belle gueule, gabarit de star avec ses 192 cm, Olivier Giroud est taillé pour les podiums. Le visage du parfum Boss Bottled est beau et il le sait. Il en joue même peut-être un peu, mais avec assez de retenue pour ne pas laisser croire qu’il se la raconte. Confidences. » Voilà, de là à penser qu’en plus il est idiot serait probablement aller vite en besogne. On avait aussi en stock le truc sur Jeremy Menez  où soi-disant, il serait moins con qu’il en a l’air.
Pendant ce temps-là tout le monde se demande si Muller a couché avec les Allemands pour que Guardiola le respecte aussi peu. En tout cas il  ressemble sans doute un peu trop aux artistes de Guernica au goût d’un républicain aussi catalan soit-il.

 

Atletico-Chelsea : José aux moines

Mourinho avait décidé qu’il y aurait 0-0, Simeone n’a rien trouvé à redire.

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Il est vraiment le Special One. Avec lui, on ne sait jamais si c’est pour faire chier les diffuseurs, les adversaires, les spectateurs, ses propres dirigeants ou le duo Anderson-Pires qui prépare ses infâmes compliments avec Ruiz, mais il choisit toujours la manière la plus dégueulasse d’arriver à ses fins. Depuis une décennie, la mode est aux joueurs techniques : d’abord la possession barcelonaise, puis les attaques éclairs allemandes qui soixante-dix ans plus tard ont refait leur preuve. Mourinho n’aime pas faire comme les autres, alors il s’est fixé un double objectif : faire l’inverse, et détruire le jeu adverse.

Cela a permis de révéler de nombreuses facettes inconnues des adversaires du Mou. Les failles du Barça de Guardiola étaient son recrutement. Le PSG de Blanc, c’était Blanc. Pour l’Atletico, qui n’avait de bon qu’une très récente réputation, il était temps qu’il s’en charge. 90 minutes ont suffi. Leur laisser la balle était la clé évidemment. Le Barça ne pouvait pas le faire, c’était pourtant la solution. Mourinho a dû tellement insister que ses joueurs ont dégagé à tout-va pour leur rendre un maximum de ballons et attendre dans leurs 20m, histoire d’être le moins en danger possible. On se rend compte de choses dans ces cas-là : Diego Costa, par exemple, il est pas bon.

Alors évidemment, on peut toujours regretter que Torres n’ait pas eu de munitions, que Willian ait été trop seul à jouer vers l’avant, et que Terry, Lampard et Cech aient l’âge qu’ils ont. Mais Mourinho a toujours fait avec ça, et trouvé des solutions qui sont rarement belles mais qui marchent. L’an dernier c’était Pépé devant la défense, cette année c’est David Luiz. Ca défend, ça balance en touche, personne n’a de scrupule. Ses joueurs ne prennent aucun plaisir, n’en donnent aucun mais au moins ils n’auront pas à se réjouir d’une Coupe de la Ligue arrachée à Lyon. Et ils savent qu’au retour, faire pareil et balancer des ballons sur les attaquants dans les dix dernières minutes ça marchera mieux que 70% de possession. Di Matteo l’avait fait, Mourinho ne se privera pas.

Pendant ce temps-là, le PSG avait gagné l’aller 3-1. Il fallait quand même le faire pour pas passer, et c’est dommage parce que depuis hier on a compris : c’était la finale assurée.

Atletico-Barça : Tata martinet

 Madrid, Madrid, Pep et Mourinho. Et le PSG ne devrait pas avoir de regret ?

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Quel âge a donc Lionel Messi ? A la lueur des 10 occasions madrilènes – l’Atletico, pas le Real – la question peut sembler superficielle, d’ailleurs elle risque de le devenir. Ce n’est là encore pas faute d’avoir prévenu : un ou deux Ballons d’or de trop n’y changeront rien, Messi est enterré depuis un soir où il n’a pas réussi à qualifier le Barça contre Chelsea. C’était une demi-finale, c’était le genre de matchs qu’il ne ratait pas avant, et qu’il rate toujours depuis. L’an dernier c’était la blessure et le Bayern, cette année c’est l’Atletico.

Le Barça, donc Xavi, comme Messi, ne supporte donc plus l’intensité des derniers tours de Ligue des Champions. Cela n’interdit pas les 7-0 en Liga, ni de posséder le ballon 65% du temps. Le Bayern lui a montré l’an dernier que ça ne change plus rien d’avoir la balle, ça ne sert même plus à se protéger. Il suffit juste de se mettre dans la peau de Xavi : il n’a plus le ballon, il doit courir alors qu’il ne peut décemment plus le faire depuis un an et demi, et en se retournant il se rend compte que Mascherano a été positionné en défense. Depuis quand ? Avant qu’il ne découvre que c’est Pep qui a eu cette idée-là aussi, le ballon est déjà dans les filets ou sur un poteau.

Si Pep pouvait jeter un œil aux matchs d’Heynckes de l’an dernier, lui aussi pourrait comprendre qu’il faut éviter de faire la même chose, même dans un autre pays. Il faut surtout éviter de demander à des Allemands de dire tiki-taca ; au bout d’un moment, ça les énerve autant que prendre un but d’Evra. Et là ils se remettent à penser en allemand : au bout d’une offensive, il faut frapper pour annexer. C’est vraiment dommage d’en arriver là, d’obliger ce Pauvre Evra a fêter son sublime but par une erreur de marquage sur le coup d’envoi, une pression molle sur Robben sur le deuxième et un duel perdu sur le troisième. Il y avait pourtant mille et une autres manières d’humilier Manchester comme cette génération le mérite chaque semaine en championnat.

Il faut y voir deux leçons. Un, le Bayern de Jupp, lui, trouvait la réponse à un pressing haut sur un 6m, à vrai dire personne n’osait ne serait-ce qu’envisager de s’y risquer. Le jeu en une touche a laissé la place au jeu en 10 passes, ça fait moitié plus de possession et moitié moins d’occasions. Bravo Pep. Et deux, l’Allemagne sera débarrassée de Pep au Mondial et ça risque de faire mal, parce que Müller est toujours là quand il faut être là : il met le but pas beau, hurle sa joie avec sa mâchoire pas belle et pourrit la sale gueule de Robben autant qu’il peut. Il a raison : le Ballon d’or se jouera entre les deux. Neymar tentera aussi sa chance, mais à chaque fois qu’il l’a fait hier, c’est passé à côté.

