Instant Le Vestiaire : Le couac de Ronalbiniou

18785337gubz17x7h6ibzh51545jh2xii5azronaldinhoballondor2005h225148l.jpg

Second volet de ces instants où une carrière bascule vers le néant, avec Ronaldinho, qui nous a confirmé ce week-end qu'il était bien fini.

1er juillet 2006, la France rencontre le Brésil pour un quart de finale présumé facile pour la grande édentée de Boulogne. Le Brésil, pas plus mauvais qu'en 2002, va s'imposer, c'est sûr, contre une équipe de France qui se mordra les doigts, c'est sûr, d'avoir fini 2e de son groupe derrière la Suisse. Ronaldinho est là, menace prioritaire pour les adversaires. Mais jusque-là, il divertit plus la foule à l'échauffement et avec ses dents qu'en match. Après une saison de folie, star du Barcelone champion d'Europe, il n'a pas la même influence sur la Seleçao. A côté de son jeune coéquipier Robinhole, il paraît aussi en jambes que Doucouré en 2008. 90 minutes (et un coup-franc) plus tard, il rentre dans l'Histoire des grands échecs aux côtés du come back de Maradona en 1994. La Terre entière médiatique annonçait la retraite de Zidane, et le préretraité l'a poussé le premier dans les escaliers.

Amara Samba

Depuis, Ronaldinho n'a jamais retrouvé son niveau. Et, comme la carrière de Reynald Pedros, c'est de pire en pire. Aujourd'hui, Bronnie n'a plus rien d'une pépite. Il se fait même dévorer par Gudjohnsen l'Islandais, ce qui situe son niveau en-dessous de l'époque PSG. Il rentre 20 minutes, est rapide comme Ronny Turiaf, dribble comme Franck Sauzée et gagne autant de duels que Gaël Touya. Comme le PSG avec Fred, tous les clubs intéressés par Ronaldingo se sont ravisés. Sa carrière de trois ans au haut niveau prend fin et le pousse vers cet anonymat que Mickaël Debève connaît par coeur.

Les grandes familles du foot : Les peroxydés

valderamaeng76.jpg

Suite à la fin de carrière de Ronaldo, Le Vestiaire, ému, vous propose le destin des éternels tourmentés. Premier volet de cette rubrique avec une nouvelle illustre famille.

Par notre stagiaire

Gardien

José Santiago Canizares (Espagne) : Eternel second de la sélection ibérique, l’expulsion de Zubizarreta lui permit de jouer un match de Coupe du monde en 94. Titulaire avant le Mondial 2002, le portier de Valence se sectionne un tendon en réceptionnant une bouteille de parfum. Même Denériaz n’aurait pas eu telle poisse. Barré par Casillas dans le pays et écarté en club par Koeman, il a le profil type pour évoluer à Villareal… Il peut quand même se vanter d’avoir remporté quatre fois le Trophée Zamora.

Défenseurs

Taribo West (Nigéria) : Ses cheveux verts et sa fidélité à son pays comme Yvan Müller au Trophée Andros l’auront trahi au fil des ans, à cause d'une technique défectueuse enviée par son compatriote Taïwo. Aujourd’hui, il traîne ses vieilles guiboles sur tous les terrains du monde : de Serbie en Iran, en passant par le Qatar, à l’instar de Goma et Pierre-Fanfan.

Bakary Sagna (France A’) : Wenger ne (Bob) tarit pas d’éloge sur lui et Domenech le place derrière Clerc dans sa hiérarchie merdique. Une injustice des plus flagrantes depuis l’éviction de Raoux du staff de Forget.

Dennis Rodman (USA) : Le mauvais goût semble une affaire de joueurs de foot. Un scandale dont est exempt le grand défenseur de NBA, pas avare en décoloration et en garde à vue. Seule ombre au tableau, il n’a jamais suivi la mode Eddie Capron.

Milieux

Paul Gascoigne (Angleterre) : Un Euro 96 magique et un coup du sombrero, c’est ce qu’on retiendra de ce gros génie. Trop fantasque, sa carrière fut gâchée par la boisson, un point commun avec Thierry Bourguignon pour le coup.

Hidetoshi Nakata (Japon) : Star dans son pays depuis des JO 96 remarquables, le nippon a déçu au plus haut niveau. Il se noiera en Italie avec le mérite de côtoyer Meghni sur le banc quand même.

