La légende : Le Tchad de France

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Alors que Lyon prospecte au Tchad à la recherche du futur Lisandro Lopez, le Vestiaire se souvient que deux anciennes stars de notre championnat ont bien connu ce pays.

Les lecteurs qui auront eu la bonne idée de naître dans les années 80 n’auront jamais entendu parler de lui, et pourtant avant même que Japhet N’Doram termine sa carrière dans les fanfares du Stade Louis 2, un compatriote baptisé Nambatingue Toko avait eu l’occasion de boucler la sienne en haut du panier de la D2 au RC Paris. Qu’ajouter ? Ceux qui voudront faire les malins vous ressortiront le Président Borelli faisant l’amour avec la pelouse et Toko crucifiant bien avant l’heure le FC Nantes qui n’était pas de N’Doram mais juste de José Touré. Par contre n’allez pas raconter que vous savez qu’il a marqué contre Sofia en Coupe d’Europe ou que Strasbourg a déjà été champion. Sinon vous avez connu le monde avant le premier choc pétrolier. Mais au fait N’Doram c’était qui ?

Tchad Michael Murray

N’Doram, c’était le meilleur joueur du Nantes de Loko, Ouedec et surtout Pedros, l’histoire nous apprendra qu’il n’y avait finalement pas de mal et que la première passe est parfois la plus dure. Marquer n’est pas si simple, a pourtant dû penser Ouedec depuis sa geôle chinoise. Avant ça, le Cameroun avait arraché Japhet aux faubourgs de N’Djamena, en ces temps où Jean Hélène les arpentait avec appétit. Contrairement à Djemba-Djemba, N’Doram n’est pas passé par les Brasseries du Cameroun, et ce n’est ni un hasard, ni un jeu de mot. Arrivé hors de forme, il finit par percer et pourtant on jurerait que la fille du Suaudeau faisait partie des sceptiques, comme bon nombre d’observateurs. Pour d’autres joueurs mieux armés, ce fut nettement plus simple. Quelques bonnes saisons à Nantes, suffisamment pour marquer un but au Spartak, un autre à la Juventus et finalement l’histoire du club à jamais, Gourvennec et Sibierski jurent qu’ils n’y sont pour rien. Certains rappelleront le 2000e but du FC Nantes, mais Aubry avait oublié de plonger, ce ne fut pas la seule fois. Au passage, le Sorcier n’oubliera pas de filer quelques tours de reins, le plus souvent ça tombait évidemment sur Raphaël Guerreiro. Voilà comment Monaco sacré champion en 97 l’appelle pour passer au stade supérieur. Ca sera sans ses genoux, et très vite sans lui. Injuste diront les uns, directeur sportif diront les autres. Personne n’a eu raison.

La légende : Où naît le Champion

 

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C’est l’histoire sans fin de l’exploit sans lendemain. Le tennis de haut niveau n’a jamais duré plus d’un jour chez Thierry Champion.

Les tournois du Grand Chelem, ils les attendait. Roland Garros, c’était son jardin. Mais qui joue au tennis dans son jardin ? Le jeune Thierry Champion n’est pas loin des 24 ans lorsqu’il signe sa première perf en Grand Chelem. A domicile, il élimine Guy Forget, lui aussi à domicile, cherchez l’erreur, et s’il y en avait deux. 5 sets contre le futur héros du palais des sports de Lyon, puis 5 sets contre Novacek qui n’est déjà pas un si un bon joueur, ça fait peut-être beaucoup pour un 191e mondial mais rendez-vous est pris.

Sergi pavoise

L’année suivante, Sampras n’en est qu’aux prémices de sa fabuleuse carrière sur terre battue, Champion ne lui laisse que 5 jeux. Santoro lui en laissera un de plus au tour suivant. 1991 est décidément son année puisqu’il atteint les quarts à Wimbledon en sortant la légende Pat Cash qui ne sait plus ce qu’est un quart de finale depuis Aout 88, ça fait 12-10 au 5e set. Il n’en saura pas davantage après. Les quarts lui tendent les bras, Edberg aussi, ça fait trois sets secs et le tunnel sous la Manche n’est pas encore fini. Champion est au sommet mais son amour des grands courts le pousse à continuer sa carrière pro au-delà de ses 26 ans. Roland Garros 1993, Camporese comprend sa douleur en quatre sets. Bruguera comprendra-t-il celle de Champion deux jours plus tard ?