Et trois : le Barça est définitivement mort, comme le Vestiaire vous le dit depuis déjà longtemps. Il n’y a plus de profondeur, il n’y a plus de vitesse, il n’y a plus de Messi, il n’y a plus de Xavi, il n’y a jamais eu de baby Barça. Et, rajoute Longuèvre pour justifier la prime nocturne que lui verse BeIN, la foulée de Dani Alves est moins dynamique. Il y a juste des humiliations sans que l’on sache laquelle fait le plus mal : faire du kick and rush à dans les dernières minutes, aligner Bartra et Pinto ou souffrir des percées de Villa. Au milieu du marasme, il y a Iniesta, mais il est obligé de rester, saloperie de culture club.

Chelsea-PSG : Laurent vlan

Ibra devra encore patienter pour la gagner. Un coup c’est le mauvais club, un coup c’est une blessure en mars : que de malchance.

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Est-ce le plus gros échec de foot français depuis OM-Etoile Rouge ? Non, c’est le plus gros échec tout court parce que l’Etoile rouge c’était hyper costaud. Le PSG n’a pas seulement été éliminé par Chelsea, il l’a été par Demba Ba. Et peut-être un peu par Laurent Blanc aussi, qui n’a pas été faire la bise à Mourinho quand Chelsea a pris deux buts d’avance, sans doute trop occupé à chercher les mots. Pas pour expliquer à Menez combien font 3 fois 4, mais pour justifier à son président que ce n’est pas la peine d’aller à l’UEFA pour le tirage des demies vendredi. Il a eu raison de ne pas aller féliciter Mou : c’est moins la victoire du Special One que sa défaite à laquelle il venait d’assister. Finir sa saison là-dessus est quand même assez crade.

L’échec est total parce qu’il n’aurait jamais dû arriver. Paris était plus fort, sauf qu’il l’a oublié, et qu’il a oublié pourquoi. Blanc a programmé son équipe pour jouer d’une seule manière, sauf en quart de finale retour de Ligue des Champions visiblement. Choisir ce soir-là pour jouer plus bas, passer sa première mi-temps à gérer et sa seconde à dégager jusqu’à craquer à la 86e minute, c’était d’habitude réservé aux équipes françaises qui ont gagné le match aller sans trop savoir comment. Sauf que là, Paris aurait dû avoir quatre buts d’avance, il n’en avait que deux et pensait que ça suffisait à être qualifié. Et il y avait de quoi : Chelsea n’a rien réussi de la première demi-heure. Jusqu’au moment où on a compris l’importance d’Ibrahimovic : quand il est titulaire, Lucas ne l’est pas, il n’est donc pas là pour oublier son adversaire au marquage sur une touche. Il paraît que les grands matchs sont réservés aux grands joueurs.

Chelsea, appelons-les Mourinho, ne pouvait s’y prendre que d’une manière, parce qu’il n’a qu’une méthode et que Paris était plus fort : empêcher le PSG de jouer, espérer marquer en premier et allonger le jeu en comptant sur la fébrilité parisienne. Blanc a mâché tellement de touillettes à café en bois qu’on pensait le PSG à l’abri de tomber dans le piège, mais il faut croire que Paris est le genre d’équipe à être fébrile si Ibra n’est pas là. Que les Parisiens le soient parce que Cavani joue à sa place et qu’il va tout rater dans un match décisif peut se plaider : c’est démontrable. Mais l’absence d’Ibrahimovic n’aurait rien dû changer : le milieu de terrain devait jouer pareil, les ailiers aussi. Ca veut dire conservation, changements de rythme et minimum cinq occasions, comme à l’aller. Ca voulait donc dire demi-finale tranquille, comme prévu. Au lieu de ça, Lucas mouru. Ou, avec l’accent, Loucasse les couilles.

Pendant ce temps-là, le Real sans Ronaldo a failli y passer. Et Chelsea sans Hazard ?

PSG-Chelsea : Les bouses de Chelsea

Quand il a été dit que Chelsea ne prenait pas de but, il fallait comprendre : en Premier League.

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Combien de fois faudra-t-il regarder les matchs pourris de Premier League le week-end pour ne plus croire Stéphane Guy quand il s’extasie ? C’est sans doute terminé depuis ce soir, il faudra donc nous croire à l’avenir. Il faut aussi nous croire quand on écrit que Paris n’a pas été bon en première mi-temps, qu’il aurait pourtant dû mener à la mi-temps, et qu’à la fin cela aurait dû faire 5 ou 6-1. Le PSG a donc raté sa soirée, et évidemment cela donne instantanément envie de dire qu’il faut nous croire quand on dit qu’Ibrahimovic n’a pas eu plus le niveau en quart de finale de C1 à 32 ans qu’à 25, 26, 27, 38, 29, 30 ou 31. Mais il reste un match retour, sauf s’il fait désormais partie de ces grands champions qui se blessent au mauvais moment.

Alors il reste une question : qu’est-ce qui s’est passé en première mi-temps ? On aimerait dire que c’est Mourinho, ou Blanc qui exhumait son jeu bordelais au plus mauvais moment, ou simplement une équipe qui se fait dessus, de son meilleur défenseur central du monde à son meilleur attaquant chevelu du monde. Il y a peut-être un peu de tout ça, mais au final c’est surtout la leçon qu’il convient parfois de prendre : quand on ne joue pas à son niveau, quand on ne presse pas, qu’on ne redouble pas les passes, qu’on joue 20m plus bas et qu’on laisse Ibra distribuer le jeu, on offre beaucoup de 6m au gardien adverse qui pourtant était dans un mauvais soir. C’est dans ce genre de soirées que Jallet est le meilleur et qu’en face on ne voit que David Luiz. Quand on comprend ça, on garde la balle et tout devient plus simple, si simple que Pastore rentre et fait regretter à Mourinho que Terry ne soit pas à la retraite, pour la deuxième fois de la soirée.

Pendant ce temps-là, c’est facile contre Chelsea mais Chelsea ça vaut rien. Il faudra encore attendre. Comme ces dernières années, la Ligue des Champions se jouera sur une double qualité : la récupération et la technique. Chelsea s’est créé combien d’occasions déjà ?

Ligue des Champions : Tata yoyo

Le Barça allemand et le Barça espagnol n’ont pas réussi à gagner. Que se passe-t-il ?

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On pourrait commencer l’analyse de la soirée par le chiffre de possession et de passes, qui sont toujours aussi impressionnants chez les dominateurs. Dans ce cas-là, on dirait que le Bayern et le Barça ont donné une putain de leçon à leur adversaire. On pourrait.