Augustine « Jay Jay » Okocha (Nigéria) : Que dire de ce créateur hors pair, hormis que des gestes techniques portent son nom ? Ah oui, ça reste à ce jour la seule bonne idée de Biétry, quand il l’a recruté au PSG. C’est pas rien.

Ibrahim Ba (France) : Cet ailier, sûrement le meilleur au monde en 96, est passé à côté d’une carrière énorme. La faute à Jacquet, qui a préféré Diomède. Globe-trotter de Turquie en Suède, il se plaît encore à sillonner les tribunes de San Siro aux côtés du petit Gourcuff.

Attaquants

Dario Silva (Uruguay) : Son homonymie avec Tony le poussera à arrêter sa carrière sur un malentendu. Amputé de sa jambe droite, il veut se consacrer à la rame pour les JO 2012. Vahirua avait déjà suggéré cette hypothèse quand il était bon.

Sylvain Wiltord (France) : Son départ à Rennes, la période cheveux roux, ses frasques nocturnes et la pub Danette suffisent largement à le faire figurer dans notre onze titulaire.

Djibril Cissé (France) : Star de notre équipe, il a poussé le bouchon encore plus loin en se teignant même la barbe. Les suspensions et les blessures le contraignent à louper les grandes compét’ internationales. Un tel sens du hors-jeu et une explosivité chère à Piasenta en font un cadre des A’. Revenu presque à son meilleur niveau, Trezeguet guette sa rechute.

 

L’instant Le Vestiaire, foot : La réddition du Cap’tain deutsch

kastendeuch.jpgbonnpaninirl51.jpg

Pour la nouvelle année, l'équipe du Vestiaire vous propose une nouvelle rubrique, l'instant Le Vestiaire, ces instants où une carrière a basculé. Premier exemple avec Sylvain Kastendeuch.

20 mai 2001. Saint-Symphorien est plein comme un œuf pour moquer une dernière fois son capitaine, l’homme de Molinari à la gueule de mineur mosellan. Un jubilé du riche pour le deuch, contre Bordeaux. A la 6e minute, Bonnissel déboule à gauche et déborde aussi bien que Marion Bartoli. Goeffroy « Sex » Toyes, trop lent, oblige cap’tain gueule cassée à couvrir. Une dernière fois, sa conscience professionnelle parle. Contrairement à lui, muet pendant une semaine à cause de ce maudit ballon en pleine gueule.

KO, il quitte le terrain sur une civière, sous les applaudissements d’un public qu’il n’entend plus. Le nouvel adjoint aux sports à Metz met fin à 19 ans de carrière comme ni Weah, ni Pouget ne l’auront fait.

Foot, les grandes familles du foot : Les Traoré

arton1483.jpg

Le Vestiaire compose pour vous la meilleure équipe du même patronyme. Cette semaine, les Traoré.

Gardien(ne)

Rokia : Aucun illustre Traoré footballeur ne répondant à cette catégorie, nous avons délibérément choisi la chanteuse.

Défenseurs

Sammy (Mali) : Le sosie de Pierre Richard. Grand, penaud, il en a provoqué (des pénos) au cours de sa carrière. Le maître à penser de Gernot Rohr, c'est dire.

Ismaël (France) : Le jeune Sedanais vient de prolonger. Une grande carrière s'ouvre à lui, s'il joue un jour.

Djimi (Mali) : Après avoir fréquenté tous les clubs anglais et Lens, il s'est fait péter la jambe à Charlton. N'a pas compris que Djimi ne s'écrivait pas comme ça, un peu comme Djezon Boutoille.

Milieux

Alain (Burkina Faso) : Le jeune Auxerrois aurait aimé partir à Châteauroux, cet été en prêt. Auxerre en a décidé autrement, et il se prépare une carrière à la Vandenbosche.

Habibou (Sénégal) : Il a battu le PSG en coupe une fois, avant d'y signer. Ce qu'on appelle un choix de carrière payant puisqu'il n'y a pas joué un match avant de partir pour Panionios et Cannes.

Joël (Messin): Comment oublier les exploits du Messin ?

Oumar (Sénégal) : Un attaquant sénégalais de renommée régionale. Il a quand même marqué quelques buts en éliminatoires.

Attaquants

Issouf (Burkina) : Tellement talentueux qu'il devait filer des bonbons aux gamins pour qu'ils lui demandent un autographe. Pote de sélection d'Amadou Traoré, dit le rouquin.