Depuis ce temps-là, Champion s’est recyclé dans l’éducation d’enfants en difficulté. C’est pas facile tous les jours.

La Légende : L’ablation des Abidal

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Le Vestiaire est entré aujourd’hui dans sa troisième année d’existence. Pour l’occasion, il fallait rendre hommage au joueur le plus emblématique du sport français actuel. Le jour où Lyon devait entrer dans l’Histoire du foot européen, il était là. Le jour du premier enterrement des Bleus de Domenech, il était encore là. Le jour où le plus grand Barça de l’Histoire a failli passer à la trappe, il était toujours là. Si la carrière d’Eric Abidal était un match, les « il s’est troué » de Jean-Michel Larqué ne dureraient qu’une heure et demie.

23’31

La plus rapide, et peut-être la mieux construite de toutes ses oeuvres, à un poste d’arrière central qu’il estime le sien, contrairement à l’ensemble de ses entraîneurs. Le chrono affichait déjà 3’42 » qu’Abidal lançait Luca Toni de la tête. L’Italien avait prouvé tout son goût pour le haut niveau à Munich, à moins que ce ne soit à la Fiorentina. Il confirme : seul face à Coupet, il se permet la gourmandise de tirer comme une merde à deux mètres du poteau, ce que tout bon avant-centre aurait fait à sa place. Mais, comme le dit le proverbe, si c’est dedans, c’est pareil, même si pour Maurice il faut nuancer. Alors, vingt minutes plus tard, la flèche Toni le prend de vitesse. Rapide, Abidal peut encore le rattraper pour l’empêcher de passer. Par la droite, par la gauche, les pieds d’Abidal choisissent les deux. Penalty, carton rouge, Boumsong rentre, l’Euro est fini. Colleter et Blondeau ont gardé la VHS.

66’

Ce n’est pas parce que Sagnol continue de donner des conseils en costard à la télé, à l’aise comme Marc Cecillon à une réunion de parents d’élèves, qu’il faut toujours l’écouter. Déjà pris dans son dos tout au long de la première mi-temps, Abidal s’accorde une pause pour admirer le jeu de tête de Drogba. Rattrapé par la réalité, dépassé par Anelka, il le colle, l’autre tombe tout seul, carton rouge. C’est cruel, mais le haut niveau c’est pas courir toujours derrière son attaquant. Heureusement, le miracle se produit pour le Barça : Seydou Keita est rapatrié sur le côté gauche de la défense. Chelsea finit par craquer quand Abidal est déjà douché. Déjà privé d’Alves pour la finale, Guardiola peut jubiler.

76’13

La plus récente, pas si éloignée de celle de Chelsea puisque seulement quatre jours plus tard. Surtout, la seule qui manquait à son palmarès : l’expulsion à la maison. Un match pour le titre, le plus grand stade d’Europe plein à ras bord fêtant déjà son équipe qui mène 3-1 à 15 minutes du titre. Quelle meilleure minute pour venir provoquer un penalty, doucher l’enthousiasme des supporters et relancer un adversaire qui finalement égalisera à la dernière seconde et obligera le Barça à fêter son titre à l’extérieur ? Abidal, lui, est rassuré : il s’évite la finale de la Coupe du Roi et verra très probablement le match du titre dans un bar du Barrio Chino. Qui pourrait le reconnaître ?

87’27

Chronologiquement, le premier drame de sa carrière, si l’on met de côté sa saison 2000-01 à Monaco. Il reste quelques secondes à jouer, Lyon tient sa première demi-finale de Ligue des Champions. Fred mis à part, on ne voit pas qui pourra empêcher la meilleure équipe d’Europe d’aller en finale. A cet instant, pourtant, personne ne comprend ce qui passe par la tête d’Abidal. En revanche, tout le monde voit bien que le ballon passe au-dessus de sa tête avant d’atterrir dans les pieds de Schevchenko, seul face à Coupet. Les analystes du monde entier sont formels : l’Ukrainien n’a donc pas pu sauter, Abidal était tout seul pour faire une tête. Farceuses, les caméras du monde entier ne manqueront pas de montrer qu’Inzaghi, dans son sprint de joie, croisera sa victime, les bras ballants. Comme si numéro 20 dans le foot, ça voulait encore dire pas titulaire.