Mais pour une fois, on va juste commencer par dire que les deux premiers quarts de finale ont été mauvais, comme Messi et comme Müller. Pour le deuxième ce n’est pas de sa faute, il a été placé en avant-centre seul, ce qui est à peu près le seul poste où il ne faut pas le mettre. C’était bien vu de la part de Guardiola, comme de demander à personne de marquer Vidic sur corner, ou de formater tellement les Barcelonais qu’ils ne peuvent plus jouer autrement.

Voilà qui nous conduit donc à l’autre quart de finale du soir, et à sa conclusion : si c’est Diego le buteur, alors l’Atletico, c’est quand même pas génial. Zapper de temps à autre sur ce match n’en a offert qu’une vision partielle, sans doute, mais les dix dernières minutes ont été suffisamment éclairantes : les milieux dégagent en touche, les défenseurs dégagent en touche, les attaquants dégagent sur le banc. Quand on fait de la télé sur une chaîne qui dispose aussi des droits du match retour, on appelle ça poliment une opposition de style. Mais on pourrait aussi être désobligeant et dire qu’à la fin ça a fait 1-1. Juste pour ceux qui admirent autant le jeu de passes catalans et son pressing étouffant, rappelons qu’à l’époque ça faisait 3-0 à la mi-temps les mauvais jours. Messi n’a donc pas mis la quart d’un quadruplé, par contre il a perdu les trois quarts de ses ballons. Heureusement qu’il y avait Neymar. A force, c’est même plus une vanne. Bon, ok, c’est en un peu une : il suffit juste de regarder qui lui fait la passe.

Pendant ce temps-là, Pires et Papin ont regardé Manchester-Bayern, donc on y revient. Evidemment pour dire la plus grosse connerie, c’est Pires qui l’ouvre : « J’ai eu peur dans les vingt premières minutes : 70%, 700 passes, ça veut dire la maîtrise totale sur le jeu. » Eh non avec Guardiola, en prenant le temps, ça veut dire 1-1. Et heureusement qu’il y a eu Mandzukic. Ca non plus c’est même pas une vanne.

Ligue des Champions : Lionel merci

Ils ont formé la meilleure équipe du monde pendant six ans, ils demandent juste à se faire éliminer dignement en demi-finale. On leur doit bien ça.

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Les huit vainqueurs des huitièmes ayant pu être prédits à l’avance, il est l’heure de se réjouir d’un peu de suspense. Aussi, nous ne révélerons pas que le Bayern, le PSG et Madrid seront en demi-finales. Mais quel(s) Madrid ? Saloperie d’incertitude du sport, et pour cause : en qui peut-on encore croire puisque Arsène n’en a pas pris 6 contre Manchester City ce week-end ?

On peut avoir confiance en Lionel Messi. S’il y a bien un joueur qui est capable de renaître alors que ça fait un an qu’il n’a plus le niveau dans les grands matchs, c’est bien lui. Ce sera encore plus beau contre l’Atletico, qu’il a déjà affronté trois fois cette saison, sans le battre ni lui marquer un but. C’est un soir à voir l’orgueil du champion, parce que c’est vrai que ça ferait con de se faire éliminer par l’Atletico. Pourquoi pas être devancé en Liga par l’Atletico en avril tant qu’on y est ? Ca reste l’Atletico, qu’il fasse jouer Falcao ou Diego Costa devant, ça reste le club qui a le stade pourri de Madrid au-dessus du périphérique et qui intéresse Valbuena. Dans le doute, si Iniesta n’a pas de poker prévu ce soir, Lionel ne serait pas contre un peu d’aide ; partir du milieu de terrain et dribbler toute la défense, il y a un âge où même Maradona ne peut plus le faire. Se faire éliminer par Simeone, c’est un coup à se faire appeler Aimar. Ou Neymar.

Pendant ce temps-là, on aurait aussi pu parler de Rooney qui va savoir s’il est réellement possible de se sentir orphelin de Van Persie. Mais il ne l’avouera jamais. Jamais.

L1, 31e épisode : Le pas bon, Labrune et le truand

N’est pas Arsène qui veut, surtout cette semaine.

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Qu’est-ce que c’est que ce bordel autour de Christian Gourcuff ?

Il n’y en a aucun. Son président lui a fait une proposition de prolongation inacceptable et ne cesse de répéter qu’il est indispensable sans le penser. Gourcuff répond qu’il n’a pas pris de décision sans le penser. Donc personne ne pense ce qu’il dit mais tout le monde dit quelque chose, parce qu’une carrière est longue et qu’il vaut mieux être le gentil qui a raison si on veut continuer à passer à la télé. Sauf si l’un des deux craque. Il faudrait pour ça que Gourcuff ne veuille plus tout décider ou tienne à son poste plus qu’à sa statue, ou que son président considère que Gourcuff est effectivement indispensable. Pour dire à Blanc qu’il peut lui apprendre comment entraîner, il l’est. Quel dommage, ça sent la fin d’une histoire, Gourcuff ne deviendra pas le Wenger lorientais, tout ça à cause du départ d’un dénommé Lemina. La bonne nouvelle, c’est que l’OM cherchera sans doute à le prêter vu sa saison, c’est peut-être l’occasion de réconcilier tout le monde.

Qu’est-ce que c’est que ce bordel autour de Jordan Ayew ?

Il y en a un. Sochaux veut le faire jouer, l’OM dit qu’il était convenu que lors du prêt, Ayew ne jouerait pas contre l’OM. Où est la morale ? On s’en branle : répondre à ça, c’est considérer que sans Ayew Sochaux ne peut pas s’en sortir. Rappelons qu’il a joué 9 matchs, pour 1 but, et qu’il revient de suspension après un carton rouge. Voilà pour le sauveur.

Qu’est-ce que c’est que ce bordel autour de la 3e place ?

Une vieille histoire sans fin : Lille veut s’y maintenir à tout prix en faisant un maximum de matchs nuls, Saint-Etienne aimerait s’y installer mais en craquant à chaque fois qu’il revient pas trop loin, et Lyon n’a pas perdu l’espoir de doubler tout le monde pour revivre les deux mêmes humiliations en août prochain qu’en août dernier. Sinon, à 10 points, il y a l’OM.

Qu’est-ce que c’est que ce bordel dans le vestiaire du PSG ?

Non, vous confondez. C’est juste Menez qui ouvre la bouche. La prochaine fois il dira qu’il avait sa place au Brésil.