Abdoulaye (Côte d'Ivoire) : Surnommé Ben Badi, sans que personne ne sache pourquoi. Passé par Sète, Toulon et Avignon, il a toujours privilégié le sportif sur le cadre de vie.

Amara (Sénégal) : Lui, c'est l'inverse. Il n'a jamais privilégié le cadre de vie, ni le sportif d'ailleurs. A Gueugnon, il est toujours un Dieu, où ses exploits sont restés dans la légende, comme ce tir à côté à Nantes en coupe de France, à 2 mètres du but et sans gardien. Finaliste de la Can 2002, à 75 ans.

La Légende, Foot, CAN : Un Tiehi vaut mieux que deux Marc Libbra

tiehijoe.giftiehijoe.giftiehijoe.giftiehijoe.gif 

Le Vestiaire vous propose de redécouvrir grâce à la légende les grands joueurs de la Coupe d'Afrique des nations. Aujourd'hui, deuxième épisode : Joël Tiehi.

Il a vécu dans l'ombre de Roger Boli. Joël Tiehi connaît désormais son heure de gloire en tant que politique en Côte d'Ivoire, où il joue l'apaisement. Ses années sur le banc l'ont assagi. Il a même rasé sa moustache.

Contrairement à Hervé Arsène, Joël Tiehi est intègre et n'a pas connu un coup de grisou irréversible. Son talent de buteur s'exprima surtout au Havre où les supporters rebaptisèrent le stade Jules Deschaseaux en Jules Deschameaux, dans un hommage aux frontières du poncif raciste. Car en Côte d'Ivoire, le champion d'Afrique 1992 est un personnage de tout premier plan, ce qui n'est pas du tout le cas à Lens, malgré 19 buts en deux saisons.

Passé dans la musique et la politique, le bon Joël s'affiche aux côtés de Laurent Gbagbo pour définir enfin l'ivoirité et mettre fin au conflit armé. En rassembleur, il a oublié les sifflets du stadium de Toulouse lors de son passage en fin de carrière et prêche la paix à la tête du mouvement des Wê. Noble cause, mais sera-ce suffisant pour se défaire de l'image de Shopi, qui reste durablement collée à son niveau de buteur ?

La légende, Escrime : Les Modainités de Laurence

img214047095.jpg

Si vous deviez ranger Laurence Modaine dans une armoire, elle ne serait pas loin de Brahim Asloum et Sylvain Chavanel sur l'étagère des « éternels espoirs ». Pourtant, tout avait bien commencé pour elle, lorsque Lolo devint championne du monde junior, il y a 25 ans, mais l'histoire fut loin de se terminer de façon aussi pénétrante que les aventures du Dorlis. « Tu vas te remuer la ch…e ! » pensait souvent son entraîneur, démuni face à tant d'échecs. Pourtant, la carrière de la fleurettiste n'a tenu qu'à un fil. Par son talent, elle aurait pu tout gagner, elle a choisi au contraire de ne rien gagner. Et ce n'est pas cette vilaine médaille de bronze par équipe à Los Angeles qui viendra déflorer un palmarès bien vierge.

Personne n'a oublié ses demi-finales olympiques empruntes d'émotion. L'une à Barcelone, l'autre à Atlanta, quatre ans plus tard, où sa carrière fut définitivement violée par la brulante italienne Trillini (photo). Incapable de faire la différence, de poser la touche décisive comme écrasée par le poids d'un probable titre et peut-être de David Douillet. Une sportive bien Française. A la différence de Jean Van de Velde, elle aura eu deux chances de confirmer. Mais non, quand Laurence veut pas, elle veut pas. Et quand on connait l'ampleur de la collection de médailles des escrimeurs tricolores, il faut bien se dire qu'une pauvre médaille de bronze individuelle mondiale, ça laisserait sur sa faim n'importe quelle anorexique.

Exclue Le Vestiaire, Boxe, La légende : Patrick le Charpentier

delahoya.jpgimg8689.jpgpat3.jpg

– Tiens, Seb, toi qui es journaliste. Marathonien ? Un seul ou deux N ? C’est pour une dédicace.
– Deux, mais pas à la suite…
– J’étais pas loin !