Trois expulsions, une élimination, des moments clés où le talent compte, mais se voit moins que les conneries. Pour Domenech, une seule question : stoppeur ou latéral ?

Saut à ski : Un bon coup d’Eagle

Le-Vestiaire.net, entre la remise de ses trophées annuels et l’élection de sa marraine, reviendra cet hiver sur les grands noms du cirque blanc. Chemmy Alcott (pas mal, à droite) n’aurait, à ce qu’il paraît, pas toujours été l’égérie du ski britannique.

A une époque où Carole Merle et les combinaisons fluos ne faisaient pas encore rire, Eddie Edwards avait quand même trouvé le moyen de se faire remarquer : ses lunettes étaient plus larges que son masque de ski. Elles prenaient surtout la buée quand il se présentait en haut des tremplins, à l’aveuglette, et les chevilles en souffrance dans des chaussures trop grandes.

La Fédération britannique, qui n’avait personne d’autre à envoyer, lui accorde le droit à l’euthanasie aux JO de Calgary (1988). Il en sort miraculeusement indemne, mais derrière Didier Mollard. Le public lui pardonne et très vite les médias s’emparent du plâtrier de Cheltenham. Juan-Antonio Ca m’arrange, opportuniste, lui rend même hommage avant d’éteindre la flamme : « Pendant ces Jeux, certains compétiteurs ont remporté l’or, d’autres ont battu des records et l’un d’entre eux a volé comme un aigle. » La légende d’Eddie ‘The Eagle’ est en marche. Elle s’arrêtera aussi nette que la progression de son single dans le Top 50 britannique.

Football : Cantona que l’amour

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On ne parlait jamais foot chez les Cantona. Alors, Sacha a appris tout seul.

Faire de Sacha Opinel un second couteau tiendrait du raccourci facile. Tous les anciens Cannois n’ont pas eu la chance de voir l’Angleterre. Sa carrière en D2 est pourtant toute tracée quand sa passion pour le surf le rattrape : il part l’assouvir à Kirkcaldy, sur les plages de la mer du Nord. Ce qu’il veut surtout, Sacha, c’est remplacer son oncle dans le cœur des Anglais. Mais Cantona n’a jamais joué à Leyton Orient, ni même à Crawley Town. Allez savoir pourquoi.

Son pied gauche, qui n’a d’égal que le droit, le ramène sur les bords de la Tamise, à Gravesend, une charmante localité du Kent, ravagée au XVIIe par une épidémie de peste bubonique. C’est là que se morfond l’Ebbsfleet United (5e div. anglaise), dont le rachat par une communauté d’internautes donne enfin à Opinel sa revanche sur le sort. Ses 30.000 entraîneurs aiment le voir courir pour rien sur l’aile droite : ils lui font gagner le FA Trophy et un après-midi à Wembley. Ca méritait bien un album.

Football, La Légende : Pascal, la fin du no

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Bordeaux et Saint-Etienne porteront ce soir un crêpe noir pour Pascal Feindouno, en hommage à Patrick Montel.

Il était Guinéen et voulait jouer au foot professionnel. Enfin, c'est ce qu'ont cru ses entraîneurs, à commencer par Elie Baup, même prêt à biser Michel Pavon un soir de mai 1999. Il y avait de quoi, le petit Guinéen avait fait des miracles : inscrire le but du 3-2, offrir le titre et inciter Baup à faire rentrer Bruno Da Rocha.

Mais l'état de grâce n'a pas duré, même si Aimé Jacquet lui trouva beaucoup de talent en Ligue des Champions. C'était contre Willem 2 Tilburg et Jean-Chritophe Rouvière était titulaire. Un départ à Lorient, une amitié sur et en dehors du terrain avec Jean-Claude Darcheville, des passages dans C José et avec Paganelli, peu de carrières y résistent.

Parti à Saint-Etienne pour franchir un cap, il fait taire tout le monde quand une rumeur insistante l'envoie à Toulouse, deux ans plus tard. Mais il reste, attend sagement que France 2 acquiert les droits télé. Patrick Montel le surnomme le « Magicien », s'étonne qu'aucun grand club ne s'intéresse à lui, c'est l'apogée. Par fidélité, il avait commis l'erreur de ne pas partir dans le Golfe dès l'été 2007. Il passe l'hiver dernier à la CAN au Ghana et comprend qu'il n'a plus de temps à perdre, surtout que Schwarzenegger prèfère les cantines qataries au Casino de Geoffroy Guichard. Son dernier but en Coupe d'Europe restera donc la propriété de l'Hapoël Tel Aviv. Il voulait juste jouer au foot.