Ligue des Champions : L’escarre de finaliste

Voici pourquoi chacun des qualifiés ne pourra pas gagner la Ligue des Champions.

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Bayern Munich. Le fameux tenant du titre. Ils écrasent tout sur leur passage, ils vont battre le record de points en championnat, même le président a réussi là où Tapie avait échoué : prendre deux ans et demi ferme. Et ils font ça le plus souvent avec Alcantara et sans Müller. C’est pour ça que c’est impressionnant et c’est pour ça que ça suffira pas. L’an dernier, le grand Bayern attaquait comme personne, contre tout le monde, qu’il ait peu le ballon ou qu’il l’ait tout le temps. C’était allemand, ça allait trop vite, c’était mécanique, personne n’y pouvait rien sinon la ligne Maginot serait encore debout et De Gaulle aurait monté un Rotary à Londres. Mais maintenant le Bayern veut tous les ballons pour ne jamais le rendre, et quand ils ne l’ont pas ils ne savent plus quoi faire. Si quelqu’un les lui prend, Guardiola fera quoi sans Messi ? On rappelle qu’il s’appelle Alcantara à Munich.

Barcelone. Le fameux tiki-taca. C’est super ce qu’ils font à 50 ans, en âge réel ou en âge hormonal. C’est beau à voir, ça en met toujours 7 à quelques clubs de Liga, et ce Messi quel joueur. Quand il part dans ses chevauchées solitaires il rappelle le joueur qu’il était il y a déjà un an. Ca rappelle aussi le Barça d’il y a trois ans. Putain de nostalgie, ça fait d’un match de Liga du Barça sur BeIN un mauvais moment à passer, aussi prévisible qu’une demi-finale retour contre le Bayern mais avec Tata en plus. Un entraîneur à qui les mini cravates de Guardiola ne vont évidemment pas, même si c’est mieux que Roura. Pourtant maintenant il y a Neymar : on n’est pas bien sûr que le Barça ait eu raison de l’acheter, on n’est même pas sûr qu’il l’ait vraiment acheté, mais on est sûr qu’il n’a pas empêché le Real et l’Atletico de passer devant.

Real Madrid. Le fameux trio BBC pourrait faire peur s’il ne se résumait pas à Ronaldo comme tous les ans. Mais on peut continuer à raconter des conneries sur la solidité retrouvée de la paire Ramos-Pepe ou l’influence de Xabi Alonso quand le Real mène 4-0 : ça fait toujours plaisir de voir Benzema échouer en demi-finale parce qu’en demi-finale Ronaldo n’arrive pas à tout faire tout seul.

Chelsea. Le fameux effet Mourinho fait encore des merveilles. Dire que Hazard est le meilleur, faire jouer Terry et Lampard, dégager Mata à Manchester un lui cirant les pompes pour faire croire qu’elles brillent, ou balancer qu’Eto’o est légèrement plus vieux que son âge juste pour lui faire se bouger le cul pour quelques buts de plus, c’est remarquable. Mais à la fin, il reste une équipe avec Hazard, Terry, Lampard et Eto’o. Ca fait chier la Ligue des Champions, mais ça la gagne pas.

Atletico Madrid. Le fameux coup du Brésilien naturalisé espagnol parce qu’il réussit une super saison. Ca a coûté Falcao à Monaco, et il n’était ni Brésilien, ni espagnol, ni  naturalisé. Mais il marquait et puis d’un coup il est devenu nul à chier, vieux puis inscrit à une rééducation. Sinon, ça tient tête au Barça et au Real, mais pas plus, et ça attend enfin un grand match pour mesurer sa valeur. Il y en aura peut-être deux, mais guère plus.

Manchester United. Ce fameux Van Persie. Sur son penalty, son plat du pied seul à 6m du but et son coup franc en plein milieu du but, l’Olympiakos n’y a vu que du feu. Quel talent, toujours là à répondre contre des Grecs, quand ce n’est pas des Turcs. La trentaine passée, il a enfin compris qu’on pouvait jouer relax à Manchester avec Giggs, Ferdinand, Evra et Carrick. Ils ne font plus de pressing, ils ne savent plus défendre en reculant, ils défendent en reculant, et alors ? Les Grecs ratent toujours neuf occasions sur dix. Quelle équipe grecque reste-t-il en quart ?

Dortmund. Le fameux Barça de la Ruhr. 29 buts encaissés en Bundesliga, 10 en 8 matchs de Ligue des Champions, le Barça a au moins la présence d’esprit d’essayer d’en prendre le moins possible quand il n’est plus aussi sûr qu’avant d’en marquer.

Paris-SG. La fameuse Blanc dépendance. A chaque fois qu’ils pensent jouer un match de haut niveau, ils le dominent tellement qu’ils s’emmerdent et font match nul. Et dire qu’ils n’en ont encore joué aucun cette saison et que Cabaye les a rejoints. Comment reconnaître un grand match ? Quand on est mené et qu’on fait en championnat dans ces cas-là ne suffit pas.

Pendant ce temps-là, le spécialiste grandes compétitions du Vestiaire se délectait de voir enfin des affiches en quarts et attendait le tirage avec impatience. Et puis il a relu ce papier.

Ligue 1, 29e épisode : L’OM ré-Elie Baup

 Il s’appelle José, il est là un peu par hasard et il fait de son mieux. Mais avant il était directeur sportif et il voulait Christian Gourcuff.

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Comment va se passer la fin de saison de l’OM désormais ?

Huit points de retard sur la 3e place et un match en plus : le match nul ramené de Reims lance idéalement la fin de saison marseillaise. Plusieurs scénarios sont plausibles. Il paraît d’ores et déjà inconscient de compter sur la défense pour se mettre au niveau quand c’est inutile, alors qu’elle ne l’a jamais fait quand ça l’aurait été. Payet non plus, mais s’il veut aller au Mondial il a encore intérêt à faire gagner son équipe tout seul. Pour ça, il faudra prendre la balle à Thauvin qui a l’inconvénient d’être nul, mais l’avantage de ne pas le savoir, de croire que lui aussi mérite d’aller au Mondial et aussi d’être meilleur quand il n’y a rien à jouer ou presque comme à Bastia. Ca tombe bien il est de retour à Bastia pour dix matchs. Du coup autant faire jouer Imbula et Benjamin Mendy, au pire ça permettra de les montrer avant de les vendre. Les clubs de Ligue 2 font ça.

Pourquoi Nantes n’a-t-il plus le niveau ?