Du Charpentier dans le texte… Le court sur Pat’ aurait pu devenir cycliste – « mon rêve » – disc-jockey ou ébéniste. Il a fini boxeur comme on choisit un melon ; à l’odeur rancie sous la queue : « Je n’étais pas fait pour ce sport. » Sans blague. Trop petit ? Pas assez d’allonge ? « Non, franchement, sans être raciste, je m’appelle Charpentier, je suis blanc et je n’ai pas grandi dans un quartier difficile. » Bref, vraiment rien pour réussir.

Mais voilà, né en l’an de graisse 1970 à Vimoutiers – « avec un S » – il débarque à 4 ans dans les faubourgs de Fleury-aux-Choux, la barbe naissante et un QI à la hauteur des plus grands. La légende est en marche. Elle conduit le Fleuryssois vers une chance continentale, qu’il saisit en 1995 – « le 18 juillet, à 20 h 32, contre un Français avec un prénom de fille, Valéry Kayumba ». Pat’ a l’intelligence de ceux qui n’oublient pas. Surtout les trois lignes de son palmarès amateur : « 53 combats, 43 victoires, dont 37 avant la limite. » Il ponctue chaque fin de phrase d’une esquive rapide et d’un direct dans l’épaule. « Tu l’as pas vu venir celle-là, hein ? »

« Mais, Patrick, tu n’as jamais su boxer » (Acariès)

Il me reste deux doigts à la main gauche pour vous brosser ses années pros, qu’il énumère avec la même précision chirurgicale : « 33 combats, 27 victoires, dont 24 avant la limite. Quand les autres voyaient ça, ils prenaient peur. Charpentier, il allait toujours chercher le K.-O. » Il lui faut en effet moins de deux minutes pour mettre au tapis le carreleur espagnol Javier Martinez (25 novembre 1995) avant que l’arbitre ne mette fin aux souffrances du fantôme écossais Gary Jacobs, le 14 juin 1996, et n’accorde à Charpentier sa troisième ceinture continentale des welters ; bien assez pour maintenir un short trop petit pour lui.

C’est à un autre gabarit qu’il veut désormais s’attaquer : Oscar de la Hoya, « le meilleur, le plus médiatique ». Comme Brahim Asloum, l’abattage médiatique en moins, il n’avait battu jusqu’alors que des porte-serviettes. « J’ai demandé à Acariès », sous le giron duquel il était passé quelques mois auparavant, « de pouvoir l’affronter ». Réponse du p’tit Louis : « Mais Patrick, tu n’as jamais su boxer. » Qu’importe : « Je savais que j’avais une chance sur cent de le battre. J’ai voulu la prendre. »

300.000 $ les trois rounds…

Le reste n’est qu’un récit plein de bruit et de fureur : « Même si je ne l’ai pas reconnu à l’époque, j’ai été tétanisé par l’environnement du combat. » Il y avait de quoi : El Paso, Texas, 60.000 personnes. « Jamais aucun Français n’a boxé devant autant de monde. » Neuf ans après, Charpentier en mouille toujours son slip kangourou. Ce 14 juin 1998, il ne l’oubliera jamais. Enfin, surtout le début de soirée. « J’avais pour stratégie de laisser passer l’orage avant de mettre le turbo au quatrième round. Mais ça allait beaucoup trop vite. J’ai été touché très tôt dans le troisième et tout s’est enchaîné. »

Après 1 minute 56 secondes dans cette reprise fatale, Pat’ prend une droite « partie de loin. Je décide d’attaquer alors que je n’avais plus toute ma lucidité. Il se retire habilement et alors j’ai senti comme une aiguille qui me piquait. Si je la prends dans le nez, il me le casse sûrement. » Touchant de lucidité… Après, c’est le trou noir : « Je ne me rappelle plus de rien jusqu’aux vestiaires. Je crois que j’ai fini en pleurs au téléphone avec ma femme sans vraiment savoir ce qui m’était arrivé. » Humilié, mais plus riche de 300.000 dollars – De la Hoya en a pris 4.000.000 pour cette exhibition -, Charpentier rentre s’enterrer à Fleury-aux-Choux. « C’était l’aboutissement de ma carrière, j’avais pris la décision d’arrêter quel que soit le résultat. » Il n’a pas remis les gants depuis. Sauf pour faire sa toilette.