La Légende des îles, Football : Who’s Bade (2/2)

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Le Vestiaire vous propose une nouvelle série de légendes sur les sportifs des DOM-TOM. Suite aujourd'hui de l'île de La Réunion avec les restes de Jean-Pierre Bade.

De retour dans son île dans le plus strict anonymat après une carrière abyssale, Claude Barnabet occupant le haut de l’affiche, JPB décida de donner une autre orientation à sa carrière. Fini d’être un Arnold et Willy, Jean-Pierre allait devenir Monsieur Bade.

Sa chance, devenir l’entraîneur de la meilleure équipe de l’île : la Saint-Pierroise, la Saint-Louisienne et enfin, depuis cinq ans, le Tampon (ce n’est pas un jeu de mots). Ça ne vous dit rien mais c’est comme si Charles-Edouard Corridor était devenu l’entraîneur du Saint-Etienne des années 70 puis de l’OM 1993 et enfin de l’OL depuis 2002.

J.-P. a glané ses talents d’entraîneur du riche par une méthode très stricte : entraînements deux fois par jour, à 6 heures du matin et à 18 heures sept jours sur sept, colères noires et retenues sur salaire à la moindre défaite. S’il avait dû se coacher comme joueur, il ne roulerait surement pas en BMW de luxe à l’heure actuelle. Tout ça pour un championnat digne du CFA2.

Aujourd’hui, ironie du sort, c’est Claude Barrabé qui vient lui quémander du travail, car être adjoint d’Eric Cantona en équipe de France de Beach ne lui permet pas de faire le beau sur la plage. Bade tient sa revanche. Il a laissé son costume de jeune puceau pour celui du parrain du football réunionnais. Mais quand on lui demande pourquoi, avec son palmarès local, il ne pourrait pas tenter sa chance dans le football professionnel, Jean-Pierre reprend ses yeux de jeune précoce et ses éternelles éliminations en 8e tour de Coupe de France refont surface. Mieux vaut être prophète en son pays.

La Légende des îles, Football : I’m Bade, I’m Bade (1/2)

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Le Vestiaire vous propose une nouvelle série de légendes sur les sportifs des DOM-TOM. Place aujourd'hui à la Réunion avec un Jean-Pierre Bade coupé en deux.

Le port altier, un brin dépressif, Jean-Pierre Bade passait tout à fait inaperçu. D'un caractère entier ou au moins à moitié, il ne cessera, tout au long de sa carrière, son combat contre le haut-niveau. Amoureux transi, il déchargeait souvent dans les toilettes de Bollaert en pensant à la Coupe de France. Celle-ci ne goûtant que peu ses méthodes salissantes, préféra l'éconduire par trois fois (86, 87 et 90) au moment de conclure. D'une insolente discrétion, l'important était pour lui de ne pas s'imposer. Une règle qu'il suivra à la lettre : entre 84 et 90, il connaîtra six clubs. Cerise sur le badaut, comme la totalité des joueurs de sa génération, il croisa l'équipe de France. Espoir ou A' certes, mais on disait équipe de France. Et pour un Réunionnais, ça voulait vraiment dire quelque chose. Quoi exactement ? « Demandez à Claude Barrabé », répondait-il comme une boutade. Il était drôle Jean-Pierre. Evidemment, il jouait défenseur. Mais que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir. Lui n'avait rien.

La Légende JO, Boxe, Asloum : Redouane, raide mais pas one

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Il s’appelle Asloum, un nom de famille prédestiné pour briller aux Jeux Olympiques, mais aussi pour prendre des branlées. Redouane a choisi. Le mercredi 18 aout 2004, c’est un jeune boxeur de 23 ans, déjà champion de France amateur et gonflé à bloc qui se présente sur le ring d’Athènes. Son frère Brahim, aux commentaires, est confiant. Comme à son habitude, il dégouline même de fierté lorsque le redoutable Arménien Aleksan Nalbandyan, 33 ans, se présente à l’abattoir. Son intime conviction lui dit que brother Redouane va faire un gros tournoi. Pour cela, il aurait fallu qu’il marque plus de points que son adversaire du premier tour. 20 Pour Asloum, 27 pour Nalbandyan. Brahim est moins confiant, mais reste fier lorsque ses larmes se mélangent à celle de Rédouane, un rien dégonflé.