C’est assez simple et c’est le cas tous les ans avec Der Zakarian : en début de saison personne ne se rend compte que ça joue mal mais ça court partout, ça veut avoir le ballon le moins possible donc ça presse haut pour avoir le moins de jeu à faire avant de marquer un but. Donc, en Ligue 1 ou en Ligue 2, ça surprend les équipes cinq mois, les cinq suivants c’est un tout petit peu plus dur parce que personne ne progresse. Pour l’instant ça fait cinq points depuis janvier, ce qui dans un monde sans Sochaux et Ajaccio mériterait évidemment la relégation.

Evian-Valenciennes est-il un match important ?

Oui. Ca ne veut pas dire qu’il y aura beaucoup de spectateurs, ni de téléspectateurs, ni de qualité technique.

Gourcuff peut-il ramener Lyon sur le podium après avoir brillé en équipe de France contre les Pays-Bas ?

Vous avez plutôt bien résumé l’irrésistible retour du meneur de jeu qui manque aux Bleus depuis le Mondial 2010. Il a été énorme tout l’hiver, et a rompu avec son passé où il revenait, marquait quelques buts, et se re-blessait. Cette fois, ça rigole plus. D’ailleurs Lyon prend beaucoup moins de points sans lui depuis le 9 février : 4 victoires, 3 nuls, une élimination utile en Coupe.

France – Pays-Bas : Entre tes Cruyff

La France a trouvé un style de jeu : face à une équipe qui perd des ballons dans son camp, composée de Hollandais de 20 ans, et qui n’avait pas vraiment envie de venir, elle sait faire. La configuration Mondial. Les « journalistes » présents n’y ont évidemment vu que du feu dans lequel brulaient leurs cartes de presse.

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L’histoire a suffisamment parlé. Quand une conférence de presse se termine par un sélectionneur disant à ses censeurs « ne vous emballez pas trop quand même », c’est très mauvais signe. Moins pour le sélectionneur que pour les censeurs, mais c’est la nature humaine : on revient de Kiev avec son passeport mais sans sa carte de presse.

Ces soirs-là, un petit tour en zone mixte est terriblement enrichissant. Des deux côtés de la barrière, on sourit déjà d’aller au Brésil et ça suffit au bonheur de chacun. Les cartes de presse, elles, sont toujours bloquées en Ukraine. Il faut tendre l’oreille pour écouter, vraiment. « La France a-t-elle envoyé un message pour le Mondial ? » Répondre aux questions fait partie du métier, même à celle-là. La bonne réponse aurait été que ce sont les Pays-Bas qui ont envoyé un message à la concurrence, mais on n’est pas là pour ça. On est là pour parler du match. Pourtant personne n’en parle vraiment.

En parler, ce serait dire qu’au Mondial, aucun adversaire, pas même le Honduras, ne sera aussi mauvais que la Hollande des 75 dernières minutes. Eredevisie, si ça existe, n’est pas un joueur, c’est un championnat et les trois quarts de la défense y joue, ça s’est vu. L’autre quart, c’est Van der Wiel, qui a confirmé à sa manière qu’au PSG, c’est le collectif qui est fort. Les Pays-Bas savent désormais ce qu’il ne faut pas faire face à la France : attaquer à 6 ou 8 si les latéraux sont d’humeur au même moment, jouer le hors-jeu avec des centraux lents à 40m de ses buts, relancer tout le temps au sol de derrière avec Matuidi en face. A l’époque de Rhinus Michels, le centre de formation de l’Ajax existait car l’Ajax existait, et Matuidi n’existait pas. Ca fait beaucoup d’un coup, surtout avec Van Persie à la pointe de l’attaque. Dire qu’Arsenal le surveille pour un retour. Pauvre Giroud.

Que se passera-t-il quand les adversaires ne joueront pas exactement comme la France l’espère ? Quand il faudra faire le jeu ? Quand les défenses en seront vraiment ? Quand les attaques en seront vraiment ? A part ça, il n’y a aucun nuage à l’horizon et Mangala a marqué des points. Griezmann pas trop : c’est bon signe, peut-être.

Pendant ce temps-là, le sondage sur les chances françaises de gagner le Mondial est en préparation.

La question interdite : Ibra est-il vraiment moins nul qu’avant ?

44 buts en une saison, il ne l’avait jamais fait. Ça y est, et on n’est qu’en février. Peut-on vraiment avoir progressé entre 31 et 32 ans ?

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Par notre spécialiste en joueurs surcotés

Les best of de ses meilleures phrases se transmettent de générations de lecteurs de So Foot en générations de lecteurs de So Foot, les compilations de ses buts fleurissent partout. Ibra s’invite même en conférence de presse de Deschamps pour savoir s’il est plus fort que Weah, ou un truc comme ça. Weah était sans doute plus mauvais mais il a eu un Ballon d’or. Qu’est-ce qu’un Ballon d’or, rétorquerait Ibra. Et il aurait raison : ça vaut rien par rapport à une Ligue des Champions. Qu’il n’a d’ailleurs pas plus gagnée que Weah.

La Ligue des Champions, on en parle plus que jamais. Ibra pourrait la gagner. Et une fois n’est pas coutume, il peut la gagner. Pas parce qu’il marque plus que jamais, dans toutes les positions, des buts fantastiques, des panenkas, des humiliations publiques, des actes de brutalité, des frappes à 200 à l’heure. Non : il peut la gagner parce que le PSG peut la gagner sans lui.

A Malmo (1998-2001), il ne pouvait pas la gagner parce qu’il ne la jouait pas. A l’Ajax (2001-2005) il la jouait mais juste pour humilier Lyon. A la Juventus (2004-2006) et à l’Inter (2006-2009), il la jouait pour sa grande gueule et les autres ne trouvaient rien à y redire. A Barcelone (2009-2010), il la jouait en pensant que les autres la joueraient avec lui mais il s’est trompé ; la demi-finale atteinte, sa seule, veut pourtant dire que c’était jusque-là sa meilleure option. A Milan (2010-2012) il a rejoué pour sa grande gueule et il n’y avait toujours personne pour lui dire l’inverse. Et à Paris l’an dernier, c’était encore juste. Pour résumer, jusqu’à cette saison, Ibra a toujours joué soit dans une équipe où il était le messie, soit dans une équipe avec Messi. Il en était tellement le point fort qu’il en était le point faible, et pour deux raisons : une Ligue des Champions ne se gagne plus seul, et il n’est pas un point si fort que ça, sinon les quarts, demies et finales de C1 de la dernière décennie regorgeraient de ses exploits. Or elles regorgent plutôt de compositions d’équipes sans Suédois, à part Larsson de temps à autres.