La légende, Basket-Ball: Ostrowski aurait dû faire du ski

ostro0.gif ostro0.gif

A l’occasion de l’euro qui débute lundi, le vestiaire, en plus du récit de ses reporters en Espagne, vous propose cette semaine une légende spéciale basket-ball. Aujourd’hui, la série débute avec l’inexistant Stéphane Ostroswski

Entre la génération Hervé Dubuisson et celle d’Antoine Rigaudeau, le basket français a connu une période extraordinaire où n’importe quel tocard aurait pû devenir le meilleur joueur. La preuve fut apportée par Stéphane Ostrowski. Aujourd’hui plus personne ne parle de cette sombre époque. Chacun préfère ranger ces terribles moments dans un coin de sa mémoire à côté de l’occupation allemande et de la défaite d’Alesia sous Vercingétorix. Ostrowski, c’est surtout un joueur qui ne voulait pas s’arrêter. A 43 ans il écumait encore le parquet antibois malgré une arthrose récurrente. Les journalistes ont toujours essayer de le comparer aux plus grands joueurs français de l’histoire du basket. Hélas pour Stéphane, il a moins gagné que Dacoury, moins marqué que Dubuisson, et surtout, comme ce n’était pas la mode, il n’a jamais pu jouer en NBA comme Parker ou même Rigaudeau: un autre calibre que le polonais de 2m05.

Il avait tout de même une vignette panini à son nom avec marqué « All stars » dessus et ça, on ne peut pas lui enlever.

La légende, Boxe : Lorcy / Charpentier, même combat

tele0105.jpg

On s’est longtemps demandé pourquoi Julien Lorcy était surnommé « Bobo ». « Non ! », affirmait Jean-Claude Bouttier, ce n’était pas un lointain hommage au camarade Boris Elstine. Pour comprendre, il fallut attendre le 7 août 1999. Ce jour-là, un professeur italien dénommé Steffano Zoff lui administra volontiers une leçon de boxe et fit bobo au gentil Juju. Quatre mois auparavant, Lorcy avait réussi à ramener un bout de la paupière de Jean-Baptiste Mendy en guise de ceinture mondiale WBA.

Deux ans après, Julien menaça un pauvre Japonais de lui faire « bobo » s’il ne lui rendait pas son titre. Le nippon un peu moqueur mais très respectueux de son hôte (c’était à Tokyo), ne se fit pas prier pour faire cadeau de sa ceinture qui ne lui servait qu’à serrer son kimono. Cette fois, le gentil Julien n’attendit pas trois mois pour se faire étaler par un certain Raul Balbi que même Souleymane M’Baye battra quelques années plus tard. Avec deux nuls et quatre défaites, le bilan de « bobo » est flatteur, à moins qu’Hacine Cherifi ne soit pas le bon exemple. Apparemment, il n’y eut que Don King qui ne s’en aperçut pas.

La Légende, Combiné nordique : Sylvain Guillaume, l’homme aux deux prénoms

podiumbis.jpgpodiumbis.jpg

Il faisait froid sur la Savoie en cette belle journée de 1992. Deux hommes, chaudement vêtus, semblent faire une randonnée dans la neige. A leurs pieds, les acolytes ont préféré deux bouts de planches à une bonne vieille paire de raquettes.

Ces deux blondinets semblent seuls au monde. Et pour cause, ils n'ont ni nom (plus belle la vie), ni prénom. Pour les identifier, de simples mots-codes, peut-être choisis par Olivier Minne et Felindra lors de leurs amusements dénudés : « Fabrice, Guy, Sylvain, Guillaume ». Ces personnages vont se retrouver bien malgré eux au centre d'un des plus grands exploits du sport français en terminant premier et deuxième du combiné nordique des Jeux Olympiques d'Albertville. L'Histoire ne retiendra ni l'un, ni l'autre, mais surtout elle oubliera complêtement le second, Sylvain Guillaume. Entré en équipe de France en 1984 alors que ce sport n'existait même pas, le jeune garçon, âgé de 16 ans à peine, sait ce qu'il veut. Il sera champion olympique ou rien. Ce sera rien.

Sylvain Guillaume n'a par la suite plus jamais voulu être numéro 2. Alors à Nagano, 6 ans plus tard, il termina troisième par équipe. Une vraie force de caractère. Sur son site Internet il n'hésite pas à déclarer, quitte à choquer, ne pas aimer « la violence sur les enfants, les hypocrites, le manque de respect, les « doppés » (sic), les gens qui prennent la nature pour une décharge publique et les abbats. » Pour se venger, l'enfant de Champagnolle a coupé sa crinière « Modern Talking » pour devenir maintenant un incorruptible agent des douanes. Promis, il sera champion olympique ou rien.