La Légende JO, Pentathlon moderne : Pourquoi tant Deleigne ?

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Il avait de D’Artagnan un bouc effilé et la fierté des gens du Sud-Ouest. La comparaison s’arrête là, Sébastien Deleigne ne savait pas tenir une épée. Longtemps il aura maudit Coubertin d’avoir choisi l’escrime pour rafraîchir la discipline : le saut d’obstacles suffisait déjà à son malheur.

La presse spécialisée fait de lui le nouveau Bouzou avant Barcelone. Il s’arrête alors aux portes de la finale (10e), pas plus ouvertes quatre ans plus tard à Atlanta (26e). Ses titres mondiaux 97 et 98 ne suffisent pas à sortir Deleigne de l’anonymat. Sydney non plus, il y achève sa carrière la queue entre les jambes (4e) avant un jubilé athénien (15e) que Labit et les Treizistes de Lézignan ne souhaitent pas à Amélie Cazé.

La Légende JO, Gymnastique, Hommage : La chute de Cassy Vericel

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Elle était notre petite protégée, son fan-club était un véritable lobby pesant sur l'indépendance du Vestiaire, désormais ce temps est révolu, un peu comme sa licence à Chassieu. Hélas, la petite perle lyonnaise de la gym, Cassy Vericel, ne pourra concourir à Pékin. La faute à une vilaine contusion. Fragile comme une gymnaste, Cassy faisait figure de possible médaillée après son bronze mondial au sol, sa discipline de prédilection. Elle l'aimait tant qu'elle a choisi d'y rester. Manquer le grand rendez-vous de sa carrière, à 17 ans à peine, c'est l'entrée dans la légende aux côtés d'une autre championne. En plus, elle avait déjà sa page wikipedia.

La Légende JO, Triathlon : Le dernier soupir du mime Marceau

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Comme la mère des sœurs Mouthon, le triathlon français a accouché dans la douleur de son plus grand champion (1,83 m). Olivier Marceau n’a que 19 ans quand il rate son bac pour la première fois. Il ne le repassera plus. Les France UNSS ne résistent pourtant pas à ce cadet surdoué, champion du monde chez les grands au meilleur moment (avril 2000).

Cinq mois plus tard, il manque de se noyer dans la baie de Sydney (7e), l’histoire ne retiendra que sa teinture blonde. Il aime alors tellement les montres suisses qu’il se fait naturaliser. On n’a plus vu là-bas pareil palmarès depuis Luc Van Lierde, qui était Belge. Aussi transparent que l’Henniez, Marceau confirme en Grèce l’étendue de son potentiel (8e). Ca ne lui a pas suffit, il ose la récidive.

La Légende, JO : Babak dans les bacs

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Son hobby, c'était le kayak. Babak Amir Tahmasseb a été comme beaucoup d'autres, champion du monde juniors, c'était en 1994. Comme peu d'autres, il a remporté 39 médailles d'or en championnat de France, et 50 au total. Jeannie Longo aurait pu être jalouse mais Babak a compris avant elle que la retraite pour un sportif, c'est avant 60 ans.

Surtout après le terrible accident de 2001 à Poznan : il remporte le titre de champion du monde en kayak monoplace (K1) sur 1000 mètres. Le fanzine de la fédé lui apprendra que c'est une discipline olympique, ce qu'il n'avait pas eu le temps de comprendre à Sydney où il avait un ami (5e en biplace). Dorénavant leader solitaire du kayak français, il confirme Poznan dès l'année suivante en étant sacré champion du monde de la finale B. La machine est lancée, elle arrivera 12e à Athènes.

La Légende JO, Foot : Le 1er Atlanta terroriste de Domenech

A l'approche des JO, Le Vestiaire revisite les plus beaux exploits du sport olympique français. Premier volet : la fabuleuse épopée de l'équipe de France espoirs aux JO 96, quart de finaliste sans Diomède.

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Raymond Domenech n'a plus sa moustache pour déflorer son palmarès déjà vierge à l'époque lorsque vient l'heure de s'envoler pour Atlanta. Son équipe de France possède de solides arguments pour remporter le titre, et pas seulement parce que Geoffroy Toyes'r'us y participe. Sa principale qualité : la faiblesse des adversaires.