C’était jusqu’à cette saison, donc. Car il se trouve qu’à Paris, il y a tout une bande de joueurs qui n’en ont rien à foutre de qui joue devant. Ils sont trois, ils sont milieux de terrain. Le plus vieux de trois, sans doute le moins bon, probablement le meilleur, avait vécu un étrange scénario il y a quelques années : il avait rejoint l’Inter l’année où Ibra en était parti, et un soir de demi-finale retour, il a compris que même en se faisant expulser en demi-finale retour on pouvait éliminer Ibra. Sûrement instruit, il a décidé de traiter directement avec d’autres : un petit Italien qui sait tout faire pour ne pas perdre la balle, et un Français qui sait tout faire pour la récupérer, et n’hésite pas à rentrer dans la surface même quand Ibra y est. Il faut tuer le père, même quand il a un gros nez : Paris a appris à ne perdre aucun ballon, et petit à petit Ibra même le droit de jouer à ça avec les grands joueurs du club. Et du coup il marque quand les autres le décident. C’est facile le foot.

Sinon on vous a déjà tout raconté ici

 

Ligue des Champions, 8es de finale : Moyes and girls

En C1, les 8es sont rarement intéressants. En l’étant encore moins que d’habitude, ils le sont pourtant devenus.

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Du temps de sa splendeur, l’Allemagne marchait sur Paris, et non l’inverse. Tout était différent.

Mais aujourd’hui l’Europe est plus simple à comprendre, Yalta est passée par là. Ainsi seuls trois pays et quelques invités peuvent prétendre à gagner la compétition : l’Allemagne réunifiée, l’Espagne et le Qatar, ce qui laisse cette année deux places libres en quarts. Les heureux vainqueurs sont l’Olympiakos ou Manchester, laissons croire à tout le monde que Van Persie peut retourner la situation aussi bien que Giroud en slip, et certainement Mourinho, qui prouve à tout le monde que l’Angleterre ce n’était pas seulement Sir Alex.

Il reste néanmoins à interpréter le sens de ces 8es de finale, car ne pas le faire serait prendre le risque d’être surpris des autres branlées qui s’annoncent en quarts. La Ligue des Champions est une compétition à paliers : les très mauvais prennent des roustes les premiers en automne, puis les moyens nuls prennent la leur à la fin de l’hiver, et au début du printemps il peut subsister une ou deux taules. C’est le foot actuel : quand on domine, c’est totalement. Six des huit quarts de finaliste ont impressionné l’Europe. Il faudra pourtant en choisir au moins deux pour ne plus impressionner personne dans un mois.

Mais cela ne veut pas dire que tous ceux qui vont rester peuvent gagner. Le Real est un excellent exemple : il reste sur 28 matchs sans défaite, dont 24 victoires, et pourtant le Bayern aura bien du mal, malgré ses efforts, à être dominé quand ils se rencontreront. Comme Benzema et Ronaldo auront du mal à faire des double une-deux dans la surface ou se créer suffisamment d’occasions pour envisager chacun un quadruplé, pour une raison simple : le quart ne se jouera pas à Schalke. Le Barça et l’Atletico ont les deux meilleures défenses de Liga et pourtant on sait déjà que c’est tout pourri et que ça explosera à la première occasion.

On peut aussi voir les choses de manière individuelle : Benzema est dans la forme de sa vie et pourtant il ne fait rien de plus qu’avant, à part être hors-jeu une ou deux fois de moins. Il ne manque vraiment plus grand chose pour entendre que son trio avec Ronaldo et Bale est le meilleur depuis Di Stefano, Kopa et Gento. Et que dire de Thiago Alcantara, la priorité de Guardiola, qui aura au moins mérité de boire de la bière dans le trophée remis au vainqueur de la Bundesliga, où l’on ne remarque pas les passes perdues au milieu de terrain par excès de facilité. Ce sera déjà ça. Mais en février-mars, toutes ces petites choses n’ont aucune importance puisqu’en face ça ne tient pas un ballon, ça n’enchaîne pas deux passes, ça ne résiste pas au pressing et devant ça compte sur Huntelaar ou Kiessling pour tout faire.

C’est vrai qu’Ibra ça fait chier mais il faudra attendre encore un peu pour s’en rendre compte. Ou pire, quelqu’un va finir par lui permettre de la gagner. Avant ça, on a au moins gagné les huit soirées des matchs retours pour regarder Plaza se gonfler d’oestrogène ou les excès d’ocytocine de Baby boom.

Arsenal-Bayern : Mazout Ozil

C’est là qu’Arsène se dit : et si j’avais pris El Jadeyaoui.

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Il s’appelle Yaya Sanogo, il est Français, il a 21 ans, il jouait à Auxerre l’an dernier et avait inscrit un quadruplé à Laval. Il n’a pas permis à Arsenal de se qualifier hier. Mais il a permis à Ozil de comprendre qu’il n’a pas nécessairement bien fait de choisir Arsenal, en fait. Mais Ozil n’a pas été aussi inutile qu’on le croit, lui aussi a permis à Wenger de comprendre que 50 millions d’euros c’est parfois beaucoup, beaucoup. Bon d’accord il avait dit le 2 septembre « nous le suivions depuis un certain temps car il a toutes les qualités que je recherche pour être un joueur d’Arsenal » il avait dit une grosse connerie, mais c’était la moindre des courtoisies.

A 70-30 de possession pour les visiteurs, on peut clairement qualifier le résultat de très encourageant pour Arsenal avant le retour. Car ce ne sera pas à chaque fois de la Coupe de France où tout se joue dans sa propre surface. La preuve est là : avant que Sczezny ne se fasse expulser, la possession n’était que de 63-37, et Arsenal s’était créé deux occasions dont un penalty. C’est vrai qu’ensuite le 4-4-1 dans ses 25m avec juste Ozil d’à peu près habile en contre, ça compliquait les remontées de balle rapides. Mais merde, on ne conteste pas les choix d’un vieil Alsacien aux cheveux sepia dont le contrat est mis en viager. Et après tout, pour une fois, Arsenal va sortir de là sans donner l’impression que l’équipe est prometteuse mais un peu jeune, juste qu’elle est nulle à chier et qu’elle aurait dû en prendre 8 chez elle. L’absence de Walcott, sans doute.

