On a souvent comparé Valentino Rossi à Michael Schumacher, tant les deux pilotes ont écrasé simultanément leurs disciplines respectives. La trajectoire d’Il Dottore ressemble pourtant davantage à celle d’un autre champion du monde de F1 : Fernando Alonso.
Les deux hommes ne s’apprécient guère, c’est le moins que l’on puisse dire. L’Espagnol n’avait pas vu d’un bon œil, l’an dernier, que le motard, mis à l’essai par Ferrari, vienne marcher sur ses plates-bandes : « On connaîtra le potentiel de Rossi lorsqu’il sera à l’arrivée d’une course. Il terminera peut-être cinquième ou sur le podium, mais tout ce qu’il fait avec une F1, je peux le faire avec une moto si on me donne autant de temps que lui pour me préparer. »
« Je pense que nous devrions disputer des courses de F1, de rallye, de MotoGP et additionner tous ces temps afin de savoir qui est le plus rapide », avait riposté l’Italien avec autant de modestie. Le projet est mort-né – « cela m’est interdit par contrat, c’est trop dangereux », s’est défilé Alonso – mais les antagonismes restent, quand bien même les deux rivaux rament cette saison dans la même galère.
Les rois précoces. Plus jeune poleman de l’histoire, plus jeune vainqueur d’un GP, plus jeune champion du monde, Fernando Alonso a longtemps collectionné les records de précocité ; comme le surdoué italien, titré sur mobylette (125 cm3) pour ses 18 ans.
Enfants gâtés. Champion du monde 125 cm3 et 250 cm3 sur Aprilia, Valentino Rossi a bénéficié dès sa première saison dans la catégorie supérieure de ce qu’il se faisait alors de mieux sur le plateau : la Honda NSR deux-temps. Après une année de purgatoire chez Minardi, le protégé de Flavio Briatore a eu très vite sa chance au volant d’une Renault.
Prise de risque. Intouchable avec la marque au losange malgré la concurrence du grand Schumi, l’Espagnol a choisi de relever le défi McLaren, terriblement attrayant financièrement. Au-dessus du lot, et du manchot Max Biaggi, avec Honda, Rossi a lui aussi viré de bord, chez Yamaha.
Plus dure est la chute
Phénomènes, prodiges, virtuoses… Les deux pilotes n’ont presque jamais connu la défaite. Alors, que Nick Hayden souffle à Rossi le titre mondial 2006 après cinq années de domination, passe encore. Mais, englué dans ses démêlés avec le fisc italien, l’égocentrique n°46 ne supporte plus de voir Casey Stoner, plus jeune que lui (21 ans), lui damner le pion au point de compter 85 points d’avance à cinq courses de la fin. « Si les choses doivent continuer comme cela, le mieux est d’arrêter. C’est dur à dire, mais, pour moi, le championnat est fini », a diagnostiqué le docteur après son nouveau fiasco de Misano, le week-end dernier.
Comme lui, le rat Alonso devrait quitter le navire McLaren alors que sa concurrence avec Hamilton tourne à l’humiliation. Son égo surdimensionné ne supporte pas que son débutant de coéquipier fasse la course en tête, au point de le retarder volontairement dans les stands pendant les qualifications du GP de Hongrie. Sanctionné par la FIA, Alonso est en net retrait depuis, résigné, impatient de poser son cul de prétentieux dans un autre baquet depuis que Ron Dennis a déclaré que McLaren ne s’y opposerait pas, malgré le contrat de cinq ans qui lie les deux parties. Si les pistes Renault et BMW se refroidissent, peut-être pourra-t-il rebondir en MotoGP. « Avec un peu de préparation », il ne peut, après tout, pas être plus mauvais que Sylvain Guintoli.