La France a donc une sacrée carte à faire valoir lors de son entrée en lice contre la redoutable Australie. Son succès 2-0 attise les plus fols espoirs de Robert Pires, déjà black-listé : l'Euro, c'était en Angleterre. Virevoltant, le Messin marquera un but, son adversaire Kevin Muscat jurera qu'on en l'y reprendrait plus. La confiance est telle que Sylvain Legwinsky ouvrira le score contre l'Espagne (1-1), l'Arabie Saoudite sera ensuite balayée 2-1 sur la route des quarts de finale.

Dieng de toi

Malheureusement, le piège portugais va alors se refermer sur Domenech et ses hommes. On ne le sait pas encore, mais Raymond inaugure son premier vrai fiasco. Face à une attaque portugaise qui ne fera peur à personne pendant des années, il joue l'offensive. Pour soutenir Maurice et Pires, le sélectionneur français aligne Makélélé, Legwinsky, Dhorasoo et Dacourt. Tellement offensifs qu'ils finiront tous n°6. Certes, les Djetou, Moreau, Dieng et surtout Bonnissel, qui sera expulsé, avaient bien besoin d'un coup de main. Lot de consolation : comme l'Italie et les Pays-Bas à l'Euro 2008, le Portugal était trop fort : 0-2 contre l'Argentine en demi-finale et 0-5 contre le Brésil dans la petite finale. Florian Maurice était alors le meilleur buteur de son équipe et Antoine Sibierski n'avait pas encore pris un Buffet sur la gueule.

Des quatre équipes les plus fortes, il n'en manquera qu'une. Celle entraînée par Domenech, comme d'habitude.

Football, L’instant Le Vestiaire : Vilipendé, pendez Willy

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C'est comme si Pâques était tombé un 1er novembre. Willy Sagnol était entré dans le temps additionnel de sa carrière, il a voulu enchaîner un tour d'honneur avant la fin du match. Il est privé de prolongation.

France-Roumanie a apporté la preuve que perdre son niveau prend peu de temps. Dans un stade aussi champêtre que sa coupe de cheveux, Willy Sagnol a réuni, le temps d'un match, un peu de chaque cadre de 2002 : le rythme de Zidane, l'accélération de Wiltord, la prétention de Leboeuf et l'efficacité de Trezeguet. Un vrai plateau de jubilé, il manquait juste le sex appeal de l'autre Franck, Rabarivony.

Tout avait pourtant bien commencé. Une Marseillaise sans accroc, tout ressemblait au passé. Mais le présent l'a vite rattrapé, en l'occurrence Mutu qui est réputé pour ne pas courir vite. On a hâte de voir Ronaldo ou Sneijder face à lui. A l'expérience, Sagnol compensa par son placement : systématiquement entre deux joueurs, ses interventions étaient à chaque fois remarquées par l'homme en noir, qui hélas n'était pas Thuram. Certains choisissent de ponctuer leur jubilé par un but, Sagnol a choisi la sobriété et un carton jaune. Makélélé aurait longuement milité pour son expulsion si Thuram n'était pas encore plus vieux que Sagnol.

Déjà en 2006, sa capacité à accélérer rendait sceptiques jusqu'aux femmes de joueurs. Mais « Vili » est aujourd'hui incapable de centrer correctement. Ribéry a tellement attendu un dédoublement à droite qu'il a fini par se charger de la passe et de l'appel tout seul. Ca a un peu énervé Willy, qui a voulu casser du Roumain sur certaines actions en fin de match. Le champion a du caractère. Et comme son sélectionneur semble encore aimer les champions de sa trempe, un nouveau jubilé s'annonce vendredi.

La Légende, Tir à l’arc : Sébastien, l’homme qui a dit flute !

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3 août 1992, une chaleur moite a envahi la chambre de Sergi Rodriguez, qui fait cloison commune avec la fameuse auberge de Pere Tarres. Tranquillement, le jeune garçon se pignole au souvenir de ce coup franc de Koeman qui a offert la C1 au Barka, trois mois plus tôt. Il ne sait pas et ne saura jamais qu'au même instant, à l'autre bout de la ville, la France accouche de son premier champion olympique de tir à l'arc, le dernier. A l'image du précoce Sergi, Sébastien Flute, 20 ans, bandera tellement ce jour-là qu'il ne s'en remettra pas. L'un finira au Camp Nou (une ville dans la ville), l'autre à l'arsenal de Brest après une pas si jolie 8e place à Sydney.