A seulement 2-0, le Bayern tremble, réduit à l’impuissance qu’il a été durant la majorité du temps. C’est à croire que Giroud joue dans cette équipe : on tourne autour, on danse, on montre sa force, on la sort mais on la rentre pas. La seule différence c’est que le Bayern ne l’a pas twitté pour s’en vanter, c’est vrai que dans tous les cas c’est pas glorieux. C’est ça aussi de composer son équipe autour de Thiago Alcantara : on prend le risque de ne pas mettre les bons pour faire la différence, ceux qui étaient déjà là l’an dernier. Heureusement là il y avait Kroos et Robben, la prochaine fois peut-être Müller et Schweinsteiger peut-être. Ou alors c’était de la pure arrogance et ça devient très intéressant pour le PSG-Bayern qui ne manquera pas d’avoir lieu. Sauf si Ibra se blesse.

La dernière phrase était une vanne.

Leverkusen-PSG : Marco trafiquant

Margotton et Carrière aux commentaire, Ianneta et Sabattier en plateau : ça sentait la grande soirée.

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Il s’appelle Emir Spahic, il est Bosnien, il a 34 ans et il a été défenseur du Bayer Leverkusen 59 minutes contre le PSG. Il est aussi un ancien joueur de Montpellier, et comme assez peu de joueurs de Leverkusen, il rêvait sans doute d’éliminer le PSG. Mais, comme Manchester City face au Barça, il a attaqué le match en se demandant visiblement ce que son équipe foutait à jouer encore la Ligue des Champions en février. Ce type de méprise existe encore en 8e, mais en quarts ça s’arrête généralement.

C’est donc la première confirmation de la soirée, sobrement intitulée « le moment de vérité » par un quotidien sportif décidément plus pertinent que jamais. L’effet Lavillénie comme on dit. Le moment de vérité nous apprend donc que quand on est une bonne équipe européenne, on s’emmerde en 8e de finale. C’était déjà le cas l’an dernier contre Valence, contre Leverkusen un an plus tard ça pouvait difficilement devenir intéressant.

C’est assez simple à comprendre : Verratti a un an de plus. Pendant que tout le monde se demande comment prendre Ibra, personne ne se demande comment faire perdre un ballon à Verratti, ni comment éviter de lui rendre. En Ligue 1 personne n’a trouvé, en Ligue des Champions non plus pour l’instant, même si les Portugais, les Belges, les Grecs et les sous-officiers allemands ne sont pas les mieux placés.

Ainsi donc, même si Ibra répond en premier aux questions d’Astrid Bard avec sa queue de cheval bien humide, tout partirait du milieu de terrain. Quelle drôle d’idée. Comme si le Bayern avait construit sa machine avec Schweinsteiger, Kroos et Martinez l’an dernier, le Barça avec Xavi, Iniesta et Busquets avant eux, et le grand Lyon avec Juninho, Tiago et Diarra plutôt que Fred et Govou. Dans le football actuel fait de transitions, faire la différence, c’est bien défendre et bien attaquer, et ce sont les milieux qui s’en chargent. Les ballons d’or, ils n’en ont rien à foutre. Autant le filer à un joueur de Manchester City, ils font plein de jolies choses en Premier League, mais un peu moins contre le grand Barcelone, ses 98% de possession, ses 1590 ballons touchés par Xavi, ses zéro occasion jusqu’à un penalty volé, en un mot sa génération archi-morte. C’est costaud City, et que dire de ce Yaya Touré.

Pendant ce temps-là, mieux vaut éviter de regarder les 8es allers du Bayern, de l’Atletico, de Dortmund et du Real. Sauf pour ceux que ça amuse de voir Wenger se décomposer sur la touche. Mais se décomposer vraiment.

Leverkusen-PSG : Bayer de fonds

Réveillé de sa longue hibernation, le requin navigue actuellement dans le Rhin. Certes c’est une rivière mais il ne suit plus aucune règle.

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« Cette rencontre, on l’attend depuis longtemps. » Si le requin avait arrêté sa conférence de presse là, l’ambiguïté aurait pu sauver tout le monde du carnage. Mais une phrase c’est comme un seul poisson, ça ne lui suffit pas, il veut le ban entier, c’est pour ça que Menez s’y asseoit. Il a donc fallu qu’il s’en prenne aux plus faibles sans défense, ou plutôt parmi les pires de Ligue 1. « Après Valenciennes, on a ressenti un regain de concentration à l’entraînement. » Ce n’est pas respectueux pour Valenciennes, mais ça l’est pour Leverkusen et c’en est presque troublant. Le requin doit vraiment avoir faim. « Je nous vois bien avoir une grande possession de balle. » Ah, quand même.

Et quand il a faim, il devient fourbe. Il est capable de tout, hésiter entre Lavezzi et Pastore, ne pas hésiter avec Lucas, recruter Cabaye, et répondre à ceux qui doutent qu’Ibra ait déjà réussi un grand match européen. On peut toujours trouver : il avait marqué deux buts à Arsenal avec le Barça. Grand match ou pas, c’est le seul dont il se vante dans son auto-hagiographie, alors on va dire que c’était un grand match. Le requin a tranché : « il est là dans les grands rendez-vous parce que c’est un compétiteur hors normes. » Le requin ne ment jamais : il dit juste qu’il est là.

Mais il ne peut pas soutenir non plus devant autant de cartes de presse dédicacées par Ibra qu’il compte plutôt sur Matuidi ou Sirigu pour qualifier son équipe, parce que sinon il faudra expliquer à la presse qu’il n’a que Motta et Maxwell à disposition avec une réplique de Ligue des Champions dans leur salon. Lui-même serait bien embêté si on lui demandait de montrer la sienne. « Il y a des joueurs qui font 15, 20 ans de carrière sans la gagner », dit-il, en pensant pour une fois autant à Gasset qu’à lui. L’essentiel est donc ailleurs, continuer à être sûr qu’il a la mâchoire la plus puissante du continent. Il a déjà déboîté celle d’un Croate, il y a bien longtemps.

Pendant ce temps-là, Wenger a pris l’habitude de perdre tous ses matchs européens importants et ça ne l’a pas empêché de se forger un superbe palmarès. Ah si.