La légende, squash : Lincou…pe est pleine

wo21nabilalibinalipresidentoftheqatarsquashfederationpresentsthetrophytoadelightedlincouiq5i3617.jpg

Thierry Lincou, ce nom ne vous dit peut-être rien. Normal, il ne dit rien à personne. Et pourtant, il ne gagne pas à être connu. Un sport complètement déserté (le squash), un trophée plus gros que lui, un sourire large comme s'il venait de se taper Marie-Ange Nardi. Mais halte là, le beau Thierry n'est plus une « raquette à prendre ». Pour ceux que son palmarès n'intéresse pas, sachez qu'il a tout de même été champion du monde. Mais même l'Emir à l'air de s'en foutre. Apparemment, pas Thierry.

La légende, Athlétisme, Tokyo 91: Le sacre de Carl Lewis ou la victoire du dopage

 

carllewis.jpg
L'équipe du vestiaire a choisi de s'intéresser au hors-série consacré, par le Journal L'Equipe, aux plus grands événements sportifs de l'histoire. Le premier numéro de « L'Equipe Légendes » aborde les championnats du monde de Tokyo présentés comme la plus belle compétition d'Athlétisme de tous les temps. Mais n'était-ce pas avant-tout la plus sale? Analyse.

 

On peut s'étonner du choix par le groupe Amaury, organisateur du Tour de France cycliste et propriétaire du journal L'Equipe de mettre tellement en avant une compétition aussi sulfureuse que ces mondiaux d'Athlé Tokyo 91.

1. Carl Lewis, l'exemplaire pionnier

A commencer par son titre: « Génération Carl Lewis ». Ou bien le magazine fait preuve d'une ironie très subtile et c'est un véritable coup de génie, ou alors son éthique s'arrête sur les Champs Elysées lors de la dernière étape du Tour de France. En effet, curieux hasard mais Carl Lewis est peut-être le champion le plus chargé de l'histoire de l'Athlétisme et cela de façon très officielle depuis des révélations lancées en 2003.

La carrière de Lewis a pris un envol particulier en 1988 aux J.O. de Séoul, lors de l'énorme scandale Ben Johnson contrôlé positif à l'issue de la finale d'un 100m qu'il a couru en 9″79 (3ème perf de tous les temps encore aujourd'hui). Disqualification du Canadien et voilà Lewis champion Olympique. Le plus drôle dans cette histoire c'est que lors de cette même compétition il y a avait un autre tricheur, positif lui aussi mais couvert par son comité national. Son nom? Carl Lewis, tout simplement. L'emblème de cette génération exceptionnelle, cet athlète pas exemplaire du tout donc, a juste volé dans sa carrière 8 titres mondiaux et 9 olympiques. Bravo King Carl!

Retour à Tokyo 91. Carl Lewis remporte le 100m en 9″86 (record du monde) lors de la course la plus rapide de tous les temps selon l'expression consacrée. Il devança alors Leroy Burrel et Dennis Mitchell deux gars d'une propreté sans pareil, on se souvient tous des formidables taux de testostérone du second, en raison de son abus de sexe et d'alcool avait-il dit…

2. Michael Johnson, le successeur

Tokyo fut aussi le théâtre du premier titre mondial d'un autre Johnson, Michael cette fois-ci. Oui celui-là même qui a placé le record du monde du 200m à un niveau que la Maclaren de Lewis (Hamilton) aurait du mal à atteindre. Ce record ne sera battu que par un autre phénomène de foire, à moins que l'IAAF (l'UCI de l'athlétisme) ne se décide à remettre les compteurs à zéro. On peut toujours rêver d'autant que la loco de Waco détient aussi celui du 400m. Toujours est-il que Johnson et Lewis sont parmi les premiers et les plus beaux fleurons de la grande tradition créée par les instances américaines de couvrir les contrôles positifs de leurs athlètes afin qu'ils écrasent les compétitions. Après eux une foule de champions d'un jour, champions de toujours, aidés eux aussi par Dieu, collectionneront au gré de leur carrière médailles et contrôles positifs. Young, Greene, Adkins, Gatlin, Jones, Bronson, Edwards, Montgomery….