La Légende : Blessures de bon raille

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Alors que l'équipe de France de foot a plus de joueurs à l'infirmerie que Patrick Blondeau a pu en envoyer dans sa carrière, que Sylvain Marconnet a passé sa première étoile et que le Professeur Saillant pense faire euthanasier Ronaldo, Le Vestiaire revisite pour vous ces instants de génie.

Un filet de fumée s’échappe du bol de chicorée à moitié vide. L’air est moite et tendu. Le carrelage à peine plus chaud que la nuit montpelliéraine. Dans le salon, un vieux transistor crache le montant de la valise RTL. Jérôme Fernandez doit encore faire la sienne. Le torse couvert par le peignoir de sa femme, il a aussi bien dormi que Christine Arron avant une demi-finale de 100 m. Fichu Coca Vanille.

La grande aiguille de sa flick-flack rappelle le handballeur à ses obligations ; c’est l’heure de la douche. Pas Omeyer de sa forme, Jérôme grimpe dans la cabine les yeux mi-clos, aussi hésitant qu’un tir à la hanche de Didier Dinart. Le geste est confus, l’eau beaucoup trop chaude pour son mollet et sa main gauche. Bilan de l’opération : des brûlures au 3e degré et un forfait pour l’Euro 2000. Il ne retrouvera jamais le niveau qui faisait alors de lui l’un des meilleurs joueurs du monde.

Cornée déboule

Steve Marlet n’aura approché qu’à Tignes de tels sommets sportifs. Santini lui donne en 2004 un strapontin dans le bus des Bleus pour le Portugal. L’Europe entière se demande ce qu’il fait là avec Boumsong et Pedretti. Vexé de devoir montrer à chaque porte son accréditation aux grooms de l’hôtel, le Pithivérien se l’accroche autour du cou, en évidence, avant de se déchirer la cornée avec le coin du carton. Il n’avait pas besoin de ça.

Ana Kournikova n’aurait en revanche jamais réussi à battre Venus Williams si cette dernière ne s’était pas blessée au poignet en soulevant son sac avant d'entamer le tournoi de Rome 2002. Jim Bilba a attendu lui la fin d’un match contre l’Efes Pilsen, en 1997, pour s’arracher le pouce. Villeurbanne est à l’époque une vraie équipe de basket, capable de priver les Turques du Final Four européen. Les dernières minutes sont houleuses et la sortie du terrain se fait sous les projectiles du public. Bilba déboule tête baissée et passe par une porte-vitrée comme Jimmy Nébot à travers le match.

Contrôle consanguin

Les footeux ont presque à eux seuls le monopole d’écœure. Julien Escudé a réussi à se donner une entorse du genou en promenant son caniche ; Rio Ferdinand s’est étiré les tendons de la cheville en abusant des rediffs d’Eastenders sur le canapé du salon. L’anonyme Paolo Diogo a perdu deux phalanges dans un grillage, Santiago Canizares son tendon sous une bouteille de parfum. Coupet s’est coupé (L'Equipe®) avec la planche qui devait soutenir ses trophées et Letizi se remet encore d’une lombalgie chopée pendant une partie de scrabble avec les intellectuels du PSG. Combien de points pour consanguin ?

La légende : Jean-Louis Garcia et les gants de vieux lourd

Avant d’être un bien mauvais entraîneur à Angers, Lens ou Chateauroux, Jean-Louis Garcia était un bien mauvais gardien de buts.

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Mickaël Landreau n’avait que 15 ans. Il a donc fallu demander au sergent Garcia de reprendre du service. Ce fut un charnier.

28 février 1995, cette date restera unique dans l’histoire du FC Nantes. Elle ruine la plus belle chance du club de gagner une coupe d’Europe. Alors que la bande à Suaudeau survole le championnat et le Lyon de Jean-Luc Sassus, rien ne semble pouvoir contrarier les ambitions européennes du FCNA. La blessure de David Marraud, qui semblait être une bonne nouvelle, va en être une très mauvaise.