Ligue 1, 25ème épisode : Payet l’addition

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Laurent Blanc respecte-t-il Valenciennes quand il dit qu’à 3-0 le PSG a fait le job ?
Il y a effectivement une légère ambiguïté. Il faut revenir au sens étymologique de faire le job, qui bien souvent indique que le résultat était acquis contre une équipe pourrie et que la seule incertitude était le nombre de buts à leur inscrire. Dans ce cas, oui, il est permis de penser qu’il n’a pas échappé au requin que Valenciennes avait gagné à Monaco et qu’il était plutôt bien senti de faire passer un petit message.
Que voudrait dire un quotidien de sport en ouvrant sur le PSG avec le titre « reçu avec mention » ?
Que Leverkusen va en prendre 9 à l’aller et au retour et que Paris va gagner la C1. Vous voyez autre chose ?
Saint-Etienne-OM, c’est alléchant non ?
Il y aura tellement de stars qu’on ne sait pas où donner de la tête. Qui va gagner le match à lui seul, impossible de le deviner. Payet va-t-il réussir son premier match avec l’OM ? Thauvin saura-t-il différencier ses équipiers et ses adversaires ? Hamouma fera-t-il ce qu’il faut pour signer un pré contrat à l’OM dans la soirée ? Gignac peut-il jouer le Mondial ?
Mbaye Niang est-il l’avenir du foot français ?
Emigré en Italie après une demi-saison en pro, première conduite sans permis, puis la saison de la révélation jusqu’à ce poteau au Camp Nou qui aurait pu tout changer, enfin presque tout, enfin peut-être pas tant que ça en fait puisque six mois plus tard Montpellier n’a pas eu trop de forcing à faire pour se le faire prêter. Et il a confirmé son potentiel : il marque, il plante sa Ferrari après un rodeo, il fait un délit de fuite, il dit sur Twitter que c’était pas lui, il enlève son tweet, il part en garde à vue, et Courbis le réprimande en lui léchant le cul. Il a tout pour devenir un grand.

Monaco-PSG : Le baril de pétole

Il s’agissait de situer à peu près le cours réel du pétrodollar.
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C’est donc à ça que vont ressembler les chocs de Ligue 1 désormais. C’est pas mal techniquement, ça montre que c’est largement au-dessus des autres équipes et ça se termine sur un nul : on serait presque tenté d’y croire. Même autour du terrain ça fait envie : en tribune y a du pognon, en salle de presse de la vodka et du champagne, et sur les bancs un requin fait face à un glorieux italien dont on est toujours flatté qu’il entraîne en France. Pour l’instant, l’illusion est parfaite.
Mais à un moment il faut revenir à ce qui se passe sur le terrain. Et là c’est très simple : Paris est beaucoup plus fort, comme à l’aller, et ne gagne pas comme à l’aller. Paris fait ce qu’il veut au milieu de terrain et puis à un moment il oublie de se créer des occasions. Quand il y a 3-0 ça va, quand il y a un 1-0 non. Est-il si important pour une grande équipe d’avoir conscience du score en permanence ?
Et puis un grand choc pour le titre national, c’est le rendez-vous des grands joueurs. Pastore, donc, qui a ouvert le score. Tiago Silva qui a égalisé sans signer à Monaco à la mi-temps. Il faut donc trouver d’autres coupables. Ibra peut-être, qui a su s’arracher dans le temps additionnel pour s’offrir la balle de match à tirer sur le gardien. Ca fait du beau monde sur le terrain, mais la gloire a encore une fois choisi d’enrubaner Eric Abidal. Ou d’embaumer au choix. Il a profité de l’occasion pour montrer l’étendue de ses possibilités : être mangé par la puissance d’un coup de rein de Pastore, intervenir rugueusement dans les pieds de l’ombre de Lucas déjà reparti de l’autre côté, quelques relances que les éducateurs s’efforcent chaque mercredi d’interdire à leurs U11, et puis le chef d’œuvre du temps additionnel après l’occasion manquée d’Ibra : un dribble dans les six mètres qui offre le tacle de la victoire à un adversaire.
Il ne lui restait plus que deux possibilités : tomber et gueuler sur l’arbitre, ou ne pas tomber et gueuler sur le gardien. Il a fait les trois. Les documentaires sur la fin de vie sont tellement émouvants qu’il n’y a rien à ajouter, pas même la rentrée de Menez qui oublie de défendre deux fois sur son côté et offre un but et une occasion à Fabinho. Le haut niveau attendra donc les 28 ans.

Ligue 1, 24ème épisode : Le petrodolimpico

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Sochaux vient de reprendre espoir, c’est grâce à Jordan Ayew ?

 

Bizarrement, non, pas du tout. Pour son 160e match pro à Lyon (0-2), il était titulaire et n’a pas marqué son 25e but. Pour son 161e, toujours pas de 25e but contre Montpellier (0-2). A Angers pour le 162e, en Coupe de France, il a failli mais toujours pas (0-1). A Ajaccio, la révolte est sans doute venue de lui mais le but est venu de Carlao et Nogueira (1-1). Et contre Nantes, le 164e match était le bon, en tout cas pour gagner grâce à Sunzu. Le 25e but ne va pas tarder : Ayew a dû tirer à peu près 6 fois en 6 matchs, dont 3 cadrés.

 

Lyon est-il l’équipe en forme du moment ?

 

Une semaine après avoir laissé entendre que non, ce n’est pas une défaite à Rennes qui va nous faire tirer sur l’ambulance, surtout quand Gourcuff est dedans.

 

Rennes est-il l’équipe en forme du moment ?

 

Personne n’a dit ça non plus.

 

Qu’est-ce que l’effet Courbis ?

 

Ca pourrait être une révolution tactique, mais depuis le temps ça se saurait. Fernandez avait même essayé de faire arrêter le foot aux joueurs, et ça non plus ça n’avait pas suffi. Il fallait donc un interdit de casino pour faire le travail : se faire prêter un jeune attaquant du Milan AC, dire qu’il est le meilleur attaquant français de Ligue 1 dès qu’il marque, dire qu’il sera l’avant-centre des Bleus à l’Euro 2016 dès qu’il plante sa Ferrari entre deux arbres avec délit de fuite et dénégations sur Twitter jusqu’à sa garde à vue où il avoue. Et bien sûr se faire Newcastle avec l’accent et l’embonpoint de son président. Ca ne dure jamais longtemps mais ça fait du bien à tout le monde.

 

Monaco-PSG, c’est le rendez-vous des buteurs ?

Aux dernières nouvelles, Falcao est occupé à préparer son Mondial, Cavani est dépressif et Ibra a mal au dos. Mais il restera Pastore et Moutinho, sans doute sur le banc. Attention les yeux.