Tour de France : Pinot, simple fric

Peut-on gagner deux millions par an et ne rien gagner du tout ? Pourtant on l’appelait le Petit Prince.

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Si Bardet serait sans doute le meilleur dans un cyclisme sans dopage, Pinot lui serait à la même place. Nulle part.

C’était en 2012. Vélo magazine avait engagé la même voyante que tennis magazine.  Ainsi, quand ce n’était pas Jalabert, le nouveau Hinault, c’était Leblanc ou Virenque. Quand Hinault n’a plus eu de successeur, sont venus les Moreau, Chavanel et Moncoutié, parfois même Casar, qui valait mieux que Jacky Durand. Et puis l’âge d’or a sonné sans prévenir. Voeckler 4e, Rolland 10e, c’était tellement beau que Jean-Christophe Péraud (9e) resta un simple médaillé olympique. Le troisième larron sera un jeune, et ce sera un FDJ n’en déplaise à Madiot. Thibaut Pinot était donc né avec la même 10e place que Rolland l’année précédente. Ça valait bien un site Internet qu’on a arrêté d’alimenter en 2019. On a quand même fait un best-of comme Enrico Macias.

Quand on fait dixième à 22 ans, la suite paraît évidente. Pas la 52e place au général à plus d’une heure et l’abandon avant la 16e étape, mais ce qui vient avant. D’abord Intérieur sport qui l’accompagne sur le Tour de Romandie début mai. Il grimpe comme un Dieu, il est content d’attaquer Froome qui ne lui prend qu’une minute à la fin, il aimerait confirmer son top 10 sur le Tour. Il est bien la future star, à un ou deux petits détails près : il a du mal à donner des ordres et il chie son dernier contre-la-montre qui l’éjecte du top 10. Mais ce n’est pas grave, le Tour de Suisse viendra bien vite confirmer tout ça : dans la montagne il est là, et lors de la dernière étape il foire un peu son contre la montre et le podium lui échappe.

Aller à la selle

C’est alors que Tout le sport débarque pour filmer Thibaut avec des chèvres puis avec un vélo dans le Ventoux en reconnaissance. A ce moment-là tout va bien, le Ventoux est génial, il aimerait y gagner et confirmer son top 10. Comment passe-t-on du Ventoux seul au printemps, sans Madiot qui gueule derrière, au Ventoux l’été avec une angine, des Pyrénées de merde sur le porte-bagage et une heure de retard au général ? L’explication est simple comme pour un enfant turbulent qui menace de se jeter dans le lac communal un soir de rupture amoureuse : « Dans la tête j’y suis plus, je sais pas quoi dire. Là je suis plus dans la course. L’an dernier tout le monde était là à me soutenir, maintenant tout le monde me tape sur la gueule. Ca fait un an qu’on me parle du Tour, y a pas une journée où on m’en parle pas, je suis arrivé bien cramé mentalement. Le Tour de France ça se bâche pas même si on a envie de partir. » Deux jours après il avait retrouvé le sourire, cinq jours plus tard c’était son lit.

Depuis rien n’a changé. Un podium qui en appelait d’autres. D’autres abandons et espoirs déçus. Et quelques heures dans la peau d’un favori en 2019 en descendant le Tourmalet. Et un Tour 2022 dégueulasse. A ce niveau-là ce n’est plus de la poisse.

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