3. Les dernières perf de l'Est

Enfin, Tokyo c'est encore la dernière compétition où le dopage venu de l'Allemagne de l'est aura pu faire ses preuves.
Les cobayes du cru 1991 des laboratoires d'ex-RDA s'appelaient notamment Grit Breuer et Kattrin Krabbe. Curieusement, ces deux hommes-femmes ne sont pas mis(es) en tête de gondole pour la promotion du hors-série de l'Equipe. Pourtant ces deux-là font pleinement parties de la génération Lewis. Par leurs pratiques comme par leurs performances. Ainsi si Breuer termina derrière Perec sur 400m, Krabbe écrasa les 100 et 200m devant Ottey, Privalova et compagnie. L'année suivante en pleine « préparation » en Afrique du sud pour les JO de Barcelone, les deux compères un peu trop asthmatiques au goût des instances internationales se retrouveront suspendues. Krabbe mettra un terme à sa « belle » carrière. Aux dernières nouvelles elle conduirait des camions de déménagement à Leipzig.

 

Aux mondiaux de Tokyo en 1991, aucun doute, c'était bien la génération Carl Lewis qui était sur le stade.

 

Les légendes du Tour

legende.jpg

Ce sont les dignes héritiers de Bjarne Riis, dont la puissance record développée en 1996 lors de son ascension d’Hautacam sur grand plateau – 480 watts de moyenne – n’a été depuis qu’approchée par Ivan Basso au terme de la 16e étape du Tour d’Italie 2006 (460 watts seulement).

Comme le grand danois, tous n’étaient armés que d’un fusil à un coup. Un coup d’éclat, un seul. Pour un grand Tour, et puis s’en va… Loin des indiscrétions médiatiques et des contrôles inopinés, tous sont retombés depuis dans l’anonymat du peloton quand ils n’ont pas raccroché le vélo au garage et fermé la trousse à pharmacie. Pour vous, Le Vestiaire retrace leurs exploits. Souvenirs, souvenirs :

Santiago Botero est de la grande équipe Kelme de 2002. Il est, cette année-là, le premier à faire tomber Armstrong sur un contre-la-montre longue distance depuis la prise de pouvoir de l’Américain, en 1999, à plus de 50 km/h de moyenne entre Lanester et Lorient. Et puisque « Santi » n’est pas qu’un rouleur, il s’impose également au sommet des Deux-Alpes après une étape de 226 km. Au pied du podium final, le Colombien rejoint l’année suivante Aerts, Aldag, Kessler, Klöden et Vinokourov dans l’irréprochable armada Deutsche Telekom, qu’il abandonne à trois jours de l’arrivée.

Igor Gonzalez de Galdeano se signale lui aussi sur un Tour 2002 décidément riche en révélations puisque c’est le même été que Raimondas Rumsas est interpellé avec une voiture pleine de médicaments pour sa belle-mère… Igor n’en a cure et endosse sept jours durant la tunique jaune après la domination de la Once sur le contre-la-montre par équipes. Malgré ses coéquipiers talentueux – Beloki, Jaksche, Olano, Nozal, Serrano – et, comme lui, au-dessus de tous soupçons, l’Espagnol arrive sur les Champs avec 13’54’’ de retard sur Armstrong (5e).

Georg Totschnig a longtemps été au Tour de France ce qu’Hermann Maier fut à l’hôpital de Flachau après son accident de moto : l’Autrichien de service. Jusqu’alors cantonné à des places d’honneur sur le Tour du Trentin, le leader de la Gerolsteiner parvient pourtant à sucer la roue des grands patrons du Tour 2004. Ce n’est que l’année suivante que le sportif autrichien de l’année 2005, passé auparavant entre les mains des soigneurs de Polti et de la Deutsche Telekom, rafle son étape alpestre à Ax-3-Domaines.

Romans Vainsteins est l’archétype du coureur de l’an 2000. Simple bug ou état de grâce, le massif Letton remporte aux championnats du monde de Plouay la seule victoire de sa carrière éphémère. Arrivé sur le Tour 2001 avec l’intention de casser la baraque à Domo-Farm Frites, le porteur du maillot arc-en-ciel, pourtant conseillé par Johan Musseuw, finit dans les pâquerettes du classement à points, devancé, c’est dire, par Damien Nazon.

Christophe Rinero n’a pas choisi la bonne année pour s’illustrer sur le Tour. 1998, c’est l’affaire Festina et la victoire de Pantani. Alors, forcément, la performance de l’intérimaire du maillot à pois ne fait pas plus de bruit que sa 4e place finale, cinq bonnes minutes devant Jean-Cyril Robin, qui n’aurait pas non plus volé sa place dans notre palmarès…