 Il ne reste que Loussouarn depuis que Casagrande s’est fait serrer la main par les crampons de Weah. Et ce qui devait arriver, arrive au plus mauvais moment. Christian Karembeu, déjà partant pour tamponner les blondes, démolit Loussouarn à l’entraînement. A quelques heures du départ pour Leverkusen, plus de gardien. Et Jean-Louis Garcia, occupé à ranger les ballons, fouille dans son portefeuille pour en sortir une licence de footballeur, neuve depuis l’occupation et donc un peu jaunie. Ce sera lui sur la pelouse du Ulrich Haberland Stadion.

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Kirsten deutsch

Le football est fait de belles histoires. Mais aussi de très vilaines, comme cette frappe de 35 mètres de Lehnhoff dès la 9e minute, aussi dangereuse qu’un penalty de Mahé. Les réflexes de retraité n’étant plus ce qu’ils étaient, le ballon passa entre les mains du portier (entendez groom) de la Jonelière. Ulf Kirsten se chargea de maintenir sa confiance à flot en doublant la mise dix minutes plus tard. La soirée de merde s’adoucit quand Ouedec ramène Nantes à 2-1. Qu’on se rassure c’était sur un penalty en début de 2e mi-temps.

Bien sûr, Pedros se fit expulser, mais pour une fois Ferri avait pris les devants. La magie opéra encore avec trois buts dans le dernier quart d’heure. 5-1, Samson Siasia mettra tout son talent dans la balance au retour (0-0). Voilà qui méritait une tournée d’adieux : le public de la Beaujoire pourra découvrir Jean-Louis Garcia le week-end suivant contre Nice, avec une victoire au bout, mais un but de Mohamed Chaouch, encaissé dès la 5e minute. Un adieu d’artiste.

La Légence, Escrime : Un coup de sabre dans le Daurelle

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Aussi populaire, que Thierry Lincou, le nom de Daurelle ne vous évoque peut-être pas grand chose, hormis le poisson éponyme. Cet escrimeur était un personnage très complexe. D'une générosité sans limite dans la victoire, il ne supportait pas de partager ses défaites. D'un égoïsme rare, il n'a donc jamais rien gagné en individuel.

« C'est ce qui s'appelle avoir de la suite dans les idées », aimait plaisanter, un brin moqueur, Jeff Lamour et ses multiples médailles d'or dans la même discipline. L'altruisme de Jean-Philippe Daurelle dans les épreuves par équipe, n'avait par contre lui non plus aucune limite. Prenant son assaut avec 5 touches d'avance, il le rendait souvent avec 10 de retard. C'était ça, la Daurade, une cohérence de tous les instants. Et quand enfin, un podium mondial s'offrit à lui tout seul, en 1999, il n'avait que 36 ans.

La Légende, Ski acrobatique : Le père Foucras

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Sébastien Foucras a récolté en deux participations à Fort Boyard (172.670F) moins d'argent que Carole Merle n'en doit à ses parents.

Fierté du ski club des Yvelines, il passe sa première étoile sur les pentes de la colline d’Elancourt, entre la RD912 et la zone industrielle des Bruyères. L’hiver est rude, la soupe populaire. Sébastien Foucras, le poil naissant, abîme ses premiers Bic jetables sous la tôle gaufrée du jardin ouvrier familial. Il n’a pas 16 ans ni son BEPC, mais décide de rejoindre à Evian les pionniers tricolores de ce qui est encore appelé le ski artistique.

Le teigneux se fait très vite un nom parmi les quinze licenciés du pays. Comme tous les Français, il rate d’abord ses JO de Lillehammer mais décroche la Coupe du monde en 1996 avant qu’Alexis Blanc ne se brise les cervicales. Foucras tente par solidarité d’attenter à sa carrière et c’est sur un genou qu’il arrive à Nagano. Douzième et dernier des qualifs, il sort en finale deux sauts monstrueux couronnés d’argent.

Le miraculé de Noisy exhibe alors sa barbichette à toutes les émissions du service public. Déjà invité une fois à reluquer le décolleté d’Adeline Blondieau sur les cylindres de Fort Boyard, le père Foucras remet le couvert en 1998 avec Véronique Genest et Pierre Raschi. Fait prisonnier, il ne ressort que quatre ans plus tard pour allumer les Etoiles du Sport et reprendre la trésorerie du fan club de Jean-Marc Mormeck.